Une masse se lève, transpirant.
Soufflant bruyamment l’effort qu’il venait de faire. Laissant le temps s’échapper. Son esprit se vider complètement. Cherchant une forme d’apaisement vitale à ses émotions sombres. Alors que le jour peine à se lever, que la bête retourne dans ses quartiers quand le monde autour sommeille encore. Il se sent à l’aise.
I c i.
Il se sent à l’aise dans sa nouvelle faction. Qu’il savait proche de lui, plus proche qu’il n’aurait jamais pu l’être. Ici, il est capable de lever les yeux pour y voir une famille, mais il est conscient de son statut. Ne cherchant ni à s’échapper, ni à s’approcher. Le Dieu laisse les autres venir vers lui. Mué par une forme de curiosité.
Et s’il avait su que tu étais de ceux-là.
S’il avait su que ses yeux le trompaient.


Mais à cet instant précis alors qu’il tient la missive dans ses mains.
Relisant ces quelques mots que tu lui laisses, il soupire. Passe une main dans sa crinière châtain et se détourne. Il a dit qu’il venait, Domino. Alors il arrive. Il va venir pour voir qui a osé mentir. Il te connaît sans savoir qui tu es vraiment. Et cela lui retourne le cerveau alors qu’il cherche. Réfléchis en boucle. Ressassant des souvenirs aléatoires comme s’il pouvait donner du sens à ces mots. Ils n’en ont pas et il finit par abandonner.
Il va venir.
Il va trouver les réponses qui lui manquent.
Tu as dit qu’il te manquait. Comme si vous étiez proches. Si tu as dit que tu l’aimais bien. Comme si tu savais de qui tu parlais. Tu as écrit son prénom. Alors il est obligé de s’y pencher. Mais qui es-tu ? Il y songe alors qu’il se prépare, sortant de la douche pour enfiler ses fringues éternellement noires. Accrochant un couteau à sa ceinture simplement par précaution. Même s’il ne ressent pas le moindre danger. Pour une raison obscure tes premiers mots lui restent en tête.


Tu l’aimes bien.
Les mots le travaillent alors qu’il sort de son confort. S’avançant jusqu’à la frontière. Et il se souvient encore. Trapper. Il a beau refaire le tour de ses connaissances, de sa vie, il ne voit pas. Il ne comprend pas et fronce les sourcils à mesure qu’il arrive sur place. Tu le verras à sa posture qu’il est prêt à te frapper. Tu le verras à l’air qu’il a qu’il est prêt à te faire plier. Tu le verras à son aura qu’il est perplexe, sur ses gardes. Comme une mécanique de défense naturelle. Appuyé contre un arbre, les bras croisés, il observe les lieux. Attendant.

A quel point l’incompréhension prend ses traits.
Alors que soudainement ta voix brise le silence qui erre. Retournant le regard jaunâtre jusqu’à toi. Tu sais, tu peux le voir Domino, il s’attendait à bien des choses. Il était prêt à afficher ce regard qui t’aurais fait comprendre qu’il ne te connaissait pas, qu’il ne te reconnaissait pas. Qu’il était en colère également. Il était prêt, mais son air change à ta vue. Fronçant les sourcils, perdu. Ses yeux parcourent ce corps qu’il connaît. Combien de fois t’as-t-il déjà vu ? Il ne sait plus, mais il se souvient de t’avoir croisé si souvent. De t’avoir parlé également alors pourquoi. Qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi devrais-tu lui montrer qui tu es ?
Toutes ses questions passent.


“ C’est quoi ce bordel ?”

Parce que c’est bien la seule chose qui lui vient.
Que pourrait-il dire d’autre alors que rien ne lui semble cohérent. Qu’est-ce qui a changé depuis la dernière fois qu’il t’as vu ? Si ce n’est peut-être le nom qu’il connaît. Qu’il a entendu. Ou bien il ne s’en souvient pas ce qui ne serait pas étonnant. Mais son principal questionnement reste essentiellement qu’il se demande ; qu’est-ce qui a changé. Qu’est-ce qui a changé. Qu’est-ce qui…
Il ne cesse de retourner cela dans son esprit.
Et tu le vois, Domino.

Il ne comprend simplement pas.
Pourquoi lui demandes tu de venir à la frontière.
Pourquoi dis-tu que tu es trapper.
Alors qu’il sait.
Il sait que ce visage est vigilante.

“ … Explique-toi. Je t’écoute. ”

Sa voix s’étale dans une douceur maîtrisée.
Comme s’il cherchait à ne pas te faire fuir. A te mettre en confiance. Parce qu’il doit comprendre et il sait, il sait que cela peut demander des efforts. Il tente de prendre en compte tout ce que tu as dit, dans tes missives, dans ses souvenirs de toi. Il prend en compte le temps passé et le présent. Tu as dit que tu devais le voir. Tu as demandé si lui voulait vraiment te voir. Pourtant il te voit, il te connaît alors quoi. Rien ne lui semble cohérent, mais tu sais Domino, il n’est pas assez stupide pour ne pas y penser. Est-ce un alter. Soudainement et logiquement elle tombe dans son esprit. Ne disant rien alors qu’il plisse les yeux, t’observant plus en détails. Croisant à nouveau ses bras.
Si c’est le cas, qu’est-ce qui est vrai.
Qu’est-ce qui ne l’est pas.


