tu aurais pu répandre ta parole dans cette salle obscure vous servant de salle stratégique ; comme tu le faisais habituellement - oui, tu aurais pu. tu ne le fis pas ; tu avais besoin de sentir l'air sec et ambiant de cette salle bien trop grande et meurtrière - tu avais surtout besoin d'affirmer par cela que tu n'étais pas qu'un sac d'os sur son trône. surtout envers l'individu que tu avais appelé pour venir t'y rejoindre - recueilli par le précèdent si ce n'est encore précédent roi ; tu n'avais pas compris pourquoi prendre cette bombe à retardement.

il fallait bien avouer que de par la nature de son alter, il était dangereux - mais à bien des égards, son tempérament et sa soif de vengeance l'était encore plus ; malédiction du roi des morts d'avoir un soldat prompt à tuer alliés et ennemis sans distinction. pensais-tu réellement que tout allait être promenade de santé ? non - c'était bien trop beau. tout s'enchainait et avec ceci ta volonté n'avait rien à dire - tu avais une mission à confier et il était juste l'individu le plus recommandé.

celui qui ferait peur rien qu'avec sa présence ; espérant simplement qu'il ne pète pas un boulon. potentiellement le pourquoi tu étais ici même - une épée dans ta main, tu la faisais tourner habilement - beaucoup oubliaient qu'avant de t'être rangé, tu participais aux anciens hunting sports, fut une époque. tu voulais imposer par ta présence, par la présence de ce lieu et par l'arme en ta main que tu ne pardonnerais aucunement le manque de discipline s'il s'amusait à vouloir contester - tu commençais à en avoir marre de devoir redresser constamment tes soldats. tes pêcheurs. tes âmes.

si thanatos est dieu ;
tu demeures le maître.

un loup dans la bergerie, si tant est soit cette faction ; nullement des moutons, des êtres à part qui n'écoutent que leurs propres convictions, envies, ordre, si ce n'est sentiments. il est pourtant un parfait mouton - il choisira sans nul doute son envie de tuer ou son envie de vengeance ; ses sentiments périront avec les victimes qu'il fera. mais il est un mouton qui pourrait se retourner contre cette bergerie - il est donc loup ; revêt-il la peau toute douce pour prétendre ce qu'il n'est pas ? non. tout le monde sait très bien ce qu'il est capable de faire - il ne s'en cache pas vraiment. c'est que tu pourrais presque, presque, être envieux de cette liberté qu'il a. il n'en reste pas moins ton major et s'il ne se range pas, tu ne pourras rien en tirer - un tour de plus avant de pointer rapidement la lame vers son cou. un pas que tu avais fait rapidement pour te rapprocher de lui avant d'abaisser tout aussi rapidement celle-ci ; il n'avait pas les mains à libre, tu pouvais te le permettre, tu ne tenteras nullement le diable.

tu recules - connait assez bien la portée - connait assez bien les rumeurs et histoire fut du temps où il ne se contrôlait pas. tu n'étais pas là pour lui couper la tête - n'étais pas là pour ça. la lame qui se calme et tout autant toi ; tu le regardes dans les yeux, d'une voix basse - se faisant très bien entendre, répercutant dans ce vide.

_ On ne tutoie pas son Souverain.

globalement, tu t'en fiches comme de la vie que tu as en face de toi ; il pourrait te tutoyer, te cracher dessus ou tenter de te tuer, tu t'en foutrais tout autant. il y a cependant des règles à respecter et celle d'au moins faire style qu'on respectait le roi est l'une des premières - n'étais-tu donc pas assez imposant ? pas assez intransigeant ? qu'il était barbant de devoir unifier tous ses zigotos !

tu passes une main sur ta nuque - tu n'étais pas là pour lui faire des cours d'étiquettes ; tu étais le premier à mal danser et à écraser le pied de tes partenaires. mais plutôt pour lui confier une mission. tu soupires (ouvertement) avant de recommencer le mouvement avec ta lame - cela te détend plutôt bien.

_ On n'est pas là pour ça, cependant. Je dois te confier une mission, qui t'ira à merveille.

sangs, tripes, entrailles et ...

_ Cependant !

et tu te dois d'insister sur ce point.

_ Tu ne tueras pas.

car tu dois faire d'autres choses. des meilleures choses ? non. elles peuvent vite déraper. mais il se doit de ne pas tuer - il n'est que fruit de dissuasion. tu le fixes, tu arrêtes ton mouvement (encore une fois). tu es on ne peut plus sérieux. répandre la mort pourrait causer bon nombre de tracas inutiles et tu avais besoin de pouvoir gérer ce que tu allais lui confier.

