Le temps file et passe,
Déjà deux ans depuis la mort de ta bien aimée.
Les émotions et sentiments se sont estompés, ne laissant qu’une rage immense et intense envers un nemesis dont tu te rappelles le sourire lors de l’acte.
Les Wild, depuis, sont devenus ta véritable famille.
Cependant, une part de toi ne comprend toujours pas comment les Legendary ont pu être autrefois, cette famille aussi.
Tu sembles changer d’avis comme de chemise, et pourtant, tu ne choisis et ne suis que ton instinct, tes convictions, mais aussi ton coeur.

Coeur emmuré maintenant,
Mais bien présent et battant fort dans ta poitrine.

Les jours de pluie comme ceux-ci, te restent en mémoire, car tu aimes profiter de cette douce accalmie sur le chemin du ralliement.
Comme si tu attendais d’être appelé pour les prochains Hunting Sports, tu étais presque nostalgique à l’idée de remettre les pieds dans cet endroit.

Tu n’avais pas participé aux précédents, et en réalité, ton poste de soldat protecteur t’allait parfaitement.
Tu évitais cette zone de cauchemar qui te rappelait sans cesse ce que tu avais perdu, et ce que tu avais gagné comme haine.

Cependant aujourd’hui, avec la pluie marquant tes pas sur le sol, tes vêtements trempés et tes cheveux collant ton visage, tu avais trouvé le lieu très cathartique et une certaine envie de balayer, enfin, le passé, s’offrait à toi comme une rédemption.

Tu aurais aimé pouvoir purger seul cet instant, mais une silhouette froissant ta vision. Tes sourcils se froncent, alors que tes pas s’avancent. Ici, zone neutre. Aucun alter, aucune action d’attaque. Quand bien même, l’idée de croiser un ennemi potentiel, ne te plaisait guère. Tu étais là pour purger un silence et des peines passées, pas pour te confronter à quiconque, et pourtant...

“Toi là. Tu fais quoi, ici?”

Comme si l’endroit t’appartenait pour la journée.

Son attitude fière te fait tressaillir le regard,
Juste légèrement, suffisamment pour qu’un jugement imperceptible se glisse dans ton esprit. Cet homme t’apportera des problèmes. Son attitude, sa façon de parler, tu le sens dans tes tripes.

Un changement.

Ses paroles, elles, te marquent un peu. Te perturbent, sinon.
Tu n’es pas habitué à voir de la compassion chez les êtres de ce monde. Trop occupés à s’entre-tuer, ou se bourrer la gueule, si ce n’est les deux en même temps ; voilà trop longtemps que ton esprit côtoie les Wilds et pourtant, tu y trouves un certain apaisement. Ils sont peut-être vifs, mais entiers. C’est ce qui te plait chez eux.

C’est ce qui te plaisait chez elle.

Ton regard dévie vers les fleurs ratatiner.
Au moins, il n’avait pas un alter en rapport avec la flore, à moins que cet endroit l’annule simplement, car l’état de ces pauvres fleurs était pire que le reste.

“Je cherche la paix, mais elle semble avoir déviée de mon chemin pour quelques temps.”

Tu faisais allusion à leur rencontre, étant incapable toi-même de prier, ou bien de te concentrer sur ta propre personne, avec un ennemi à tes cotés. Ennemi, tu supposais, cherchant la moindre marque de son appartenance à qui que ce soit. Pour ta part, ton brassard était présent, à n’en pas douter. Même si la pluie rendait les lieux sombres.

Tu sembles avoir envie d’en savoir plus, bien que la curiosité n’est pas ton fort. Alors le silence se pèse.

“Pourquoi un si grand intérêt pour les morts ? Ils ne reviendront pas.”

Autant avancer, non ?

Pessimiste.
C’est vrai.
Tu l’étais, en grande partie.
Tu n’étais pas de ceux qui portent l’espoir à pleines mains.
Tu n’étais pas non plus de ceux qui s’accrochent à des souvenirs.
Du moins, tu essayais de ne plus être cet homme.

Tu le vois s’approcher, et tu ne recules pas.
Tu ignores la qualité de son alter, mais tu sais que le tien effraye plus d’un s’il venait à se déclencher, cela te suffit donc pour ne pas avoir peur. Là où on s’attend a de la magie, du feu qui brule, ou encore des éclairs qui tombent du ciel, il est fort probable qu’un ours de trois mètres ne soit pas dans l’imaginaire de tous.

“Et... A qui penses-tu?”

