C’est arrivé.
Si simplement, c’est arrivé.
Cette incapacité à errer librement.
Privé des libertés de vos naissances.

Confinés dans cet endroit restreint.
Qui paraît soudainement si clos.
Une immense prison.
Qui n'est même plus dorée.
Seulement anxiogène.
Tout juste acceptable.

Et Napalm enrage.
Usé de voir le temps passer.
Sans que rien ne se fasse.
Laissant des jours fades prendre place.
Brimant les possibilités de vivre.
Mais Napalm veut sortir.
Trouver la vie.
Rencontrer les autres.
Absorber les sentiments.
S’enivrer des réactions.
Napalm veut se sentir vibrer.
Au travers de vos hurlements.
De vos agacements.
De vos fous rires.
De vos voix.
Napalm veut vous toucher.
Il a besoin de vous.


Napalm a besoin de vous.
Pour s’extasier.
Prendre son pied avant d’être étalé.
Donnez lui.
Peu importe ce que c’est.
Donnez lui votre temps.
Vos regards et vos mots.
Pour qu’il puisse cesser d’errer.
L’âme en peine.

Le silence comme seule alliée.
Qui ne fait que le briser.

Alors Napalm réfléchit.
Fais le tour de la question.
Et voit ton regard lui apparaître.
Comme une évidence.
Comment tu vas, Heimdall.
Et Napalm ne sait pas.
Si tu viendras s’il t’envoie un message.
Mais il le fait parce qu’il espère.
Parce qu’il croit que tu le feras.

Que tu répondras à son appel.
Silencieux appel à l’aide.
Pour se sortir de l'angoissante monotonie.
Il te laisse un jour de répit.

Napalm ne sait pas, non.
Mais il est là.
Au lendemain de son mot.
Il attend, Napalm.
Convaincu en apparences.
Nerveux en vérité.


T’offrant probablement l’un de ses plus beaux sourires.
Sans aucun doute l’un des plus sincères.
Lorsque son regard croise le tiens.
Ressentant la chaleur le traverser.
Ce sentiment qu'il ne voulait plus trouver.
Mais on ne cesse jamais d'espérer.
Malgré soi, on rêve d'appartenir.
Humain vulnérablement grégaire.
“ J’pensais pas que t’allais vraiment venir, j’vois que les Chefs n’ont pas grand chose à foutre au final pour avoir autant d’temps libre. ”
Napalm n’est pas agressif.
Il est joueur.
“ J'te manquais pour que t'viennes directement quand j'te demande ? ”
Napalm n’est pas sarcastique.
Il est heureux.
Malgré lui, il tient à toi.

Et trouver ton regard.
Frôler ta main.
C'est se sentir électrisé.

Tu lui manquais.
Heimdall.
Au milieu de sa tourmente.
De sa vie chaotique.
Entre ses bleus.
Il avait besoin de te voir.

Tu lui manquais, oui.
Alors qu’il se débat, Napalm.
Pour donner du sens à son existence.
A ce qui lui arrive.
Cherchant à croire que le destin est réel.
Qu’il endure pour une bonne raison.

Tu lui manquais, tant.
Putain, tu lui manquais, ouais.
Et le son de ta voix qui retentit.
Et l’odeur de la cigarette que tu n’as toujours pas arrêté.
Et le sourire que tu lui offres.
Et le regard que tu lui portes.
Tu lui manquais, Heimdall.

Si Napalm était démonstratif.
S’il était encore ce gamin.
Il s’accrocherait à toi.
Si Napalm était entier.
Il s’appuierait sur toi.
Mais tout ce qu’il peut faire, c’est jouer.

Tout ce qu’il peut faire, Napalm, c’est t’avoir là.
Rien qu’un instant.
Pour apaiser ses plaies.
Se lover dans cette incertitude qui vous lie.
Qui lui fait du bien.
Parce que rien n’est commencé.
Et surtout rien n’est encore terminé.

“ Désolé mec, j’dois t’appeler comment maintenant dis-moi ? Promis je l’ferais pas, mais j’pourrais pas dire que je le savais pas quand tu me frapperas. ”

Ici, tu lui donnes le droit, Heimdall.
Tu lui donnes le droit de respirer.
De prendre une bouffée d’air frais.
Remplir ses poumons avant d’être asphyxié.
Écrasé par ses erreurs.

