Jusqu’à quel point on est peut tomber pour quelqu’un ?
Jusqu’à quel point on peut tomber amoureux ?
Cette question semble vitale.
A cet instant précis, elle semble d’une importance capitale.
Pour lui en tout cas.
Alors qu’il te sent proche de lui.
Te poster dans son dos pour venir murmurer.
Lui arrachant un nouveau frisson.


Comme il ne t’as jamais vu.
Le savais-tu, Mars ?
Napalm tombe amoureux.
Encore.
Il sent tout son être se réchauffer.
Alors que ton sourire l’atteint de plein fouet.
Ta fierté le rend heureux.

Putain ça le rend heureux.
De voir que tu l’es.
Rien qu’un moment.
Grâce à lui.


Pendant une seconde, il est incapable de bouger.
Son air s’est figé tant il a oublié de vivre.
Rien qu’une seconde, il a oublié de respirer.
Mais reprend contenance en te voyant courir.
Souriant à son tour comme un imbécile.
Prenant la suite de ta course.

“ T’perds pas, hein !”


Il y réfléchira une prochaine fois.
Préférant se laisser porter par l’instant.
Suivant tes pas jusqu’à la frontière.
Il n’a pas essayé de te dépasser.
De toute manière, il doute d’avoir l’endurance.
L’endurance d’un caporal.
Et ça le fait sourire de s’en rappeler.
Que tu t’en étais vanté auprès de lui.

“ Alors…” il tente de reprendre son souffle. “ Est-ce que ça va, monsieur l’caporal ? ”

Lui aussi, il t’offre un sourire.
Incroyablement léger après cette course.

La blessure se fait sentir.
Alors que le souffle peine à revenir.
Redressant le torse en posant une main.
ça fait mal, mais c’est supportable.
Et Napalm sait s’y faire.
Ce n’est pas lui qui va pleurer.
Ce n’est pas lui qui va se rouler par terre.
Chouiner et demander de l’aide.

Ta réponse à sa question le fait sourire.
Alors qu’il se remet de votre escapade.
De votre course soudaine.
ça semblait presque enfantin.
Mais il aime ça, Napalm.
Et il veut encore le faire.
A tes côtés.
Encore.


Il se tient droit.
Même lorsque tu t’approches.
Laissant ce bâton se poser sur lui.
Se demandant ce que tu fais.
Arquant un sourcil à tes premiers mots.
Il ne bouge pas, ne bronche même pas.
Laissant le bois toucher ses lèvres.
Glisser lentement sur lui.
Il t’observe sans cesse.
S’enlise dans ton regard.
Il se doute que tu vas encore sortir une dinguerie.
Mais il attend patiemment.
Il n’a pas peur.

Fronçant légèrement les yeux.
Lorsque tu touches sa plaie.
Ton n o m sur lui.
Il ne dit rien, accusant encore.
Laissant un sourire prendre ses lèvres.


“ Si me transpercer d’ce bâton d’vait répondre à ta question, j’imagine que j’le ferais. C’est l’avantage d’avoir pensé à la mort. ”

Il ne te le dit pas directement.
Enfonçant un peu plus dans sa chair.

“ J’imagine… qu’on pourrait dire… que j’pourrais m’blesser pour toi ? J’me demande si j’pourrais donner ma vie… C’compliqué d’le dire comme ça et qu’ce soit sincère. Faudrait tester pour voir. J’veux bien accepter d’me mettre à genoux d’vant toi une fois aussi, puisque tu l’as fait.. T’voudrais peut-être que j’te prête allégeance ? ”

Il ne songe pas à ce que tu attends.
A ce que tu veux comme réponse.
A quoi bon, il ne trouverait pas.
Il se contente d’agir sans trop réfléchir.
Parce que tu lui as dit d’être ce petit con.
Alors il l’est, s’amusant lui aussi.
Sortant ce qui lui vient à la suite.
Ce qui lui paraît fou et pourtant raisonnable à la fois.

Il te voit.
Il t’entend.
Tes mots le laisse perplexe.
Ton attitude ne lui présage rien de bon.
Il sait. Non en vérité il se doute juste.
Il croit comprendre quelque chose.
Dans le ton de ta voix et l’air que tu as.
Mais il n’est pas certain.


Mais aujourd’hui, il ne veut pas.
Il ne veut plus.
Maintenant que vous êtes là.
Tous les deux ensemble.
Il ne veut pas te voir faire ça.
Ni même que tu puisses y songer.
Peut-être qu’il est rancunier, qui sait.
Mais lui aussi a une idée, tu sais.