Tu plisses les yeux.
Tu essayes de comprendre de quels morts il parle, peut-être juste ceux de sa faction, sans attaches particulières.

Deux questions qui se ressemblent plus ou moins, en chien de faïence, chacun souhaitant connaître les raisons de l’autre qui l’amène en cet endroit. Tu te racles la gorge et observe la pluie tomber, sans t’abriter plus que ta capuche ne te le permette.

“Une perte que je ne pourrais remplacer.”

Tu ne comptais pas la remplacer un jour, chaque personne était unique.
Tu ne comptais juste pas vivre sur sa mort comme un amour perdu à jamais.
Tu te savais capable d’aimer à nouveau, et tu ne bloquerais pas un chemin vers cette voie. Cependant, tu puisais ta force et ta rage dans ta perte, encore récente soit-elle dans ton esprit. Ton coeur lui, avait déjà endeuillé cette perte et s’était remit à battre parfois. Ephémérement, sans pour autant que ton esprit te ramène à elle.

Elle méritait cependant, que tu t’y attardes de temps en temps.

Ta vie aurait été bien différente sinon.

Tu n’es pas celui qui regarde droit dans les yeux dans les confessions, pourtant, ton regard cherche le sien. Comme pour déterminer s’il pourrait te nuire d’une manière ou d’une autre. Comprendre l’essence qui l’habitait.

Bien qu’il soit d’une faction ennemie, et qu’il faudrait que tu t’en méfies, de toute évidence.

Ses paroles te touchent. Tu serres la machoire un peu plus, et détournes le regard. Passant une main pour retirer ta capuche et l’observer à nouveau, tes pupilles orangées luisants dans la brume présente.

“...”


Tu n’étais pas capable de lui rendre les voeux qu’il venait de te faire. Tu n’étais pas autant altruiste, surtout envers un étranger à tes yeux. Pourtant, tu le considères. Ne rejettes pas ses paroles.

Tu te tournes vers lui pour lui faire face. Tu te demandes s’il est aussi meurtri que toi. S’il a connu quelque chose qui fait vibrer son coeur, pour ensuite, le voir réduit à l’état de mort cardiaque.

Tu redresses lègerement le menton, mais alors que tu t’apprétais à parler, on t’interpelle au loin.

“Bjorn ! C’toi? J’te cherchais!”

Tu ne retiens pas un grognement et ton visage s’assombrit.
Tu tournes la tête vers un Wild qui semble amusé de te voir ici, et qui fronce les sourcils en voyant l’homme à tes cotés.

“C’quoi ça ? Tu veux t’amuser ? On peut s’amuser s’tu veux.”

Il sort alors une lame et la fait tournoyer entre ses doigts.
Ton sang s’échauffe.

“Non. Ce n’est pas le moment.”

Ton ton est dur.
Le Wild ricane.

“Tu comptes trahir encore une fois ta faction de substitution?”

Ton sang boue.
Tu te te tournes pour faire face au Wild que tu surplombes de quelques bon centimètres.

“Ne m’échauffe pas.”
“Sinon quoi ? Tu vas me faire mal ? On sait tout les deux que ça voudrait dire tchao, et t’es déjà de trop.”

Après vous êtes regardés un moment, il finit par céder face à ton regard et ricaner en partant.
Te laissant là, plus tendu que jamais.
Tu restes silencieux.

Non pas par honte,
Mais pour calmer la bête qui gronde en toi et menace de sortir.

Tu n’étais pas d’accord.
Un duel, vraiment ?
Il risquait de mourir, encore plus, de créer des problèmes.

Tu vois le regard vide de mort dans celui de ton collègue.
Tu serres la machoire.
Il fallait vraiment que tu fasses le père raisonnable qui empêche deux jeunes de s’étriper ?
Toi qui peinait déjà à ne pas te transformer.

La main sur ton épaule t’offre une décharge suffisante pour calmer l’instinct d’ours en toi, mais pas assez pour calmer tes élans de protecteur et encore moins pour regarder deux hommes s’entretuer.

Comme si le Trapper avait lancé une quelconque démarche en te touchant, tu suis la continuité de son mouvement pour te pencher soudainement et attraper l’homme sur ton épaule, sans plus de sommation.

“Hors de question qu’un duel ait lieu, ici ou ailleurs.”

Tu t’éloignes alors un peu plus loin.
Pourquoi l’avais-tu soulever ? Tout simplement par précaution.
Tu ne savais pas quel était son alter, ni celui du Wild en question, mais à moins que l’un ou l’autre ne souhaite t’impliquer dans ce combat stupide, ils allaient devoir se dire au revoir comme de grands garçons.

