Suivant la vague de vide, certains s’élancèrent dépassant leur ligne de front. Cela était peut-être mieux, ils avaient l’habitude. Pourtant, la facilité avec laquelle tous s’élançaient contre des créatures qui n’avaient rien de naturel la perturbait.

Leur réalité était donc telle ? Si décalée que trancher la gorge à un animal difforme était un geste naturel. Le désordre des combats régnait, les lumières aveuglantes dans un cri fier, le mur de glace, celui de cristal. La peur ne tenaillait pas Butterfly, c’était l’aberration.
Shield, dans quoi l’avait-il laissée ? Elle avait pu s’énerver contre lui, s’agacer de ses comportements, mais aujourd’hui elle le reconnaissait. Tous deux n’étaient pas de ce monde. Avec lui, seul, elle avait rêvé d’un monde aux frontières plus larges.

Ces jeux n’étaient pas faits pour elle. Pourtant, elle ne regrettait pas d’avoir mis les pieds dans ce labyrinthe, d’avoir tué pour une première fois qui lui semblait étrangement familière. Alors que les monstres s’approchaient, que les tirs retentissaient, Butterfly se demandait comment elle pourrait éprouver la culpabilité pour un acte si simple, sans heurt.
Peut-être que Shield et Giant auraient mérités cette mort plutôt que de sentir l’acier transpercer leur chair, lui revenir le teint livide, les yeux sans paix. Peut-être que c’était son rôle, non d’aider les enfants à grandir, les nourrir de connaissances pour rendre leur viande plus tendre sous les crocs des monstres, mais d’aider les gens à partir.

Le monstre fondit sur eux, sombre, arrêté net par l’Empereur. Sans bouger, Butterfly saisit son coeur, l’arrêta. Les mots de King résonnèrent dans son esprit sans âme. Désolée. C’était cela, tuer n’était pas un cadeau. Eux aussi auraient dû vivre et cette bête ne méritait certainement pas la mort.

Elle passa une main fatiguée sur son visage. Inutile de porter un masque lorsque le support est brisé. Inutile de se mentir lorsqu’il n’y a plus rien à sauver. Les fantômes à ses côtés la regardaient, elle sentait leurs mains sur ses épaules semblables à celle qu’avait posé Silence. Protecteurs, ils ne lui en voulaient pas n’est-ce pas ? Qui étaient-ils pour lui en vouloir ? Elle n’avait pas besoin de leur approbation ou de celle de personne. Grande fille, elle savait agir. C’était pour cela, qu’elle avait usé si facilement du meurtre. Pour montrer qu’elle n’était pas faible, qu’on arrête de s’inquiéter. Qu’il arrête de s’inquiéter. Silence qui courrait à la mort. Elle avait beau le secouer, chercher les phrases qui le piqueraient le plus, il ne réagissait pas. Au moins Shield prenait ces expressions, satisfaisantes de le savoir toucher. Or Silence portait le nom qui lui seyait et ne gratifiait que de mutisme.

Un râle sourd. Ses mains se serrèrent accompagnant un regard qui s’arrêta sur le monstre précédemment affronté, en flamme, saisi à la gorge par un monstre d’une taille inférieure. Les trappers décidément à son goût, il relâchait Lacrimosa de sa gueule. Alors, on souhaitait que tout le monde ici meurt, que Silence ne lui apparaisse plus dans la pénombre. Tuer une fois, le monstre ne les blesserait pas à nouveau. Si elle connaissait peu de chose du maître d’arme, Butterfly ne voulait pas le voir mourir. S’adressant à King dans un empressement, elle indiqua le combattant du doigt. Seul, il souffrirait difficilement un nouvel assaut.

« King, je vais l’aider ! »

Silence toujours introuvable, la vue d’un bras encore atteint laissait la panique affluée. Non celle paralysante, mais étrangement mêlée avec une apathie dérangeante. Comme vivre un rêve éveillé, se promettre qu’au réveil les murs de la chambre apparaîtraient de nouveau, que dans les couloirs, les mêmes visages lui apparaîtraient. Ceux perdus aussi, sans que d’autres s’y ajoutent.

