Arriver en avance.
Une déformation professionnelle qu'elle accepte.

Même lorsque celle-ci la pousse à attendre une demi journée.

Son sac est défait, puis refait. Pour la troisième fois. Rations, premiers soins, gnôle, painkillers, quelques couteaux de simple facture, de la corde, un allume feu et ses œstrogènes bien sûr. Ses yeux clairs enregistrent. le passage des individus en uniforme qui installent la scène. Voient les premier.e.s arrivant.e.s, captent l'annonce d'Oracle. Elle fume, beaucoup

Les Hunting Sports ne l'ont jamais intéressé. Ces vingt années passées sur l'île lui ont surtout enseigné les vertus d'une survie basée sur autre chose que le combat. Le sang ne se vend pas.
Mais ses stocks d'hormones s'affaiblissent, elle le sait, ses perigrinations en compagnie de la palotte lui ont appris la dure vérité. Pour en avoir d'autres, il lui faut un nom.

Non pas un nom qui inspire la confiance, ou la peur comme ce grand échalas qu'elle ne daigne pas regarder. Un nom susceptible d'attirer, de rencontrer davantage.

Alors, lorsque les équipes se constituent, la trafiquante est plutôt contente de ne pas être en compagnie de trop de stars.

Elle se redresse, balaye la poussière accumulée sur ses habits d'un revers de main, et salut l'ensemble des visages, connus ou non, de son équipe.

Un certain December prend la parole tandis que leur équipe se dirige vers les lieux.

Le sous-bois craque sous les pas décidés de ces hommes et femmes venu.e.s s'entretuer. Malgré la nudité de la plupart des branches, la lumière pénétre difficilement ici bas. Elle semble tomber par endroits, chaque trouée dans les denses cimes représente une opportunité pour les rayons.

La plupart discute stratégie, propose de se repartir par équipe. Forgery écoute, hoche la tête lorsqu'on lui demande de travailler avec ce drôle de type qu'est Renard. Trop aléatoire à son goût mais client correct, dommage que ce soit un homme.
Se voir décider de sa place l'énerve, mais Forgery se contente de grincer des dents.

"Bonne idée, d'autant qu'en combat frontal nous sommes clairement desaventagé.e.s." approuve t elle à demi-mots.

L'arbre colossal leur servant de QG se tient desormais devant elleux. Si sa base est plongé dans le même clair obscur que le reste de la forêt, là haut, ses branchages ne souffrent pas du même problème.
Devant, aussi petit qu'une épingle fichée dans le pied d'un géant, se tient le drapeau.

Forgery s'approche tandis que le reste des équipes vaque à leurs occupations. Elle souffle, et calcule le contrecoup physique que ces préparatifs lui coûteront. Une égratignure ou entailles pour trois contrefaçons, autant de bouts d'elle-même qui partent.

[FORGERY BTP BONJOUR, EN QUOI PUIS-JE VOUS AIDER ?]

Forgery se tient, haletante, à quelques lieux de l'arbre avec Renart. Son corps est couvert d'ecchymoses, ses bras de nombreuses entailles. "Plic, ploc", quelques goutes d'un sang précieux tombent au sol. Bandages et gaz sont sortis, et si la douleur est intense, ces superficielles blessures ne peuvent gâcher la satisfaction joueuse qui se lit désormais sur le visage de Forgery.

Les alentours de l'arbre sont désormais bardés de pièges à loup et cables en tout genre sur 100 mètres. Vaillants, des tas de pierres ont été dupliqué les uns sur les autres pour former de véritables barricades à proximité de l'arbre. Sur chacune, "Queen Forgery" est écrit au charbon.

Enfin, comme un pied de nez à la face de leurs adversaires, voletant fièrement au grès des vents, cinquante drapeaux se tiennent désormais autour de l'arbre. Les contrefaçons sont pour la grande majorité parfaitement convaincantes, mais seul l'un d'entre eux conserve les qualités de l'original.

Une trentaine de minutes lui ont suffit. Sa flasque de gnôle est ouverte d'un "poc" sonore, elle la propose à qui veut après que ses blessures soient bandées. Il est rare de la voir aussi sociable.