Quelque part, c’est un flou constant.
Alors tes mots le perdent un peu plus.
A chaque fois qu’il t'entend, il ne sait plus.
Ce qui se passe, ce qui arrive.
Pourquoi tu es là.


Tu lui parais presque frêle.
L’espace d’un instant, il croit rêver, Napalm.
Et pourtant, ce timbre de voix.
Comme si tu avais abandonné.
Comme si tu comptais te laisser tomber.
Comme si… tu mettais fin à tout.

Un battement se rate.
A mesure que tu lui parles.
Que ta voix lui semble être presque douce.
Qu’il croit comprendre ce que tu dis.
Sentant tout son être se crisper.
Parce qu’enfin il comprend, tu sais.
Il comprend la portée de tes actes.
Ce qu’ils signifient, Mars.

Et il sait, Napalm, que tu aurais les tripes pour le faire.
Là où lui échoue, tu pourrais facilement réussir.
Lui arrachant un battement alors frénétique.
Qu’est-ce qu’il doit faire.
Qu’est-ce qu’il doit dire.
Hé Mars, ne fait pas ça.
Ni devant lui, ni là où il ne peut pas te voir.
Ne fait pas ça.


Alors que ton histoire s’étale.
Que tu lui offres un morceau de toi.
Il n’aurait jamais cru se trouver là un jour.
Se sentir si proche de toi.
Rentrer dans ton monde pour y voir plus clair.
Pour être capable de te voir, toi.

Tout sauf toi.

Napalm manque de s’étouffer.
Alors que tu lui poses la responsabilité sur les épaules.
Alors que tu lui donnes une forme de confiance.
Alors que tu lui offres de l’importance.
Mais tu sais, il ne sait que fuir.

Cela fait si longtemps qu’il n’a pas essayé.
De s’accrocher vraiment à quelqu’un.
Et peut-être que ce sont tes blessures.
L’écho qu’il croit y voir en toi.
Qui le pousse à rester.
Ou alors… c’est uniquement ce coeur qu’il croit faible.
Parce qu’il est incapable d’abandonner.

“ … Alors défoule toi, merde ! Si t’as besoin d’m’éclater pour t’sentir mieux, fait le putain. J’me relèverais ok ? J’le ferais alors… N’parle pas comme si tu avais tout lâché !! C’qui qui était fier d’me dire qu’il est caporal y a pas une heure ? Tu m’dis qu’il ne reste que moi… Mais mec, qu’est-ce que t’fais de tout ce que t’as fait pour toi ? Tu vas pas m’dire que tu l’voulais pas ? Alors quoi… ouais peut être qu’elle est plus là, mais tant qu’elle est en vie, c’pas fini ! Tant qu’elle respire encore… c’pas fini, connard. Et essaye pas d’me faire croire que t’veux la tuer, si c’était l’cas, ce serait déjà fait !”

Il sent son palpitant s’accélérer.
A mi-chemin entre un agacement.
Et une peur lancinante de ne pas dire ce qu’il faut.
De te voir te perdre sous ses yeux.
Mais Napalm n’est pas capable de réfléchir.
Alors il te dit ce qui lui vient comme toujours.
Franc et direct.

“ J’te laisse faire c’que tu veux, alors fais le et relève toi. Soit pas un fuyard, c’pas c’que tu m’as dit ?”

Ne pas fuir signifie vivre, Mars.
Ne pas fuir signifie se relever, Mars.
Ne pas fuir signifie se tenir droit, Mars.
Ne pas fuir signifie s’appuyer sur les autres, Mars.
Mais Napalm sait que ce n’est pas à lui de le faire.
Lui, il n’est digne que d’encaisser tes poings, ta violence.
Alors redresse toi, décharge toi de ses sentiments qui te rongent et repart.
Il survivra.

Mais avant que tout ça n’arrive.
Avant que tu réalises que c’est tout ce qui peut se passer ici.
Il t’offre, lui aussi, un morceau de lui.
Même s'il sait très bien que n'importe qui le prendrait de haut.
Tant ses excuses, sa vie et tout ce qui existe autour de lui est vide.