Quelques mètres plus loin, une fois le “danger” éloigné, tu le reposes au sol, et plantes ton regard sur lui.

“Comment t’appelles-tu?”

Il était peut-être temps de faire les présentations, après avoir été trimballer comme une plume qui ne pesait rien.

Tu te doutais qu’il serait surprit d’être soulevé ainsi. Tu ne pouvais cependant pas faire autrement, vu la situation. Après tout, ils allaient se battre comme des chiffonniers pour une raison idiote, en partie ta faute, c’était non négociable.

Puis, à choisir, tu préférais soulever celui qui t’avais montré plus de respect dans la dernière heure que ceux de ta faction qui te méprisait une fois sur deux.

“Bjorn.”

Tu fronces alors les sourcils à sa question.

“Je ne suis pas pacifiste.”

Tu fais couler le sang quand il est nécessaire. Pour les ennemis aussi, et surtout pour les Legendary, en l’occurrence. Tu soupires alors doucement.

“Je ne voulais pas de combat inutile, la raison était stupide.”

Selon ton point de vue. Tu observes alors les lieux.

“Ne me remercies pas, j’ai pas besoin de remerciements. Ni d’autre chose d’ailleurs.”

Tu te refermes un peu. Après tout, tu es sceptique sur la raison de pourquoi tu venais de lui sauver les miches, en quelque sorte. Tu ne comprenais pas toi-même non plus. Peut-être que la bonté venant d’un être, depuis longtemps méprisé et ignoré ces dernières années, t’avais peut-être affecté plus que tu le pensais. Tu racles ta gorge et le regarde avec ton regard brillant tel de l’ambre.

“Tu n’as réellement aucune chance de perdre?”

Tu hausses légèrement les sourcils. Son assurance t’étonne un peu, tu l’avoues.

Tu ne sais pas si les conséquences reviendront vers toi.
Tu les prendrais, de toute façon.
Tu n’étais pas de ceux qui fuit devant l’adversité, mais bien qui la prenait à pleine patte pour lui répondre.
L’Ours en toi sommeillait jamais trop longtemps.

Tu restes planté dans son regard quelques longues secondes.
Il semble quelqu’un de réfléchit, et d’intelligent.
Tu ne te sens pas à la hauteur de sa conversation, et ça te pousse à le mépriser légèrement.
Pourtant, une autre sensation vient en toi en le regardant.
Son sourire, sa grace, son rire.
Ca te pique quelque part.
Il est ... charmant.
C’était le mot qui lui convenait le plus.
Tu n’avais cependant jamais trouvé un homme charmant, avant aujourd’hui.

“Ravis d’apprendre qu’t’es pas en béton.”

Tu esquisses un sourire amical, et amusé.
C’était une belle façon de pensée.
Stupide, selon toi, mais jolie.
Après tout, vous ne pouvez pas être d’accord sur tout.
C’est ce qui faisait le charme d’un débat ou d’une conversation.
Car les seules conversations que les gens tiennent lorsqu’ils sont d’accord, sont généralement pour cracher sur le dos des autres ennemis communs, et ce n’était pas ton truc.

Tu baisses alors le regard vers la main qui te touche, et tes sourcils se froncent en réflexe sans que tu ne l’enlèves pour autant. Tu écoutes, avec une patience étrange, ce qu’il souhaite te dire et t’expliquer.

Peut-être était-il entrain d’user d’un alter sur toi.
Tu ne te méfierais pas, cependant.
Tu semblais étrangement en paix avec l’idée que tu ne craignais rien, en cet instant.

“Voilà des paroles bien sages...”

Comment pouvait-il être aussi satisfait et dire toujours autant de mots justes pour te toucher ? Tu étais troublé, mais l’avouer serait un pied de plus dans un inconnu que tu n’étais pas prêt à affronter. Tu te contentais de redresser ton corps, sans pour autant te rapprocher de lui. Bien que l’étrange envie était présente.

“Un ami, hm?”

L’idée est vague, et sympathique.
Tu ne comptais pas beaucoup d’amis, en avoir un de plus ne serait pas de refus, qu’importe la faction.

“J’accepte d’recevoir de tes nouvelles.”

Une promesse de réponses de ta part.
Tu le regardes alors de longues secondes à nouveau, avant de commencer à t’éloigner.
Le temps filait, et tu devais rentrer.
Tu lui écriras, et qui sait, peut-être que le temps vous réunira.

Les guerres rapprochent autant qu’elles éloignent.