“ Bien vu… j’avoue tout, ça m’manquait de pas entendre tes vannes nazes et d’pas pouvoir rire à ces conneries ! D’pas pouvoir boire un verre avec toi et d’te voir craquer pour fumer encore une fois. J’vois que c’est toujours trop compliqué… Un jour t’vas bien finir par y arriver, suffit d’trouver de quoi t’occuper les lèvres. ”

Napalm s’amuse.
Il se sent léger.
Sous-entends comme toujours.
Sans jamais oser.
Parce qu’il te respecte.
Qu’il ne veut pas te perdre.
Il vient te piquer ta clope.
Frôle tes doigts et sens le choc.

“ Ah c’vrai… on peut pas s’toucher même sans faire gaffe. Quelle merde, comment j’fais pour te pécho maintenant, tu m’expliques ? ”

Au moins il a une excuse.
Pour que cette relation reste ce qu’elle est.
Pour qu’il puisse encore t’entendre.
Pour qu’il puisse encore te voir.
Le regarder avec ce même regard.
Parce que Napalm ne veut pas te décevoir, Heimdall.
Il ne veut pas que tu saches.

A quel point il est sale.
Vide et froid.
Comme la fumée qui passe ses lèvres.

“ Tiens, j’te la rend, tu vas d’venir nerveux sinon, non ? ”

Napalm est heureux.
Lorsque tu ris.
Tu lui arraches un sourire.
Doucereusement tendre.
Qu’il se refuse à te dévoiler.
Parce qu’il ne sait jamais.
A quel point il est proche de toi.
S’il en a le droit.

S’il en a l’espoir.
S’il en a l’envie.
Tu sais, Heimdall, Napalm est perdu.
Même lorsqu’il fait le con devant toi.
Qu’il manque de t’étouffer de ses conneries.
Il ne sait jamais.
Mais il adorerait que ta chaleur l’apaise.

“ … T’veux vraiment savoir beau gosse ? T’es sûr que t’veux que j’prenne ta main en t’appelant Majesté ? J’ai clairement une autre idée de ce que j’pourrais faire… Alors certes… j’t’occuperais pas les lèvres longtemps mais… ”

Son sourire est si grand.
Parce que putain ça fait du bien.
D’être avec toi.
Raconter à moitié n’importe quoi.
Parce qu’il y a sûrement du vrai.
Tu sais, Heimdall.
Tu ne le laisse jamais indifférent.
Comment tu le pourrais.

Tout semble éphémère ici.
Assis sur ce banc, il t’observe.
Comme si c’était la dernière fois.
Comme si demain, vous ne pourriez pas vous retrouver.
Et tu lui manquerais.
A en crever.
Alors il se remplit de ta présence.
De vos jeux et de vos ambiguïtés.
De vos regards et de vos rires.
Il se gonfle de ces souvenirs.
Pour remplacer ce qui le tue.

Mais là, maintenant, il doit en profiter.
Et s’il ne peut pas te toucher, peu importe.
Napalm passe sa jambe par-dessus toi.
Sans jamais se laisser retomber.
Il te chevauche.
Sans te frôler.
Ah.
Il regrette presque à présent.
De n’avoir jamais pris ta main.

“ Pourquoi… ? T’voulais vraiment m’foutre dans ton lit ? Pourquoi t’as pas fait l’premier pas alors ? T’sais bien que j’suis pas pudique quand même ? J’ai l’air farouche ? Oh… c’est peut être pour ça ? T’préfère les gens difficiles ?”

Il se penche, Napalm.
Se rapproche de toi.
Mais vos lèvres ne peuvent pas se toucher.
Et c’est ce qui le sauve.
Encore une fois.
Il est sauvé.
Restreint pour ne rien détruire cette fois.

“ T’es pas pathétique, Heim… dit pas ça. S’il te plaît. C’est peut être juste que t’es pas prêt, mais un jour tu le sera, c’est tout. Alors te juge pas comme ça.”

Il ne s’attendait pas à être sérieux.
Mais Napalm te respecte.
Ne supporte pas de savoir que tu te rabaisses.
Tu mérites mieux que ça de toi-même, Heim.
Il le croit.

“ On a tous des vices et des pètes de travers, mais rien n’dit que ça changera pas…” et il y pense soudainement. “ Est-ce que tu vas bien ?...”