“ … C’pas ma copine. C’est… celle qui a tué ma seule famille. J’voulais la tuer. Putain ouais j’ai rêvé si souvent de l’égorger, mais…” il n’a pas la force de surpasser son humanité. Et il sait au fond que ce ne sont que des excuses. “ J’fais quoi si elle est plus là pour que j’puisse la blâmer. ” ça tombe comme une réalité sordide. Et c’est la première fois qu’il le dit. qu’il admet être pathétique à ce point.

Tu vois Mars c’est tout ce dont il est capable.
Se servir de sa haine pour survivre.
Pour donner l’illusion qu’il existe encore.

“ J’fais quoi… si j’admet qu’en réalité… c’était d’ma faute !”

Tout ce qui est arrivé.
Ce qu’il est devenu.
Il ne le doit qu’à lui.
En réalité, c’est lui qui a échoué.
Qui a fauté et qui s’est blessé.
Mais c’était tellement plus simple de blâmer les autres.
Pour ne pas sombrer dans le néant.


Napalm est stupide et vain.
En te disant tout cela, il te donne une raison de le massacrer.
Alors ne devient pas comme lui, Mars.
Tu ne peux pas parce que sinon il ne pourra plus croire.
Qu’il aurait pu être différent lui aussi.
Il n’aura plus d’espoir si tu n’es plus là.

“ Si t’veux parler, j’t’écoute. Si t’veux me frapper, j’suis là. Si t’veux me tuer, hésite pas. Même torturer ou autre… Mais putain… ne t’laisse pas tomber. ”

Si on lui avait dit qu’aujourd’hui il parlerait encore une fois de lui.
Si on lui avait dit qu’il t’écouterait et qu’il te dirait tout ça.
Si on lui avait dit… il aurait ri.
Mais Napalm ne veut pas rire.
Alors qu’il tremble en t’observant.
Sans te lâcher des yeux.

Tu avances.

Tu avances.

Tu avances.

Mais comment on fait ça.
Il ne l’avouera jamais assez.
Mais pour avancer il faut accepter.
Et accepter c’est soigner ses plaies.
C’est être capable d’endurer.
Se relever et passer à autre chose.
Mais est-ce qu’il est prêt à oublier sa douleur.
Elle qui lui a servi d’armure, d’excuses et d’amie.

Est-ce qu’il peut prendre le risque de la soigner.
Alors qu’il sait ce que cela signifierait.
Si elle n’existe plus, il verra encore la mort.
Il s’accrochera encore à quelqu’un, à l’amour.
Il verra la perte et finalement… elle reviendra de plein fouet.
Et Napalm sait qu’il n’a pas le force de la reprendre.


Alors ce que tu lui dis, Mars, lui paraît impossible.
A ce stade, seul dans son monde, il n’est pas capable de faire ça.
Parce qu’ici, il n’y a personne qui vit avec le chien fou.
Ce chien tenu en laisse qui s’est tapi dans l’ombre.
Submergé par la réalité.
Par les autres.
Par ses refus.


Il s’attendait à bien des réactions.
Mais sûrement pas celle-ci.
Parfois, il croit commencer à te comprendre.
Et l’instant d’après tu viens défoncer ses certitudes.
Il reste interdit l’espace d’une seconde.
Son coeur battant plus fort.
Alors qu’un frisson le prend.
Venant lécher son âme et sa solitude.

Rien qu’un moment, il croit être capable de t’attraper.
Il se croit capable de tout balancer pour ne pas fuir.
Pour rencontrer ta chaleur pour réchauffer sa froideur.
Se lover dans cette illusion que tu lui donnes.


Balayant la surprise que tu viens de lui faire.
Fronçant les sourcils en esquivant ses sentiments.

