Si tu savais, Mars.
Comme tout est devenu si compliqué.
Plus les jours passent, plus les choses déraillent.
Ses sentiments ne cessent d’être mis à mal.
Il ne sait plus où fuir pour respirer.
Si tu savais comme il étouffe, Napalm.
Au point que son corps ne cesse de répandre des bleus.
Des cicatrices et des traumatismes.

Et si tu savais comme tu en fais partie.
Comme le souvenir qui lui reste de cet instant, le ronge.
La peur au ventre d’avoir réalisé des sentiments trop forts.
Ces émotions trop pures pour lui qu’elles deviennent sombres.
Si tu savais comme il a fuit pour oublier.
Sans comprendre pourquoi ça le tourmentait plus encore.
Comme si inconsciemment il savait que quelque chose n’allait pas.

Mais comment aurait-il pu te le dire ?
Comment aurait-il pu venir te voir encore une fois ?
Lui qui a rampé au sol comme un chien pour te suivre.
Qui se sentait fou de toi au point de surpasser sa douleur.
Ses blessures et le goût du sang entre ses lèvres.
Comment aurait-il pu alors qu’il sait bien.
Il sait bien qu’il ne peut pas.

Parce qu’il ne peut jamais ressentir cela.
Et c’était si puissant que malgré le temps, ça reste.
Tapis au fond de lui, ça le gangrène.
Sûrement parce qu’il y a du vrai.
Il te désire.
Comment est-ce qu’il ne pourrait pas.
Même si son envie de voir ta rage surpassait cela.
Elle existait, cette attraction.
Mais aujourd’hui, il l’a fait taire.

Loin de toi.
Oh il se croyait assez loin.
Parce que tu n’es jamais venu à lui.
Parce que tu ne savais pas qui il était.
Il se croyait en sécurité, jusqu’à croiser tes yeux.


C’est instinctif.
Comme son seul moyen de se protéger.
Il se met à courir, priant pour avoir rêvé.
Jurant pour que tu ne le suives pas, par pitié.

Et pourtant, il le sait au fond que tu es là.
Parce que ta présence lui arrache toujours un frisson.
Mais il n’aurait pas cru que tu viendrais chez les Wilds.
Que tu prendrais sur toi pour le confronter.
Et tu vois sa surprise lorsque tu le plaques au sol.
Arrêtant sa course folle, décochant un choc qui le fait gémir.

La douleur entre en collision avec celle qui existait déjà.
Déglutissant douloureusement avant de se relever.
Il est prêt à t’insulter de tous les noms, tu sais.
Sauf que ta voix le stop net, lui faisant froncer les sourcils.

Ta voix.
Ah ta voix le rend fébrile.
Malgré tout ce qui est arrivé, elle le fait trembler.
Et pourtant, il a vécu, il a vu et il a ressenti.
Il a encore fuit aussi.
Parce qu’il ne cesse jamais.
Il fuit toujours, tous les jours, mais il se souvient.
Que c’est dans ta rage qu’il vit.


“ … Tu fous quoi putain ? Qu’est-ce que t’branle ? Bordel ça fait un mal d’chien !! ”

Il n’a pas l’assurance que tu lui connais.
Ni même l’insolence qui fait vibrer sa voix en temps normal.
On entend les notes perturbées et incertaines.
Rencontrer Carbone a brisé une de ses barrières.
Et il peine à la recoller alors n’insiste pas.
Qu’est-ce que tu fous là ?
Il se demande vraiment et recule.

Ah putain il n’ose même pas te regarder dans les yeux.
Il a peur de perdre pied encore une fois.
De dérailler complètement et de se rendre compte…
Que c’est lui, que c’est vraiment lui.
Ses sentiments et ses envies.

Et tu le vois, Mars, qu’il s’agite.
Il va chercher à te blesser sans vraiment oser.
Il va tenter de te repousser sans vraiment y arriver.
Parce que le coeur tendre ne va jamais au bout des choses.


