nous devons de temps en temps nous plier aux ordres - oui, de temps en temps nous devons hocher la tête, nous devons presque plier le genou et nous devons fermer notre caquet pour obéir. oui, cela nous arrive. oui, cela est rare. mais cela allant être si amusant que nous n'avions pu qu'approuver cet ordre - pour une fois. alors, pour l'occasion, nous avions pris la première robe qui nous tombait dessus ; nous ne sommes pas pudiques, nous ne pensons pas qu'un physique influerait d'une quelconque manière sur autrui. nous sommes un peu ignorantes ; tout simplement à part des préoccupations et des moeurs d'autrui.

alors, nous ne faisons pas attention à cette robe volatile, à ses froufrous ou encore moins au fait qu'elle soit transparente - nous ne faisons pas attention aux regards sur notre passage. nous avions l'habitude d'entendre des murmures pour un oui ou pour un non - l'avis d'autrui nous est étrangers, le demeureras et nous conviens parfaitement. nous n'avons le temps de nous soucier d'eux, nous n'en avons même pas l'envie d'essayer !

nous nous dirigeons vers cet endroit que nous connaissons énormément ; cette salle immense où nous nous essayons sur des mannequins quand ce ne sont pas des pauvres cobayes humains pour nous exercer. c'est que nous avons besoin d'affiner notre technique, notre dextérité si ce n'est notre rapidité d'exécution. caporale tête en l'air, mais caporale exemplaire ou presque quand il s'agit de s'entrainer.

nous cherchons du regard l'individu que nous devions rejoindre et nous approchons de lui - nous pourrions l'avertir de notre présence si nous le souhaitons. ne le faisons pas.

sommes-nous taquine ?
oui.

et nous espérons bien qu'il bondira de surprise - pour notre plaisir.
 

 @Spring

nous n'étions réellement pas déçus de la prestation que nous offrit cet ingénieur - non, nous laissâmes même sortir un sourire ; c'est que son hurlement incompréhensible et ce sursaut de peur était incroyable. nous aurions pu l'applaudir s'il n'avait pas commis une bourde - comment aurions-nous pu lui dire que nous étions présentes ? pas très fufute sur ce point-là, il perdit quelques points dans notre mesure d'intéressement sur la personne - arrivé à un certain stade, nous ignorions l'individu. c'est que nous n'avions pas de temps à perdre ! beaucoup trop.

il commença à prononcer des sons, des paroles, que nous n'écoutions même plus - nous n'avions jamais été très intéressés par ces trucs de scientifique fous ; nous étions là parce qu'on nous l'avait imposée, dixit la Major. mais alors quand il sortit un drôle d'instrument de sa boîte à outils, nous ne pûmes que nous baisser pour étrécir nos pupilles - qu'était-ce que cette chose de l'enfer ? et comment allons nous l'utiliser ? et c'était quoi ce truc de sono machin ?

nous fimes cependant ce qui était demandé, soit, prendre cette chose entre deux doigts - était-ce comme les clopes ? devons-nous souffler dedans ? et par quel orifice ? nous fimes un aller-retour d'yeux entre le scientifique et l'instrument - question muette sur nos lèvres - nous attendions sagement ces directives.

non parce que ... tout pouvait déraper très vite si nous amplifions trop fort notre voix ... et nous préférions éviter de rendre sourd la personne en face de nous - nous risquerions d'avoir des remontrances sévères de notre très cher roi piaf. que nous aimerions nous aussi nous percher sur son perchoir ... pour regarder de haut autrui - non non, ce n'était pas encore un fantasme, nous étions juste curieuse de quelle vue nous avions d'en haut. le fantasme n'était pas dans notre vocabulaire, nous voyons simplement le corps humain comme des nerfs, des muscles, des os et un coeur à abattre.

nous nous balançâmes d'avant en arrière en attendant - cette chose toujours entre nos doigts ; froide qui plus est. qu'allait-il encore sortir de sa boîte ? nous avions presque hâte - presque.
 

 @Spring

se balancer nous permettait de nous déconcentrer du monde extérieur tout en falsifiant notre intérêt pour autrui ; ainsi nous prétextions que nous étions présentes et bien à l'écoute alors qu'il en était tout autrement - retranché dans nos rêves et dans nos pensées. nous ne faisions que presque bonne figure pour enjoindre autrui à parlementer encore plus - tandis que nous étions déjà loin de tout cela ; loin de ces gargouillements et ses sons infects sortant des bouches humaines.

ce n'est pas que nous ne sommes empathiques de la race humaine - nous avons juste un intérêt moindre à leur accorder le nôtre ; nous préférons les voir se débattre, se battre, hurler à cette mort, le tout dans des gémissements incompréhensibles quand ils ne le peuvent physiquement ; et nous regardons cela de notre arbre perché ; oiseau de malheur nous pourrions être. de notre stature, de notre physique, de nos pupilles jusqu'à nos cheveux - serions-nous ce qu'on pourrait qualifier de corbeau ?

nous nous recentrons sur notre position - statique et fixe quand il se rapproche ; savait-il qu'il parlait plus fort suite à ce geste d'avoir posé sur ses propres oreilles un casque ? et quand bien même, nous comptions utiliser à notre maximum comme apparemment il souhaitait - nous savions qu'un simple casque ne pourrait réellement le sauver, si ce n'est qu'amoindrir nos voix, et encore - si l'ia était de son côté, n'est-ce pas ? nous étions déjà lasses des remontrances que nous comptions subir pour son bon plaisir à cet individu - nous le fimes cependant.

coup de chance, nous portâmes à nos lèvres pour souffler dedans, ce qui ne fis aucun bruit - nous le retournâmes en haussant un sourcil, rien qu'un et nous pourrions presque sourire - ce que nous fimes sans hésiter. il fallait croire qu'il était réellement chanceux de ne pas avoir eu à subir cela - allait-il cependant insister ? souhaitait-il vraiment que nous y allions à la puissance extrême ? il n'aura probablement pas de seconde chance - aucune autre, nous l'espérions presque, presque, pour lui.

alors nous croisâmes les bras, ce sourire figé sur notre corps qui ne bougeait pas d'un iota - et si notre poitrine ne s'abaissait ni ne se relevait, nous pourrions croire que nous n'étions que statue de cire ; de cette farce ridicule qu'est cet entrainement au kazoo.
 

 @Spring