Alors tu le vois serrer la mâchoire à mesure que les secondes passent. Il tente de se contenir alors qu’il serait capable de t’attraper avec trop de violence pour t’obliger à parler. Tant cela semble l’affecter. Si tu as menti, Domino. Ah. Mais il va devoir comprendre. Plus que sa colère, les réponses lui sont vitales. Et c’est un bien grand mot de dire qu’il l’est. En colère. Agacé semble plus correct à ce stade, car il est difficile d’enrager la bête.

Mais un mot de travers pourrait déclencher une guerre.

Dévoile-moi ton être.
Comme seule vérité.
Offre-moi tes mots.
Comme seul absolu.

Les mains se serrent sur la peau. Gravant presque le bout de tes ongles dans cette dernière. L’air ambiant semble se mouvoir jusqu’à devenir un jeu pour lui. Mais une tension particulière forte pour toi. Alors que ton regard se faufile toujours sur les traits qui se dessinent. Affichant cet air qui se voudrait tenu, mais qui se détériore naturellement dans les secondes qui passent. Laissant ce corps que tu connais de vu s’approcher lentement. Un peu plus. Encore jusqu’à te frôler. Cette main qui se promène et cette voix qui s’enlise semblent créer une distance presque évidente à présent. Tu ne sais pas qui c’est et cela te dérange. Il y a ici un mensonge qui ronge et Tyr, tu détestes cela. Le mensonge.
La t r a h i s o n.
Renforçant instinctivement les sourcils. Prêt à user de violence si cela est nécessaire, mais ce que Domino a le plus à perdre, c’est toi. Ton intérêt. Ton affection. Ce qu’iel a de plus à perdre, c’est ta présence. Si iel ne prend pas garde, c’est terminé.


“ Je suis là parce que tu voulais me voir. Tu voulais me dire quelque chose, voilà pourquoi je suis venu. J’imagine que l’on peut dire que je suis intéressé, sinon je t’aurais ignoré. Alors je t’écoute maintenant, arrêtons de tourner autour du pot, j’ai autre chose à foutre actuellement. Si c’est une blague, j’imagine que je devrais rire, mais pour le moment, j’ai plus envie de me barrer. ”

Tu perds patience.
Malgré les années à bouffer le sol et le temps qui s’est avéré être des éternités. Encore et encore. Tout à chacun aurait pu croire que cela aurait fait naître une patience à toute épreuve. Et s’il t’est aisé de garder ton calme, ce genre de situation te fait rapidement tourner les talons. Tout simplement parce que tu n’as pas le temps de jouer, ni même de fouiner dans des secrets. Tu étais ici, prêt et déterminé à écouter jusqu’au bout, peu importe la vérité à entendre. Tu étais prêt à faire un effort, mais tes efforts sont limités. Puisqu’il n’est pas difficile de se passer des gens qui nous ont trahis.
Toi plus que les autres.

“ Si tu ne veux pas m’en parler, nous n’avons rien à nous dire. Ne compte pas sur moi pour te supplier, je n’ai pas assez de curiosité pour en arriver là et surtout une flemme importante. ”

Que tu laisses entendre dans un murmure.
Alors que tu te penches sur lui. Que ton regard accroche le sien. On y voit la froideur et finalement le détachement. Parce que s’il s’agit d’un alter, personne ne peut affirmer qu’il s’agit bien du vigilante que tu connais. Si ce n’est pas lui, tu pourras toujours t’en assurer en rentrant. T’excuser si jamais cela devait s’avérer nécessaire, mais étrangement, tu en doutes à mesure que les secondes passent.
Simplement parce qu’il te semble différent.


Alors que tu recules d’un pas.

Tout vibre à l’intérieur de toi alors que l’impatience gagne petit à petit la moindre parcelle. Rongeant jusqu’au tréfond de tes tripes tant le temps semble long. En réalité, il y a une part de mensonge au travers de tes mots. Si, tu étais curieux, Tyr. Curieux de rencontrer cette personne qui voulait se dévoiler à toi. Qui te connaissait et te demandait silencieusement de l’accepter, de l’aimer aussi quelque part. Elle te semblait presque enfantine et frêle dans ses aveux et tu voulais savoir qui elle était. Avide de donner du sens à ses messages, à ses mots, mais cette personne se joue de la bête et la bête perd la raison. Prête à faire demi tour pour retourner sur son territoire, pour oublier ce qui vient d’arriver, pour retourner chasser.
Elle est prête à t'ignorer, oui.
Jusqu’à voir son regard.
Ce regard qu’il pose sur toi et que tu peines à déchiffrer pour commencer. Qu’est-ce que c’est cette sensation à la vue de cet air meurtri ? De ses dents plantées si profondément dans la chair à s’en blesser ? Tu as envie de tendre la main, Tyr, pour lui faire lâcher la douleur à laquelle il s’accroche.
A laquelle e l l e s’accroche.