Dis lui la vérité, Heim.
Même s’il aimerait être rassuré.
Dis lui comment tu te sens.
Alors peut être…
Peut-être qu’il essaiera.
De passer outre la peur qui le tenaille.
De tenir trop à toi un jour.
Pour te tendre la main comme il le peut.
Pour te faire savoir qu’il est là.

Napalm te désire.
Il ne le dira simplement jamais.
Parce qu’il te sait trop bien pour lui.
Napalm est un déchet, Heim.
Qui ne mérite pas que tu poses les yeux sur lui.
Il a fait tant de mal autour de lui.
En réponse à sa souffrance.

Il ne mérite pas.
Il ne mérite pas que tu lui accordes ton temps.
Ni même que tu t'inquiètes pour lui.
Alors il s’amuse.
Se jette dans la gueule du loup maintenant.
Parce que vous êtes à égalité.
Incapable de vous toucher.
Il peut dire n’importe quoi, Napalm.
Rien ne garantit que vous vous reverrez.

Parce que sa mort est plus proche que tu ne le crois.
Elle l’attend à chaque tournant.
Même chez les Wilds, elle erre.
Il n’a pas espoir que tu seras là.
La prochaine fois, alors il en profite.
Pour te faire savoir qu’il te regarde.

“ T’crois que j’peux te faire penser à autre chose, hum ? T’es bien la première personne à me surestimer j’crois bien…”

Et il sourit.
Parce qu’ici, avec toi, il a le droit.
Te provoque.
Parce que vous êtes poings et pieds liés.
Se délecte.
De l’effet qu’il te fait.
Qui luit au fond de tes yeux.
C’est éphémère sans aucun doute.

Mais il s’en contente.
Tant que c’est pour lui.
Tant que tu lui adresses.
Il s’en contente.
Parce que c’est tout ce qu’il a le droit d’espérer.
Un instant volé.
Qui ne durera jamais.

“ J’te torture vraiment ?... Quoique… c’vrai que j’me sais assez irrésistible j’avoue. Les autres sont trop timides pour l’avouer mais…”

Il te fait un clin d’oeil, Napalm.
Exagéré comme à son habitude.
Tournant en dérision ce qu’il dit.
Parce qu’il n’y croit jamais.
Mais la confiance qu’il laisse paraître.
Lui donne la force d’être.

Et il te voit.
Emprisonner ta lèvre.
Et il crève.
De sceller cette proximité.
Et il te voit.
…
Détourner le regard.
Ah encore une fois.
Il se détache de toi, Napalm.
Ce n’est pas sa place.
Il est allé trop loin.
Même si tu réponds, il le voit.
Il le sent.
Parce qu’il n’est pas si ignorant que sa stupidité le laisse entrevoir.
Et lorsque tu lui demandes, il fuit.
Quand tu cherches à voir à travers lui.
Il s’en va, Napalm.


“ Désolé. J’imagine que j’devrais pas t’dire ça… Ah j’te jure qu’un jour j’apprendrais à la fermer, mais ouais, j’pense bien que j’peux pas comprendre. ”

Il cherche l’horizon.
Debout, il regarde autour de lui.
Il n’aurait pas dû pas vrai.
Te demander de venir.

“ J’vais bien. Putain comment j’pourrais aller mal, hein ? Qu’est-ce qui pourrait arriver à un mec stupide ? La vie est belle et ça t'inquiète, ça change pas. ”

Qu’est-ce qu’il pourrait te dire.
Il n’a pas le droit de toute manière.
Tu sais, Heim, il ne veut pas être un fardeau.
Il ne veut pas savoir que tu t’inquiètes pour lui.
Il ne le mérite pas, Napalm.
Alors regarde le comme il est aujourd’hui.
Stupide et insouciant.
Débile et provoquant.

Parce que si tu fais un pas trop loin.
Tu verras à quel point il est froid.

“ Et puis merde, on est pas là pour parler d’moi non ? J’voulais savoir comment toi tu t’portes, c’est pour ça que j’t’ai envoyé une missive. J’sais… Enfin non j’sais pas, mais j’me doute peut être ? Que c’est pas simple… Comment dire… Enfin… j’veux pas t’faire croire que j’comprends ou quoi. Enfin tu vois ? ”

Pourquoi tu es si gentil avec lui, Heim.
Il se le demande plus que jamais.
Alors que tes mots l'atteignent.
Et machinalement il se rabaisse encore une fois.
C’est éphémère, une chimère.

