Lost in the light and I don't know what night it is.
Lore & RésuméNaissance
Tes parents sont encore très jeunes lorsque tu viens au monde et le bonheur d’être parent se mêle à la crainte de devoir te perdre. Tu es ce bébé à l’épiderme tachée de cloques rougeâtres, comme ventousée par un mal invisible. Ce n’est pas douloureux, d’ailleurs, tu ne sembles jamais éprouver la moindre souffrance ou le moindre inconfort. Tu restes calme, silencieux, apaisé. Seul quelques gémissements et gazouillis parviennent à leurs oreilles, notamment lorsque qu’on te nourrit.
Personne ne trouve agréable de te dorloter, t’es affreux, difficile à regarder. Dans la famille, on se demande si tu vas tenir le coup et quel genre de vie t’attend avec une apparence pareille.
Lorsqu’on a fini de s’inquiéter pour ta santé, on se préoccupe de tes capacités. De ton manque de capacité, surtout. Il y a ce poids qui ne cesse de peser sur les épaules de ta mère, qui pesait déjà sur celles de sa propre mère. Le poids d’un nom qui terrifie toute une lignée. Un hiver mort, dénué d’espoir.
Mais Carcosa t’a baptisé et tu n’es que l'automne qui le précède, le calme avant la tempête.
Enfance
Pas étonnant qu’ils aient mit autant de temps avant de se permettre d’avoir un nouvel enfant, la peur au ventre. “De la folie” qu’on murmurait. Un accident, peut-être. Personne n’était ravi, personne sauf toi. Sans qu’on ne puisse discerner la lueur d'excitation dans tes yeux, tu trépignais d'impatience à l’idée d’accueillir une soeur ou un frère. Auprès de tes camarades, tu avais déjà cet aura là, celle de quelqu’un sur qui on peut compter. Un grand-frère et un bouclier derrière lequel se cacher.
Sans trop de surprises, on s’est longtemps moqué de toi. Mais les provocations n’ont jamais suscité de réaction. Tu n’as jamais exposé de tristesse, ni de rage. Ton esprit trop occupé à se questionner sur les raisons qui pouvaient les pousser à te repousser de cette façon.
Incapable de leur en vouloir d’avoir peur, tu t’es simplement contenté de leur laisser le temps de t’approcher, de réliser qu’ils n’avaient rien à craindre et qu’il était plus agréable de jouer ensemble que de se haïr sans raison.
Puis Winter est né et tu n’as plus eu une minute à leur accorder.
Adolescence
Rien ne te prédestinait à prendre part aux hunting sports. Toi-même, tu ne pensais pas être fait pour ça. Ton oncle rentrait toujours blessé et malheureux avec un dégoût certain pour ce qu’il s’y était passé. Des histoires de trahison, de malentendus, de pièges et de rancoeur. Il n’y avait jamais rien d’attrayant dans ses récits. Rien qui te donnait envie de suivre cette voie.
Mais ton oncle y retournait. Il y retournait toujours et en le regardant partir, tu t’es demandé pourquoi? Quelque chose de plus fort que lui et que vous tous, l’animait. Une volonté indélébile de se battre pour de jours meilleurs et pour une vie plus douce.
L’envie de se battre, une chose que tu n’as jamais réussi à comprendre ou même percevoir, encore moins durant tes jeunes années. Il n’y avait pas à se battre pour se faire accepter, il n’y avait pas à se battre pour être nourri, il n’y avait pas non plus à se battre pour apprendre à vivre au jour le jour. Les choses venaient naturellement, avec le temps. Puis un jour, les choses ne sont plus venues. D’une manière ou d’une autre, vous avez déçu Carcosa. Ses jeux ne sont pas là pour faire joli, la déité ne récompense que la férocité des vainqueurs, que ceux qui sont prêt à lui offrir un spectacle grandiose pour l’épater et la ravire.
Tu as arrêté de prier Carcosa et pour la première fois, tu as eu envie de te battre, animé du souhait silencieux qu’elle disparaisse.
Age adulte
A ta troisième participation, tu t’es retrouvé en proie à de terribles tourments en étant témoins de scènes atroces où, alliés et ennemis, s’éteignaient après de violents échanges. Le sommeil ne venait plus et comme ton oncle, tu avais retrouvé la chaleur de tes proches sans réussir à t’y plonger pour y trouver du réconfort.
On te surprenait parfois à sourire malgré toi, devant l’indiscipline de ta fratrie. Winter aimait bien répondre “non” à tout et n’importe quoi et la légèreté de cette rébellion te sortait la tête de l’eau. Il vous fallait remporter les jeux ou bien ton petit-frère serait condamné à une éternité de soupe de poisson.