_ Est-ce clair ?

ta voix descend d'une octave quand ton visage se détend au maximum - le sérieux est peint dessus.

se nourrir d'âmes, trôner en ce lieu dont le sang gorge le sable - les morts ne sont plus si nombreux depuis qu'il fut fermé ; l'époque barbare où il fut utilisé n'est plus, demeure néanmoins cette fragrance de domination que chacun possède. celui en face se soumet, mais ne se soumet que pour ses propres raisons - cela demeurera le temps qu'il le voudra et tu n'es pas dupe ; même si cela sort de ses lèvres, ton titre n'est qu'onirique - subtil.

son sourire pourrait être inquiétant si le tien ne l'était pas plus ; souverain d'une armée de vivants et de morts redevenus vivants - les corps disparaissent bien plus vite pour ne pas te laisser le temps d'en former une qui éradiquerait autrui. ce n'est pas ton ambition, ne le sera jamais - tu n'as qu'un seul objectif, périr six pieds sous terre, accompagné de ceux qui te poursuivent avec tant d'insistance ; les crânes sont soyeux dépourvus de cuir chevelu.

tu le laisses fleurir sur ton visage - par domination ? tu n'es pas là pour le faire attendre - qui sait ce qu'il pourrait advenir de toi ou de ton corps ; tu préfères lâcher la bombe.

_ Il existe un marché noir dans le village. Tu vas y aller.

et retenir cette propre bombe.

_ Tu vas prouver que l'existence de ce marché est connu de moi. Mais surtout, tu vas glaner des informations.

sangs, tripes, entrailles et ...

_ Cependant !

encore.

_ L'un des buts est une sorte de "coopération" lucrative des deux côtés. Donc tu ne dois pas blesser. Ta présence est suffisante pour ça. Après tout ... tu n'es pas anodin.

les loups ont toujours peur des loups blancs. ça se bouffe et ça se tue sans concessions pour qu'il n'en reste qu'un debout.

tu attends ; voir si celui que tu as en face de toi possède une once d'intelligence pour poser des questions. sur cette future coopération - ou si c'est un énième soldat presque parfait qui se tait. les deux ne sont pas vraiment appréciés.

c'est que tu serais presque étonné de son obéissance si rapide - c'est que tu l'es en fait, réellement, un sourcil qui se hausse imperceptiblement. qu'il t'écoute aussi rapidement et qu'il continue le vouvoiement est presque une fête ; l'exagération est de mise en ce jour - arrête ton mouvement de lame avant de glisser tes doigts sur ton menton.

tu n'aimais pas deux personnes : celles qui se taisent et celles qui posent trop de questions ; compliqué dans cette situation. s'il n'avait rien dit de plus, tu aurais tiqué - aurais même pu le critiquer ouvertement ; mais la question est tout aussi problématique. tu danses d'un pied sur l'autre en réfléchissant - dans tous les cas, tu comptais lui répondre. mais tu préférais éviter de lui mâcher son travail ; tu voulais être certain qu'il récolterait des informations sans que tu doives le materner.

_ Hum ... diverses et variées. Mais une seule de ces choses m'intéresse.

et puis pourquoi ne pas corser la chose ? et puis pourquoi ne pas voir jusqu'où il ira dans les questionnements ? et puis pourquoi ne pas lui couper la t-.

un sourire sur ton visage tandis que tu stoppes le mouvement de corps. une octave en moins quand tu reprends parole.

_ A toi de découvrir laquelle.

c'est moche. s'il posait plus de questions, tu lui dirais aimablement qu'il en pose trop - s'il n'en dit pas plus, et qu'il part simplement, ce serait trop chiant ; tu connais déjà un parfait soldat, tu n'en as pas besoin d'un second. l'épée qui se plante dans le sable - les pieds de chaque côté et les mains jointes à même le pommeau.

l'allure d'un vrai roi.

(une magnifique marionnette bien élevée et brodée - la fée ne vient pas une fois la nuit tombée pour t'accorder un voeu)
((les contes n'existent pas))

tu n'es pas dupe et n'es pas né de la dernière pluie - tu connais ces individus, ces wild, impulsif et désagréable ; ce genre qui coupe la tête et pose les questions ensuite. inutile et stupide finalement. tu connais. est-ce que tu penses que la personne en face de toi, ce major, est de ce type-là ? assurément. et pour cause, cette main qu'il sort de ses poches - te mettant immédiatement en garde, la gouttière posait à même le dos de ta propre main ; pointé sur lui mais encore plus sur son coeur.

tu te méfiais des sentiments humains - surement pour ça que certains de tes membres t'énervaient plus que d'autres. plus que tout, tu te méfiais des paroles qui sortaient de la bouche en face de toi ; que tu considérais comme une menace à l'égard de la mission que tu lui confiais. tu n'abaisses pas l'épée, tu maintiens cette position.