“ Pourquoi j’fuis ? Putain… t’crois… Quoi, ça t’fais pas plaisir que j’te foute la paix ? Que j’te saoule pas avec ta frangine ? Ou bien t’adore ça quand j’te fais chier ? Ou alors c’parce que ça t’manque de ne pas pouvoir me tabasser ? Désolé, j’te ferais remarquer qu’on peut pas s’toucher t’façon ! Quoi, t’veux m’voir ramper après toi encore une fois ?... Ah j’sais même pas…”

Il ne sait pas ce qu’il dit.
Il ne sait même pas comment t’appréhender.
Alors qu’il refuse toujours de te regarder.
Mais ça le ronge depuis des jours et des jours.
Depuis ce jour-là, ça le bouffe, Mars.
Qu’est-ce qu’il a fait.
Qu’est-ce qui est arrivé.
Comment tu le vois…

“ Pourquoi t’es là ? Qui d’vrait avoir la trouille ici ? C’pas toi qui rampait comme un… J’me savais fou, ouais, mais pas un tel clébard.”

Mais il sait aussi dans quel état tu es.
En étant ici, chez lui, sur son territoire.
Et putain, Mars, qu’est-ce que tu fous ?
A lui faire relever les yeux pour te voir.
Il est perdu, Napalm, prend sur lui pour te voir.
Parce qu’il s’inquiète malgré lui.


Et il le regrette presque immédiatement.
Alors qu’il sent une chaleur le prendre.
Elle lui remonte la colonne à ton regard.
Ah. Vraiment il va devenir fou.

“ … Sors d’là, t’vas finir par imploser s’tu restes sur ce territoire… Mais… j’crois que tu l’feras pas si j’viens pas aussi alors…” il se mord l’intérieur de la joue. “ J’te suis… sortons.”

Tout le brûle avec fureur.
Il se consume petit à petit.
Plus tu le regardes, plus il tombe.
Mais ce qu’il y avait avant a disparu.
Parce qu’il est persuadé d’avoir ce sentiment.
Celui qu’il cherche tant à éviter.
Qui vibre à ton égard.

Dans chacun de tes regards.
Et alors qu’il cherche à garder contenance.
A ne pas vriller complètement, tu lui rentres dedans.
Ta question pourrait le foudroyer sur place.
L’incompréhension tirant ses traits.
Peu à peu, plus il entend ta voix.
Moins il comprend.
Il ne comprend pas.

Qu’est-ce que tu racontes.
Ou c’est parce que mon alter te dégoute ?

De quoi est-ce que tu lui parles, Mars.
Napalm ne te suit pas alors qu’il est toujours agité.
Assez pour te déballer ses conneries.
Parce que récemment, il a du mal à ne pas parler.
Et peut-être que les jours inlassablement longs ont fini par le faire craquer.
A peine que tu sois là, mais pas assez pour éclaircir ses zones d’ombres.
Parce que tes réponses le laissent encore plus incertain.


Pourquoi tu t’acharnes, Mars.
Arrête de lui faire croire quelque chose.
Comme si tu voulais qu’il soit là, près de toi.
Parce que Napalm ne peut pas faire ça.
Et les informations s’accumulent si tu savais.
Tant qu’il n’arrive pas à tout traiter.
Levant les bras comme pour tout arrêter.

“ Ok… Reprenons d’puis l’début…” Il voudrait fuir et ne pas se préoccuper de ça, mais tu sais, tu lui manquait. “ D’quoi tu m’parles ? Pourquoi tu m’parles de ton alter, mec ?”

Tant de temps est passé avec ce seul manque.
Cette unique information manquante.
Tant de temps que Napalm ne sait même pas.
Si ça changera quoique ce soit maintenant.


Lentement, il finit par se relever.
Manquant de se tenir les côtes.
Le choc lui remonte ses douleurs.

“ J’te remercie pas pour ton tacle, connard. T’peux peut-être pas m’défoncer, mais ça veut pas dire que j’suis en bon état, bordel !”

Il marmonne, agacé.
Tu sais Mars, il adorerait être celui qu’il était.
Mais il s’est passé tant de temps.
Il ne sait plus comment agir.
Mais il t’entends.
Toujours, c’est plus fort que lui.

Lui aussi, il veut retrouver cet endroit.
Où il existait dans sa violence et ses envies sombres.
Là où il pouvait être cette personne vivante.
Lui aussi, il voudrait encore te provoquer.


“ Wah, félicitation m’sieur Caporal gorille !”