Le désir que tu as pour lui.
Ce n’est rien de plus que l’interdit.
L’aventure et l’inconnu.
C’est pour tout cela qu’il ne te laisse pas indifférent.
Il le croit parce que ça ne peut être que cela.

Si c’est autre chose…
Si c’est autre chose, Heim, alors fait demi-tour.
Parce qu’il ne sera plus là.
Si c’est plus qu’une envie passagère.
Si c’est plus profond que cela, il disparaîtra.
Parce que c’est tout ce qu’il peut faire.

Jouer c’est sa manière de se protéger.
C’est sa manière de se voiler la face.
Quant à ce qu’il ressent.
Ce qu’il croit ressentir au fond.
Est-il seulement capable d’aimer, Napalm.
Est-ce que l’attachement qu’il voit naître peu à peu à ton égard…
Est-ce seulement ce sentiment qui l’effraie.


“ Evidemment que j’te torture, tu le dis toi-même qu’j’suis un beau gosse, comment t’voudrais pas m’foutre dans ton pieu ?”

Il ne veut pas y venir, Napalm.
S’il ne rechigne jamais à le faire.
Peu importe qui c’est.
Il ne veut pas te voir de si près, Heim.
Rongé par l’inconscient qui sait.
Qui connaît les sentiments qu’il terrent.
Qui sont bloqués sous la mer.

Cette mer agitée qui ne ferait que le détruire.
S’il acceptait qu’il tient à toi.
Qu’il a franchi sa propre ligne.
S’il acceptait qu’il nourris de l’espoir…
S’il l’acceptait…
Non, il ne peut pas.
Ne lui donne pas d’espoir, Heim.
Parce qu’il détruira tout.


Transformant alors tout ce que tu dis.
Pour se rabaisser.
Pour retrouver la place où il doit être.
Retardant cet instant où il te quittera.
Pour ne pas avoir à supporter ça encore une fois.
Les sentiments, peu importe ce qu’ils sont.
L’attachement, peu importe ce qu’il est.
C’est trop dur à porter.

Et il se sent dérisoire quand il t'écoute.
Tes problèmes, Heim, il les considère.
Les responsabilités que tu portes.
Ce qui te ronge est légitime.
C’est pour cela qu’il veut te changer les idées.
A son niveau, comme il peut.
Sans jamais franchir la limite entre vous deux.
Sans jamais trop vous approcher.
Il veut t’aider, mais sans jamais te toucher.
Napalm est égoïste, il le sait.

“ Qui te dit que j’souffre, Heim ?”

Il te murmure ces mots.
Il ne veut pas que tu l’entendes.
Il ne veut pas que tu le saches.
Il ne veut pas que tu l’écoutes.
Il ne veut pas te parler.
Il veut te prioriser.
Pour s’effacer.

Qu’est-ce qu’il pourrait te dire de toute façon.
Face à tes problèmes, qu’est-ce qu’il pourrait te dire.
Napalm est pathétique, il le sait déjà.
Il le sait un peu plus à chaque fois.
Ce qu’il vit, ce qu’il ressent ou refuse de ressentir.
Tout cela, il le dénigre.
Pour pouvoir vivre.
Alors il ne dira rien.
S’enfonçant dans ses mensonges pour se taire.

De toute façon, qu’est-ce que tu voudrais entendre, Heim ?
Que l’hématome qui recouvre tout son flanc droit le fait souffrir ?
Qu’il se demande s’il finira par guérir un jour.
Ou s’il va continuer de l’alimenter pour justifier sa peine.
Que ses cicatrices ne font qu’augmenter.
Que si tu regardais ses poignets, tu te demanderais s’il ne tente pas de suicider.
Qu’il cherche la merde en espérant un jour aller assez loin pour disparaître.
Que plus ça va et plus il s’enfonce.
Qu’il a besoin de violence pour se sentir légitime d’exister.
Parce qu’il se sait insignifiant.

Tout ça, Heim, tu n’as pas besoin de l’entendre.
Parce que ce que tu vis aujourd’hui est plus important que lui.
Que donner de l’importance à vos problèmes en rabaissant les siens.
C’est se donner une raison de vous éviter, de ne jamais parler.