Courant vers Lacrimosa, avant qu’elle ne le voit rejoindre un groupe, bandant son bras. Silence était de nouveau visible, proche de la rousse au trophée et du garçon qui l’avait suivi. Le soulagement profond de le voir sans blessures apparentes. Elle ne s’était pas attendue à s’inquiéter autant. Silence n’avait pas besoin de son aide, il était assassin, connaissait mieux ces jeux qu’elle. Or, égoïste, elle ne pouvait pas le perdre lui non plus. Bien qu’elle soit familière du deuil, bien qu’elle s’en relèverait, parce que le monde ne s’arrête pas à une personne, même la plus chère, parce qu’il nous demande d’avancer. Cependant, Butterfly ne s’était pas attendue à ressentir une colère si pesante, nourrie de l’inquiétude constante de le voir mourir alors que chaque matin elle réalisait à nouveau la disparition de celui qui l’avait soutenue sans accord. Chaque matin, elle regrettait.
Avec Silence, elle ne voulait rien regretter. Pourtant, depuis un mois sans discours clair, le papillon ne goûtait qu’au remord. L’impossibilité de le voir sourire, de le sentir plus proche de la mort que de la vie. Une intuition trop visible sur ces traits neutres, le sarcasme trop mordant. Ce qu’il pouvait l’agacer lui aussi, tombe déjà ouverte que personne, même pas elle ne pouvait faire parler. Il ne pouvait pas mourir aujourd’hui, pas alors qu’elle survivait à peine et que le monde se présentait dans un faux calme.

Dans son état, elle ne s’était pas attendue à suivre si fidèlement les ordres. Fatiguée de l’insolence tandis que les questions rebondissaient entre ses tempes, assurée qu’il y avait un temps pour la contestation et un temps pour l’écoute. L’Empereur pouvait avoir ses torts et elle lui tenait rigueur d’avoir rendu Shield dans un tel état de doute avant de disparaître. Or, il avait été assez grand pour régler ces problèmes d’une politique qui pour elle était lointaine.

Arrivant près du groupe, son visage se durcit à nouveau, accueillant l’étonnement de Silence, souhaitant lui répondre, arrêtée par un constat dérangeant. Les basses s’étaient tues. Son cœur n’était plus perceptible. Ses yeux rouges s’écarquillèrent, portant la main à sa poitrine. Si, il battait et tous restaient debout. Le papillon ne put s’éparpiller davantage sur ce constat inquiétant, le ton de Silence s’était transformé. Choisissant de s’agacer contre les inconnus, avant de se teinter de suspicion, tirant le garçon derrière eux.

Les yeux de la jeune fille portaient une lueur aussi dérangeante que son sourire. Butterfly voulut saisir son cœur, s’enquérir d’une anomalie, se préparer à le ralentir, mais en fut incapable. Que… Puis l’exaspération l’emporta sur l’inquiétude.

« Excellente idée ça. »  

Inutile de prononcer un mot supplémentaire, King s’était avancée pour détruire la bête. La violence de l’attaque plus sanglante que la précédente ne fit cette fois pas réagir le papillon gardant son ahurissement pour elle, surtout parce qu’en face le cri perça la nuit, plus inquiétant que le hurlement des créatures qui continuaient de s’approcher.
La rousse s’était reculée dans le cri se mêlant au rire. Incompréhensible changement d’humeur déjà perturbée, s’adressant à Silence. S’il semblait la connaître, il avait paru à cet instant la craindre.

« Dis-moi que c'est normal. »

Sûrement pas non. Vu l’étonnement général, vu la dague qu’elle prit entre ses doigts. Soudain, elle sauta à la gorge de Lacrimosa. Dans un réflexe, les mains de Butterfly se tendirent avant qu’elle ne constate qu’aucun cœur ne battait entre elles.

Retrouvailles :

C y a l a n a

Il retirait sa main, audacieux. Ses ongles quittant la peau à trancher. Dommage. Insolent, il s’emportait. Un être en recherche de reconnaissance ? Ses mots arrachèrent un sourire plus grand. Lui ne serait pas de ceux qui s’écouleraient dans une peur sourde. Ceux-là, elle les appréciait, persuadée qu’ils ne propageraient aucun mal, mais nous les détestions. Maintenant, elle se demandait où elle avait pu chercher tant de compassion. À l'inconscience réfléchie se soumet la morale absurde.

