hold my hand tight, we'll make it another night

Elle ne s'était pas moqué de lui, bien qu'il ai tendu la perche. C'en était presque surprenant, mais il était peut-être simplement trop habitué aux autres Trappers plus taquins qui aimaient le faire tourner en bourrique.
Dans tous les cas, elle n'avait pas trop à s’inquiéter, la moindre envie de jouer aux héros qu'il aie pu avoir dans sa vie s'était dissipé avec son allégeance le jour même où il avait perdu son bras. Il ne mettrai pas un pied sur le champ de bataille, et si cela devait arriver malgré lui, se cacherai dans un coin et attendrai que ça se passe. Et plus que tout, il te toucherai pas Thanatos, même de loin et avec un bâton.

Plus elle parla positivement de ce que la Major avait pu lui montrer plus sa poitrine se gonfla et son dos se redressa. Il fit même ce petit sourire un peu arrogant qu'il avait en tant que scientifique, mais qui malheureusement s'évaporait souvent très vite lorsqu'il se recentrait sur sa personne.
...Ce qui arriva assez vite en sentant qu'elle continuait à le regarder. Il se sentait si petit sous ses yeux, et pourtant c'est elle qui mesurait un mètre soixante - bien qu'il ne soit pas beaucoup plus grand.

Il bloqua sur sa dernière demande.
Qu'est-ce qu'il voulait. Il s'était parfois posé la question sans réellement chercher la réponse.
Il ne voulait pas d'une mort inutile. Ni d'une vie inutile d'ailleurs, et c'était sûrement la raison pour laquelle il se contentait de faire ce qu'on lui disait. Même ses projets spontanés relevaient plus d'une anticipations des besoins d'autrui. Il était curieux, pourtant, surtout plus jeune, mais la passion avait tendance à s'estomper rapidement là où le travail commençait.

▬ Hm. Laisser ma trace dans le monde de demain?... En quelque sorte. Un peu comme tout le monde, j'imagine. Il s'arrêta et arqua les sourcils, se rappelant de quelque chose. Ah, il y a une chose. Je suis assez intéressé par la façon dot fonctionne nos QGs. Les portes automatiques, les commandes vocales de la cuisines, ce genre de chose. Certains les traitent comme des cadeaux de l'IA mais ce ne sont que des machines pour moi. Si on comprend leur matériaux et leur fonctionnement on pourrait les reproduire ou les détourner pour d'autres fonctions. On pourrait défier les dieux, à notre façon.

Il rougit en pensant à l'absurdité de ce qu'il venait de dire. Lui, Spring, défier l'IA de carcosa ? Ce genre de paroles allait lui apporter un mauvais karma. Il allait se retrouver dans les prochains sports pour sûr si elle l'avait entendu. Il se tourna vers Sekhmet et râla un peu

▬ Bon ça suffit de parler de moi, là, JE DÉTESTE PARLER. STOP. Je fais grève. Je ne dirais plus un mot jusqu'à l'atelier. Et pas la peine d'insister, si tu veux parler, réponds à ta propre question, tiens.

hold my hand tight, we'll make it another night

Il était très satisfait d'être un outil. Il ne protesta pas à son humanisation uniquement pour honorer sa grève de la parole.
Les outils étaient utiles, simples, connaissaient leur fonction dès leur naissance et étaient utilisés rationnellement. Les humains erraient, cherchaient, s'abîmaient dans le processus ou passait même leur vie entière à ne pas connaître ce à quoi ils étaient destinés, simplement mourraient insatisfait et malheureux.
De plus, il lui semblait qu'on jetait plus facilement les personnes que les outils.

Il eu un frisson à la mention de la destruction. Spring n'avait jamais su discerner les ses cachés de la plaisanterie et n'avait aucune idée si ce qu'elle venait de dire était une menace ou non. Elle n'avait pas l'air d'être une montagne de muscles. Soit elle avait un alter terrifiant, soit c'était plus une sorte d'assassin. Il se nota mentalement de ne pas, trop hausser le ton à l'avenir et d'éviter de la froisser. Il avait suffisamment de forces destructrices à gérer avec Titania.