“ Est-ce que… Est-ce que tu crois que ça va s’arranger… cette histoire ? Bientôt je veux dire. Tu dois déjà t’battre avec tout ça. C’est la merde partout maintenant… On peut même plus s’tuer aux hunting sports à présent. On peut même plus… sortir comme on voudrait. On peut même plus s’évader. J’vais pas te dire que j’comprends ce que tu ressens, c’faux. A mon niveau, j’fais que subir comme les autres, mais vous… ouais vous c’est différent. Et c’pas comme si j’étais doué pour apaiser les autres alors… Après si t’veux que je fasse quelque chose, dis le.”


Il te fixe en se posant la question.
Qu’est-ce qu’il pourrait te dire.
Pour être honnête sans jamais être franc.
Pour que tu ne t’approches pas assez.
Pour que tu ne saches jamais.
Il réfléchit et finit par sourire tendrement.
Comme il le fait rarement.
Sortant une clope à son tour pour tirer sur la mort.

“ Si j’suis quelqu’un de stupide, j’te rassure… Mais comme tu m’as dit tout ça, j’vais te dire quelque chose sur moi. J’me sens mal en ce moment. Sans les hunting sports, sans pouvoir toucher les autres… J’aime la violence, Heim. Quand je la sens, j’me sens vivant. Alors on pourrait presque dire que… j’me sens un peu seul ? Un truc comme ça ?”

Il ne sait pas si ça a du sens.
Ni même ce qu’il tente de dire.
Cherchant seulement à passer au travers.
De la question que tu lui poses.
Tout n’est pas exact, mais rien n’est faux.
Et il espère que tu vas te contenter de cela.

Tu sais Heimdall, il sera toujours ce qu’il tente d’être.
Cette personne qui s’amuse avec toi.
Qui te donnera une partie lui rien qu’une fois.
Pour tromper la solitude amère qui le ronge.
Avant de disparaître à nouveau.
S’éloigner comme si rien n’était jamais arrivé.
Napalm est horrible, il le sait.
Mais il ne cesse de le payer.
Alors pardonne-lui une fois qu’il ne sera plus là.

Parce qu’il sait que tout ceci n’est qu’un jeu.
Il en est souvent l'instigateur.
Comme si c’était la seule manière pour lui.
De te parler ou d’être à tes côtés.
Il sait que ce sera bref alors il vit.
Il en profite avant qu’il ne soit trop tard.
Des regrets, il en a tant si tu savais.
Alors il ne regrettera pas cette fois.

“ Pourquoi j’devrais arrêter d’te provoquer ? C’est pas comme si j’le faisais pas déjà depuis un moment… J’crois que tu d’vrais te regarder dans un miroir avant d’me demander d’pas essayer de t’avoir dans mon pieu.”


Pour que tes yeux se posent sur lui.
Pour qu’il puisse exister rien qu’une fois.
En dehors de sa violence et de sa douleur.
Rien qu’une fois entre tes bras.
Quelque part, il l’espère.

Il ne regrettera rien de tout cela.
Même si tu dois le blesser.
Laisse une marque sur lui, Heimdall.
Même si elle doit le blesser.
Même si elle doit être une forme de souffrance.
Laisse lui un morceau de toi.
Alors peut-être qu’il vivra plus longtemps.
Loin de toi.

Et la conversation n’est plus ce qu’il espérait.
Tu viens à le mettre dans cette position gênante.
Dans laquelle il est difficile pour lui de mentir.
De se tenir droit et de continuer à blaguer.
Parce que tu lui avoues le voir.
Ce poids qui le brime.
Et Napalm se tend.
Sentant sa mâchoire se serrer pour éviter de parler.
Détournant les yeux pour éviter de te croiser.
Laissant finalement un rire lui échapper.
Une fois la détonation apaisée.


“ Qui n’a pas un poids dans la poitrine par ici ? C’rien de bien grave, j’te rassure. Rien… d’insurmontable ?”

Ce qu’il dit n’est pas dénué de sens.
On voit rarement des gens qui ne souffrent pas.
Entre la mort, les responsabilités, les conflits, les alters.
Les sentiments……
Il n’y a personne qui ne souffre pas, il le croit.
Mais Napalm ne parlera pas.
Il préfère t’écouter.

“ … Est-ce que c’est… si compliqué ? Crois pas que j’veux des infos d’toi ou j’sais pas quoi ok ? Au cas où, Comet ne sait pas qu’j’suis là d’accord ? Enfin… me semble que j’devrais dire un truc du genre que tu vas y arriver, que t’peux le faire ou j'sais pas quoi, mais pas sûr que cette merde aide vraiment alors… crève pas en ch’min, ok ?”