Alors il sort sa dague.
Il a senti ta resistance plus tôt.
Il se rend bien compte que tu ne veux pas.
Qu’il se fasse assez de mal pour se détruire.
Et si tu savais comme cela lui plaît.
Il comprend au fond.
Sentir que tu veux le protéger.
Sentir que tu pourrais t’affoler.
ça lui plaît.
Il te pardonne presque pour ce que tu as fait.
Juste sous ses yeux.


“ Grâce à mon alter, j’peux perdre plus de sang que vous, mais j’me demande jusqu’à quel point…”

Lui aussi, il veut te voir.
Il veut savoir.
A quel point tu peux paniquer.
Si tu vas seulement le faire.
Si tu vas hausser le ton.
Si tu vas t’en vouloir.
De lui avoir demandé jusqu’où il irait.
Pour toi.
Alors que lui-même ne sait pas.

“ J’suppose qu’on est à égalité. ”

Qu’il laisse passer en souriant.
Posant sa main valide sur la plaie.
Comme s’il tentait de retenir l’écoulement.
Il ne sait pas s’il y est allé franc.
Ou si c’est superficiel.
Mais ça saigne assez pour recouvrir le bas de son haut.

Cet instant est encore bancal.
C’est difficile pour lui.
De t’appréhender.
De te comprendre vraiment.
Même s’il essaye.
Comme tu essayes aussi
D’entendre ce que tu ressens.
Sans y arriver.
Lui aussi, il est perdu.
Sans savoir quoi faire.
Où sont les limites.
Où sont les siennes.

Tu oublies, Mars, que lui aussi veut mourir.
Même si aujourd’hui, il aspire à autre chose.
Il y a pensé si souvent.
Il a tant cherché la mort dans la violence.
Dans l’agonie pour se purger de sa souffrance.
Il ne changera pas ce fait, ni son plaisir.
Ce plaisir étrange à la douleur qu’il ressent.


Et il sait.
Il merde toujours.
Mais tu vois, c’est l’effet que ça fait.
Quand tu tentes de mourir devant lui.
Et il t’affiche un air que lui-même ne comprendrait pas.
Entre un sentiment sombre.
Et une tristesse.

“ C’est l’sentiment que j’ai. Quand t'fais ça d’vant moi. ”

Ressens là, cette impuissance.
Parce que lui aussi la connaît.
A chaque fois que tu te blesses.
A chaque fois que tu tente.
A chaque fois, Mars.

Il finit par retirer son haut.
Encore une fois, il va en perdre un.
Il ne compte plus alors qu’il l’enroule.
Serrant de toutes ses forces pour le contenir.
Il survivra sans aucun doute.
Parce qu’il le voit en essuyant la plaie.
C’est superficiel, un bandage suffira.
Peut-être quelques points, mais il vivra.

“ T’essayes même pas… Je m’en souviendrais. ”

Tu ne vas sûrement pas comprendre.
De quoi il parle, ce qu’il sous-entend.
Mais tu n’essayes même pas, Mars.
Alors à présent il sait, que toi, tu ne ferais pas tout pour lui.

Comme lui le ferait sans doute.


Il s’en doutait.
Mais ça fait mal.
Pourtant il a promis.
De ne rien demander de trop.
Parce qu’il sait que c’est difficile.


Bien qu’il se doute qu’il risque de s’en vouloir.
De retourner cette situation dans tous les sens.
Pour comprendre, pour te comprendre.
Parce qu’il ne cesse jamais.
Mais étrangement, il se sent terriblement seul maintenant.

Quand est-ce qu’il comprend quelque chose.
Il ne comprend jamais rien.
Parce qu’il s’est éloigné des autres.
Abandonnant l’idée de se tenir près de quelqu’un.
De s’accrocher assez fort pour se relever.
Cela fait longtemps qu’il n’a pas essayé.
Qu’il n’a pas essayé si fort.
Alors c’est peut être pour ça, qu’il n’y arrive pas.

Parce que ça le tue.

Il peine bien trop souvent à comprendre.
L’étendu de tes expressions et les sous-entendus.
Il peine parce que tu ne dis rien.
Qu’il est trop stupide pour s’en sortir seul.
Nageant dans ce qu’il croit et ce qu’il sait.
Ne faisant plus la différence finalement.
Avant, il ne se posait pas de questions.


Perdu dans ses sentiments emmêlés.
Il espère quelque chose de ta part.
Pour l’aider encore une fois.
A ne pas te perdre.
Et tu le fais, Mars.
Laissant tes mots résonner.
Il te fixe comme il le fait toujours.
Laissant s’échapper cet air qu’il porte.
Lentement.
Jusqu’à déglutir.

Vis pour moi.


Pourquoi est-ce qu’il est si bête.

