【ｆｉｒｓｔ　ａｃｔ　：　ａ　ｗａｓｔｅｄ　ｌｉｆｅ】

Je suis désolé petit frère. Je suis désolé de te laisser. Je suis désolé de ne pas assumer, de ne pas être capable de te choyer, de pouvoir tout supporter. Je suis désolé de ne pas pouvoir accepter la différence, de ne pas arriver à endurer leur indifférence. Je ne me sens pas à ma place ici, je me sens étranger à ma propre terre, aux yeux de notre mère ; je me sens à part, dans un monde à des années lumières. J’ai besoin d’un renouveau, de changer d’air. Je sais que c’est égoïste, mais rien n’y fait, ici, rien ne me plaît, tout me pousse à partir, à vouloir quitter l'atmosphère. Je me livre à des pensées suicidaires qui ne me sied guère. Je t’en prie, ne pleure pas, ne m’en veut pas, je reviendrai, je te le promet. Jamais je ne t’oublierais, tous les jours je t’écrirais. Je ne peux pas t’emmener avec moi, tu es trop jeune. N’en fais pas qu’à ta tête, comprends-moi. J’aurai tant aimé pouvoir rester, avoir la belle vie, de celle que l’on considère comme simple, facile. Mais je ne peux pas me contenter d’un bonheur éphémère ou factice. Je n’ai pas l’âme d’un Legendary. Je n’en ai pas l’étoffe. N’oublie jamais, petit frère, la chaleur de ma main sur ta tête, mon sourire éternel et mon rire solaire. Un jour, crois-moi, nous nous retrouverons et je serai devenu quelqu’un qui te rendra fière.

【ｓｅｃｏｎｄ　ａｃｔ　：　ａ　ｒｅａｓｏｎ　ｔｏ　ｌｉｖｅ】

J’me suis perdu. Encore. Longtemps. J’ai erré comme j’ai jamais erré. Et je ne pensais pas vivre un truc pareil du haut de mes seize printemps. Jeune et con, adolescent en manque d’attention, besoin de changement et de me trouver une raison, de vivre, de justifier mon existence aux yeux du monde. J’allais crever, je me sentais partir, mais il m’a tendu la main, cet homme venu d’une autre région. Il m’a pris sous son aile, m’a appris à survivre à moi qui n’avait jamais manqué de rien. Il m’a appris à subvenir à mes besoins, il est devenu ce mentor, cet instructeur, mais surtout un père de substitution. C’était un homme bon, mais que la vie n’avait pas épargné. J’ai fini chez lui, chez les Wild, à rencontrer toutes sortes de gens, à voir le monde comme il est ; pour la première fois, je me sentais à ma place ; je venais de renaître. J’étais plus ce paria, ce gars différent. J’étais plus jugé. J’étais tout simplement vivant. C’est peu de temps après que je les ai rencontrés. Qu’ils sont devenus mon monde, ma raison d’exister. J’ai pas arrêté d’écrire à mon petit frère, je le jure, je lui racontais tout, tout le temps… Jusqu’à ce jour fatidique.

【ｔｈｉｒｄ　ａｃｔ　：　ｉ＇ｌｌ　ｎｅｖｅｒ　ｆｏｒｇｅｔ】

Je me souviens de son sourire, je crois que c’est ce qui m’a fait tomber amoureux. La teinte cristalline de son rire, puis y’a eu la façon qu’elle avait de faire balancer ses cheveux. C'est ce sentiment qui m’a cueilli comme une fleur sur le sol. J’aurais été capable de mettre mon coeur à ses pieds, mais il y avait ses frères et je ne voulais rien gâcher. Je voulais juste faire partie de cette bande, dans un groupe, en ressentir la chaleur, celle que j’étais plus vraiment capable de donner avant de les rencontrer. Je me souviens de l’innocence des jours passés, des jours difficiles ou il me suffisait d’aller les voir pour qu’ils s’illuminent. J’étais jeune, j’étais con, j’étais amoureux, et par-dessus tout et ça n’a pas changé, j’étais lâche. Je voulais qu’elle m’admire, qu’elle ne voit que moi, mais j’étais dans l’ombre d’Hysteria, dans l’ombre d’Ivar. Je sais pas si je me berçais d’illusions, je sais pas si je me suis fourvoyé ; en tout cas j’ai jamais osé lui avouer, à quel point elle me faisait chavirer. Je pensais que jamais j’oublierais. Je pensais que ce sentiment, jamais ne s’effacerait ; mais il faut croire que là aussi, je m’étais trompé.

