Cinq lunes sont passées, et le jeu des alliances a décidé du visage de la bataille à venir.

Legendarys et Vigilantes contre Trappers et Wilds. Personnellement, Throne aurait vu une autre répartition des forces. Mais Throne n'est pas seul décisionnaire, bien loin de là. Il n'est Major que depuis très récemment, finalement, trop récemment pour avoir eu le temps de totalement prendre ses marques. Il n'est plus seulement caporale, plus seulement Tacticien. Aujourd'hui, il est le visage des forces militaires des Vigilantes. Alors il doit montrer l'exemple...

C'est pour ça que lorsqu'il prend des décisions comme celle de ce soir, il se fait discret.
Il y a cinq lunes de ça, il a discuté avec Mist, Colonel Wild. Il a discuté, et il a décidé de... Tendre une main. Pas en tant que Major, mais en tant qu'Arcosien. En tant que Throne. En tant qu'homme qui doute et qui se méfie, en tant qu'homme qui couve depuis maintenant longtemps le feu de la rébellion. Calme, contrôlé, caché, mais bien présent. Assez présent pour qu'il décide d'agir... Qu'il décide de faire confiance là où il ne le ferait pas, habituellement. Est-ce qu'il le regrettera ? Peut-être. C'est aussi pour ça qu'il reste prudent. Qu'il invite sur son territoire, plutôt que de s'aventurer sur celui de l'autre. Dans le pire des scénarios, si tout ça n'était qu'un piège, si ça tourne mal... Il sera à domicile.

Tout autour de lui, la forêt sanglante. La lune fait danser le rouge de la flore et l'obscur des Ténèbres nocturnes au gré d'un jeu d'ombres qui rend la vision difficile. Au milieu de cet environnement, il est adossé à un arbre, une tenue moins grandiloquente que son habituel habit de service. Le rouge lui colle toujours à la peau, mais il est plus foncé, et il se résume à une grande cape qui entoure sa forme à l'intégral. Entre les plis de la cape, l'on devine une tenue noire, des bottes de la même couleur. Ses mains sont gantées, et sa lame dissimulée

C'est ici qu'il lui a donné rendez-vous, mais elle ne connaît pas l'endroit. Lui, oui. Alors bien assez tôt, il commence à bouger, pour la trouver. Identifier sa silhouette entre les formes, l'entendre entre les bruits de la nuit. Naturellement, il finit par la découvrir non loin du côté de la forêt qui fait face aux frontières Wilds.

"Tu es venue." Trois simples mots, alors qu'il se découvre, et lui adresse un signe de tête." « Terrain d'entente presque impossible », tu disais, oui?"

Un sourire sur ses traits, alors qu'il répète les mots. Les mots qu'elle a choisi, quand elle a parlé d'une potentielle alliance Wilds-Trappers. Et pourtant...
Et pourtant, les y voici aujourd'hui.

Il n'a pas choisi le lieux au hasard.

Dans la forêt, une tranquillité mensongère. S'il y a peu de chances de croiser le chemin des hommes à cette heure-ci, c'en est une autre histoire concernant les bêtes sauvages. Aussi, la forêt sanglante est du côté opposé à la frontière que les Vigilantes partagent avec les Wilds. Pourquoi ce lieu, alors ? Un test. Un début de réponse.

De toute évidence, la Colonel est confiante quant à sa capacité à s'infiltrer. C'est ce que leur dernière rencontre lui a dit. Mais il a voulu mettre ça à l'épreuve. Si elle se figure des rôles de rebelle qui combat l'oeil qui voit tout, elle doit pouvoir être discrète, être inventive pour contourner les regards. Les règles. Les obstacles. Donc oui. Essentiellement...

Il a choisi le chemin le plus difficile pour voir ce qu'elle vaut.

"Je suis curieux aussi." Il le dit dans l'ombre d'un sourire. Une alliance Wild et Trappers... Un nouveau défi à relever. Il va devoir aborder ce conflit différemment des précédents. Les esprits derrière les hommes sur le terrain ne seront pas les mêmes. Ou plutôt, leur collaboration ne sera pas la même. De nouveaux paramètres, de nouvelles possibilités. Combinaisons. Il espère simplement pour eux qu'ils ne seront pas complaisants, qu'ils ne trouveront pas leur confort dans les clichés guerriers qui collent à la peau des Legendarys et des Vigilantes.
Ils pourraient être surpris.

"Mais nous ne sommes pas là pour parler de ça, ce soir. Pour être précis, nous ne sommes pas là pour parler de ça à quelque moment que ce soit." Une pause, un regard plus sérieux. "Je ne veux pas attendre parler des Wilds, et je ne parlerais pas des Vigilantes. Rien concernant les prochains jeux ne sera abordé. Je ne rapporterais rien, tu ne rapportera rien."

Il définis ses conditions, avant de définir son offre. Qu'elle sache à quoi s'en tenir. Faire les choses dans le mauvais ordre ? Peut-être. Mais il ne veut pas qu'elle se fasse de fausse idée.

"Tu as su piquer mon intérêt, la dernière fois. L'on ne partage peut-être pas les mêmes visions... Mais j'ai l'impression que l'on partage le même avis sur un point précis."Et si elle remarque, elle verra qu'aujourd'hui aussi, il ne porte pas son badge orange. "Je te propose une collaboration. En dehors du cadre des factions, vers notre... Objectif commun. Si tu apprends quelque chose, une faiblesse, une ouverture, quoique ce soit, tu m'en informeras. Et inversement, bien entendu. Puis, si un jour une opportunité se concrétise, alors tu pourras compter sur ma force, et je pourrais compter sur la tienne."

Il pose le cadre, puis un silence s'en suit, alors qu'il la jauge du regard.

"Qu'en penses tu ? "

Il n'a pas l'intention d'y aller par quatre chemins.

Il cligne des yeux, il la fixe un moment.

Naturellement. Il souffle doucement du nez. Globalement, on ne se connaît pas de la moindre façon, si quelqu'un demande. Je pense que c'est une bonne façon de résumer le tout, hm?

Des fantômes. Des inconnus, des étrangers. Seulement dans leur arrangement, ils se connaîtront, et leur arrangement est secret. Dès lors, les contours de cet accord sont définis comme il se doit. Et les choses sont bien faites : elle accepte. À vrai dire, il s'y attendait. Si quelqu'un aurait pu refuser quelque chose de ce goût-ci entre eux deux, ç'aurait sûrement été lui. Et pourtant ? Pourtant, c'est lui qui a proposé. Peut-être a-t-elle su se montrer convaincante, à leur dernière rencontre. Peut-être que sa haine de l'IA a fini par surpasser ses autres préoccupations. Peut-être qu'il veut accélérer les choses.
Peut-être un peu de tout ça à la fois.

Finalement, elle pose une question. La vraie question qui importe, en cet instant.

Pourquoi est-ce que tu penses que je t'ai fait venir ici? Un sourire qui fait écho au sien, tandis qu'il se tient plus droit. Sur le plan concret, ils n'ont pas les mêmes rôles. Même lui qui affectionne le terrain, la guerre et ses rush d'adrénaline... Même lui, son grade l'a forcé à prendre une place plus en retrait de la première ligne. Malgré lui. Pour autant ? Pour autant, sans doute qu'il connaît le front plus qu'elle. Alors il ne s'attend pas à une machine de guerre, mais ça n'est pas pour autant qu'il n'a pas l'intention de la tester. Voir ce qu'elle amène sur la table. Que ça soit en combat, ou ailleurs. Mais dans un premier temps ? Dans un premier temps en combat.
Il aura le luxe de découvrir le reste en temps voulu.

Doucement, il dégaine son sabre. Immobile, ferme sur ses appuis, il ne fait rien d'autre... Pour l'instant.

Montre-moi.

Car les mots ne suffiront pas, pour réellement jauger l'autre.

"Pas le premier soir, voyons."

Un sourire plus goguenard, sur ses traits joueurs. Non, pas de pique-nique. Pas ici, dans l'obscur d'une nuit de pleine lune, dans cette forêt toute de rouge. Ce soir, il s'agit d'un arrangement, d'un accord. Puis, maintenant qu'ils sont tombés d'accord... Il s'agit d'un test. Et à vrai dire, pas seulement un test de l'autre : un test de soi.

Throne s'est ramolli, depuis qu'il est passé Caporal. C'était il  y a quelques années de ça, et entre temps, il est passé Major. Plus il endosse le rôle de celui qui prend les décisions, moins il a le luxe de jouer le rôle de celui qui exécute. Or, si ses yeux et cheveux sont de rouge, son âme l'est aussi. Dans cette prison à ciel ouvert nommée Arche, chacun doit se trouver une raison de vivre, d'exister. Lui, tôt, il s'est trouvé dans la guerre. La violence.

Son esprit lui dit qu'il est important. Alors il doit être prudent.
Son cœur lui dit qu'il est combattant. Alors il doit faire couler le sang.

"Bien. Si tu te vantes une spécialité en défense, je gage que je n'ai pas besoin de te ménager."

Ses lèvres s'étirent en un sourire plus féroce... Et d'un geste vif, il approche.
Il approche, et plus il est prés, plus la différence entre leurs gabarits s'affirme. Jusqu'à ce qu'il soit juste devant elle, et qu'il l'englobe à l'intérieur de son ombre... Dès lors, sa lame se lève, et elle redescend violemment, pour viser le bras armé. Un coup fort, brutal, mais néanmoins précis dans ce qu'il cherche à accomplir : désarmer, plutôt que démembrer.

Il ne ménage pas sa force. Mais il n'essaie pas de la tuer non plus.
Ce serait dommage.

Hm.

Il voit. Et il comprend. Il n'avait pas prévu ça.
Enfin, il se doutais avoir à faire à un pouvoir défensif d'une façon ou d'une autre, considérant le discours de la Colonel. Mais il n'avait pas pensé à ça. Voilà qui rend les choses intéressantes... Quoique compliquées.

Elle passe à l'assaut, et il essaie de la repousser, mais sa main passe au travers du bras qu'elle a rendu intangible il y a une fraction de secondes de ça. Un coup de dague qui touche, qui tranche, et le rouge coule sur sa main, après que son gant ait été doucement déchiré. Pas de quoi le blesser sérieusement... Mais de quoi prouver que la Colonel n'est pas mauvaise non plus.

Il la fixe, et son regard semble changé. Un intérêt. Un amusement, aussi.

Il se concentre, et il essaie de faire appel à son pouvoir. À un soldat de sa légion. Il essaie de lui réserver une surprise venue de nulle part, qui prendrait forme dans son dos pour y placer un coup. Il essaie, mais la Légion est un pouvoir capricieux : Parfois, il parvient à invoquer les Ombres instantanément. Parfois... Le processus est plus lent. Plus instable.

Il pourrait attaquer. Continuer sur son sabre. Mais... Mais elle a dit que sa spécialité était la défense, non ? Alors plutôt, la forcer à sortir de sa zone de confort, et continuer d'attaquer.

Bien. Et si on passait à la vitesse supérieure?

Elle se fait provocante, et il ne répond que par cet étirement au coin de ses lèvres. Elle bouge, une certaine agilité, mais... Mais quand son coup part, elle pourra sentir une résistance. Quelque chose qui repousse. Tout ira vite, très vite, et en même temps qu'elle passera de l'autre côté, qu'elle sera dans son dos et que la dague ira menacer Throne... Elle pourra voir deux silhouettes, de part et d'autres, qui lui font face. Une à la gauche de Throne, une à sa droite.

Spoiler:

Deux guerriers, lance et bouclier de bronze. Une apparence spartiate, une cape rouge qui couvre quelques pièces d'armures qui protègent deux corps à la musculature développé. Deux colosses, d'une taille similaire à celle de Throne, mais d'un gabarit plus large encore... Au travers de leur heaume, rien qui ne transparaît. Un abysse sans fond, un noir total là où devrait figurer leur visage. Des enveloppes guerrières sans âme, sans existence. Des corps qui obéissent, des serviteurs du Throne.

D'un geste vif, l'une des deux silhouettes s'approche, menaçante... Elle attire l'attention. Pourtant, ce n'est pas elle qui frappe. Celle qui frappe, c'est la seconde, qui se déplace dans la périphérie de l'oeil gauche de sa cible, tout en même temps que la hampe de sa lance va chercher l'impact à l'épaule. Que le bois frappe la chair, assez fort pour marquer, mais pas assez pour être un danger... Pas un danger sérieux, au moins.