“ Alors… J’dois sauver mon cul pour continuer d’vivre, hein… Pour que j’puisse revenir vers toi encore… Si tu m’demandes de vivre pour toi… comment j’pourrais refuser. ”

Parce que sa vie ne mérite d’être vécue.
Que depuis que tu es entré dans son monde.
Que tu as donné une raison à ce gamin de ressentir.
Lui qui ne voulait plus.
Lui qui avait peur.

Même s’il a peur de te perdre plus que tout aujourd’hui.
De perdre encore une fois, mais il sait.
Il n’est pas le seul à souffrir de ça, c’est un fait.
Seulement lui, il est trop fragile pour te survivre.
Pourtant, il ne veut pas fuir.


Il fait un pas pour te suivre.
Encore, il ne peut pas rester trop loin.
Ses yeux sont obligés de se poser sur ton dos.
Pour ne pas le perdre de vue.

Une pensée incongrue lui passe l’esprit.
Alors qu’il te suit simplement.
Ne disant plus rien.
Dans quel état il va rentrer encore une fois.
Souriant simplement de voir que tu es toujours là.
Quelque part sur lui.

Les yeux sont le reflet des sentiments.
Colère, haine, jalousie, affection, tristesse, amour.
Chacun de ses sentiments peuvent y être lisibles.
Et si tu le vois, Mars, alors tu sais ce qu’il y a dans les siens.
Lorsqu’il te regarde t’asseoir sur ce rocher.
Restant debout pour éviter d’être plié sur sa plaie.
Il aime la douleur, mais il ne veut pas s’y engouffrer.
Alors que tu es là, qu’il peut se lover dans ta voix.
Alors… que le monde a changé.
Le vôtre.


Il relâche son regard qu’il sait trop insistant.
Le laissant se poser sur le sol pour y trouver un caillou.
Jouant avec du pied en t’écoutant parler.
S’il se souvient de vous.
Il se souvient de tout, Napalm.
De tout ce qu’il a vécu avec toi, de tout ce qu’il a ressenti.
De toute ta douleur qu’il a touché du bout des doigts.
De toute sa douleur qu’il a enduré face à toi.

Il se souvient de toi parce qu’il s’agit de toi.

“ Est-ce que… ça dépend d’quel nous tu parles ? Avant que j’te retourne la tête ou après ? Ou pendant ? De quel nous tu veux m’parler, Mars ?”

De quel vous est-ce qu’il doit se souvenir.
Pour comprendre ce que tu veux dire.
Sa voix se fait interrogative et douce.
Alors qu’un sourire prend ses traits.
Balayant le caillou sous son pied.

“ J’sais pas… est-ce que c’moi qui aie réussi à t’retourner la tête ? Est-ce que j’ai seulement l’pouvoir d’faire ça ? J’imagine que c’parce que j’suis trop parfait. ”

Il te dit tout ça d’une voix très sérieuse.
Alors qu’il te voit lui en vouloir.
Alors que tu lui donnes trop de pouvoir.
Quant lui ne se voit que comme l’imbécile.
Il ne sait pas, Napalm, comment.
Est-il seulement capable de faire ça ?
Et c’est peut-être pour ça qu’il ne sait pas faire maintenant.
Qu’il est perplexe et perdu à chaque fois que tu changes.
Qu’il dit quelque chose de travers.

Mais il s’amuse de ton air, tu sais.
Quitte à ne pas savoir, à être perdu.
A voir ce regard que tu as.
Il s’amuse, parle légèrement malgré sa voix.
Réfléchi sérieusement à la question maintenant.
Ressentant la chaleur le prendre en songeant au sens.
A la profondeur de tes mots.
Alors il ose, lui aussi.

“ Mon problème ? C'toi qui a soudainement débarqué chez moi. C'toi qui a dit que t'voulais m'toucher alors que j'te proposais d'me blesser... Pourquoi c'moi qui d'vrait avoir un problème ? Mais admettons c'moi le problème... Fallait pas m'chauffer. Fallait pas m'dire que t'avais tout perdu sauf moi. Fallait pas m'emmener en balade... Mais p'être... que d'puis le départ, j'suis fou sans l'savoir. ”


Le temps est passé.
Faisant immuablement son oeuvre.
Assez pour qu'il soit capable de le voir à présent.
Tu lui demandes, Mars, mais tout ça est arrivé parce que tu es venu.
Tu es venu le voir parce que tu le voulais.
Parce que tu le devais.
Il ne connait pas la réponse.
Mais il sait que tu avais besoin de lui.
De la stabilité de votre violence, de vos échanges.


Et finalement tu as demandé.
A poser tes mains sur lui.
Alors il ne comprend pas.
Pourquoi c'est lui qui doit avoir un problème.
Alors que c'est toi qui a posé ta morsure sur lui.

