C’est ici que tout dérape.
Lorsque vous êtes deux.
Que tu dérailles une seconde.
Qu’il est obligé de s’affoler.

Parce qu’il refuse de te voir sombrer.

C’est toujours la même histoire, Mars.
Rien ne change et rien n’avance.
Vous faites un pas pour reculer.
Changeant vos présents.
Jamais vos futurs.

Parce que rien ne va.

Et peut-être qu’il devrait partir, Napalm.
Te laisser là et trouver un meilleur endroit.
Peut-être qu’il devrait t’observer te détruire.
Là où toi tu ne peux pas le fracasser en passant.
Peut-être oui qu’il n’aurait pas dû revenir.
Pour se préserver, trouver une liberté.


Si ce n’est dans tout ce qu’il ressent.
En bien comme en mal.
Si fort envers toi.
Oh oui, il aimerait te tuer.
S’il pouvait, peut-être qu’il se déchaînerait.
De te voir faire n’importe quoi.
Encore et te voir à terre.
Ne lui fait que plus de mal.

Alors putain, crache ton sang, Mars.
Crache ta vie au sol.
Pendant qu’il te gueule dessus.
Qu’il tente vainement de se promettre encore.
Encore une fois qu’il va tout arrêter.
Pour avoir la chance de t’échapper.
Pour ne plus voir ces conneries.
Qui lui soulève le coeur.


Et tu fais chier, Mars.

Alors qu’haletant, il te laisse faire.
Te regardant te relever.
Sentant qu’elles coulent.
Malgré lui.
Parce que bordel, tu le rends fou.
Tu le rends… fou, vraiment.

“Pleure encore.”


“ T’es qu’un fils de pute… ”

Tu voulais qu’il pleure.
Et pour une fois il écoute.
Parce que ta voix viens de le retourner.
D’apaiser ses craintes d’arriver trop tard.

“ J’vais finir par… faire une crise cardiaque… putain. ”

Il se cache de toi.
Alors qu’il se sent vulnérable.
Encore à cause de toi.
Il est fatigué de cette journée.
De tout ce qui est arrivé.
De tout ce que tu lui fais subir.

Mais tu sais quoi, Mars.
Il ne partira pas.

Même ça, t’es pas capable ?

De quoi.
De quoi, Mars.
De te laisser là.
De te regarder étouffer.
De se détourner sans regarder derrière lui.

De ça, il n’est pas capable.
Il ne le sera jamais.
Parce qu’il n’arrive pas à s’en séparer.
De son humanité immonde.
Celle qui l’a détruit.
Un peu plus chaque jour.


Jusqu’à ce que tu débarques.
Pour démolir un mur avec violence.
Ne lui laissant aucun choix.
Pour tenter de t’imposer.
Mettre les pieds dedans.
Pour chercher ensuite à fuir.
Revenir le rattraper avant qu’il ne s’effondre.
Pour finir par le tester.

Alors qu’est-ce que tu veux.
De ça, il en est malade à présent.
Incapable de mettre des mots.
Sur ce qui l’inonde.
Se laissant attraper pour la retrouver.
La chaleur qui lui sied.
Brièvement et de courte durée.

T’observant t’en aller.
Sans bouger.

“ Rentre tout seul. ”

Parce qu’il tremble.
Qu’il sait qu’il va tomber.
Il se demande comment il se tient debout.
Et il ne va rien te demander.
Il ne veut pas te parler.


Ah, ça le torture vraiment.
D’oublier tout ce qu’il est.
Juste parce qu’il a craint.

Peut-être que lui aussi.
Il fait une crise maintenant.
Parce que c’est un gamin.

Parce qu’ici, il se souviendra.
Que pendant un bref instant.
C’était limpide, mais tout est devenu sombre.
En le ramenant à la réalité.


Reviens le tester quand il aura oublié.
La sensation de ton corps.
Qu’il sera lucide.
Capable de te cracher dessus.
Parce que là, il n’a plus la force.
Que tu le testes encore une fois.

