Le mouvement de ses oreilles lorsque tu mentionnes les siennes te fait sourire.
Tu le perds avec la question profondément personnelle que tu lui as posé. Tu l'observes en silence. Tu ouvres la bouche, pour lui dire que ce n'est rien de ne pas répondre, que tu lui avais dit qu'il n'était pas obligé de te le dire. Mais il parle à ce moment-là. Ta main se lève pour aller vers lui, avant de retomber dans l'eau et ton regard dérive vers ailleurs. Tu ne peux pas avoir de gestes de réconfort. Surtout avec ce qu'il vient de t'avouer.

- Je suis désolé que tu ais du vivre cela.

Cela était bien différent des habituels tourmentes de l'enfance, même si tu n'es pas au faîte des moeurs et coutumes dans les autres factions.

Tu recroises son regard. Tes envies de contact te semblent futiles à présent.

- La chaleur que ça peut procurer, je trouve ça réconfortant. ça me rappelle aussi que je suis vivant. C'est aussi une marque d'affection que j'offre et que je reçois... En soi... Il y a plein de petits éléments différents qui font que j'apprécie et que j'en ai besoin. Mais je réclame très peu en fin de compte.

Pourtant tu n'as pas manqué de l'amour de ta famille quand elle était encore en vie. Et les personnes de ta faction était présent pour toi. Surtout Autumn quand tu étais adolescent. C'est sans doute aussi pour parer la violence du monde dans lequel vous évoluer tous. Mais tu ne le lui dis pas, de peur qu'il voit en toi quelqu'un de plus faible encore, pris dans une utopie ridicule, puisque tu es déjà le genre de type à soigner ses ennemis sur le champs de bataille.

- Il y a une raison qui te pousse à vouloir apprendre à toucher ?

Et peut-être même à être touché. Mais cela, tant qu'il ne l'exprime pas lui-même, tu garderas tes mains près de toi.

Il s'ouvre à toi, se montrant dans une telle fragilité de son être qu'il t'es impossible d'être de marbre. Le voir ainsi, c'est douloureux, comme lui qui a du souffrir de son enfance et de chaque contact. S'il te dit qu'il voudrait aussi se sentir vivant... C'est que la vie qu'il mène ne l'aide pas à ressentir cela. Alors comment se sent-il ?

Tu n'oses pas le lui demander. Mettre des mots, c'est peut-être pire que de montrer comme il le fait maintenant. Et tu ne veux pas non plus le mettre mal à l'aise.

D'autant plus qu'il se cache sous l'eau. Tu pousses un soupir et regardes vers le ciel. Les étoiles, les planètes, tout qui étincelle.

Il y a des blessures que tu ne peux pas soigner, Lime. Et pourtant, là, tu aimerais t'évertuer pour le soigner, pour qu'il puisse ressentir, comme les autres ressentent, sans être mal, sans en souffrir.
Tu songes à sortir de l'eau quand il ressort sa tête et pose son regard sur toi.
Tu clignes des yeux, surpris par sa proposition.

- Tu es sûr ?

Toi, cela te va. Ce n'est pas un "si tu veux" qui devrait être dit, mais plutôt un "si Mars le veut et se sent prêt". Cependant, le fait qu'il fasse le premier pas en est la preuve.

- D'accord, on peut réessayer, mais dit le moi dès que cela est trop.

S'il est possible de remplacer ses mauvais souvenirs, ses mauvaises sensations par quelque chose de plus agréable, même de manière momentanée, c'est toujours ça.

Tu te rapproches de lui dans un mouvement d'eau. Tu lèves une main vers son visage et lui caresse la joue et l'angle de la mâchoire. Tu aperçois le brillant de sa chaine, autour de son cou, et tu fronces légèrement les sourcils. Il vaut mieux pour toi que tu ne la touches pas sans tes gants. Tu n'as pas envie de potentiellement mal réagir alors que tu te trouves dans l'eau.

Ton geste sur son visage. Tu sens son regard ardent sur toi. Tu poses le tien, aux couleurs mauves, dans le sien. Ta main cesse de se mouvoir. Tu es comme pris dans une coupure temporelle où rien ne se passe.
Il ne te repousse pas. Tu te demandes pendant un instant jusqu'où tu pourrais aller. Pourrais-tu lui caresser le cou ? Les épaules ? Les bras ? Le torse ?

Soudain sa main se saisit de la tienne, mettant un terme au contact qui s'était créé et une fin à tes pensées.
Assez pour ce soir. Voulait-il dire qu'il y aurait d'autres soir ?
La question ne franchit pas tes lèvres. Parce qu'un autre détail te frappe.

- Pourtant... tu ne me lâches pas...

Tes mots sont soufflés dans un murmure. Combien de temps durera ce nouveau contact ?
Son regard est toujours ancré dans le tien. Il n'a pas dérivé, alors que le tien, si. Il avait regardé vos mains avant de se reposer sur son visage et ses yeux.