La surprise vient peindre ses traits.
Observant la scène qui se déroule.
Le discours que tu laisses entendre.
Il est heureux, tu sais.
De t’entendre autant parler.
Souriant légèrement.
Quand bien même tu as l’air… embêté ?
Il ne sait pas, Napalm, mais il ne ressent pas la hargne.
La haine, la déception et le rejet.
C’est différent.


Il ne dit rien, écoutant simplement.
Clignant parfois des yeux.
Visiblement interrogatif.
Son sourire venant ravir ses lèvres.
A mesure que tu fais un pas.

Soudainement tu te tiens si près.
Si près de lui qu’il frémit comme un réflexe.
Comme si cela était devenu un automatisme.
Drogué du souvenir de ta chaleur sur lui.
Si tu le frôles, il chavire.
Si tu es si près, il tremble.
Laissant un grognement se faire entendre.
Comment veux-tu qu’il reste calme.
Inspirant profondément.


“ J’préférerais qu’tu me la mettes plutôt qu’me frapper… J’ai déjà des blessures d’toi. ”

L’air provocateur et insolent.
Est-ce qu’il s’amuse ?
Il n’oserait pas, mais il se sent bien.
Pour une raison qu’il ne comprend pas.

“ C’vrai, c’ma faute à la base, j'admets. J’voulais vraiment voir d’quoi t’étais capable. J’étais désespéré. ” de vivre. de mourir. “ Mes yeux se sont posés sur toi parce que t'étais vénère. Grand, imposant, fort. J’sais pas, comment j’aurais pu aller voir ailleurs ? T’aurais préféré ? Plus j’te voyais, plus j’voulais t’voir. Plus tu m’frappais, plus j’voulais que tu m’frappes. Plus tu réagissais et… plus j’voulais te provoquer. C’ma faute, j’avoue, mais… Comment j’aurais pu t’laisser crever ? ”

Il finit par se redresser pour ne plus te voir.
Retournant le regard au sol.
Cherchant une nouvelle distraction.
Pour ne pas être pendu à ton regard.
A tes lèvres.
A toi.

“ T’es arrivé quand j’suffoquais, quand j’avais b’soin d’quelqu’un pour m’sentir vivant. C’tombé sur toi. ”

Son pied fait rouler un bâton sous lui.
Pensif, il repense à tout ce qui est arrivé.
Un sourire tendre aux lèvres.


Et son sourire s'enfonce.
Dans la douceur qu'il ressent.

Un rire silencieux.
Chaque fois que tu réagis de la sorte.
Comment ne pourrait-il pas le faire ?
Tout lui semble si mignon parfois.
Qu’il ne dit rien en réponse.
Profitant de ce qu’il a le droit d’avoir.
De toi.
Ce que tu acceptes de lui donner.
Il le prend et s’en délecte comme maintenant.

Jusqu’à la suite.


Après tout ce qu’il a dit.
Des circonstances.
Un soupir manque de lui échapper.
Passant une main dans sa crinière.
Massant sa nuque comme si des tensions s’y trouvaient.
S’y logeaient avec trop de forces.


Est-ce que tu sous-entends vouloir une réponse claire à cela.
Ou bien est-ce que tu tentes de le repousser encore en le blessant.
Est-ce que tu sous-entends que tu veux savoir ce que vous êtes.
Ou bien est-ce que tu crèves d’envie de mettre un mur entre vous.

Si tu savais comme ça turbine là-dedans maintenant.
Se mordillant la lèvre en réfléchissant.
Laissant ses doigts gratter la peau de son pouce.
Il ne sait pas, il tente de ne pas être impulsif.
Mais il ne sait pas.
C’est trop dur.

“ Si c’était… une simple circonstance, j’serais pas là. T’crois que t’es l’seul à m’avoir frappé ? Ah…”

C’est tout ce qui lui vient.
Là maintenant, c’est la seule chose qu’il peut dire.
Alors que tu le repousses pour revenir.
Que tu le blesses pour l’aimer ensuite.
Que tes mots se font tranchants puis si doux.
Il est dans une incertitude que tu ne vois pas, Mars.
Il a beau se montrer droit, il marche sur des oeufs.
Si tu lui demandes ce genre de choses.


Mais ça le brûle.
Remontant sa trachée.

“ J’suis à toi. C’est officiel ça... L'inverse c'est... ”

C’est tout, Mars.
C’est tout ce qu’il peut dire.
Ce qu’il peut répondre.
Laissant le silence prendre place.
Parce que la suite il n'a pas la réponse.
Peut-être qu'il ne l'aura jamais qui sait.


Il sait qu’il doit être patient.
Sans aller trop loin.
Ne pas trop en demander.
Alors pourquoi.
Pourquoi tu parles de ça, Mars.