Le silence s'allonge.
Seul le bruit du SAS le tient éveillé.
Et il réalise, Napalm.
Il réalise que tu es vraiment parti.
Cette fois, c'est le cas.
Cette fois, c'est terminé.


Parce qu'il a m a l.
Ça fait si mal, Mars.
Il a tellement mal.
Depuis quand.
Il n'avait plus autant souffert.

Tu le laisses là et il s'écroule.
Mué par sa fatigue et sa colère.
Par sa douleur et sa peur.
Il fini par abandonner.
Déglutissant au sol.
Ça lui brûle l'estomac.
La trachée jusque dans ses tripes.
Pourquoi vous vous faites du mal.
Qu'est-ce qui est arrivé.
Pourquoi tu es venu à lui.
Si ce n'est pour le détruire.
Et tu sais qu'il n'y a pas pire souffrance.
Que d'avoir cru que peut être.
Et de voir que tout s'effondre.


Alors il se relève comme il peut.
Sentant tout son être se retourner.
Sa douleur physique le fait enrager.
Sa douleur mentale le fait avancer.
S'il ne te dit pas ce qu'il a sur le cœur.
Là, maintenant, tout de suite.
Il ne le fera jamais et crèvera en secret.

Seulement, il ne veut pas mourir.
Tant que tu vis, il veut vivre.
Parce que c'est toi.
Et ta chaleur a atteint son âme.


Il passe le SAS en maudissant cette connerie.
C'est si long qu'il a peur que tu ne sois déjà plus là.
Et peut être que c'est le cas, mais il te voit.
Ses yeux tombent sur ton dos à peine sorti.
Parce qu'il te voit même dans le noir.
Et il ne sait pas si tu vas l'entendre.
Il aimerait courir et te frapper.
Mais il ne peut pas.
Alors qu'il tremble.

La seule chose qu'il peut faire.
C'est espérer qu'il hurle assez fort.

" Alors c'ça ta réponse ?! C'est ce que t'as décidé au final ?! T'es venu me chercher, tu m'as raconté tout ça, c'toi qui voulait venir ici et maintenant c'comme ça que tu fuis ?!"


Assez pour sentir le poids de sa douleur.
Le faire fléchir et poser genou à terre.
Il a si mal, Mars, de te voir partir.
Ne t'en vas pas.
Il ne peut pas se relever si tu fais ça.
Et il n'a pas la fierté nécessaire.
Pour être portée par elle.

" C'toi qui a dit que t'voulais me baiser, sale enculé !! T'es venu jusqu'ici pour ça !! Et putain t'en étais tellement écœuré qu't'as essayé de t'flinguer ?! Tu regrettes assez pour faire ça ?! T'voulais tellement fuir que t'en es arrivé là... Encore !! C'quoi ton putain d'problème !! Va t'faire foutre bordel... Et m'sort pas que c'parce que t'as flippé ou j'sais pas qu'elle merde !! T'crois que j'ai pas peur !! T'crois que j'me demande pas c'qui se passe !! T'crois que j'avais prévu ça d'puis le départ !! J'ai jamais cru un seul instant qu'on arriverait ici... J'ai jamais cru qu'un jour TU viendrais m'chercher !! Pourtant tu l'as fait, comme si t'pouvais pas continuer sans moi et tu..."

Et tu t'en vas maintenant.
Mais tu aurais voulu qu'il te dise quoi.
Tu aurais voulu qu'il fasse quoi.
Alors qu'il est persuadé que c'est lui.
Qui t'as obligé à en arriver là.
Encore une fois.


Parce qu'il a besoin de toi.
C'est pour cela que tu as attiré son regard.
Depuis le premier jour, le premier instant.
Il a besoin de toi dans sa vie.
Peu importe comment.
Peu importe pourquoi.
Tu peux le tuer, l'étrangler, le détruire.
Ou bien le prendre dans tes bras encore.
Tu peux tout faire, Mars.
Mais ne le laisse pas seul.
Même lorsqu'il te le demande.
Alors que tu es venu à sa rencontre.
Alors que tu es venu caresser sa solitude.
Tu n'as pas le droit de lâcher la laisse.