Il n’est pas doué, tu sais.
Pour réconforter les gens.
Pour prendre soin d’eux.
Alors qu’il est déjà incapable de prendre soin de lui.
Il ne sait pas bien si tu attends d’entendre quelque chose.
Si tu voudrais que quelqu’un te dise des mots en particuliers.
Il n’en sait rien et il ne sera jamais capable de te les dire de lui-même.
Mais il sera là.
Peu importe si ça t’aide ou pas.
Il sera là.
Tant qu’il ne fuit pas.


“ Ah ? … J’ai jamais dit qu’j’voulais tuer quelqu’un moi…”

Et il ne se rend pas compte.
De ce que tu pourrais comprendre.
Dans ces quelques mots qu’il laisse échapper.
Surpris par ta question.
Apeuré finalement que tu cherches plus loin.
S’engouffrant dans sa clope avant de se mettre à rire.
C’est bref, presque éphémère.
Parce que tu continues.
Mais ne cherche pas, Heim.
Ne va pas trop loin.

Parce que déjà il soupire, ennuyé.
Cherchant à s’en sortir.
Frottant son front une seconde.
Tirant une bouffée sur son cancer.
Qu’est-ce qu’il pourrait te dire.
Alors que tu commences à franchir ses lignes.
Celles qui sont rédhibitoires.

“ Heim… J’sais pas ce que t’crois comprendre dans ce que j’dis mais… Juste, j’fais partie des Hunting sports depuis un bail maintenant, j’sais pas, ça fait partie d’moi ? Une connerie dans l’genre ? C’est rien d’plus que ça. Y a pas d’sens là-dedans. Puis j’sais pas, c’toujours le bordel, y a toujours plein d’gens. Alors ouais c’pas toujours joyeux, mais on fini par s’y habituer… un truc comme ça.”

C’est tout ce qu’il peut t’offrir, Heimdall.
C’est la limite de ce qu’il accepte de te donner.

“ Quoi ? T’crois que j’me sens seul au premier degré ? Mec c’juste qu’en ce moment à part les Wilds, j’vois moins d’gens et ça m’fait chier c’est tout. Vraiment.”

Il insiste.
Une dernière fois.
Laissant son regard tomber sur toi.
T’affichant ce sourire qui semble naturel.
Qu’il sait donner en tout temps.
Depuis bien longtemps.

“ Mais s’tu veux qu’on s’touche quitte à s’prendre une décharge, ça m’va aussi. J’le redis, mais difficile de dire non si c’est toi !”

Un sourire reste.
Après ces quelques mots.
Qui donnent l’illusion d’une promesse.
Une promesse que vous vous faites qu’un jour…
Un jour vous pourrez savoir ce que c’est.
De ressentir la chaleur de l’autre.
De le tenir dans ses bras;
Un jour.


Es-tu seulement humain.
Existes-tu réellement.
Heim, es-tu réel ?
A mesure que les mots s’étalent.
A mesure que les secondes passent.
Napalm se demande.
Un peu plus à chaque instant.
Plus il te voit, plus il se demande.
S’il a le droit.

De ne serait-ce que se tenir là.
Alors que tu prends garde.
Que tu prends sur toi.
Pour ne pas le froisser.
Respecter les barrières qu’il te met.
Laissant seulement échapper quelques mots.

Des mots qui viennent effleurer son coeur.
Le réchauffer rien qu’une seconde.
Pendant une brève seconde, oui, il se sent bien.
Revivant des sensations passées et des souvenirs oubliés.
Mais tu sais, plus tu lui offres le droit de fuir.
Et plus il le fera sans jamais se questionner.

“ Pourquoi t’veux m’aider, Heim ? Pour l’instant, ton attention doit s’porter sur ta faction et ton temps aussi. J’fais que t’en emprunter un peu aujourd’hui parce que ça m’manquait de pas t’voir. T’inquiète, j’vais bien. ”

Ne lui donne pas ton attention.
Il risquerait d’y prendre goût.
De renforcer ses mauvaises habitudes.
Le laissant croire qu’il ne te perdra jamais.
Alors qu’il sait au fond que tout ceci se terminera.

Napalm est une muraille, Heim.
Plus tu le confortes dans ses choix.
Dans ses décisions et ses barrières.
Plus il va en construire.
Jusqu’au jour où vous ne pourrez plus vous atteindre.