à la place, tu réponds à ces interrogations, un sarcasme évident dans ta voix.

_ Félicitations. Tu as raison.

reprend d'un ton néanmoins sérieux.

_ Le "tu" n'es pas apprécié, je ne pensais pas que je devais le répéter pourtant. Je déteste les soldats insouciants, ceux qui posent trop de questions et démontrent leur inutilité mais encore plus ceux qui sont stupides et n'en posent pas du tout. Mais par contre, Thanatos ... L'art et la manière de dire sont importants. Et ta menace ne passera pas une seconde fois. Ce n'est pas une mise en garde. Ce n'est pas un avertissement. C'est une promesse.

tu abaisses cette épée, le regard froid, le visage guère souriant - tu disais la vérité et rien que la vérité. qu'il ne se pense pas au-dessus, qu'il ne se pense pas invincible d'une quelconque manière. tu es là pour faire régner un semblant d'ordre et si pour cela, il devait être puni, il le sera - sans aucune forme de procès. néanmoins, l'hôpital se fiche bien de la charité quand on connait tes propos durs et ta non manière pour l'art de dire les choses.

_ Que je te donne un conseil. Le jour où ton corps ... pointe du doigt ses jambes. Sera assez éduqué pour ne plus trembler aux moindres de tes caprices, tu deviendras imprévisible. Le jour où tu le deviendras, tu seras dangereux. Et ce sera synonyme de "fort".

un conseil à double tranchant - un conseil néanmoins. c'était une vérité, dur, crue et tu n'avais ni l'envie ni le besoin de donner des formes à tes propos.

_ C'est aussi ta faiblesse la plus élémentaire et celle qui causera ta perte.

quand la rage envahit un corps, tu es le premier à donner le coup fatal à l'ennemi - car il est bien plus facile de tuer une bête qui n'a qu'un seul but qu'une personne dotée d'intelligence.

_ Maintenant, pour répondre à ta question forçant sur ce dernier mot je souhaite des informations sur la drogue. D'autres questions ?

un petit filet de sarcasme pour terminer ta tirade. t'étais pas le genre à causer autant mais t'étais pas le genre à te faire non plus marcher sur les pieds - et s'il fallait le rappeler à tous et toutes, tu le ferais volontiers encore et encore. tes propres démons te poursuivent sans que t'ait besoin d'en plus devoir gérer ceux des autres - t'es pas leur père fichtre alors !

qui sait, tu t'attendais peut-être à ce que finalement il sorte les mains de ses poches - il n'en ressortira pas vivant, bien sûr. quiconque est puni pour avoir levé la main sur son supérieur hiérarchique - major, pas major ; garde, pas garde. mais qui sait, peut-être le ferait-il. est-ce que cela fait souffrir ? sans nul doute. mais cela ne te plairait guère, aspirant à autre chose de plus ... glorieux ? si un tant soit peu la mort peut l'être ; on conte cela, on dépeint cela mais jamais on ne l'atteint, n'est-ce pas ? ce serait trop demander, surtout pour toi - tu n'es qui nuisance au bon fonctionnement d'une machine bien huilée dont tu n'as même pas idée du dénouement. tu n'es que grain de sable, que rouage dans tout cela, et même ainsi, tu arrives à coincer quelque chose - si tu pouvais mourir ...

le garnement en face de toi ne pense qu'à ça, à son pouvoir, à son invincibilité - te pense-t-il faible ? tu l'es. tu as perdu ta gloire passée, tu n'es que de chair et de muscles et un coeur creux ; tu marches, marches sans jamais t'arrêter mais ton dos ploie, ta colonne se creuse et avec ça, tes hanches se détacheront d'elles-mêmes.

néanmoins, montrer une faiblesse aussi évidente n'aspire qu'à finir sept pieds sous terre - non dans le ciel ; alors à la place, tu lâches cette épée qui retombe sans bruit et s'affaisse entre quelques grains. tu tends tes bras de chaque côté de ton squelette et tu souris - non d'un sourire charmant, ni même sarcastique - un sourire démentiel. tu as eu bon maître en la matière, à force qu'on tire sur tes propres fils, tu as pu acquérir quelques techniques subtiles.

_ Non.

un simple mot, une bombe à retardement ; que tu continues d'amplifier.

_ Et si tu cherches à t'amuser, va.

sourire démentiel.

_ Au fait ...

les mains qui se croisent, des doigts qui se lèvent pour frotter une barbe naissante.

_ Si tu tires trop fort la corde, je te punis. Si tu fais échouer cette mission, je te punis. Si tu continues encore de faire ton fier, je te punis. Et si tu te montres encore sarcastique, je te punis.

si tu respires, je te pu-. clignement de pupilles et sourire toujours dépeint sur ton visage.

_ Tu vois ... tout se passerait mieux si tu ne cherchais pas à faire le malin.

rancunier ? non. simplement roi. et il sera sévèrement puni si cette mission échouait vraiment.

allez, lève les mains et tue.

déçu, tel était le mot que tu utiliserais pour définir cet échange - c'est que tu aurais presque, presque espéré qu'il te flingue de suite ; certes, cela n'aurait pas été une mort incroyable mais bon - la mort est-elle douce, de toute façon ? le doute est permis, la question est pertinente - mais tu t'en fous comme de ton nez au milieu de ta figure. qui sait, tu voulais peut-être juste le voir se mettre en colère - c'est que tu pouvais faire tous les caprices du monde, hurler ou lever la main ; personne ne s'énervait. comme si tout était normal dans le meilleur des mondes.

on pourrait qualifier ça de gosse capricieux, de roi compliqué - et pourtant la plupart du temps, tu étais un être amorphe et profondément ennuyé. mais de temps en temps, tu aurais apprécié des représailles - par la parole ou par les actes. pour te sentir vivant ? humain ? au même niveau qu'autrui ? tu n'en savais rien. tu étais juste terriblement déçu.

tu ne ramasses même pas ton épée, tu fais disparaitre ton sourire et tu soupires ouvertement - un très long soupir avant de frotter ta glabelle ; les rides se forment avec l'âge et tu risques d'en avoir une profonde à cet endroit. tu devrais peut-être aller consulter. tu préfères abandonner cette attitude de vouloir dominer - trop lasse de tous ces individus ; qu'ainsi soit-il s'ils ne te respectaient pas. tu ne sera pas responsable des morts. et tu noteras dans un coin ton choix quand ils trépasseront. tu préfères juste rebondir sur sa question.

_ Non, pas encore. Pour cette mission, je souhaiterais que tu prennes quelqu'un avec toi. N'importe qui. L'important étant de travailler en binôme si jamais il se passe quoi que ce soit. Les imprévus, tout ça ...

plante ton regard dans le sien.

_ As-tu déjà une idée de qui va t'accompagner ?

simple curiosité passagère.

si la réponse avait été positive, tu aurais posé plus de questionnements - notamment pour avoir un nom et imaginer la scène qui serait offerte aux individus du marché noir - mais la réponse fut négative et entraina une question à ton égard, te forçant à user de ta mémoire. tu tranchas directement : howlite ne fera pas l'affaire - non pas que tu ne doutais que cette femme soit faible, simplement, tu préférais éviter des boucles temporelles où thanatos ravage tout le monde. tu fis aussi une croix aussitôt sur december - trop ... trop. tu ne pourrais le définir clairement mais il était imprévisible - et cela couplé à ton major en face ne prévoyait que de très très mauvaises choses.

deux noms restaient donc en lice - dolly, dont tu ne connaissais rien d'elle, si ce n'était son alter et sa remarquable performance aux précédents hunting sports et bien entendus, ton petit chouchou, nothing. les deux choix étaient beaucoup plus préférables que les deux précédents - ne serait-ce que parce qu'ils obéissaient un peu plus. surtout nothing.

passant ta langue sur tes lèvres, tu sortis finalement cette réponse.

_ Nothing.

cependant, tu doutais que ce major écoute tes conseils ou tes suggestions, tu fis même un haussement d'épaules.

_ Cependant, Dolly serait aussi un bon choix. A toi de voir, prends qui tu souhaites à tes côtés.

qui sait, si cela lui permet de s'ouvrir à d'autres personnalités bien contraires à la sienne, cela pourrait donner un miracle - ou un malheur de plus. la sentais-tu, cette migraine qui arrivait ? les problèmes peut-être ? ou encore autre chose ? carcosa, que tu étais miséricordieuse, hein ? sarcasme évident dans ta voix.

il était temps de libérer cerbère de sa corde, laissant à sa place cette épée à cet endroit, preuve de cet échange avant de te diriger vers ton major - ayant bien vu que ses mains étaient de sortie mais ne t'en inquiétant plus outre mesure. une petite tape sur l'épaule et une hésitation à peine perceptible - t'étais pas de cette génération à dire à outrance tes sentiments, ou à savoir dire des bonnes chances à tout va. tu lâchas donc pitoyablement un simple :

_ Tu peux disposer.

tu fus néanmoins le premier à sortir de cet endroit.
t'étais vraiment nul.
depuis quand n'arrivais-tu plus à féliciter ou donner du courage aux gens ? pitoyable roi. tu aurais au moins pu lui souhaiter bonne chance - tsss, tu aurais dû. mais bon, t'étais pas doué. c'était comme ça. un grognement et une marche vers un autre endroit, un autre lieu, en attente des résultats futurs de cette mission.