“ J’ai jamais baisé personne, et je vais pas commencer avec toi. ”

Sa voix se fait monotone et implacable.
Récitant au mot près ce que tu as dit.
Qu’il n’a pas oublié, tu sais.
Le laissant perplexe.
Indécis et perdu.
Face à ton aveux de ton refus de toucher l’autre.
Alors qu’est-ce que tu racontes maintenant.

“ Qu’est-ce que tu m’racontes encore… J’invente rien et putain, t’arrête pas de…” Il soupire et laisse une main glisser dans sa crinière. il rêve de fumer là tout de suite. “ Fais c’que tu veux. ”

Il te redit ses mots, lui aussi.
Gardant son regard néon sur toi.
Parce qu’il ne va pas te lâcher.
Et s’il doit faire avec ton inconstance.
Tes changements et tes doutes.
Alors il le fera.
Même si ce n’est que pour aujourd’hui.
Il fera ce qu’il faut pour que tu ne tombes pas.
Pour que les plaies qui entaillent tes poignets.
Ne se rouvrent pas sous la force de tes sentiments.


“ Mais.. c’con t’peux pas m’toucher de toute façon alors à quoi bon m’dire ça. Ah… c’pour ça hein ?”

Il sourit en le réalisant.
Bien sûr que tu peux le dire là, tout de suite.
Parce que vous ne pouvez rien y faire.
Que tu ne peux pas le toucher.
C’est déjà arrivé.

Ce n’est pas la première fois que l’on joue avec lui.
Que ce soit conscient ou non.
Que ce soit pour cacher tes blessures ou oublier.
Il accepte alors tu peux le lacérer toi aussi.


…
Il ne croit …
...
...
...

Il essaye.

Mars, tu es inconstant.
Tout aussi délirant que lui.
Alors que tu ne cesses jamais.
Jamais de le surprendre.
Et bordel tu le laisses toujours interdit.
Le gamin qui ne sait faire qu’hurler.
Se faire entendre et emmerder le monde.
Ne sait plus comment agir, ni te faire face.

Mais cette incompréhension, il en a marre.
Il en a marre de réfléchir et d’hésiter.
Il en a marre de tenter de te repousser.
Alors que tu fais un pas vers lui, encore.

Lui criant dessus de te suivre.

Le chien hésite à écouter.
A donner sa laisse une nouvelle fois.

Parce que s’il franchit cette porte.
S’il suit tes pas, il te laissera la prendre.
L’accrocher à ta ceinture et la garder.

Mais Mars, tu n’auras pas le droit de mourir.

Il hésite, tu sais.
Refusant de faire un pas d’abord.
Refaisant le tour de la question.
Interdit face à ses peurs.


Il revoit votre rencontre, Mars.
La violence qui a attiré son regard.
Ce besoin irrépressible que tu le vois.
Que tes yeux se posent sur lui.
Parce qu’il se sentait vivre.
Dans l’adrénaline, il se sentait complet.
Sa panique soudaine de te voir sombrer.
La peur de te voir tomber alors que vous vous êtes blessés.
Ton alter finalement qui a semé le doute chez lui.
Qu’il repense soudainement, mais tu sais.
Napalm mentirait s’il te disait que tu ne lui plais pas.
Dans une autre vie, il t’aurait approché différemment.
Il n’aurait pas cherché ton attention dans la provocation.
Pour sentir la douleur et la souffrance dans tes poings.
Dans une autre vie, il aurait été confiant de t’aborder simplement.
Mais Napalm n’est pas ordinaire, tout comme toi.


Faisant un pas, fébrile.
Suivi d’un deuxième, assuré.
Il va te suivre, Mars.
Quitte à ce que cela le détruise.
Parce qu’il n’oublie pas.
Qu’il peut vivre près de toi.
Même si tu changes d’avis.

Il te pourchassera encore, qui sait.
Deviendra le chien fou que tu connaissais.
Pour que tu puisses continuer à le voir.

Il ne dit rien dans ton dos.
Observant uniquement ta grandeur.
Se laissant presque attiré sans y penser.
Comme il le faisait bien avant tout ça.
Et il ne sait pas bien où tu l’emmènes.
Mais même si tu veux l’enterrer dans le sable.
Il viendra.