Sa voix se fait blasée et monotone.
Mais son sourire lui, aussi infime soit-il, laisse entrevoir l’admiration qu’il te porte.
Comme c’était le cas ce jour-là.
Il n’a jamais cessé de te trouver incroyable.
Et il a entendu tu sais, que tu as pensé à lui aussi.
Alors comment veux-tu qu’il puisse agir normalement.

“ Ah putain… C’vrai qu’on se connaît toujours pas au final… T’pourras insulter Napalm la prochaine fois et… T’es v’nu péter la gueule hein ? Bah viens alors, si ça t’dérange pas d’imploser ou d’te choper des chocs à répétitions, mais viens pas pleurer après…”

Il aurait presque envie de rire.
Tant il est piégé dans sa vie.
Mais qu’il crève de te retrouver.
C’est absurde, mais il essaye tu sais.
De surpasser ce souvenir et ce qu’il ressent.
Que ce soit vrai ou une persuasion sur des jours.
Peu importe, putain ça le bouffe bordel.

Si la mâchoire pouvait vraiment nous en tomber.
Alors probablement que la sienne roulerait au sol.
Ses yeux semblent se vider l’espace d’un instant.
Après tant de jours, tu lui expliques enfin, Mars.
Et Napalm manque de s’écrouler.

Ressentant une forme de colère le prendre.

“ C’quoi ça putain ? T’es entrain d’me dire que je… J’me suis pris la tête pendant tout c’temps alors que c’était toi ? Putain d’merde j’sais pas, ça t’viens pas à l’esprit de l’dire ? Surtout si c’pour v’nir me demander pourquoi j’fuis ? Wah t’crois que j’ai pas d’amour propre ? Ouais c’vrai, j’dois vraiment avoir l’air d’un chien.”


Qu’est-ce qu’il ressent en définitive.
Tu ne peux le croire, Mars ?
Mais lui, est-ce que tu crois qu’il sait.
Est-ce que tu crois qu’il peut croire en lui.
En ce qu’il ressent ou croit ressentir maintenant.
Tu l’as privé de son droit d’être près de toi.

Et ça l’enrage.

Comme la suite.
Qu’est-ce que tu cherches à lui dire ?
Toute cette situation est incompréhensible pour lui.
Tu viens le chercher, tu le suis, tu l’obliges.
Tu le confrontes et lui poses des questions.
Lui ment ouvertement parce qu’il l'entend.
Tu sais, il commence à savoir certaines choses.
Et le timbre de ta voix, il l’aime tant qu’il le connaît.
Et Napalm ne comprend pas pourquoi.


Oubliant toutes ses questions au moment précis…
Où ton poing vient heurter son hématome.
Venant s’avachir contre le mur en geignant.

“ Putain !! T’es vraiment un fils d’pute, merde, c’quoi ton problème ?”

Il s’offusque alors que c’est lui qui demandait.
Ta violence et ta rage.
La colère sourde qui grondait au fond de toi.
Il le voulait, oui.
Mais tu le prends au dépourvu.
Alors qu’il t’as forcément imaginé différemment.
Simplement parce que tu n’as rien dit.


“ Frapper un point faible, t’es vraiment l’pire enculé, j’te savais pas aussi peu fairplay. Mais viens, t’veux me tabasser, j’ten prie. Fais toi plaisir et cette fois achète toi les couilles d’me finir !”

Il te défie, Napalm.
Et peut-être que son regard n’a jamais été aussi franc.
Aussi honnête et fier.
Parce qu’il est fatigué de tout ça.
Alors tu veux le frapper.
Défoule toi.
Et tue le cette fois.


Et pour être sûr de te provoquer vraiment.
Il s’avance vers toi pour te choper par le col.
Oh non, il ne va pas te frapper, Napalm.
Il te fait croire qu’il va t’embrasser.
Franc et direct, il se doute que tu vas l’arrêter.
Parce qu’il a bien compris que t’aimes pas ça.
Que t’as jamais aimé être près de lui sauf pour le frapper.
Et peut-être que ton alter est la réponse à cette question.
Mais est-ce qu’il a le temps d’y réfléchir là, maintenant.
Non, tout ce qu’il veut, c’est que tu t’énerves assez pour tout arrêter.