Cri petit homme, hurle ton indignation alors que s’approchant à quelques centimètres de ton visage, retournant sa main pour saisir son poignet, ce sont d’autres hurlements qu’elle t’arracherait. Mais la satisfaction s’éteint lorsqu’apparaît l’homme. L’obligeant à lever les yeux, saisissant le garçon à l’épaule pour l’attirer contre elle.

Elle le connaît ? Oui. Nous nous en souvenons. Il est celui qu’elle avait sauvé, n’est-ce pas ? C’est cela. Enfin sauvé. Refusé de tuer. Elle avait eu raison. Pas si bête. Aujourd’hui, elle apprécierait sa mort sans remords. Au réveil ? Au réveil, elle sera seule. Rappelons-nous lorsqu’elle était désespérée. C’était fatiguant. Certes, mais cela présageait du meilleur. Le croyons-nous ? Oui. Ne nous sentons-nous pas plus grande maintenant ? C’est vrai.

On ne dérange pas la vengeance qui s’applique. Perturbateur élu première victime du revendiquant qui n’avait pas souhaité partir. Ses ongles se plantèrent sous la nuque du garçon tandis que ses lèvres s’apprêtaient à esquisser l’ordre joyeux.

Elle se tut sous l'anomalie. Même dans l’extase, les frissons devaient se renforcer. Ses doigts lâchèrent la chair alors que deux silhouettes nouvelles s’étaient installées près de l’homme, une autre, plus imposante, derrière elle.

Qu’on-t-il tous à venir à elle ? Ils ne nous connaissent pas. Oh, nous y pensons à présent. Personne ne nous a déjà vues. Ressenti peut-être, s’effrayant devant sa folie contenue. Mais ainsi, entière. Personne. Même pas ceux qui disaient l’aimer. Elle a honte de nous. Impossible, nous ne le croyons pas. Simplement la peur de sauter dans le vide. La crainte de l’extase. La perte de conscience. Nous nous en étions plaints. Mais cela rend la relâche plus belle.

Oui ? Il l’appelle. Mais surtout, il retirait la proie. Insensé. Ce sang rouge au bout de ses doigts nous inquiète. Pourquoi le garçon ne se transforme pas.
Évidemment, cela n’allait pas. Qu’il regarde l’échec. Nous étions bloquées. Erinye recula dans un sourire alors qu’il se proposait en pâture. Agaçant, mais soit. Elle regarderait, de loin. Il y en avait tant d’autres à saigner. Exaspérant d’attendre, exaspérant de se contenir.

Oh, mais qui voilà, l'ombre était celle de celui qu’elle avait sauvé. Silencieux, nous ne l’avions pas vu. Comme la dernière fois. Situation trop semblable. Ah, c'était donc lui. C’était lui, qui nous avait éteintee. Cette dernière fois. Oui, c’était lui. Lui, nous le détestons. Plus que tout autre. Ou peut-être que ce n’était pas lui. Qu’importe. Il nous faut bien un coupable. S’il l’est nous l’aurons eu. S’il ne l’est pas, nous aurons au moins tué. Gagnantes au bout du compte.

La furie explosa sous ses yeux, tuée d’un coup. Au loin le râle d’une autre, trop faible, perdant sa charge. Et mince.

Insupportable.

Insupportables hommes qui ne laissaient aucun moment de répit. Inutiles. Ingrats. À détruire tous ceux que nous créons. Pourquoi s’acharner ? Pourquoi agir ainsi.
Marre, elle en avait marre. Les échos de son cœur retentirent. Aïe. Ce sang trop chaud, ces nerfs à vif, cette peau tremblante et ongles qui démangent. Tuer. Nous voulions juste tuer. Clémente. Nous voulions un spectacle dans le calme. Mais non, non. Ils devaient s’imposer, l’empêcher.

Le cri de douleur perça ses poumons et sa gorge. Sa paume meurtrie s'embrasa. Se pliant sous la souffrance, posant un genou à terre.

Oui, la descente faisait mal.

Elle se souvint, elle qui hurlait seule à la mort, se battant pour ne pas tuer. Mal. Elle se souvint que si l’envolée est sublime, la chute consume. Mal. Ces minutes sombres qu’elle ne pouvait montrer à personne. Mal. Les frissons la dévoraient. Sa voix pleurait dans un rire dément. Des larmes, glacées. Sa poitrine se dissolvait et ses yeux s’enflammaient. Les arracher, comme arracher ce derme qui la retint. Griffant son cou pour en retirer la chair, faire couler le sang bleu. Il affluait, mais rien ne s’apaisait.