【ｆｏｕｒｔｈ　ａｃｔ　：　ｍｙ　ｂｉｇｇｅｓｔ　ｒｅｇｒｅｔ】

Les années qui passent et qui ne se ressemblent pas. J’me perd dans la maîtrise de mon alter, dans mes entraînements pour les Huntings sports pour faire taire les sentiments contraires. Je me noie parfois dans l’alcool, parfois dans des histoires sans queue ni tête. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils se ressemblent, si je fais l’amalgame ou si c’est parce qu’on passe trop de temps ensemble. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai ce besoin cruel de me sentir important aux yeux de quelqu’un, si c’est parce qu’il me comprend comme j’en ai rarement eu le pressentiment. Avec lui, je ne me pose plus vraiment de questions. Y’a des accolades, des rires, parfois mes larmes quand je lui confie la peine que j’ai d’avoir laissé mon frère là-bas. Pourtant, je ne veux pas y croire, je veux pas me dire que c’est réel, je ne veux pas mettre de nom sur ce que je ressens, car après tout l’amour que j’ai ressenti pour sa sœur, cela me semble tout bonnement inconcevable. Ils n'en sont pas conscients, ils n’en ont aucune idée, mais je veux préserver ce que l’on a, quoi qu’il puisse arriver. Je ne veux pas que ça change ; jamais.

【ｆｉｆｔｈ　ａｃｔ　：　ｓｏｒｒｏｗ　ａｎｄ　ｗｏｒｒｉｅｓ】

La tactique, les combats, respecter le plan, ne pas partir dans tous les sens, rester focus sur l’objectif. J’étais préparé à ça, c’était pas la première fois que je participais et ça ne sera pas la dernière. J’étais prêt à tout pour en finir vite, pour rentrer avec Hysteria et Ivar au bercail, j’étais prêt à écrire une lettre à l’attention de mon frère qui doit me regarder de là où il est, devenu ennemi sans que tout cela ne soit planifié. Je voulais qu’il ne m’oublie pas, qu’il puisse toujours avoir une pensée pour moi, je me demande bien aujourd’hui, ce qu’il pense de tout ça. Je crois que c'est à ce moment là que la réalité à choisi pour me rappeler, que c’est elle qui décide, que si elle le souhaitait elle pouvait me malmener. Et c’est ce qu’elle a fait. Je ne me souviens pas de ce qui s’est passé. Tout est arrivé vite, bien trop vite. Y’a eu une explosion, des hurlements et j’ai senti la chair se déchirer. J’ai vu mon bras voler et tout s’embrumer. J’crois que j’ai vu la lumière, mais j’ai surtout vu son visage à lui à mon réveil. Deux mains m’agripper, prêt à m’étrangler. Ce qu’il y a d’étrange, c’est que je ne suis plus capable de mettre un nom sur ce visage. Je sais qu’il m’est familier. Quelqu’un lui gueule de me lâcher, “Hysteria”. Tout revient, tout apparaît, tout disparaît. Il n’y a plus rien de cohérent, tout s’ancre dans le sang. Ce jour-là, je n’ai pas seulement perdu mon bras, j’ai perdu un ami, un amour inavoué, un frère de cœur et un grand-frère de substitution. J’ai perdu Hysteria et j’ai perdu Ivar.

【ｆｉｎａｌ　ａｃｔ　：　ｗｉｔｈｏｕｔ　ｍｅｍｏｒｉｅｓ】

Une prothèse, des mois alité dans un lit, à lutter contre l’envie d’me tirer l’une de mes six pauvres balles. Je sais pas depuis quand j’ai ce flingue, je sais pas d’où il sort. Mais il est avec moi, à mes côtés, sans doute un cadeau du mentor. J’en sais rien, je sais plus. Tout s’embrouille dans ma tête. Je me souviens de certains détails de ma vie, mais pas de tout. Je sais que je ne viens pas d’ici, mais je ne me souviens pas de ce qui s'apparente à une famille. Je me souviens d’un lien très fort avec Hysteria, avec Dolly, mais je ne comprend pas la haine que j’inspire au premier, ni aux sentiments étranges que j’éprouve pour la seconde. Il veut ma mort, il m’accuse de tous les maux, m’insulte de tous les noms et elle est mon seul soutien, mon seul rempart pour ne pas être brisé totalement. La mort d’Ivar, en suis-je réellement responsable ? Je ne me souviens de rien et j’ai beau tenter, j’ai beau essayer de me rappeler de ce jour funeste, seule une douleur lancinante répond à mon appel. Je veux comprendre, je veux me souvenir, je ne veux pas qu’on me haïsse pour un crime que je n’ai point commis. Je lui prouverais mon innocence, je réécrirais notre histoire ; celle qui revient parfois quand je m’apitoie seul dans le noir. Celle qui disparaît fugacement à la lueur du jour le lendemain. Carbone. Je sens parfois l’acétone, je prie pour que ma raison me façonne, pour que l’on me pardonne.