Et il serre les poings dans la poussière.
Il manque de vomir, encore.
Mais se retient alors qu'il tremble.
Napalm est sous pression.
Perdu et angoissé.
Et il se sent plus seul que jamais.
Tout ça parce que tu l'abandonnes.

" C'ça ta réponse hein... A quel point j'suis fou pour avoir cru que..."

Que quoi ?
Que toi aussi, tu avais besoin de lui.
Que tu pensais vraiment ce que tu as dit.

Ce que tu as fait.


Et il a tant mal.
Qu'il a l'impression qu'il va s'évanouir.

La distance semble infinie.
Comme un gouffre qu’il ne peut franchir.
Plus tu t’en vas, Mars, plus il dépérit.
Parce qu’il t’as donné quelque chose.
Un morceau de lui.
Avec tant de facilité qu’il aimerait s’en frapper.
Parce qu’il sait comment ça finira.
Il sait, Napalm, comme son amour ne vit jamais.
Et il a peur que celui qu’il refuse de s’avouer.
Celui qu’il développe malgré lui.
Qui voit le jour dans chacun de tes regards.
Ne soit impossible à surmonter.

Cette fois, il a peur de ne pas en être capable.
Alors que tout son corps le paralyse.
Sentant son coeur s’affoler.
Pourquoi est-ce qu’il n’a pas fui plus loin.
Avant de ressentir ta présence.
Trouver cet endroit.
Celui où il rêve de revenir alors que tu le regardais.
Comme s’il était la seule personne que tu désirais.
Pour ne pas assister à ce qu’il voit.


Baissant les yeux sur le sol terreux.
Il peine, Napalm, pour comprendre.
Pour essayer de trouver une solution.
Afin de réussir à le sortir de sa poitrine.
Celui qui bat trop fort pour ne pas s'asphyxier.

Jusqu’à entendre ta voix, encore.
Relevant les yeux sur toi et il le voit.
L’air que tu lui affiches.
Mais qui devrait être dans cet état.
Pourquoi il a l’impression que vos places sont inversées.
C’est lui qui devrait être hors de lui.
C’est lui qui devrait te juger, te parler froidement.
C’est lui qui devrait te traiter comme ça, Mars.


Restant muet un instant alors qu’il croit comprendre.
Vaguement, il croit entrevoir quelque chose.
Au milieu de ce chaos.
Réalisant encore une fois que vos silences.
Vos non-dits et vos peurs ne parlent jamais.

Qu’il te voit lui tourner le dos, à nouveau.
Il ne sait pas comment il se sent.
Alors qu’il a la sensation que tu le piétines.
Au plus profond de lui, il te sent.
L’écraser au point qu’il ne pense qu’à se rebeller.

“ Alors c’ça qui te gêne ? J’t’ai demandé… J’t’ai demandé si ça t’dérangeais, putain ! Qu’est-ce que ça change, bordel ?! Qu’est-ce que ça change alors qu’c’est la putain d’première fois que ça signifie plus que d’juste pas être seul ! Dire que j’croyais que ça t’écoeurais, fallait pas l’faire si ça t’faisais chier !! J’pourrais jamais changer ça, c’est arrivé et j’le ferais pas parce qu’au moins j’sais…”


Comment pourrait-il l’accepter alors qu’il est tombé pour toi.

C’est amusant comme te perdre le terrifie.
Plus que l’idée d’ouvrir la bouche pour parler.
Parler de ce qu’il a tant essayé de faire taire.