Est-ce qu’il s’attendait à quelque chose.
Non, tu sais Mars, lui-même espérait.
Que tu le repousses avec violence.
Que tu l’empêches de t’approcher.
Napalm lui-même croyait en cela.
Et c’est uniquement parce qu’il en était convaincu qu’il a osé.


C’est éphémère et bref.
Rien qu’une seconde peut-être moins.
Juste le temps de réaliser qu’il est trop tard.
Que déjà c’est terminé.
Que déjà il ne reste plus rien.
Rien de plus que l’illusion que c’est arrivé.
Qu’un morceau de chaleur bref et passager.


Alors que cet instant qui semble suspendu.
Incongru et irréel finit par se taire.
Ta main disparaissant de sa nuque.
Où la marque de ta brûlure va rester un moment.
Se retrouvant propulsé en arrière lui aussi.
Heurtant le mur en se laissant glisser contre.
Gémissant de douleur une nouvelle fois.

S’il s’attendait à souffrir.
S’il s’attendait à te voir.
Et au final il se demande.
Qu’est-ce qui lui fait le plus mal.
Il n’était pas prêt à te rencontrer.
Mais tu es venu à lui et maintenant ça.
Qu’est-ce qui ce passe ici, entre vous.
Napalm ne sait plus et rien ne l’éclairci.


Et maintenant il te voit.
T’approcher de lui avec ta dague.
Souriant désabusé en te fixant.
La colère a laissé place à la stupéfaction.

“ Alors finalement… t’voulais vraiment m’baiser ? J’croyais que t’voulais pas m’toucher, faut croire que j’me suis trompé.”

Il te provoque encore pour que tu ne t’arrêtes pas.
Peut-être qu’il a peur au fond.
Oh non, il a peur en vérité.
Que tout s’arrête ici, maintenant.
Mais est-ce grave finalement.
Qu’est-ce qui pourrait le retenir.
Alors ne te prive pas, Mars.
Il ne bouge pas.
Se tenant seulement les côtes.
Comme si cela allait changer la douleur.

“ T’es vraiment furax maintenant, t’fais pas prier putain et change pas d’avis cette fois !”

Peut-être que tu vas le planter.
Mais même ça il peut l’encaisser.
Si tu ne vise pas bien, il pourrait survivre.
Alors il te laisse le champ libre.
Jusqu’à son coeur.
Pour que tu ne puisses pas le rater.

Maintenant que tu es énervé, il ne va pas t’arrêter.
Il ne doit pas t’arrêter.
Même s’il tremble.
Même s’il aurait voulu des réponses.
Même si… l’espoir existe toujours.
Malgré lui.

A quoi il s’attendait.
Si ce n’est à ce que tu ailles au bout.
Au bout des choses cette fois.
Pour que les blessures qu’il porte, ne soient plus.
Il espérait que tu sois celui qui le délivre.
De tout ça, de tout ce qui le bouffe.
Pour que elle, elle ne puisse plus l’atteindre.

Et tu sais, Mars, il s’attendait à beaucoup de choses.
Pour avoir osé poser la main sur toi.
Alors que tu lui confirmes ce qu’il croit.
Mais la suite.

La suite.

La suite.

La suite.

Tes mots le prennent, le frappent.
Qui avait besoin de qui ici ?
Si ce n’est lui de toi.
Pour se sentir vivre.
Parce que sans ta violence, il étouffe.
Même maintenant, il ne cesse de s’enfermer.
Alors qu’avec toi, il pouvait être.
Mais c’est toi, Mars, qui l’a privé de ça.


S’il avait le temps de s’énerver.
De se révolter et de te frapper cette fois.
Putain qu’il le ferait, seulement voilà…
Ses yeux tombent sur la dague que tu retournes contre toi-même.

Manquant un battement.
Le souffle se coupe.
Ses yeux s’écarquillent.
Tu peux lire la stupeur d’abord.
Puis la peur qui le prend.

“ Putain t’fous quoi sale enculé ?! Merde, fait chier !! T’es complètement malade, qu’est-ce que t’branles bordel !!”


“ Pourquoi t’fais ça ?! Merde va t’faire, j’peux même pas t’toucher, connard !”