Il lâcha un "hm" discret en écoutant ses aspirations, ponctué de quelques hochements de tête. Le monde au-delà du désert lunaire lui paraissait trop flou pour être inspirant, il préférait s'occuper des choses concrètes et présentes sous ses yeux avant de s'occuper de l'invisible. De la même manière, utiliser le passé comme un outil semblait à première vue un peu trop philosophique pour lui, à moins que l'on ne parle simplement d'une méthode scientifique d'utiliser ses échecs pour tirer des conclusions, auquel cas cette phrase était l'évidence même.

Son esprit semblait en tout cas parfaitement coller aux couleurs de sa nouvelle faction, et avec sa personnalité (trop) avenante, il ne s'inquiètait pas plus que cela sur son intégration.

▬ Je vois.

Il se mordit la langue. Il avait parlé.
Il déverrouilla la porte de l'atelier des scientifiques, où se trouvait en bazar des plans et des objets inachevés allant de la simple toupie, à la boîte à musique à moitié faite, aux fameux talkies walkies camouflés, quelques armes protoypes pas forcément pratiques, un kazoo (on ne parle pas du kazoo no no no ♪) et un début de ce qui ressemblait à une vieille moto, dont plus de la moitié des pièces étaient manquantes et resteraient manquantes un bon moment.

Il prit place sur son siège et commença à se plonger à gribouiller des notes incompréhensibles en finissant un reste de sandwich qu'il avait dû laisser traîner là la veille et lança la bouche pleine :

▬ N'héchite pas à regarder, mais ne détruit riench.

hold my hand tight, we'll make it another night

Spring mâchouillait son sandwich, à moitié concentré sur son travail, à moitié en surveillant que Sekhmet ne casse rien, prêt à lâcher son meilleur "ON NE TOUCHE PAS" le moment où elle oserait poser un peu plus que les yeux sur n'importe quoi. Même une vis. Il attendait simplement qu'elle se lasse et à vaquer à ses occupations de chasseresse... Comme... Polir leurs armes... Ou tirer sur des cibles. Ou se renseigner sur le monde au-delà du dôme tiens, vu que cela l'intéressait. Elle ne trouverait rien de ce goût ici.

Il grimaça quand elle touche la boîte à musique mais n'osa finalement rien dire, grommelant juste dans sa barbe. Elle posa une question par rapport au kazoo qu'il avait fait pour tester une utilisation avec la caporale. Mauvais souvenir. Ses oreilles lui faisaient encore mal dès qu'il y pensait. Il alla pour la gratifier simplement d'un non quand elle se mit à rire.

▬ Tu t’amuses comme tu veux…

Il sentit ses oreilles rougir.

▬ Eh si c'est pour se foutre de ma gueule, tu dégages.

Il n'aimait pas l'humour à ses dépends, surtout pas sur quelque chose d'associé à une douleur infernale.

▬ Qu’est-ce que c’est ? … Est-ce que c’est censé rouler ? Est-ce plus rapide qu’un cheval ? … C’est beau.

Il leva le nez de ses notes un moment. Il n'était pas sûr que le mot "beau" soit vraiment adapté à une espèce de carcasse de prototype, mais il prenait le compliment comme s'il lui était adressé.

▬ Où est-ce que tu as trouvé ça ?

Il se leva de sa chaise, et croisa les bras en regardant l'objet.

▬ Je l'ai pas trouvé, je l'ai fait. Mais c'est un prototype voué à l'échec. J'ai essayé de m'inspirer de quelque chose lu dans un vieux livre... Mais je ne comprend pas comment ça pourrait fonctionner comme ils le décrivent. Je commence à penser qu'il nous manque juste des ressources pour le finir.

Il fit tourner une des roues de fer.

▬ Rien que ces roues, par exemple. Elles sont censées être grosses et recouvertes de quelque chose de mou pour les protéger. Mais résistant, pas comme de la mousse. Plus comme du caoutchouc peut-être?

Il toucha plusieurs pièces, en parlant désormais plus pour lui-même qu'autre chose.

