2115 ( Naissance )

Tu es née dans une apocalypse faite de sueur et de sang. Enfant qui s’oublie; enfant imprévu, c’est alors que ta mère, championne d’Arène dont le renom n’était plus à faire, se battait une énième fois sur ce sable doré qui est comme sa deuxième maison… que tu lui as appris ce qu’était la douleur. Une véritable douleur qui martèle les entrailles. Loin de celle qui lui a brisé les os; brûlé la peau ou tranché les chairs. Non; là, ta mère hurle parce qu’elle ne comprend rien; parce que tu as forcé ta place dans ce monde alors qu’elle ne s’en doutait pas.

Enfant du déni; tu abîmes sa conscience alors qu’elle se battait une fois de plus. Elle déclare forfait pour la première fois; à cause de toi.

On lui apprend quelques heures plus tard qu’elle portait la vie depuis tout ce temps; et la colosse se met à pleurer alors qu’on pensait que rien ne pouvait l’ébranler. Cette femme forte; cette femme victorieuse. La voilà désemparée alors que son ventre gonfle; alors que sa conscience t’accepte dans la contrainte. Tu seras là bientôt et elle n’a pas le choix.

Tu nais un soir d’automne; alors que la lune est déjà haute et que ses cris sont les derniers qui entrent en écho avec les étoiles.

Ses bras musclés t’accueillent en tremblant; elle n’a jamais tenu quelque chose d’aussi fragile et précieux. Et au premier regard; tu deviens son monde; et tout ce qui l’importe désormais. Ce qui était le fruit d’une aventure d’un soir et d’une conscience qui se croyait stérile se transforme en trésor gardé par le plus farouche des dragons.

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2120 - 5 ans

Tu n’as manqué de rien parce qu’une guerrière se battait pour toi; elle repoussait les démons et caressait tes joues pour que la tendresse soit ta seule compagne. Une attention particulière qui la poussa à délaisser ses engagements auprès de la faction. L’Arène ne l’inspire plus; les Jeux non plus; et encore moins les guerres rivales qui étaient jusque là son fair-valoir; parce qu’elle savait faire briller les Wild comme personne d’autre.

Ce détachement ne fut pas accueilli d’un bon regard par tous; et la pauvre fut condamnée par ses propres pairs; trahie par une âme courroucée qui l’envoya au mauvais endroit… au mauvais moment. Une catastrophe climatique plongea comme par hasard la vallée dans un état presque apocalyptique. Ta mère et toi furent soufflées comme deux fleurs fanées; emportées par des eaux aussi violentes qu’impétueuses. On pensa ta mère morte sur le coup, parce que son corps ne fut jamais retrouvé. Et toi… Toi ? Tu fut retrouvée l’esprit abimé et les yeux perdus; en vie alors que tu aurais du être noyée.

Des marcheurs nocturnes t’accueillirent et te ramenèrent jusqu’à la carasse de dragon; où tu fus placée en orphelinat parce que personne n’avait jamais clamé la paternité sur ta naissance.

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Jusque 2133 - 18 ans

Malgré ce début d’histoire chaotique, tu deviens rapidement une enfant agile et aimable; le genre bête et pas méchant. Toujours partante pour des aventures, toujours souriante; toujours débile dans ton aveuglement. Il n’y a pas plus idiot que toi; mais ta bêtise est attendrissante, parce que tu ne fais qu’obéir sans froisser les coeurs. Tu ne restes pas longtemps à l'orphelinat; bien vite adoptée par un couple bienveillant mais souvent sur la route.

On voit donc évidement en toi une guerrière en devenir; le bon soldat de guerre; et on t’entraîne en ce sens sans chercher à te rendre la vie facile pour autant.

Un bon nonos suffit à te combler; et au final, tu apprends vite que tu n’as besoin de rien, si ce n’est un peu d’attention, un bon repas et un sommeil de plomb.

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2138 - 23 ans

Un visage reconnait le tien alors que tes poings rencontrent les muscles de ton adversaire; et que les siens te déboitent presque la mâchoire parce qu’au final, tu n’as jamais été très douée en combat. Tu as la carrure; tu as l’esprit, l’initiative; mais jamais les bons réflexes ou l’avantage d’avoir un Alter offensif.

Sauf que ce sourire sombre qui se dessine dans ton dos comprend bien vite une chose. Tu n’es pas une « sans-Alter » comme tous s’évertuent à le penser. Tu n’as rien de banal si ce n’est cette allure lambda et ces aptitudes douteuses en combat.

Personne n’aurait survécu au « tragique accident » qui a forcé l’absence éternelle de ta mère. Personne; sauf quelqu’un qui ne meurt pas; tout simplement.

Et cette idée se plante curieusement au sein de cet esprit. Qui tente de te tuer à plusieurs reprises sans que tu t’en rende compte ne serait-ce qu’une simple fois.

D’abord: ce poison tord-boyaux qui te rend fiévreuse à outrance; qui te fait hurler de supplice mais qui se dilue au fil des heures au travers des litres de sueur que tu as pu rendre. Puis; cette flèche vindicative, sortie de nulle part alors que tu chassais en solitaire; qui t’as pourfendu un poumon et qui t’as laissé agoniser pendant des heures, sans pour autant que ton souffle ne s’arrête.

Des tentatives qui ne s’arrêtent que le jour où le sourire en est convaincu; tu es immortelle; à ta manière, mais trop stupide pour investir ce don de manière optimale.

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2148 ( 28 ans )

Il n’y a plus une seule partie de ton corps qui n’a pas été blessé, entaillé, brûlé ou brisé. C’est ce qui arrive quand on est un pion armé qui obéit sans réfléchir aux ordres d’un roi tapi dans l’ombre et opportuniste. T’es cette chair à canon gratuite; facile, pas forcément efficace mais qui évite le pire aux jetons plus importants. Toi, ton unique rôle, c’est d’encaisser à la place des gradés; c’est d’ouvrir la voie au prix d’une balafre de plus.

Et dans ce chaos; fille d’apocalypse; tout ce que ta voix trouve à redire; c’est un simple

« Oh; ‘faut vraiment que je pense à adopter un Gouzi »

Un sourire; un filet de sang au coin des lèvres; et des rêves qui te font lever les yeux vers un soleil qui veut pourtant les brûler.