Lorsque tu te retournes pour le voir.
Il se stop net et reste là, te fixant longuement.
Avant de laisser échapper la seule chose qui lui vient.

“ Quoi ? … Tu m’as bien dit d’te suivre, non ? J’suis un wild, même si j’suis pathétique, j’vais pas refuser de l’aventure…”

Il tente de garder contenance.
De te faire croire que ça ne le touche pas autant que tu le crois.
Mais Napalm entend tout son être battre si fort.
La confiance insolente du gamin peine à se faire voir.
Aujourd’hui, il n’avait pas la force d’être celui que tu connaissais.
Mais tu lui tend la main, là, maintenant.
Alors ne le regrette pas.


“ Tu m’emmènes où d’ailleurs ? Qu’tu veuilles sortir du territoire, j’peux comprendre et t’aurais dû le faire dès que j’te l’ai dit… J’avais bien que j’te suivrais en plus… Mais quoi maintenant ?”

Il parle encore et encore.
Parce que tu peux sentir la nervosité qui le gagne.
Il a l’impression que ce qui arrive le dépasse.
Et c’est le cas depuis un moment maintenant.
Seulement tes mots résonnent en lui.

Et si c’est te toucher, que je veux. Me laisserais-tu te toucher, Napalm?

“ J’sais pas… J’sais pas c’que tu fous et j’comprends pas. Y a aucun endroit où t’peux surpasser ça alors qu’est-ce qu’on fous maintenant ? ”


Il te suit pourtant.
Sans rien dire, il prendra ton chemin.

Ses blessures ne sont rien.
Ne seront jamais rien.
Comparé à la vue qu’il a de toi.
Marchant devant lui.
Comme pour le guider.

Comme si, pour la première fois depuis sept longues années, il pouvait enfin rentrer chez lui.
Retrouver ce qu’il a abandonné, ce qu’il a égaré et ce qu’il a oublié.
Mais il refuse d’y penser, de se pencher dessus.
Parce qu’il pourrait encore faire demi-tour.
S’il réfléchit trop, il pourrait fuir.


Qu’il aille au bout cette fois.
S’il ne doit le faire qu’une seule fois.
C’est maintenant et il le sait.
Alors il prend sur lui.
Sur son coeur battant à tout rompre.
Ignorant les regards et les voix.
Il n’entend plus rien.
Il ne voit plus rien.


Parce que tu fais un choix, Mars.
Un choix qu’il décide de suivre, lui aussi.
Et tu n’as pas le droit de reculer un jour.
Sinon, il risquerait de clamser.

Comme il manque de le faire lorsque vous arrivez.
T’observant prendre un dispositif.
Comprenant enfin où vous allez.
Tu peux voir la surprise sur ses traits.
L’incompréhension une nouvelle fois.
Mais il te suit toujours, en prenant un.
Et il se demande quand est-ce qu’il est venu…
Pour la dernière fois.

Et peut-être…. que c’était avec lui. Le faisant hésiter une seconde devant le SAS. Revoyant ce souvenir subitement. Entendant sa voix qui le paralyse. Et… Il pensait chavirer, Napalm, mais un sourire le prend. Brièvement, il a l’impression que son souvenir ne le flingue pas. Attachant cette chose sous son nez avant de suivre tes pas.

Il ne remplace pas ce souvenir.
Réalisant à quel point c’est différent.
De se tenir ici, encore une fois, avec toi.


Mais est-ce plus beau que ce qu’il voit devant lui.
Cette main que tu lui tends.
Qu’il voit trembler légèrement.
Normalement, il t’aurait dit qu’il ne peut pas.
Que vous ne pouvez pas vous toucher.
Mais s’il doit prendre un coup de jus pour ça.
Rien que pour ce moment, il l’accepte.
Se saisissant d’elle…

Dans l’attente de la décharge, il se prépare.
Mais il n’y a que ta chaleur qui le traverse.
Écarquillant les yeux alors qu’il vient la serrer.
S’approchant assez près pour s’en saisir complètement.


Jusqu’alors il pensait que tu lui disais tout ça parce que vous ne pouviez rien y faire. Que ce n’était que des paroles en l’air. Mais là…

Il déglutit et manque de reculer.
Mais seul un tremblement remonte.
Incapable de bouger.

“ Merde… t’es sérieux…”

Qu’il marmonne en détournant les yeux.
Et il l’entend battre plus fort encore.
Qu’il pourrait tourner de l’oeil sous la frénésie.
En étant obligé de voir la réalité en face.

Est-ce qu’il va encore pouvoir t’entendre ?
Il ne sait pas, mais il se remet en route.
Sans te lâcher, sans même savoir où il va.
De toute manière, qu’est-ce que tu vas faire.
Il tremble une nouvelle fois.
Et il se met à parler.
Pour ne rien dire.

“ Ahah… c’est beau ici, vraiment. J’me demande, mais y a sûrement pleins d’trucs à découvrir dans l’coin… J’sais pas si des gens s’y penchent ? En fait si, c’est obligé non ? Ah ça m’rend curieux maintenant. ” non “ C’est marrant n’empêche de marcher ici, j’sais pas… c’est différent ? Un truc comme ça ? ” non plus. “ Alors tu…” voulais faire quoi ici.

Mais les mots ne sortent pas.
Alors qu’il vient de se retourner sur toi.
De croiser ton regard pour la énième fois.
Qu’il manque de se dérober sous ce qui l’assaille.
Merde Mars, sérieusement ?

“ … J’sais qu’t’aime pas… j’crois… Alors…”

Ne le fait pas.
Il ne peut pas le prononcer.
Parce que cette main qu’il tient.
Il ne veut pas la lâcher.
Et en même temps, il la sent devenir moite.

Hé Mars, c’est la première fois qu’il a peur.
D’être dans les bras de quelqu’un.
C’est la première fois qu’il a peur.
De laisser quelqu’un entrer.

Pour soulager sa solitude.


“ Comment on en est arrivé là, hein ? Putain. ”

Napalm est persuadé que tu vas le lâcher.
Au moment même où il te fait remarquer.
La proximité et la vérité.
Il est persuadé tu sais.
Mais Mars, tu ne cesses jamais de le troubler.

Je ne déteste pas.

Tu lui tombes toujours dessus.
D’une manière toujours plus inattendue.
Qu’il finit par se dire qu’il va arrêter de croire.
Parce que son coeur ne va pas le supporter.
Il sait que tu n’aimes pas ça, mais pas à quel point.
Malgré tout, tu le touches forcément même s’il ne réalise pas.
La portée de ton trouble et tes démons.


Et il peine à répondre, ne disant rien.
T’observant seulement en se demandant ce qui se passe.
Maintenant, qu’est-ce qui arrive.
Quelle est la suite.


Alors que prit de court, il te sent trembler.
Plus fort qu’avant.
Remarque cette main qui se remonte.
Il te voit t’éloigner sans bouger.
Napalm n’est pas stupide, il le sent.
Que quelque chose ne va pas.
Alors que tu laisses échapper quelques mots.
Un cri et qu’il te voit lui tourner le dos.

Comme si tu cherchais à le fuir.
Comme si tu cherchais désespérément à le fuir.
S’il n’était pas venu jusqu’ici, avec toi.
S’il ne t'avait pas suivi.
Il se serait enfui, Mars.
Parce qu’il y aurait vu la vérité.
Que tout ceci n’a aucun sens.
Que tu veuilles être là, avec lui, n’a pas lieu d’être.
Mais c’est plus fort que lui, toujours.