Il est difficile, n’est-ce pas.
Tout le fait fuir parce qu’il est faible.
Mais un jour, qui sait, il sera adulte tu sais.
Un jour, oui.

“ Les autres sont pas ta seule menace, pas vrai ? T’es anxieux, tu l’as dit, t’oublies pas, Heim. Parfois j’crois qu’on est sûrement notre pire ennemi ou une connerie dans l’genre. ”

Vivre avec soi-même, il le sait.
Comme ça peut être dur.
Une plaie bien plus importante que les autres.
Il n'a personne de mieux placé que nous… Pour nous détruire.
Et il ne veut pas que tu tombes de fatigue un jour.
Que tu sois à bout.
Tiens bon Heim.

Alors lui aussi, il tiendra bon.
Encore un jour de plus.
Dans l’espoir de te revoir.
Parce que malgré tout, tu le réconfortes.
Quelque part, tu ne cesse de le toucher.
Même s’il ne te laissera jamais le voir.
Il aimerait te sourire encore une fois.

“ … Mec, t’es trop bien pour c’monde, tu le savais ? Putain… J’suis désolé, ok ? Parfois c’trop difficile de dire les choses alors j’le ferais pas, mais crois-moi. J’vais vivre. ”

Rien qu’un instant de plus, il va vivre.
A cheval entre le gouffre et la terre ferme.
En équilibre entre son espoir et ses ténèbres.
Il va tenir rien qu’une seconde de plus.
Pour avoir la chance de t’entendre rire.


Ce sourire que tu lui offres.
Que tu lui tends comme une dernière chance.
Tu ne le connais pas, Heim.
Si tu crois qu’il va reculer.
Alors qu’il fait un pas vers toi.
Précipité comme si la tentation était trop forte.
Trop forte pour résister encore une seconde.

Il t’attrape par le col, Napalm.
Enroule ses bras autour de toi.
Et pose ses lèvres contre les tiennes.
Vous savez que ça ne dure qu’une seconde.
Rien qu’un instant suspendu qui ne dure pas.
En écho à ce qui erre dans son coeur froid.

Alors qu’il se retrouve projeté en arrière.
Rigolant bruyamment en reprenant ses esprits.

“ Putain… cette connasse d’IA fait pas les choses à moitié, bordel. J’ai rien contre les courts jus mais ça m’fait chier là, maintenant, tout d’suite, j’le dis. Ah. C’était trop court. ”

Mais il la sent; la douleur.
Et se conforte avec elle.
Comme la seule qui puisse l’aimer.
Qu’il s’autorise à avoir près de lui.
Comme sa seule amante.

Ses pensées sont un calvaire.
Une marée agitée qui ne cesse de se bousculer.
Sans avoir de direction à suivre.
Incapable de retrouver le rivage encore une fois.
Napalm est avide.
Il est avide de vivre.
De se sentir vivant pour se croire entier.

Il est avide de votre affection.
De cet amour qui le terrifie pourtant.

Il est avide que quelqu’un puisse le voir.
Le regarder droit dans les yeux lorsqu’il s’en va.

Napalm est une plaie, Heimdall.
Alors lorsque tu lui dis l’apprécier…
Son coeur chavire si tu savais.
Réchauffé par cette chaleur humaine.
Que nous cherchons tous à toucher.
Frénétique à l’idée de s’y lover, d’y faire son nid.

Mais les pensées sont souvent plus fortes que le coeur.
Les idées et les scénarios que l'on laisse se créer.
Qui viennent obstruer nos sentiments les plus profonds.
Dévoré par la peur et bouffé par ce besoin de se préserver.
De ne plus souffrir encore une fois.

Alors cet instant, Heimdall.
Cet instant où son coeur chavire.
Ne dure rien de plus qu’une seconde.
Car déjà Napalm se voile de ses draps.
Pour se protéger des flammes.

Il ne dira rien, ne répondra jamais à cela.
Mais tu peux voir qu’il a essayé.
Qu’il a tenté alors qu’une main a bougé.
Instinctivement, elle a cherché à t’attraper.
Pour retrouver enfin pied.
Mais Napalm ne peut pas se le permettre tu sais.

Et finalement tout s’enchaîne.
Il se sent presque désolé de te l’avoir dit.
Que ton pire démon c’est peut-être toi-même.
Parce qu’il te voit, il te regarde.
Même lorsque tu crois que ses yeux se détournent, il te voit.
Il apprend à te connaître pour se réconforter.
A défaut de pouvoir être avec toi.
Il profitera de ces bribes d’instants volés.

