J'entends encore le son des amoureux, j'entends la vapeur des brûlures se répandre dans l'air et lécher la peau du gourou, et je demeure, là, à être témoin des lamentations et de la chute inéluctable de sa moitié...Hysteria. C'est un nom particulier, un pseudonyme qui résonne encore en moi. Sa sonorité est en tout cas intéressante aujourd'hui : je me revois dans une époque où je prenais tous ces événements avec plus de légèreté et d'assurance, une période de vie où le monde m'était encore promis et pendant laquelle rien ne pouvait m'arrêter.

Un flottement, un instant où l'esprit était à la Danse.
Et pourtant, encore une fois Hysteria, je suis ton bourreau malgré moi.

La présence de Nemo à mes côtés me tire pourtant de toute nostalgie ou impression aigre-douce qui aurait pu m'accompagner durant la nuit. On a papoté toute la nuit ; à mes côtés, Rantanplan s'était mis sur ses deux pattes pour faire un petit tour de cirque, et impressionner son nouvel ami.

Un vrai petit spectacle à lui seul, mais pas seulement !

Les minutes, les heures passent donc.
Les rondes s'éternisent, mais quand elles prennent fin, le soleil se lève.
Oh, ce n'est finalement pas si différent ; le danger d'un vote râté comme celui d'hier pèse toujours sur leurs frêles épaules.
Au final, les fratricides se succèdent aux monstres de la nuit, et tous continuent à trembler en silence.

Silencieusement, je m'approche de Fahrenheit. Je voudrais lui parler, lui tirer quelques mots; j'ai l'intime conviction qu'il doit jouer un rôle plus important qu'on ne le pense...Mais lequel ?

Et même si ce n'était pas le cas, je le sais suffisamment intelligent pour initier ses manigances, tôt ou tard.
D'une tape légère, je lui parle néanmoins d'égal à égal ; de vagues paroles que je prononce juste pour lui tandis que j'observe la chèvre exposer son point de vue.

Ouais. Elle a raison.
Mais j'ai aussi besoin de me concerter avec le Colonel.

"J'aurais cru te voir porté ce rôle, mais je ne sais que tu n'es pas un monstre, très cher." Mais j'ai douté. Un court instant. Mon chien sait et toi aussi, tu sais également. "Enfin, je ne suis visiblement pas la seule à t'innocenter."

Et pourtant, nombreux seront-ils peut-être se créer entre eux des alibis.

De son côté, le chien continue de montrer tout son enthousiasme à travers cette langue pendante, ce museau souriant et renardesque....Quoiqu'il commence à vagabonder ça et là entre les personnes de ces lieux, dans l'espoir de pouvoir jouer avec l'un d'entre eux...

Hélas, les choses dérapent d'une seconde à l'autre. J'entends le colonel des Vigilantes m'interpeller et...il le fait bien. Il attire toute mon attention.
J'imagine sans mal oui, la douleur de poignarder son propre sang...

Néanmoins, si tel était le cas...Alors mon hypothèse était juste.
Essentia aurait été tué par un Vigilante, et nous aurions été dispersés.
Un court instant, ma main s'attarde sur le bras de Fahrenheit ; je lui transmets toute mon inquiétude à ce sujet.
Mais elle ne fait rien qui aille en ce sens ; elle provoque. Mon chien aboie contre elle sous le feu de l'excitation et...

Et je réagis instinctivement.
Je la poursuis, je la rattrape en veillant à ne pas toucher le magma immonde qu'elle vient de déglutir.
Involontairement, je la maintiens au sol.
Je suis peinée par ses larmes malgré tout.
Parce que j'en comprends la sensation. Je sais ce que cela fait, d'être vu comme un monstre.
C'est l'histoire de mon enfance, de mes chiens et moi fassent à un petit peloton de jeunes trappers...
J'ai toujours détesté ce jeu.

"Si t'es de l'autre côté, si c'est toi qui vise les Trappers, tu peux le dire plus clairement." Mon ton est calme, mais mes paroles sont teintées de dissonnance. " Si t'es bien un monstre comme il le dit...Dis-le nous. Mais dis nous aussi pourquoi tu n'as pas tué quelqu'un...Car peut-être, dans le fond, tu n'es obligé d'en venir jusque-là, non ?"

Et c'est à ce moment-là que je percute.
Mon instinct et mon esprit de survie me mène à trouver de l'adrénaline et de la joie à l'idée de la débusquer, et lever le voile sur l'identité d'un monstre.
Mais ce faisant, que fais-je de plus, sinon tuer à son image...
Oui, les mots coulent hors de mes lèvres.

"Et c'est peut-être notre cas, à nous aussi...Pourquoi on obéit au Second ?"

J'ai une boule dans la gorge.
Parce qu'on a cédé. Parce que j'ai leur mort sur la conscience ;
Deux morts de trop.

"Pourquoi on la laisse gagner ?"

Je resserre ma poigne sur le bras de Goat. Je dois peut-être lui faire mal, mais je m'en fous.
Je veux qu'elle m'écoute, qu'elle observe dans mon regard l'ire qui brûle en silence alors que la Peur s'est jouée de nous.

"Oui, pourquoi on devrait tuer à notre tour ? Pour survivre ?"

Toujours.
On l'a très bien fait depuis toutes ces années.
Mais avec la chute de l'I.A...J'espérais au moins voir un changement.
Que dalle ; on se tape un Second qui s'amuse à notre détriment comme un enfant piétine, brûle, ampute ses petits soldats en jouet.
Je sais pourtant que ma réaction n'est pas logique. je sais que nous devons voter, je sais que le chemin est tout tracé et que nous serons les premiers à jeter Goat du haut de cette grande corniche que représentent les Jeux.

Mais il doit y avoir une autre solution, non ?
Ou même, une autre personne apte à comprendre où je veux en venir...

"Et si personne ne jouait le jeu ? Et si personne ne votait, tout court ?"

Mais je le sais, dans le fond.
Que ce n'est pas le corbeau qu'il faut punir, que tu n'es pas des miens, petite chèvre, que je ne ressens pas de la peine pour toi et tes petits yeux de biche en particulier, et que je devrais voter contre toi.

"C'est absurde..."

Quelle défaite.
Nous marchons dans les pas de l'I.A.

"On a peut-être attrapé l'un des "monstres"..."
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- Le chien a senti l'odeur de Fahrenheit, qui ne correspond par à celle retrouvée sur les premiers lieux du crime.
- Si elle n'est pas tant que cela perturbé à l'idée que Goat puisse être le monstre (son fluidomètre était bizarre et peu scientifique), elle ressent l'échec de jouer le jeu de l'I.A.
- Elle est un peu émotive mais reprend petit à petit ses esprits, et lachera plus d'arguments durant le débat. PTSD de son enfance et de la gestion de ses pouvoirs, sorry

Le chien noir de la pendaison de Meriden Hills:

Young Cwn Annwn - Fairy Folk - Rantanplan: