Tu étais en train de courir. Comme si ta vie en dépendait, et pourtant, ce n’était pas la tienne qui était en jeu. Serrant dans tes bras frêles, tu avais deux Gouzis mal en point. Ils avaient été blessés par une créature plus grosse qu’eux... Qui te poursuivait actuellement dans la forêt.

Ton souffle se faisait court, alors que tes propres invocations s’envolaient ou courraient à tes cotés pour sauver aussi leur vie. Pickles était dans ton sac à dos, il ne craignait rien.

Tes jambes étaient éraflées par la nature environnante, et tu te perdais à toute allure entre les branchages.
Les larmes bordaient tes yeux alors que tu fonçais tête baissée sans te soucier du danger qui pourrait s’avancer un peu plus que tu t’enfonçais dans cette forêt.
Tu ne pouvais pas laisser des animaux aussi mignons et sans défenses se faire dévorer ainsi, aussi rude la nature soit-elle.

Lorsque tu aperçus alors un tronc creux assez grand pour que tu t’y glisses, tu n’hésitas pas alors que ton petit corps se blottit dedans, retenant ton souffle.
Les Gouzis semblaient comprendre l’alerte car eux aussi, étaient silencieux.

Tes familiers s’étaient éloignés, mais ne restaient pas loin, tapis dans l’ombre. L’un d’eux se fit attraper et son cri de douleur t’arracha une larme sur la joue.

Tu fermais fort les yeux, priant mentalement l’IA ou n’importe qui de venir te sortir de là, même ton frère... Tu ne voulais pas mourir, mais surtout, tu ne voulais pas mettre en danger ces animaux.

Tu frémis et trembles.
Tu entends des bruissements.
Quelque chose n’est pas loin.
Et soudain... Des paroles. Prononcées.
Tu n’es pas stupide, tu n’es pas sur ton territoire. Tu le sais. Tu vas te faire tuer, et ce ne sera pas par un monstre.

Sauf s’il prend la forme d’un homme.
Ton regard se redresse quand il ouvre ta cachette. Les Gouzis couinent entre tes bras, alors que ton regard encore humide croise le sien.

Tes battements de coeur s’accélèrent d’appréhension. Tu déglutis, inquiète, légère.

“... Je ne sais pas.”

Une voix douce, fluette. Ton regard se baisse sur les petits êtres entre tes mains, avant de remonter vers la main tendue. Tu inspires grandement. Serait-ce un piège ? Un prince est-il réellement venu te sauver de ces bois sauvages ? IA a-t-elle entendue ton appel silencieux ? L’une de tes mains se libère pour se glisser dans la sienne avec douceur, s’y appuyant doucement alors pour te redresser.

Tes pieds avaient perdus leurs chausses, et tu étais pieds nus. Te voyant à nouveau, deux petits colibris, des familiers, viennent autour de vous en virevoltant, suivit de près d’un lapin. Pickles s’agite dans ton sac, mais tu ne peux décidément pas le faire sortir ici, tu pourrais le perdre.

Tu restes alors quelques secondes ainsi à regarder l’homme ténébreux. Le temps s’arrête légèrement, car tu ne sais quoi dire dans ce silence. Une question s’ancre pourtant dans ton esprit...

“Allez-vous me tuer ?”

Son rire te rassure, autant que ses paroles.
Pourtant, tu ne peux pas t'empecher de te demander si la mort était venue frapper à ta porte lorsqu'il te soulève du sol.

Tu restes silencieuse, l'observant alors qu'un réflexe de tes mains accrochant sa nuque pour ne pas tomber. Tu étais légère et il semblait si fort, que tu pourrais te perdre contre lui. Tu savais que les temps n'étaient pas opportun à la rencontre, à la balade en territoire ennemi mais... Ton regard se posa sur les gouzi que tu avais contre ton ventre.

Tu inspires, et incapable de mentir, expose la vérité d'une voix douce.

"Je suis venue en aide à ces gouzis."

Honteuse ? Non. Tu pourrais troquer ta vie contre une créature de la nature qui avait besoin d'aide. Pickles s'agitait et finit par sortir la tête de ton sac.

"Oui... Ils sont avec moi."

Malgré eux.
Créés par ennui ou bien par envie, tu façonnais la vie de ces petits familiers de tes doigts. Malheureusement, les perdre te rendait toujours triste, même pour des créatures qui n'avaient peut être pas la même âme que de véritables animaux. Ils n'étaient d'ailleurs même pas comestibles.

Tu poses alors sur le sol les gouzis lorsque tu en as l'occasion, descendant de la monture imposée, maintenant en sûreté sans l'animal qui rôde. Tu frisonnes sous le contact du sol sous tes pieds nus. Tu tournes les talons pour regarder la monture en question. Défaut professionnel ou tu vérifies comment elle va.

"A-t-elle un nom?"

Tu étais peut être la seule à donner des noms aux chevaux dont tu t'occupais. Après tout, l'attachement que tu avais pour ces créatures étaient sans limites, mais pour les êtres humains, encore plus.

Puis, tu rosis légèrement en te rendant compte que tu n'as pas remercié ton sauveur, et que tu as en plus de ça préféré connaître le nom de sa monture que le sien. Une mèche que tu places derrière tes cheveux et un regard fuyant.

"Merci... Je suis une Vigilante, et je m'appelle Calypso."

Tu redresses le regard vers lui et sa carrure. Il semblait plus vieux que toi, au moins une dizaine d'années à vu d'oeil. Tu t'étais toujours sentie en sécurité avec les hommes plus âgés. Tu repenses à Aconit ou Shadow, eux aussi plus âgés que toi dans ta faction. Oui, définitivement, tu préférais la compagnie des hommes plus mûr parfois.

"Et vous...?"

Tu le regardes de tes yeux gris avant de vouloir le rassurer. Après tout, tu n'avais rien à faire ici.

"Je suis désolée, je ne causerais pas de problèmes. Je peux retourner chez moi si vous le souhaitez."

Loin d'elle l'idée de créer de la tension avant le début des alliances et de la grande guerre à venir.

Le prénom de son cheval était parfait. Tu n’avais aucun doute sur celui-ci, par ailleurs. Tu souriais doucement en l’entendant, te répétant mentalement ce nom, admirative que quelqu’un d’autre que toi accorde de l’importance à ce genre de choses. Tu perds soudainement ton sourire à l’annonce de sa question qui n’en était pas réellement une, honteuse et rougissante. Il est vrai que tu avais négligé ton sauveur en t’interessant d’abord à son cheval, et tu ne savais pas s’il était sérieux ou non lorsqu’il te réprimandait - ce qui te valut d’être gênée et balbutier un début d’excuses.

“Je-Je suis désolée!”

Tu étais effectivement mal à l’aise de sa remarque, comme une jeune femme qu’un homme plus âge remet en cause sur sa façon de se conduire, paternaliste. Ce qui te faisait rougir en continuité. Lorsque son nom tomba, tu crues d’abord qu’il se moquait de toi. Puis, lorsqu’aucun rire ou aucune blague ne sortit ensuite, tu conclues qu’il s’agissait réellement de son nom.

Heaven. Ton sauveur portait le nom du paradis. C’était légitime que tu te poses des questions sur ta mort récente, pour le coup. Tu restais quelques secondes interdite et le regard dans le vide, le laissant te porter jusqu’au premier rocher sommaire qu’il trouva.

“Je me suis égarée seule. Je suis souvent en recherche d’animaux à aider. Je suis... agent véterinaire.”

Tu souris légèrement devant cette révelation. Tu aimais les animaux, et ils te le rendaient bien. Normalement.

“Merci, mais ne... t’embêtes pas. Je peux retrouver mon chemin, peut-être. Maintenant que je ne crains rien grâce à toi.”

Tu observais autour de toi. En réalité, tu n’avais aucune idée d’où tu te trouvais. Il pourrait très bien te kidnapper et vous faire vivre dans une cabane en bois pour le restant de tes jours, que tu ne pourrais jamais t’enfuir... Et qui voudrait s’enfuir de cette carrure et ce regard si prévenant, en fin de compte ? Ton regard se pose à nouveau sur lui. Tu regardes sa main avec attention et y glisses délicatement tes doigts. Tu te redresses alors, non pas pour céder à ses bras à nouveau, mais pour simplement le dépasser doucement pour avancer tes pieds dans le point d’eau. Tu relâches alors sa main pour redresser tes cheveux avec délicatesse, et les installer en queue de cheval négligée. Tu plies ensuite tes genoux pour venir récupérer de l’eau avec tes mains. Tu étais une débrouillarde, non ? Il fallait le montrer un petit peu... Même si c’était maladroit. Tu finis par te redresser et observer le court d’eau, et la pointe d’eau en elle-même. Assez grande pour...

“... Puis-je me laver avant de rentrer ?”

Tu tournes le regard en le regardant. Ta tenue était salie, et tes pieds ainsi que tes jambes étaient abimées. Tu ne voulais pas rentrer ainsi, tu te sentais réellement sale et peu à ton aise. Les températures n’étaient pas non plus trop froides, tu l’espérais. En tout cas, cela serait surement rapide, non? Ton chat, lui, s’étant sauvé, te regardait avec un air blasé depuis les buissons.

Il semblait déçu de ton attitude.
Cela te peinait un peu, mais tu ne le montrais guère.
Tu ne voulais pas paraître plus princière que tu l’étais déjà sous ses actes et paroles.
Tu hoches alors la tête, douce et compréhensive, remerciant en silence du tissu donné.

Tu te laves ce que tu veux lavé, des morceaux salis de tes propres vêtements, à tes pieds nus, en passant par le reste de ton corps rapidement.
Froide, l’eau.
Chaud, ton coeur qui palpite d’être si proche d’un homme si peu vêtue par moment.
Tu t’empresses cependant de te rhabiller, pas plus de cinq ou six minutes écoulées.
Tu ne voudrais pas faire perdre du temps à ton chevalier.

Pickles, lui, renifle la main tendue. Ronronne doucement contre ce sauveur.
Il semble reconnaissant.
Reconnaissant de l’attention donné, reconnaitre aussi un coeur blessé.
Il lèche le bout des doigts accordés, et miaule pour signaler la présence de l’affection, peu, pas assez pour que tu l’entendes.

Toi, tu restes concentrée à cacher ta nudité, joues rougissantes alors que de la capte, tu viens finir de comparaître dans une tenue respectable.
Tu inspires alors, raclant doucement ta gorge.

“Heaven...”

Un nom murmuré avec une douceur présente.

“Je suis prête.”

Tu souris alors, voyant ton chat revenir vers toi en dépassant l’homme.
Se sentant plus qu’apaisé en sa présence, ce qui te donne une confiance supplémentaire.
Pickles aime les gens avec un coeur, et tu as une confiance aveugle en l’instinct de ton chat.
Tu le prends alors dans tes bras et t’avances vers le géant qui semble de glace, bien trop souvent.
Tu t’avances encore, et s’il se redresse ce sera sur la pointe des pieds que tu continueras.
S’il reste baissé, ce sera à toi de te baisser pour continuer ton action.
Action qui est simplement de venir lui offrir un baiser chaste sur la joue, accompagné d’un sourire et d’un regard d’une bienveillance à toutes les épreuves de cette vie maussade et violente.

“Je ne savais pas comment te remercier, alors.. Merci.”