Ne laissant plus que la réalité.
De la fièvre passée.


Alors que son regard touche le tien.
Que c’est le moment de reposer pied.
Il cligne des yeux, Napalm.
Retrouvant son souffle.
Observant la situation.
L’état dans lequel il est.
Effaçant les traces de vous comme il peut.
Se blottissant dans ses fringues pour se réchauffer.
Maintenant que ta chaleur s’éloigne.
Se redressant avec difficulté pour s’asseoir.
La sensation est vive comme chacune de tes marques.


Comment il va se relever.
Il te voit tu sais, toujours.
L’air que tu lui montres.
Le doute qui s’installe.
Il s’en doutait.
Est-ce que tu regrettes, Mars ?
Est-ce que tu vas le laisser là ?

Un soupir l’échappe.
Perdant une main dans sa crinière.
Détournant enfin le regard.
Lui aussi, il sent ses questions revenir.
Prendre place pour étouffer la simplicité.
Ce que vous avez vécu sans mensonges.

Parce que lui aussi, il ne sait pas.
Ce qu’il fait et ce que vous faites.
Ce que tout ceci signifie.
Si cela change quoique ce soit.



Mais elle lui vient naturellement.
C’est tout ce qu’il peut te demander.
Là, maintenant.

“ T’en vas pas… Et s’tu veux le faire… alors ramène moi au moins jusqu’au SAS parce que… j’suis pas sûr d’pouvoir marcher sans m’péter la gueule au moins une fois… Et… j’crois pas qu’il reste beaucoup d’air là-dedans. ”

Il ose, reposer ses yeux sur toi.
Déglutissant douloureusement.
Putain, est-ce que tu t’en vas, Mars ?
Est-ce que c’est ce que ton air signifie ?
Cet air grave, il sait que tu réfléchis.
Et il sait aussi vers quoi tu risques de pencher.
Bouffer par tes peurs et tes doutes.


C’est étrange comme ça lui paraît naturel.
Et terrifiant à la fois de t’avoir là.
De ressentir encore tes mains.
Baissant les yeux sur ses côtes.
Pour voir que les bleus vont s’y former.

C’est terrifiant d’avouer que tu l’as vu comme ça.
Au moment où il est le plus soumis à ses désirs.
Ceux qu’il a pour toi.

Mais qu’est-ce que vous êtes.
Qu’est-ce que vous allez devenir.
Est-ce qu’il peut encore être avec toi.
Est-ce que tu veux encore revenir vers lui.
Est-ce que…

Tu as l’air en colère.
A ses yeux, tu sembles prêt à partir.
Le laisser là pour qu’il crève ici.
Et c’est un sentiment ignoble.
Que de revenir à la réalité.


Et il le sent à ta voix.
A tes gestes.
Même si tu viens le chercher.
Même si tu l’aides.
Il y a dans chacun de tes mouvements.
Ce besoin irrépressible de te débarrasser de lui.
Et il sourit tu sais.

Parce qu’il repense à tout ce qu’il a fait.
A tout ce qu’il a fuit avec autant de hâte.
Il ressent cette blessure qu’il essayait d’éviter.
Mais il ne dit rien, Napalm.
Parce qu’il ne sait pas ce qu’il pourrait dire.
Lui aussi il se trouve dans cette situation.
Où il doit gérer ses propres pensées.
Et toi qui agit toujours n’importe comment.

Et si tu savais, Mars.
Comme il aurait préféré que tu partes d’ici.
Sans lui, en le laissant derrière toi.
Que de se rendre compte de ce qui arrive.
A quel point tu veux fuir, tu veux le fuir.
Pour en arriver là encore une fois.


Lorsqu’il te voit retirer ton air.
Pour rester là et qu’il se trouve coincer.
Quand il réalise l’instant, il est trop tard.
Parce qu’il ne peut pas revenir.
Retrouvant cette émotion forte de l’adrénaline.
Qu’il aime pourtant, mais à chaque fois.
Si c’est toi, si c’est ta vie, il déteste ça.

Il déteste ça, Mars.

Frappant contre la vitre de toutes ses forces.
Tu le vois crier, mais est-ce que tu l’entends.
Bien sûr que non, parce que tu ne veux pas.
C’est pour ça que tu l’obliges à voir ça, Mars.

C’est ce qu’il croit.
C’est sa faute.

“ Putain !! J’vais te tuer, Mars !! Est-ce que c’est ça ta réponse ?! Est-ce que c’est à cause de c’qui vient d’arriver ?! J’te l’ai dit, crève pas d’vant moi !! Fais pas ça bordel !! C’tout c’que tu peux faire ?! C’pas toi qui voulait avancer ?! C’pas toi qui m’a dit d’avancer ?! J’vais vraiment te massacrer !!”

Il en perd haleine.
D’hurler alors que tu ne l’entends pas.
Bien sûr que tu n’entends pas.
Alors que tu l’abandonnes, Mars.

Alors que tu vas le laisser seul.
Avec ses sentiments, ses doutes, ses peurs, ses questions, ses envies, ses désirs, ses regrets, ses accusations, sa culpabilité.
Avec son envie d’avancer, rester près de toi, fuir sans se retourner, éviter de trop y penser, être incapable de t’oublier, ressentir ta chaleur, la désirer encore plus fort, rêver que tout ça n’ait jamais existés.
Que rien ne se soit jamais passé.
Mais c’est arrivé.


Quand le SAS s’ouvre à nouveau, il sort.
Se dépêche d’aller récupérer deux Vagair.
Manque de sentir ses jambes se dérober.
Tant il a mal.
Physiquement.
Mentalement.
Tant il est à l’agonie.
Alors qu’il sait que toi aussi.

Pourquoi est-ce que tu fais ça.
Devant lui, encore une fois.

Le temps lui paraît être interminable.
Le SAS exagérément trop long.
Frappant de toutes ses forces.
Comme s’il allait s’ouvrir plus vite.
Remettant son vagair sous le nez.
Il est impatient.
Son coeur va se briser.
Tant il bat à tout rompre.
Il a l’impression de l’avoir sur le bord des lèvres.
Il a l’impression qu’il va le vomir.
Et putain qu’il en rêve.


Il a mal, Mars.
Alors qu’il écrase une dernière fois son poing.
Laissant une trace de sang sur la vitre.
Avant de la voir s’ouvrir.
Probablement qu’il n’a jamais été aussi rapide.
A se jeter sur toi et on pourrait croire qu’il t’embrasse.
Mais c’est de l’air qu’il te donne.
Enfilant le second vagair sous ton nez.
Son poing se ferme pour venir s’écraser.
En plein dans ton estomac.

“ J’vais te tuer…” qu’il marmonne avant d’éclater. “ J’vais te tuer putain !! T’veux crever ?! Parfait, j’vais t’éclater sale enculé !! Putain j’le jure j’vais…”