▬ C'est censé être une espèce de charrue monoplace autonome. Plus rapide qu'un cheval, j'en sais rien, mais pas besoin de l'élever en tout cas. Mais c'est au point mort. Je vais le démonter un de ces jours et récupérer les pièces.

Rien d'intéressant à voir ici. Mais, gentleman qu'il était (non), il tendit un bout de son sandwich moisi et à moitié fini à son interlocutrice, avec un regard qui voulait dire "t'en veux pour te consoler ?".
Quoi, tout le monde aime manger non?

hold my hand tight, we'll make it another night

Spring était un peu à l'image de son vieux sandwich. Laissé dans un coin et oublié, puis récupéré à la volée quand on en avait besoin, pleins de choses décentes mais pas extraordinaires, parsemé de moisi dans l'âme (et dans le pain aussi.) C'est peut-être pour cela qu'il se sentit presque personnellement offusqué quand on remit en cause la comestibilité de son met. Il grogna en ramenant son sandwich à lui.

▬ Quoi, t'es experte culinaire maintenant ?

Il avait tout de même bien plus de répondant une fois qu'on le mettait sur sa chaise de travail. Elle lui demanda s'il était occupé.
Il n'était pas occupé. Alors comme toute personne non occupée il répondit :

▬ Oui, je suis occupé.

...Évidemment.
Disons qu'il avait un peu peur de s'en aller maintenant. Ici, il était chez lui, il était légitime pour expliquer les choses et interpeller les gens. Ailleurs, il était intrus, et devait constamment raser les murs pour sentir un quelconque sentiment de plénitude. Si elle s'était finalement lassée et qu'elle voulait partir, grand bien lui fasse, cela ne le regardait pas.

Si je fais un truc à manger ça te tente

Oh.
Il se sentit un peu penaud d'avoir imaginé qu'elle voulait juste s'en aller parce qu'elle en avait déjà marre. Enfin si elle avait faim, elle pouvait prendre un bout de sandwich. Les Vigilante n'étaient pas réputés pour vivre das l'abondance, ils étaient nombreux et souvent avec des vivres limités: il avait l'habitude de manger des choses limites-limites et de vivre dans la modestie. Il grogna une énième fois et se leva de sa chaise.

▬ Je viens avec toi mais c'est simplement pour m'assurer que tu ne me fasse rien. J'ai déjà à manger. Je ne sais pas si tu as l'habitude de l'opulence mais on n'a pas gagné les sports et on n'a pas spécialement le luxe de manger plus que notre faim en ce moment.

hold my hand tight, we'll make it another night

Elle rigolait un peu trop non? A ce stade il allait la ranger dans la catégorie des gens suspects qui ont probablement des motifs cachés comme leur scribe, là.
Weirdo. Non parce qu'on est d'accord, il n'avait fait aucune blague. Les seules blagues qu'il n'aie jamais faites étaient des remarques cyniques et ces dernière n’appelaient pas spécialement à la rigolade.
Au moins elle était jolie quand elle souriait, on va dire.
Ignorant ses conseils de diététicienne il finit son sandwich aux champignons. Les vigilante étaient connus pour devoir se serrer la ceinture, il avait pris l’habitude de manger des trucs bien pire que ça.

...Ceux qui savent, savent.

Qu'est-ce que tu aimes manger

...Et non il ne lui dirait pas ce qu'il avait mangé de pire que ça. En plus cela ne répondait pas à la question.

▬ Manger est un besoin physiologique, pas une distraction. Les pilules me vont très bien. Une fois qu'on a les nutriments nécessaire, le reste ne sert à rien, n'en déplaise tes envies culinaires.

Vraiment le roi de la conversation. Appelez Spring pour égayer toutes vos soirées! Il avait presque envie de rajouter un "princesse" mais il ne savait pas trop comment elle le prendrait, et il tenait à sa vie.

Il poussa la porte de la cuisine et commença à inspecter la pièce puis commença à aiguiser les couteaux pour se rendre utile et ne pas perdre son temps à attendre sans rien faire. Des vieux instinct d'homme-à-tout-faire.

▬ Qui t'as appris à cuisiner déjà. Pour autant que je sache ce n'est pas votre fort, à vous, les chasseurs.