Ses mains viennent retirer son haut.
Il va encore flinguer un t-shirt.
Qu’il vient enrouler autour de tes poignets.
Ressentant un choc lui remonter les doigts.
Mais il est obligé, Napalm.
Il est obligé de t’aider comme il l’a déjà fait.
Parce que tu ne peux pas mourir, Mars.
Ne le laisse pas tout seul.
Vous qui êtes dérangés et fous.
Tous les deux, ensemble.

Comment il peut avoir l’espoir de respirer à nouveau.
Si tu n’es plus là, quelque part.
Même si c’est loin de lui.
Tant que t’es en vie.
C’est possible.

Tu sais, Mars, Napalm a peur de la mort.
De ce qu’elle représente.
La perte et le silence.
Les blessures indélébiles.
Il a peur d’elle.
Alors ne meurt jamais devant lui.


Le savais-tu, Mars ?
C'est lorsque l'on pousse Napalm.
Jusqu'au bout, jusque dans ses retranchements.
Qu'il est uniquement capable de craquer.
Et cette fois, tu as touché juste.

“ T’racontes que des conneries d’puis t’as l’heure… Qui a pas b’soin d'toi ici ? D'quoi tu parles en plus ? Pourquoi tu m'sors ça comme si j'comptais pour toi, putain. C'quoi ça ? Pourquoi tu t'tranches les veines là ? J'savais bien que tu déraillais complet, mais putain ça n'a aucun sens ! Crève pas d'vant moi bordel, j'fais quoi après sinon ? ”

C’est quand il se rend compte qu’il vient de dire ça.
Qu’il te relâche finalement.
Fronçant les sourcils.
Visiblement troublé.

Alors qu’il l’admet.
Juste cette fois.
Il l’admet.
Alors reste là.
Ne lui fait pas peur.
Pas comme ça.

P u t a i n.

Il s’évertue à arrêter le saignement.
Comme il peut alors que ses yeux cherchent.
Quelqu’un, de l’aide, quelque chose.
Il doit bien y avoir un connard dans le coin.
Vous n’êtes pas seuls au monde.


Son regard cesse de vagabonder, paniqué.
Se tourne sur toi et viens retrouver tes yeux.
Depuis quand il n’a pas eu l'occasion d’y plonger.
Il te voit t’approcher de lui.
Rentrant le menton légèrement.
Comme pour t’empêcher d’aller trop loin.
Alors qu’il a déjà franchi cette limite.
Mais tu l’as dit, Mars.

Ce ne sera pas lui.


Ses mains se serrent à nouveau sur tes poignets.
Il ne va pas te laisser mourir, même si tu le déstabilises.
Il n’oublie pas dans quel état tu te fous pour ça.
Et Napalm déglutit, réfléchissant à ce qu’il doit dire.
A ce qu’il peut dire.
A ce qu’il est capable de dire.
Et si tu manques de vomir.
Lui aussi, tu sais.

“ … Avant j’t’aurais dit beaucoup d’gens… mais en ce moment… Elle est passée par là, et… surtout moi.” il avale difficilement. pourquoi est-ce qu’il te dit ça. parce qu’il ne veut pas te perdre maintenant que tu es là. “ En vrai, quand je m’entraîne à utiliser mon alter… ça laisse des traces… parce que, disons que j’test mes limites ? Ou que j’apprends enfin à m’en servir ? Un truc comme ça…”

Il ne te parle pas en détail d’elle.
Parce que te parler d’elle, c’est te parler de lui.
De sa vie, de ce qui la conduit à être celui qu’il est.
Parce que finalement, elle a fait de lui ce qu’il est devenu.
C’est elle qui maintient ses plaies béantes et suintantes.


Est-ce que vous pouvez vraiment vous parler ?
Il doute comme toi, il doute si fort.
Que ça lui remonte la trachée.
Comment en êtes-vous arrivés là ?
Quelle est la limite ?
Quelle est la fin ?
S'il fait un pas de trop, c'est fini.
Mais si tu peux t'éviter tout ça.
De te trancher les veines devant lui.
Alors peut-être... peut-être que c'est mieux.
S'il va trop loin et en temps normal, il le ferait.
Alors pourquoi ça le bouffe.
Cette boule dans l'estomac.
Ce sentiment sombre qui veille.
Qui se terre derrière chacun de ses mots.
Comme s'il avait peur de t'égarer.
Alors qu'il te fuyait.