“ Au moins j’sais que c’est différent. J’sais bien c’que tu vas me sortir ou comment t’vas encore me regarder, t’auras sûrement l’air encore plus en colère ou dégoûté, putain, mais t’sais quoi, connard ?” il serre la mâchoire. il ne savait pas que c’était si difficile, de dire ce qu’il ressent. sans doute parce qu’il a peur que ça ne t’atteigne pas, que tu partes ensuite. “ J’me sentais bien. Et j’parle pas de si j’ai pris mon pied ou pas. J’parle que pour une fois, j’ai pas eu envie d’fuir dès que c’était fini. Que j’ai pas eu l’impression que j’faisais ça pour les mauvaises raisons, juste parce que j’voulais pas être seul. Bordel… qu’est-ce que j’raconte !” il perd une main dans sa crinière. cherchant ses mots. cherchant comment mettre ce qu’il ressent en évidence. “ Qu’est-ce que ça change, Mars, qu’tu sois le quatrième si t’es l’dernier. J’crois que c’est la seule fois où être dernier c’mieux que d’être le premier…”


Quelque part, il se prépare sûrement.
Parce qu’il sait que c’est pathétique.
Qu’il voudrait ne pas s’accrocher à toi.
Mais c’est déjà fait, c’est trop tard.
Il a mis un pied dedans à l’instant même où il t’as vu pour la première fois.

“ T’sais combien d’fois tu t’es blessé aujourd’hui ? Putain… J’t’ai pas dit d’pas crever devant moi ? D’pas crever tout court ? Comment t’veux que j’pense pas que tu m’prends pour un abruti alors que tu continues ? T’veux quoi ? T’veux que j’te suive pour t’aider à chaque fois jusqu’au jour où j’pourrais pas ?! Explique-moi bordel alors j’te suivrais !! Arrête de te taire !! S’tu veux quelque chose d’moi, dis le !! Si tu m’dis rien, Mars…”

Peut-être qu’il cherche les ennuis.
Peut-être qu’il a une idée, Napalm.
De celles qu’il ne devrait pas avoir.
Peut-être qu’il va te provoquer.
Parce qu’il croit avoir compris.
Quelque chose que tu ne dis pas.
Parce qu’il va prendre ton sous-entendu jusqu’au bout.
Et te faire enrager si cela compte vraiment pour toi.
Alors comme ça il saura si tu ne dis rien.
Il verra jusqu’à quel point tu le regardes.
Alors il saura si ça n’a jamais commencé.
Si c’est encore lui qui espérait.

“ Si tu m’dis rien, j’imagine que ça t’dérange pas qu’il y en ait un cinquième ? J’imagine que c’pas si important qu’ça ? J’imagine que ça change rien à nous deux ? J’peux donc faire c’que j’veux et aller m’taper le premier connard qui passera ?”

Lui aussi, Mars, il sait être désagréable.
Et cela s’entend à sa voix même si elle tremble.
Elle aussi.
Parce qu’il a peur de t’entendre dire que c’est le cas.

Il a la sensation d’être acculé.
Enseveli par ses propres sentiments.
Qu’est-ce qu’il aurait dû en faire, Mars ?
Les taire et te laisser partir ?
Attendre que le temps passe.
Pour que jamais rien n’avance ?
Est-ce que c’est ce que tu voulais ?

Qu’il ne s’attache pas à toi.
Que ce soit vain ce qui est arrivé.
Tu aurais préféré n’être qu’un d’entre “eux”.
Tous ceux qui ne comptent pas.
Qui ne comptent plus pour lui.

Qui ne sont que des blessures qu’il aimerait s’arracher.
Tu aurais préféré ça, Mars.
C’est ce qu’il veut savoir.
C’est ce qu’il a besoin d’entendre.


Et la réaction qu’il attendait, viens.
A défaut de ton indifférence, il préfère.
Il préfère que tu le regardes de haut, Napalm.
Parce qu’au moins, tu le vois.
Il survivra si tu le juges, si tu le frappes, si tu l’insultes, si tu lui ordonnes, si tu le demandes, si tu poses tout simplement tes yeux sur lui.
Il survivra.
Mais si tu t’en vas…

Ta colère, il la sent, il la voit.
Evidemment qu’il aurait préféré que ce soit différent.
Evidemment qu’il aurait préféré que ce soit comme avant.
Mais ce n’est plus possible non plus.