Seulement voilà…
Qu’est-ce qu’il pourrait bien faire.
Alors qu’il ne comprend pas ce qui se passe.
C’est clairement de la panique, il en est conscient.
Une forme de refus également.
Sans aucun doute un traumatisme.
Il croit voir des débuts de réponses, mais il sait bien.
Qu’il ne sait rien.
Le traumatisme qui est lié à tes tremblements.
Le traumatisme qui est lié à ta voix souffrantes.
Le traumatisme qui est là à la seule chose qui a changé.
Tu l’as touché, Mars.
Alors il se rend compte à quel point c’était dur pour toi.
A quel point ça te dégoûte et te bouffe.
Et il s’en veut.

Comment est-ce que tu veux qu’il t’aide à le surmonter.
Il ne sait pas.
Il ne sait pas.


A nouveau, il s’affole pour toi.
Tu ne cesses jamais de le rendre fou.
Alors qu’il vient à tes côtés.
N’osant pas poser une main sur toi.
Il hésite, mais ne le fait pas.
Parce qu’il ne sait pas bordel.

“ Hé… Mars !! Putain, Mars calme toi !!”

C’est la première fois qu’il le dit.
Ton nom.
Et il résonne dans une forme d’urgence.
Vibrant bruyamment encore et encore.

Parce qu’il se croit seulement capable de ça.
Mais Napalm se souvient…
Que la seule chose qu’il sait faire.
C’est encaisser.

“ Désolé…”

Il te frappe, Mars.
De toutes ses forces.
Reculant pour te laisser réagir.
Tu sais, il est prêt à ce que tu lui rendes.
Et il t’attend même parce que c’est la seule chose qu’il peut t’offrir.


“ Viens là… C’est ici la réalité ! C’moi ta réalité là tout de suite, où est-ce que t’crois être sale fils de pute ?! C’toi qui m’a emmené ici, alors reste avec moi, putain !! ”

Ici, c’est trop silencieux.
Si tu ne dis rien.
C’est trop silencieux.
Alors il peut t’entendre.
Avec bien trop de clairvoyance.

C’est trop silencieux.
Il est obligé de te voir.
C’est trop silencieux.
Alors ta souffrance vibre.
Elle l’atteint avec force.
A bout de souffle sous l’émotion.


Il tremble de tout son être.
Manque de suffoquer.
Jusqu’à te voir bouger.
Retenant son souffle en attendant.
Cette sentence qui devrait arriver.
Mais à la place, il se retrouve à genou.
Puis allongé sur le sol.
Ses pieds se dérobent sous ses émotions.
Il t’observe le dominer.
Et il espère que cela te fera du bien.
Parce qu’il l’accepte.
Cette place est la sienne.
C’est lui qui doit être là.
Sous toi.

L’appréhension le parcours de part en part.
Il se demande quand la violence va le frapper.
Hésite un instant qu’elle arrive vraiment.
Et te sens l’attraper, te trouvant trop proche de lui.
Soupirant bruyamment en t’entendant le remercier.
Il relâche la pression, la tension de son corps.
Et se laisse affalé au sol.

“ Merde… j’ai eu peur, bordel. Franchement…”

Il aimerait râler.
Peut-être même juré.
Voire s’énerver.
Te faire des remontrances.
Mais à quoi bon alors que la seule chose qu’il veut savoir, c’est ;

“ Est-ce que t’vas mieux ?... J’suis désolé. ”


“ J’ai compris… J’ai compris qu’tu mentais pas alors… T’as pas b’soin…”

D’en faire trop ?
D’en faire plus ?
De continuer ?

“ Restons là jusqu’à c’que tu t’sentes mieux… Jusqu’à c’que tu sois capable de retourner là-bas. Et pour ça… j’te l’ai dit, fait c’que tu veux ! ”

Il n’a pas pitié de toi, Napalm.
Parce qu’au fond de ses yeux.
C’est une forme de tendresse.
Qu’il ne contrôle pas.
Il aimerait tendre la main.
Mais il se retient.

Encore une fois.
Encore une fois.
Tu le laisses interdit.
Il pensait avoir bien fait.
Il pensait que c’était passé.

