@Lacrimosa
Réveil naturel par les rayons de soleil qui viennent réchauffer sa peau, la brise du matin qui la chatouille et le chant des oiseaux qui se glisse jusqu'à ses oreilles, paisibles ils le sont, futurs spectateurs de la partie deux des hunting sports. Moon a dormi profondément à tel point qu'aucun rêve n'est venu égayer ou perturber son sommeil. Les paupières sont encore un peu lourdes, il lui faut une dizaine de minutes pour se décider à se relever, la gorge pâteuse qui lui donne un timbre grave. L'eau lui fait du bien, elle sent la faim survenir, mais repousse le plus possible car là sera son unique repas.

Elle se déplace vers le même point d'eau que la veille situé à environ trente mètres de là. Personne à l'horizon, elle se dit qu'il est sûrement trop tôt. Une fois sa toilette faite, son déjeuné englouti, les heures passent. Il est temps.


Il est trop grand. C'est pas possible. Ce n'est pas la peur qui gronde, mais plutôt l'agacement. Elle lève les yeux au ciel en s'approchant de la zone de combat. Son visage lui est véritablement inconnu, elle n'a pas souvenir du white day et de sa présence auprès de Crystal. Pas hésitants ne sachant pas quel pouvoir il possède. Le premier détail qui lui est important et pourtant ce qui continue à attirer son attention est la différence physique. Elle bombe le torse, se met sur la pointe des pieds et passe devant l'arbitre. Moi j'ai pas peur, j'ai même hâte de voir comment le géant vert va procéder.

Le gaillard aux yeux perçants se tient immobile, le terrain délimité sera leur petit cocon de la matinée. Les règles sont vite expliquées et comprises. Avant le top départ la wild engage la conversation. Un salut simple de la main. « - Salut toi ! C'est moi Moon. », évidemment. Son index le pointe et la bouche est grande ouverte, l'avoir en face rend le tout si réaliste.

« - TROP BIEN !! S'il pleut tu seras le premier informé ! Ca fait quoi d'être si au-dessus des autres ?, question qui lui est adressé sans vraiment l'être, elle en vient à entraîner l'arbitre dans son interrogation. La chute va faire très mal, très, très mal. Outch ! » s'épongeant ironiquement le front, la serpente se prépare déjà à gravir la montagne. Elle s'immiscera entre ses pierres, ses fondations, ira jusqu'à s'y agripper et mordra n'importe où, pourvu qu'elle y laisse sa marque.

L'arbitre s'écarte naturellement. Allez on est pas là pour boire le thé. Son arc, sa flèche, son œil fermé, l'autre ouvert précise sa cible.

Faut faire flancher la tour de pise.
La flèche vient se loger dans la cuisse gauche. Moon aurait préféré un peu plus haut, mais son entraînement fut bien court. La proie atteinte, elle s'élance en sa direction aussitôt.

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@Lacrimosa
Si Moon pouvait redevenir Zora, elle se rappellerait des moments où elle regardait par la fenêtre pour observer ses camarades jouer dans la cour. Elle se rappellerait de ces fois où elle aurait voulu qu'on remarque sa présence à la vitre, qu'on l'appelle ensuite en criant son prénom pour l'intimer de les rejoindre. Zora aurait dévalé les escaliers pour ne faire qu'un avec le groupe. Et dans les toilettes lorsque les filles de sa classe parlaient de leur dernier béguin, et les autres élèves qui rigolaient en parlant des professeurs qui les faisaient s'endormir en cours. Zora aurait participé à la conversation, serait un élément important comme tout le monde.

Peut-être qu'au lieu des coups échangés, des insultes et des remarques crachées à la figure, sa vie d'avant aurait été peinte de meilleures couleurs. Mais Berlin n'a jamais été accueillant avec elle, aucun endroit ne voulait d'elle. Où était sa place ? Et le virus est arrivé, et Zora a disparu pour que naquisse Moon. Et sur Sakhaline personne ne sait qui elle est, mais le naturel revient toujours. Traumatisme ancrée dans le sang, l'âme bousillée prendra du temps à se réhabiliter.

Alors avec des peines dont elle n'a même pas connaissances, Moon a grandi. La gamine qui était un fardeau pour les autres l'est toujours, sauf qu'elle se sent enfin chez elle, les jeux son élément. Les participants reconnaissent son existence, ne fuient pas parce qu'ils ne veulent pas jouer avec elle. On ne la dénigre pas car sa tête ne leur revient pas. Se sentir accepter. Ca fait tellement du bien, sans le savoir. C'est bien là-bas, ici.