Alors que ta voix résonne et qu’il te regarde.
Il pourrait avoir l’air misérable.
Apeuré ou même triste.
Mais Napalm semble étrangement impassible.
Autant qu’il le peut tout du moins.
Parce que la douleur se lit toujours.
Fronçant les sourcils pour tenter de se donner contenance.

Tout dégénère et il s’attend à te voir tourner les talons.
Après l’avoir achevé là.
Il s’y attend, mais tu lui ordonne.
Comme si tu étais Roi.
Comme si tu étais souverain.

Et c’est amusant tu sais.
Comme Napalm ne change pas.
Au fond, il reste ce gamin que tu as rencontré.
Provoquant, suicidaire, tout simplement fou.
Alors il frémit à tes mots, à tes ordres.


Tes questions au fond de son oreille.
Il finit par se redresser.
Cette poire, il va la couper en deux.
Ses jambes tremblent encore.
Tant elles ont subi.
Aussi bien ta présence que son poids.
Le poids si lourds de ses sentiments.
De tout ce que tu lui as fait ressentir.
Toutes les cordes sur lesquelles tu tires.

Mais il va le faire, Napalm.

“ T’crois que j’suis ton chien ?”

Il se le demande, mais il le sait.
C’est évident parce que lui-même l’admet.
S’il doit l’être, c’est pour toi.
Il l’a choisi.
Sur les terres lunaire, il l’a choisi.
Tu ne peux pas te débarrasser de lui, Mars.

Alors il s’avance vers toi.
Tu t’en doutes peut-être.
Mais Napalm restera celui qu’il est.
Et là tout de suite, il n’a qu’une envie.
Se prendre une décharge.
Peut-être que ça éclaircira ses ténèbres.

Combien de fois est-ce qu’il va devoir t’attraper ?
Il ne sait pas, mais il le fera encore.
Parce que c’est plus fort que lui.
Revenant te priver de tes lèvres, encore une fois.

Ressentant le choc le parcourir de haut en bas.
Puis l’éjecter de ta chaleur comme si elle lui était interdite.
Reposant un genou à terre en manquant d’air.
Il encaisse, il encaisse.
La douleur physique, il connaît.
C’est bon, il sait.


Est-ce qu'il arrive à cet instant.
Où il voudrait mais ne peut plus.
Où ses contradictions finissent par le détruire.
Où il sait que c'est fini, mais qu'il n'accepte pas de l'entendre.


A cheval entre ses désirs et sa peur.
Maintenant sa peur c'est de t'entendre.
C'est d'être obligé de t'écouter encore.
Alors il va faire ce qu'il peut pour fuir.
Repousser cet instant où tu le tuera.

Il prend une décision pour pouvoir te poursuivre.
Pour être derrière toi.
Il va le faire.
Mais laisse lui le temps derrière.

“ Si j’te supplie… ah, si j’te supplie j’aurai jamais confiance en toi. J’serais simplement ton chien jusqu’à la fin, c’est c’que tu veux ? Si t’veux seulement m’écraser, alors ok. J’oublierais c’que j’ai cru, c’que j’ai dis, c’que t’as dit. Si t’veux que je me soumette, ok. J’oublierais la façon dont j’te vois maintenant. J’oublierais…”

Il se relève comme il peut.
Crachant par terre.
Parce qu’il va te faire face.
Si ce que tu veux de lui, Mars, c’est qu’il écoute.
Alors il va abandonner.

“ J’oublierais c’que je ressens là, maintenant. J’te verrais comme c’que tu veux me montrer. Et j’te montrerais ce que tu venais chercher. Si j’y arrive pas, j’m’en occuperais cette fois.”