Un instant le silence erre alors que sa voix s’élève, fébrile. Alors qu’elle est tiraillée et blessée, que tu vois à son regard qu’elle craint que tu ne fasses encore un pas. Pour t’éloigner, reculer et sortir de sa vie quand bien même tu ne sais même pas depuis quand tu es entrée dans son monde. Depuis quand elle a posé les yeux sur toi. Depuis quand ton propre regard à rencontré le sien. Maintenant qu’elle se tient là, les questions affluent, laissant la trahison se taire petit à petit pour laisser place au calme. Tu lui laisses la chance de t’expliquer comme récompense à ses efforts parce qu’au fond tu n’es pas dupe, Tyr. Un alter comme le sien…
Finalement la bête tend la main jusqu’à frôler la femme aux mensonges.
Habité par un regard entre la méfiance et l’intérêt. Parce que tu veux savoir, encore. Tu as besoin de réponses. “ Enchanté Domino. Je vais te poser un tas de questions à présent, si cela ne te convient pas, je te laisse m’en poser en retour, d’accord ?” tu lui offres la liberté de s’insinuer également pour t’ouvrir la voie plus aisément. Et finalement, tu te trouves plus fourbe que tu ne le croyais. “ Depuis quand est-ce que tu es près de moi ? Depuis quand nous nous connaissons ?” doucement pour entrer en matière alors que ta main glisse sur sa joue, presque tendrement. Ton pouce rejoignant ses dents sur sa lèvre pour la forcer à relâcher la pression. “ Arrête de te blesser, je te laisse une chance de m’expliquer, en contrepartie j’accepte de passer outre la trahison. ”

Ses mots résonnent et viennent frôler la solitude de la bête. Celle qui a maintenu son cœur meurtri en vie. Qui a fait battre sa respiration assez longtemps pour que tu puisses te relever. Ses mots viennent entrer en résonance avec des vieux souvenirs qui ne seront jamais oubliés. Jamais effacés tant ils sont accrochés à chacun de tes pas. A chaque fois que tu fermes les yeux, tu te souviens de ces instants. De silence et d’abandon. Tu sais aussi bien que trop de gens ce que c’est. De tendre une main que l’on attrape jamais. Que la personne finit par ignorer consciemment ou seulement par le destin. Ne pars pas. Ses mots te rentrent dedans avec tant de violence que tu fermes les yeux. Soupirant longuement en passant une main dans ta crinière sombre. Et la colère se terre.
Sans le vouloir.
Elle t’apaise en un claquement de secondes. Seulement parce que tu le vois, Tyr, la sincérité au fond de son regard bicolore. Elle te le demande comme dans un supplice. Elle te le demande comme dans un désespoir et bordel. Bordel que ça te touche plus qu’une inconnue ne le devrait. Parce qu’elle caresse des espoirs vains qui ont fini par mourir et qui resurgissent avec acharnement à présent.


Tu te souviens si clairement de tout cela et tu te croyais fort. Oh oui, tu te croyais assez fort pour que l’on ne puisse jamais t’atteindre, mais tu ne peux le nier. Que la façade s’écaille si aisément avec quelques souvenirs. Laissant pourtant le regard impassible se poser sur elle. Tant que c’est invisible, ils ne peuvent pas te mettre à terre. Ce n’est rien, rien que tu ne puisses pas gérer. Alors tu inspires longuement.
Oubliant.
Laissant un léger sourire peindre tes traits en revoyant sa réaction alors que ton pouce reste encore humide et qu’elle se tient dans tes bras. Encore une fois, elle cherche ton contact comme une adulte en manque d’amour, désespérée ou bien un enfant égaré… Relevant les yeux au ciel, cherchant à mettre de l’ordre dans la situation, mais tu le sais au fond de toi. Elle est étrange. “ Donc tu ne sais plus… Est-ce que tu as toujours eu le visage que t’avais avant de prendre ta vraie forme ou est-ce que je t’ai déjà vu sous une autre forme encore ?” une question légitime alors que tu cherches à savoir.


“ Combien d’apparences est-ce que tu peux avoir au juste ? Que je puisse me faire une idée de ce que toi et moi avons déjà partagés parce que c’est important pour moi. ” savoir à quel point vous êtes proches. Il n’y a rien de plus important à tes yeux, Tyr, que l’affection. La famille. La loyauté. La fidélité et la franchise, mais tu es prêt à passer outre le faux pas de la franchise pour sa fidélité. Celle que tu sais assez haute pour qu’elle se soit dévoilée.
“ Pourquoi est-ce que tu es venue vers moi ? ”
Alors que tu sais au fond que sa présence chez vous et son alter ne peut signifier qu’une seule chose et tu sais bien que tu devrais lui planter une lame profondément dans le coeur. Pour avoir osé mettre les pieds sur votre territoire, mais tu ne le feras pas.