Le temps a fait son oeuvre et comme pour tout, t’a permis de grandement t’améliorer. Cette guerre - qui à ton sens n’en était pas une -, continuait d’alimenter tes craintes aussi bien qu’elle forgeait ta détermination. Tu n’étais pas le meilleur, mais tu continuais de survivre. Alors, tu te devais de faire sens de celà.
Et c’est ce que tu as fait. Lorsque l’anarchie régnait, à ton niveau tu tentais d’y mettre de l’ordre. Ce n’était pas une question d’égo, mais un instinct de survie et un puissant besoin de savoir les tiens à l'abri. En groupe à armes égales, tu menais toujours la danse, même si on tentait de prendre les rênes, elles te revenaient tout naturellement entre les mains. Imperturbable dans les moments de crises, tu étais bien souvent le pilier de ceux et celles qui finissaient par s’égarer ou se décourager.
C’est aussi tout naturellement que tu t’es vu confier un rôle qui convenait mieux à tes performances sur le terrain. Certes, tu n’étais pas celui qui offrait la victoire, mais les cailloux que tu semais tout au long du chemin savaient montrer la voie vers celle-ci et plus tard, on dénota une forte baisse de mortalité dans vos rangs.
De nos jours
Cette vie n’est pourtant pas celle que tu aurais aimé mener. Peu de gens savent le peu de plaisir que tu prends à envoyer cette grande famille se confronter à la mort à chaque fois qu’une représentation est exigée de la part de cette voix froide et sans émotion. Comme elle, tu restes neutre pour ne pas les perdre. Il y a encore de l’espoir quelque part, il y encore de la vie qui s'accroche.
Tu es cette dernière feuille qui a bruni, mais qui refuse encore et toujours de quitter sa branche. Tenace. S’agitant sous la brise et les bourrasques sans jamais lâcher prise. Retardant éternellement l’arrivée de l’hiver.
« Woh! J’en ai jamais attrapé d’aussi vilain! Bah alors? On a fait mumuse trop près du feu garçon? »
Une Trapper, main sur les hanches, quelques rides au compteur, des cheveux bruns et des yeux verts emplis de fierté. Le piège était flagrant, mais aujourd’hui vous faites équipe, tu n’avais aucune raison de te méfier. Après ta chute, ses lianes sont sorties de terre et ton saucissonné dans cette position ridicule.
« T’as perdu ta langue? »
Elle s’est approché en te dévisageant puis fronça les sourcils en rencontrant tes yeux avant de faire un pas en arrière par méfiance. Une fluctuation s’est faite sentir au niveau de tes bras que tu arriverais bientôt à libérer.
« Je suis suivi, vous devriez retourner vous planquer. »
Elle te rit au nez avant de sentir un autre de ses pièges s’activer et un cri retentir dans les fourrés. Tu te retiens de lui dire que tu l’avais prévenu.
« Qu’est-ce que? »
La surprise la saisit lorsque les lianes retombent mollement sur le sol autour de toi, sans comprendre que tu es à l’origine de cette petite panne.
« On prend votre monture, j’ai dû abandonner la mienne. »
« Minute! »
En lui passant devant, elle retrouve ses esprits et t’agrippe le bras, incapable de faire une nouvelle fois appel à son Alter. L’espace d’une seconde, tu as l’impression qu’elle va user de ses poings pour t’enseigner la politesse. Et la seconde suivante, un groupe de trois Legendary vous fonce dessus.
Ton coeur bat au rythme de votre galop. Ce cheval est bien plus rapide et nerveux que le tien, mais elle parvient à le maîtriser comme s’il s’agissait d’un simple poulain. Vos corps sont maintenus l'un à l'autre par une liane alors que tu lui fais dos. Elle t’a demandé si tu savais ce que tu faisais et tu lui as répondu que non.
Ta stratégie repose uniquement sur le fait d’être capable d’utiliser ton Alter à plusieurs mètres de distance, sur des cibles mouvantes, tout en étant malmené par un canasson furieux.
Un miracle que vous ayez survécu, dira plus tard ton supérieur. T’aurais dû lui voler son cheval et la laisser là pour faire diversion, ajoutera un de tes camarades. Ce qui compte c’est que tu sois revenu vivant, dira ta mère mi-agacée, mi-soulagée en pansant tes plaies.
Tu n’as jamais recroisé la Trapper aux lianes folles, mais tu as retrouvé son cheval, errant seul à l’écart des affrontements. Toujours aussi difficile et borné, mais prêt à te suivre comme à t’accorder l’honneur de le chevaucher.