Mais Napalm se retrouve si con maintenant.
Alors qu’il te voit te payer sa tête.
Serrant la mâchoire.
Tout de suite à quel point tu le rends minable.
Il manque de se péter les dents entre elles.
Attrapant la poussière au sol.
Il ne peut pas te pousser.
Ni te renverser.

Alors qu’il te voit, l’observer.
Changer ton expression pour…
Pour lui offrir ça.
Et il se demande à quel point il est con.
A quel point tu le prends pour un abruti.
A quel point tu joues avec lui, toi aussi.


Le laissant prendre conscience que c’est trop tard.
Qu’il est condamné dans ses émotions.
Le laissant réaliser qu’encore une fois, il a faibli.
Qu’encore une fois, il est tombé quand il ne voulait pas.
Et que tu viens l’achever avant qu’il ne puisse fuir.
Sentant sa poitrine se comprimer sous la douleur.
Peut-être que ce n’est pas plus mal comme ça.
Parce qu’alors il ne souffrira plus.
D’être obligé de fuir.
Puisque c’est toi qui le détruis.

Mais putain, il est tant en colère à cet instant.
En voyant ton sourire s'agrandir.
En te voyant t’approcher un peu plus de lui.
Et que tu peux lire sur ses traits.
Que tu viens de le heurter.

Mais tu sais, Napalm est un impulsif.
Qui se saisit de ton col pour t’obliger.
Ne lui en veux pas alors que c’est toi qui viens.
Alors que c’est la seule chose qui lui restera.
Te volant tes lèvres sans prendre de choc.
Le gravant dans sa mémoire cette fois-ci.
Profitant de cette seule seconde qu’il aura.
Et il s’en fout putain, si tu vrilles.
Il s’en fout de toi, c’est ce qu’il se promet.
Si tu pètes un câble, il te laissera là.
Il se le jure.
Mais il sait….
Qu’il est si faible.


“ Maintenant qu’t’as compris, bouge d’là. T’inquiète pas, j’m’en vais. J’te demanderais rien. ” il essaye de garder son calme, mais il vient se voiler le regard de son bras. Pour se cacher de toi. De ce que tu fais de lui. Serrant jusqu'à planter ses ongles dans sa peau. “ Ah putain… C’moi qui t’fais des avances ? Alors que c’toi qui a dit tout ça ? Pourquoi c’moi qui doit m’sentir comme une merde maintenant ? Comment c’possible… Et t’sais quoi… J’ten veux pas, Mars, alors bouge. Casse toi. Ne m’touche pas puisque t’as fini. ”

Ah ça le brise.
De se rendre compte que tu le testes.
Il n’est pas stupide.
Difficile de croire que tu mentais.
Pas après tout ça, il s’en doute.
Il ferait la même chose sûrement.
S’il n’était pas si vite chamboulé.

Mais si c’est ce que tu veux.

“ S’tu peux pas accepter tout c’que t’as fait, vire de là. ”


Il a accepté de te suivre.
De mettre ses peurs de côtés.
Alors que toi…

“ J’me demande même pourquoi… j’me suis entiché d'un connard comme toi, ouais. ”

Comme de tous les autres.
Parce qu’à chaque fois.
C’est lui qui le paye.

Parce que c’est si facile.
De le fracasser.
Et il sait que ça  vous fait du bien.
Il l’accepte.
Mais cette fois…
Il avait un brin d’espoir.


Le coeur brisé il en a eu sa dose.
Ne lui en veut pas de mettre votre film sur pause.

Tu sais Mars, il ne sait même pas.
Si ce qu’il dit à du sens.
Tu sais Mars, il ne sait même pas.
Si ce qu’il ressent en a aussi.

Il est simplement fébrile.
Retranché dans la blessure que tu lui infliges.
Sans même le toucher.
Et il se demande pourquoi.

Parce qu’il ne cesse jamais de se questionner.
Lorsqu’il est avec toi.

Pourquoi vous vous cherchez.
Vous tentez de vous toucher.
Puis de vous détruire pour vous protéger.
Avant de regretter de revenir.
Pourquoi vous rendez tout si compliqué.