La violence dont elle fut victime est apprivoisée et utilisée contre ses ennemis. Qu'ils souffrent comme Zora a souffert. Elle s'est même mise à aimer ça, à adorer, à la quémander. Qu'on la frappe, c'est pour ça qu'elle fonce, qu'on l'a torture, c'est pour ça qu'elle ne réfléchit pas toujours et ne lâche pas l'affaire.

Lacrimosa. C'est un gros morceau. Il a encaissé le coup, a eu mal, a reculé et s'est un peu rabaissé. C'est un peu un pari gagné, non Moon ? Et la serpente s'est approché de sa proie, fière, déterminée, comme c'était écrit. Sauf que la réalité des choses a pris le dessus sur les attentes idéalistes de la wild. Leur regard se croisent, son poignet entre ses mains et sa petitesse criante annonce déjà la suite des événements. Or, une fois lancée, dure est la possibilité de revenir en arrière, surtout pour la jeune femme. Elle ne renonce jamais. La douleur est évidente, recherchée et attendue. Imposée.

Ses yeux s'écarquillent au bruit de la fracture, l'os brisé la laisse perplexe. On détourne le regard, on grince des dents devant le spectacle. Elle réalise à peine, le mal est si grand qu'elle n'a pas le temps de crier. L'impression que sa voix a perdu de son intensité. Son arc est cassé entre temps à son tour. Tout est si expéditif que son cerveau ne capte qu'avec difficulté tout le processus qu'elle subit. Graduellement. On détruit une articulation, l'arme qui a osé nous blesser, puis la personne éhontée. Enfin, elle crie. Si fort.

Le cou est agrippé, serré. Le hurlement étouffé tel un son insupportable. Moon s'accroche de sa main encore fonctionnelle à la sienne. Ses mèches de cheveux se retrouvent emprisonnées avec, la bouche entrouverte parce que le souffle se fait court. Et ses pieds quittent le sol. Les larmes perlent au coin des yeux non par tristesse, mais comme conséquences de ce geste. La wild s'oblige à continuer à respirer le plus possible, ses jambes s'agitent pour donner des coups de pieds, pour le faire ralentir, pour se défendre et sauver un semblant d'honneur. Quoi que tout ce qui s'apparente à l'honneur, la dignité, la réputation ne lui parle guère. Elle apprécie toujours autant les combats, se soumettre à la défaite ne lui importe point.

Puis, les larmes coulent vraiment le long de ses joues. Ca fait mal. Moon commence à ressentir autre chose que de la joie, de l'adrénaline ou encore de la motivation. La peur la prend.
Sa tête s'agite, elle essaye d'articuler quelque chose à son adversaire.
Sourcils froncés, visage crispé, ses ongles lui griffent la peau, mais la tentative est si vaine, si faible. Les forces la quittent petit à petit.
Encore une fois, on essaye.

« - Sto- Je ve- » quoi, qu'est-ce qu'elle veut ? Ou bien, qu'est-ce qu'elle ne veut pas ? C'est compliqué. Ses victimes de son pouvoir ressentent la même chose. Elle comprend. Mais. Un énième choc. Son pouvoir ? Il ne fait pas effet. Lacrimosa ne bronche pas, au contraire il a l'air plus que désireux d'en finir. Sa conscience s'éteint, rien n'a de sens.

« - pas »

L' arbitre les regarde. Personne ne bouge. Moon ne veut pas quelque chose donc. Et pour ceux qui la connaissent un minimum -c'est-à-dire personne-, tout s'éclarcie. Ce qu'elle ne veut pas c'est :

« - mo- » mo ? Aaaah mourir. Oui, c'est vrai. Chacun a ses limites, et à force de jouer avec le feu on finit par se brûler, à force de plonger dans l'eau sans savoir nager on finit par se noyer et à force de se battre on finit par mourir. Actes. Conséquences.

Elle ne décèle pas ce qu'il lui adresse. Il parle de pluie, mais cela ne lui parvient pas aux oreilles.

La peur l'étripe alors qu'il la balance en-dehors du périmètre.
La lune ne mourra pas, mais le traumatisme la hantera.

Carcasse vite qui s'écrase sur l'herbe autrefois foulé le crâne plein d'idées et de stratégies. L'épreuve s'est fini si vite que ça en est hilarant. Pauvre petite chose. On a pitié. On applaudit le gagnant, on se dit que ça craint pour la perdante. On ne pense plus à elle. La finale va bientôt débuter, ça c'est plus intéressant.

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