Et, par-dessus son épaule, le Vigilante regarde la Wild, quelque chose qui pétille dans son regard.

"Intéressant tour de passe-passe. Qu'est-ce que tu penses du mien ?"

La danse n'est plus la même.

Désormais, Throne a ses soldats. Ses extensions, les instruments de sa volonté. Dès lors, il n'y plus besoin de bouger, d'exercer son corps dans ces diverses démonstrations d'agilité guerrière, dans ces épreuves de force et ces mouvements guerriers... Désormais, il peut la regarder droit dans les yeux tandis qu'elle se débat, alors que ses guerriers exécutent la volonté de leur créateur et maître.

Alors c'est exactement ce qu'il fait.

Il s'offre même le luxe de lentement se tourner pour lui faire face, ce alors qu'elle attaque. Il commence à comprendre. Il remarque que si elle peut certes se rendre intangible, elle le fait sur de courts instants, à peine moins d'une seconde. Est-ce parce qu'elle ne peut simplement faire autrement, ou parce que faire plus la fatigue plus ? Il ne sait pas. Pas encore. Mais il en sait assez pour planifier, et contrer.

Quand il la voit foncer droit vers un de ses colosses, il sait qu'elle ne va pas l'attaquer de front. Il sait que ça n'est pas dans son intérêt, et que si elle approche avec une telle confiance, c'est parce qu'elle peut le traverser... Si elle prévoit bien le timing. Et de toute évidence, elle est rodée à l'exercice. Pour autant ? Pour autant, il se demande comment elle réagirait, si quelqu'un comprend. Et s'adapte.

À l'exact instant où le guerrier est sur le point d'entrer en contact avec la femme, la silhouette fait un pas en arrière, pour prolonger l'instant, pour qu'une seconde de plus passe. Juste assez pour briser son timing, et pour la repousser d'un coup de bouclier... Tandis que toujours, la seconde silhouette profite de l'opportunité ouverte par sa jumelle pour se déplacer. Vif, le guerrier se déporte de nouveau du côté gauche, là où l’œil est moins agile que celui de droite. Et cette fois-ci, c'est la pointe de la lance qui frappe. Qui chercher à aller rafler la peau de l'épaule gauche, pour trancher, plutôt que pour transpercer.

Et pendant tout cet enchaînement, la seule action de Throne, ça a été de se retourner, et de la fixer.
Et de sourire.

Aw. J'imagine que je suis un tricheur, alors. Je vais avoir du mal à dormir ce soir.

Sarcasme acerbe qui pend sur le bout de sa langue. Il sourit, mais son regard trahit une certaine férocité. Un amusement teinté de ce quelque chose, cette adrénaline du combat. Du pouvoir. De la triche ? Peut-être. Mais alors, Throne est un fier tricheur. Il n'a pas peur d'utiliser tout ce qu'il peut à son avantage. Il n'a pas peur d'être celui qui jouera l'avantage du nombre, celui qui s'abaissera là où les autres n'osent pas, pour ramasser l'avantage que trouvent ceux qui osent fouiller dans la boue.

Les honorables pourront écrire sur leur épitaphe qu'ils étaient des guerriers droits, fiers et sans fourberie. Lui, il leur portera un toast depuis les sommets, vainqueur sur un piédestal de déshonneur.

Il est le premier qui a saigné. Elle lui rappelle, et il souffle du nez. Il sait qu'elle n'a pas l'intention de s'arrêter là. Après tout, il a bien vite compris qu'il n'était pas le seul fort caractère, parmi eux deux. Le seul Ego. Puis bon. Deux contre un, vraiment, si on considère que je bouge pas.

Il pourrait le dire, mais il n'a pas le temps, parce qu'elle s'y jette déjà. Il la laisse approcher, et cette fois-ci, il tente de jauger la distance pour la frapper à l'exact dernier moment, afin de lui faire perdre l'équilibre... Tandis que les deux silhouettes, elles, laissent la Wild entrer dans la garde de Throne, pour mieux se refermer autour d'elle de leur présence imposante : Un guerrier de chaque côté, elle pourra voir la pointe des lances dangereusement se rapprocher de sous son menton, si elle ne réagit pas assez vite.