Il voulait seulement comprendre.
Appréhender tes sentiments, les siens.
Il voulait voir quelque chose.
Qu’il a vu brièvement là-bas, mais qu’il ne voit plus.

“ En échange, ne m’touche plus jamais. J’te laisserais me frapper, me blesser, mais rien d’plus. Dans c’cas, j’accepterais de me mettre à genoux devant toi. Si c’est tout c’qui compte pour toi. Si c’est ta réponse.”


“ J’te laisse y réfléchir, j’veux pas l’entendre maintenant… Ah, laisse moi une semaine, après fais moi signe, je t'écouterai. ”

Si on lui avait dit…
Qu’un jour il se mordrait la lèvre au sang.
Pour retenir son point de rupture.
Pour que tu ne puisses pas le voir.
Et que ce serait à cause de toi.
Si on lui avait dit.

Il serait quand même venu.
Avec l’espoir de pouvoir changer ce moment.

Si on lui avait dit.
Qu'encore une fois il se rendrait compte de ce qu'il ressent.
Une fois qu'il est trop tard pour tout changer.
Pour qu'il puisse se protéger.


Peut-être qu'il ne comprend rien finalement.
Peut-être qu'il est incapable de voir à travers toi.
Peut-être que ce n'est pas lui qui devait t'écouter.
Peut-être que ce n'était pas lui, Mars, tout simplement.
Il en est persuadé.
C'est pour ça qu'il fuit.

Vous avez tant vécu.
En si peu de temps.
Que ça lui paraît être des mois.
Des années et des siècles.
Vous avez vécu si intensément.
En si peu de temps.
Que son esprit est vide et flou.
Incapable d’en trouver le bout.
De sa souffrance lancinante.


Tout simplement parce que vous ne vous comprenez pas.
A ne rien dire et il a essayé de te faire parler.
De démêler le vrai du faux.
Mais est-ce possible.
Alors qu’il avait abandonné depuis si longtemps.
Sans jamais le faire réellement.
Il croyait fuir tout, tout le monde.
Alors qu’il s’accrochait désespérément.

En attendant que quelqu’un le voit.
Que quelqu’un le remarque.
Pour qu’on puisse attraper sa main.
Et c’est toi, c’est toi qui vient de le faire.

C’est toi qui a tendu ta main pour la prendre.
Alors pourquoi, pourquoi il s’en va maintenant.
Pourquoi est-ce qu’il se sent si faible et si vide.
Pourquoi est-ce que sa vue est trouble.
Que le goût du sang se déverse entre ses lèvres.
Il les serrent si fort qu’il a l’impression de les transpercer.

Pourquoi la douleur physique ne surpasse pas son coeur.
Pourquoi il a l’impression de mourir, Mars.

Alors que tu es là.
Juste derrière lui.
Alors que s’il se retourne, il te voit.
Juste dans son dos.


Il entend sa propre agonie bousiller son oreille.
Alors que seul le silence lui reste à présent.
Où est-ce qu’il va, Napalm.
Alors qu’il n’a plus d’endroit où rentrer.

Alors qu’il ne reste rien.

Tu sais Mars, ça faisait si longtemps que son monde était dévasté.
Qu’il avait oublié l’effet que ça faisait de le sentir s’effondrer.
Il avait oublié à quel point ça déchire de perdre un morceau de soi.
Parce qu’il le laisse avec toi et s’il a peur, difficile de le nier.


Depuis quand est-ce que ton être l'obsède.
Depuis quand est-ce qu’il t’aime tant.
Depuis quand est-ce qu’il t’attend, inconsciemment.
Depuis quand tu as tant d’importance pour lui.

Il a fermé les yeux une seconde et c’est le désordre.
Dans son coeur, dans ses songes, dans sa vie.
Dans votre histoire qui n’a aucun sens.
Mais c’est vous deux ensemble.
Parce que vous êtes brisés.
Blessés et seuls.

Parce que vous ne savez pas vous parler.

Alors il s’en va après avoir dit tout cela.
Après avoir lâché ses blessures.
Ce qu’il croit faire pour se protéger.
Parce qu’il croit que c’est ce que tu veux.


Il s’en veut.
D’avoir été cette personne pour toi.
Alors il va le dire pour ne pas le regretter.
Si tu dois l’avoir en horreur, Mars.
S’il peut te donner des raisons d’oublier ce qui est arrivé.
Il va te dire ce qu’il croit que tu ne veux pas entendre.

“ J’suis désolé… D’être tombé…” il s’étrangle. est-ce qu’il l’a déjà dit à quelqu’un. il n’a jamais dit à Carbone qu’il l’aimait, il l’a prononcé au passé. quand il ne pouvait plus rien faire, quand il avait recouvert sa plaie de mensonges. mais il ne l’a jamais dit quand il le fallait. sa main agrippant son t-shirt, sa poitrine se serrant. il a vraiment l’impression qu’il va mourir. retenant ses cris, ses larmes, sa souffrance putain.

Mais s’il ne le dit pas.
Il ne survivra pas.
Et même avec ça, il ne sait pas.
S’il te survivra.
Alors que tu as été l’espoir.
Rien qu’un instant.

“ J’suis désolé… d’être tombé amoureux… de toi. ”

ça lui fait si mal de le dire.
Comme s’il sonnait sa fin.

Alors peut-être qu’il se relèvera.
Alors peut-être qu’il vivra sans toi.
Peut-être.
Peut-être.
Peut-être.
…
Jamais.


Il lui semble interminable.
Le temps et le silence.
Qu’il finit par se retourner.
Lui aussi, il veut te voir.
Il en a besoin pour respirer.

Et il te voit.
Manque un battement.
S’étouffe dans ses larmes.
Alors qu’il croise les tiennes.

Comment tu arrives autant à l’atteindre.
Là où personne n’a jamais réussi.
Plus depuis très longtemps en tout cas.
Comment tu arrives à ouvrir ses barrières.
Là où les garde si jalousement fermés.
Comment tu fais, toi aussi, pour le faire tomber.

Comment tu fais pour qu’il t’aime.
Sans même avoir eu la chance de pouvoir y échapper.
Cet amour il ne peut pas y échapper.
Parce qu’il tombe dedans à ta seule vue.
Comment il pourrait l’ignorer.
Alors qu’il est si faible face à toi, Mars.


Il ne peut pas.
Alors que te voir ainsi le bouleverse.
Alors que te voir tomber à terre, le fait frémir.
Il ne peut pas partir.

Parce qu’il a compris.
Qu’il s’est trompé.
Sur ce qui vient d’arriver.
Il a compris alors Mars, ne pleure pas.
Parce que ça lui brise le coeur.
Il voudrait tant te prendre dans ses bras.
Mais il ne peut pas.
Il ne peut pas, putain.


Et tes mots.
Les quelques mots que tu laisses échapper.
Viennent l’achever, mais loin de l’idée qu’il se faisait.

Et si tu savais comme lui aussi il l’est.
De te l’avoir dit.
De ne pas être parti sans rien dire.
D’être ce gamin qui parle trop.
Mais qui pour une fois a parlé de lui.

Si tu savais comme il est heureux, lui aussi.
De t’entendre lui dire seulement ça.
Parce que c’est assez pour le faire chavirer.
Qu’il ne te demande rien de plus.
Que de lui dire qu’il a le droit de rester.

“ Moi aussi…”

Parce que ça lui suffit, Mars.
Se rendre compte que tu tiens à lui.
C’est tout ce dont il a besoin.


Vous avez sûrement l’air de deux imbéciles.
Peut-être même que vous êtes ravagés.
Mais c’est pour cela qu’il t’aime.
Alors garde-le, Mars.

“ J’irais nulle part…”

Même s’il s’en va, il reviendra.
Parce qu’il ne peut pas vivre sans t o i.

Il a besoin de t o i.
Parce qu’il se sent respirer avec t o i.