Elle savait que cela était insuffisant. Que cela était insoutenable. Tout s’apaiserait lorsqu’elle nous retrouverait. Il nous fallait infecter. Tous, à commencer par celui que nous tenions responsable. Lui peut-être qui la bloquait, qui vivant était trop grand, trop puissant pour être laissé debout. Lui qui furieux, les tuerait tous.

C’était la faute de l’immense qui avait détruit la furie. C’était celle du garçon et de la silhouette brune, de celle blanche qui avait détruit sa créature. C’était celle du regard bleu. C’était de leur faute. C'était sa faute encore une fois. Ces regards bleus et noirs. Elle les hait. Nous les exécrons. Ils riaient. Qu’ils se taisent. Sans mains en sang se portèrent à ses oreilles, étouffant son propre cri. Ses crocs, ses griffes la rongeaient.

L’arme glissa entre ses doigts. Ses jambes se relevèrent, tremblant sous la rage. Ça faisait mal. Ils ne savaient pas, eux. À quel point elle souffrait. Souffrait tant qu'elle ne voulait plus que tuer.

La haine tranchait son regard. Elle sauta pour planter s'accrocher au torse de l'immense, planter sa dague dans son coeur. Ses yeux bruns dans ses yeux noirs, la lame se coinça dans l'acier. Intouchable. Immuable.

Lâchant l’arme inutile, ses jambes se plièrent contre la poitrine de l'homme tandis que sa main serra l'épaule blessée, enfonçant ses doigts dans la plaie bandée. L’autre saisit le bas de son visage pour le relever laisser libre ce cou que vint mordre son visage. Le sang épais coula entre ses lèvres sans qu'elle puisse se réjouir du goût. Que les douleurs cessent.

Qu’il meurt, qu'il se détruise, qu'il se consume.
Qu'elle nous revienne enfin.

Vibes - part2:

C y a l a n a

La fatigue n'est pas présente, pour autant il sent les forces de son bras gauche diminuer.
Sans laisser l'opportunité à la créature fumeuse, il fait preuve de sa précision pour lancer une bombe fumigène dans la gueule.
Se volatilise une fois deplus dans les airs, la bombe fumigène avalée et enfumant l'ensemble du monstre et son entourage sans néanmoins se dispercer pour autant.

Un regard vers Starlord, puis rive vers un monstre gargantuesque, dont les innombrables têtes lui donnent le vertige.
Qu'est-ce que c'est que ça ?

Il se rapproche de la carcasse de ce qui est en réalité un arcanan et récupère ses deux couteaux de chasse avant de proposer à son meilleur rival :

- Qu'en dis-tu de lui ?

Il attend pas.
Il constate les dégats accusés aux pattes avants et en profite donc pour l'assaillir par derrière et planter dans la mâchoire l'un de ses couteaux. L'adrénaline monte dans l'entièreté de son corps et mu par un élan de puissance intensifiée par l'excitation de la bataille, il démultiplie ses téléportations pour asséner un coup de couteau dans chaque gueule jonchant grossièrement la créature, avant de terminer sur la poitrine où il espère venir à bout du mastodonte.

De retour près de Starlord, un énième monstre du même acabit apparaît et de cette émergence l'Hystérie brune espère que son momentané rival prenne la relève, épuisé dans son assaut spécifique.

Il souffle profondément, sur le qui-vive cependant d'une autre potentielle attaque, et au loin, perçoit Crystal.

.. Son regard, ce bleu profond dont l'expression l'appelle, lui donne des frissons.
Sans réflechir, et pourtant fatigué, il se remet à disparaître pour trancher la gorge d'un dinosaure, et, trottine aux côtés de Crystal et de son piège de cristal dans lequel se trouve un homme. Qu'il ne reconnait pas tout de suite.

Sur la droite, un arcanan. Couteau en main, il le jette en plein dans la gueule et lui perce l'oeil. Un hurlement guttural gronde dans les airs. Il le chevauche cette fois-ci et demeure sur sa nouvelle monture tout en tentant tant bien de le contrôler.

Vainement.

Un regard en dépit du rodéo improvisé vers Crystal pour la constater près du fameux médecin trapper.
Et un vertige pour le brun, dont la concentration se perd petit à petit.