Vraiment... comment en êtes-vous arrivés là ?

Dansant et tanguant sur un fil trop fin pour vous porter.

Le jugement il le sent.
Il le voit aussi également.
Évidemment que pour toi, il est minable.
Napalm ne sera jamais un homme.
Il ne sera jamais à la hauteur.
Il ne sera jamais à ta hauteur.
Et il le sait parfaitement.
Pourtant ça le touche, le renferme.
Le retranche dans ses silences.

Evidemment qu’il a l’air stupide.
Ne disant rien alors que tu recules.
Que tu l’abandonnes et qu’il ne bronche pas.
Encore une fois, il le sait que tu ne veux pas.
Il y a tant de choses qu’il sait à présent.
A force de t’observer, d’avoir les yeux sur toi.
De t’envier et t’idéaliser dans sa folie.


C’était plus simple quand il n’y avait pas cette forme d’intimité.
Celle qui vient s’installer petit à petit entre vous.
Celle-là même qu’il ne comprend pas à mesure que tu t’intéresses.
Pourquoi est-ce que tu veux savoir, Mars.

“ Que j’m’assois alors c’toi qui est dans cet état ? Qu’est-ce que tu m’dis toi. Viens avec moi au lieu d’raconter des conneries.”

Napalm gagne du temps.
Peut-être qu’il tente encore de s’échapper.
De faire en sorte de pouvoir te détourner de lui.
Mais il y a aussi cette inquiétude.
Ce besoin de prendre soin de toi.
Alors que le sang ne cesse de glisser sur le sol.
Si tu ne veux pas partir.
Si tu ne veux pas te préserver.
Alors il va t’aider.
Comme il le peut.
Pour t’éviter de clamser.
De tourner de l’oeil sur un territoire hostile.

Et Napalm ne sait pas si tu le suis.
Mais lui ne va pas s’arrêter.
Il connaît le chemin par coeur.
Cet endroit, il le voit plus souvent que sa chambre.
Ici, il l’attend toujours mais cette fois il n’est pas là.
Etrangement, Icarus ne squatte pas les lieux.
Te faisant signe de t’asseoir sur un lit.
Il commence à fouiller pour sortir ce qu’il te faut.
Et l’on reconnaît ceux qui ont l’habitude de s’esquinter.

“ Tiens… j’imagine qu’c’est mieux si tu l’fais toi-même.”

Il te laisse tout ce qu’il te faut, reculant finalement.
Il vient s’asseoir sur la chaise du doc.
Laissant ses sentiments retomber.
Il a eu peur, Mars, tu fais chier.
Et au fond, il n’est pas stupide.
Il sait bien que tu ne vas pas abandonner.
Les questions que tu te poses s’il ne répond pas.
Tu es trop buté pour t’en détourner.
Sinon… tu ne serais pas là, Mars.

Tu ne serais pas venu jusqu’ici.
Jusqu’à lui pour le confronter.
Tu ne serais pas là pour le voir.
Et si tu savais comme il la sent.
Cette chaleur qui remonte.
Pourquoi ça lui fait plaisir.
Alors qu’il a peur.


“ … Pourquoi t’veux savoir ? Ah… J’crois que j’suis déjà assez pathétique comme ça pour toi et c’pas comme si c’était quelque chose d’intéressant, alors oublie. Et… pour elle… C’compliqué, mais ouais j’imagine que j’suis minable de toute façon. T’peux me juger ou rigoler, pour c’que ça change ! ”

Il ne veut pas se battre, Napalm.
Il ne voulait même pas te voir.
Et tu es là et il ne voit plus que toi.
Mais te parler de lui…
Comment est-ce qu’il pourrait.
S’il le fait, c’est accepter que quelque chose a changé.
C’est accepter qu’il puisse changer, lui.
Qu’il est encore plus faible qu’il ne le croyait.
Que tu ne le verras plus jamais comme tu le connais.


“ … Et si j'te demandais d'me parler d'toi, tu le ferais ?... Tu m'demandes mais est-ce que t'ferais pareil ? ”