Alors il te voit et se mord la lèvre.
Passant, lui aussi, une main dans sa crinière.
Et tout ce que tu dis, viens le heurter.
Lui aussi, tu sais, il s’en veut.
Lorsqu’il va trop loin.
Parce qu’il ne se sent jamais légitime.
D’entrée dans ta vie pleinement.
De passer tes barrières alors qu’il te refuse son accès.
Il est égoïste, mais il sait aussi qu’il n’en a pas le droit.


“ Putain alors j’suis pas un imbécile et j’suis quelqu’un de bien par contre j’peux pas dire ça d’toi ? C’marrant comme les rôles s’inversent maintenant. Mais t’sais, t’peux dire ce que tu veux, j’penserais toujours ça d’toi. A moins que tu m’plantes dans le dos, ça risque pas d’changer… Et j’te retourne tes mots… Toi aussi, parle un jour. Sûrement pas à moi parce que c’serait pas une bonne idée clairement, mais un jour… Si un jour tu trouves quelqu’un à qui t’peux dire tout ce qui t’bouffe, fait le ! Et… J’en ferais de même. ”

A cet instant, il pense te mentir, Napalm.
En réalité, il va le faire plus vite qu’il ne le croit.
Mais tu sais, il se croit fort maintenant.
Il se croit capable d’endurer et finalement.
Ses mots n’ont pas grandes valeurs et pourtant.
Il est désespéré de te savoir bien dans ta vie.
Comme s’il projetait ses espoirs devenus vains pour lui.
Sur toi.
N’est-il pas ignoble.
Napalm.

Assez ignoble pour se permettre de franchir cette ligne.
Qu’il trace de lui-même depuis un moment maintenant.
Persuadé que vous ne pouvez pas passer ce pas.
Mais tu l’as cherché assez longtemps aujourd’hui.
Et lui… Lui il se sent seul à en crever.
Bousillé par tout ce qu’il refuse de vivre.

Il voulait s’adonner à ce plaisir rien qu’une seconde.
A la chaleur qu’il a ressenti contre toi même éphémère.
Il voulait se priver de ce droit.
Prendre conscience que ça n’arrivera pas.
Peu importe vos mots et vos attentes.
Peu importe ce que tu dis à présent alors qu’il rit.

Vous ne serez jamais proche.
Il le croit.

“ Hum… J’te l’ai dis j’crois… Regarde toi dans un miroir et après reviens m’dire que quelqu’un voudrait pas faire ça, sérieusement. Enfin… j’imagine que les mecs  hétéro diraient non, mais t’as compris…”

Il te frôle la main.
Laisse le courant le prendre brièvement.
Retirant ses doigts rapidement.
C’est tout ce que vous pouvez vous offrir.

“ J’voulais pas qu’on parle de tout ça… J’voulais pas que t’fasses une tête pareille… Ou qu’tu penses à des trucs chiants… J’te vois, hein. Ah ! J’voulais t’changer les idées, mais j’crois que j’suis pas doué pour ça ? Désolé, la prochaine fois…”

Il ne finit pas sa phrase.
Alors qu’il plante ses yeux néons dans les tiens.
Parce qu’il se demande s’il te reverra, Napalm.
Après tout, vous ne savez pas ce que vous allez devenir.
Ni ce qui va arriver.
Il ne sait pas s’il pourra encore te frôler.
Et putain c’est pour ça qu’il crève de t’embrasser.
Tant qu’il le peut.

Parce qu’il va le regretter.
Il le sait.
Il le sent.
Tu sais, ça le ronge.
De se lover dans ses sentiments qu’il brime.
Rien qu’une fois pour y mettre fin.


“ Vraiment… J’aimerais t’embrasser. ”

Et sa voix résonne faiblement.
Fébrile alors qu’il l’entend.
Au fond de sa cage thoracique, ça remue.
Putain, il se met à rire.

Alors qu’il réalise finalement.
Que c’est trop tard.
Se redressant vivement en soupirant.

“ Est-ce qu’il s’rait pas temps que j’te laisse repartir ? Si on continue à s’parler de tout ça, t’vas pas t’sentir mieux et t’vas ressasser même alors… J’crois qu’il vaut mieux que t’retournes à tes obligations. ”