- Est-ce que... Tu préfères qu'on continue, mais que ce soit toi qui initie le contact ?

C'est une autre manière de faire.

Il se fait silencieux et tu restes suspendu à ses lèvres. Tu observes ses traits sous la lune. Ses froncements, sa mine fermée, son regard qui dévie. Et sa main qui ne te lâche pas. Une condition ? Pourtant il ne dit rien, son regard dévie.

- Une condition... Laquelle ?

Tu attends qu'il t'en dise plus. Tu ne lis pas dans les pensées. C'est presque désagréable de ne pas savoir à quoi il pense.
Ses doigts qui caressent la paume de ta main. Cela te gêne presque. Ce qui est étrange. Lui qui semble ne pas vouloir de contact, il en initie... Tandis que tu ne peux pas le toucher en retour. Alors que tu as envie de venir l'enlacer. Mais c'est juste ton besoin de proximité, d'attention, d'une dose d'amour ? Ou bien est-ce à cause de la réalisation que tu as eue pendant la soirée ?

Puis une question simple.

Tu écarquilles un peu les yeux, surpris. Ton regard mauve croise le sien qui plonge dans le tien.

- C'est pour que tu t'interroges...

Il esquisse un sourire.

- Je plaisante. C'est pour protéger mes mains. Je n'aime pas trop toucher les objets des autres... Qui sait où ils ont trainé...

Tu détournes les mots pour ne pas dire clairement que c'est pour te protéger toi du déclenchement de ton alter. Plus les objets trainaient aller savoir où, pire cela pouvait devenir pour toi.
Et puis, ton résonnement tient la route. Tu évites le contact direct avec les germes des autres.... Même si dans cette eau... Que Mars ne réfléchisse pas trop. Il n'avait pas voulu te parler de son alter, tu n'étais pas obligé d'en faire de même.

Tu penches légèrement la tête sur le côté en l'écoutant. Tu continues de l'observer, après tout, lui, il n'a pas lâché ta main. Une moue se dessine sur tes lèvres à ses questions. Tu ouvres la bouche pour lui répondre, mais son rapprochement te laisse muet. Tu dois lever un peu plus la tête pour le regarder... Ses sourcils froncés, l'angle de vue, sa carrure, sa proximité. Ton coeur commence à tambouriner dans ta poitrine, un affolement silencieux en toi, alors que tu gardes ton sang froid.

La main qui a capturé la tienne se met en mouvement, pour jouer avec tes doigts, pour leur imposer une nouvelle prise.
Tu détourne ton regard de son visage pour observer vos mains respectives.
Enlacées, prises dans une étreinte déstabilisante.
Et Mars qui te demande de lui répondre

- ... Je n'ai pas menti.

Fuir est devenu impossible.
Tu relèves le regard vers le roux qui se fait imposant.
Un frôlement de vos peaux et te voilà comme perdu, partagé entre l'envie de l'enlacer et celui de le repousser.

- C'est réellement pour protéger mes mains.

Tu cherches son regard.

- Je n'aime pas toucher les objets des autres.

Tu te mords la lèvre inférieure, mais tes dents glissent sur ta peau, la libérant rapidement. Mais déjà ta main libre s'était levée, quittant la tiédeur de l'eau et se levant vers le visage de Mars pour lui effleurer la joue. Tu suspends ton mouvement dans l'air, ne sachant pas si tu peux continuer ce que tu as amorcé ou s'il préfère que tu retires ta main.

- Ce n'est pas l'envie qui m'en manque, de te toucher. Toutefois, je ne veux pas te mettre mal-à-l'aise. J'anticipe peut-être ta prochaine question : toucher une personne ne me pose pas de problème, contrairement aux objets.

Tu reprends une inspiration, l'espace d'une infime seconde.

- Si la personne que tu connais chez toi craint les germes, ce n'est pas mon cas. Ce n'est pas de ça que je me protège, mais...

L'hésitation se fait sentir. Peux-tu en parler ? En faire mention ? L'évoquer ? Il t'avait bien avouer un moment de sa vie qui était tout sauf anodine.
Même si tu lui avoues, cela ne consiste en rien un danger, puisque ton pouvoir n'est ni offensif, ni défensif, ni de soutien. Pour une faction, pour les hs, ton alter n'avait aucun intérêt.

- ... de la propre utilisation de mon alter.

Tu souffles les mots, pour que lui seul entende, comme s'il pouvait y avoir une oreille indiscrète, comme pour que lui seul soit dans la confidence et non pas la brindille sur la berge avoisinante.

Alors que tu parles, tu observes le changement d'humeur de Mars par les petits détails de son visage, par le contact qui vous lie, par sa tête qui se penche, acceptant ta main.
Tu lui caresse la joue. Tu profites de ce contact.
Sa peau, sa chaleur.

...

Un merci ?

Tu écarquilles un peu les yeux. Tu ne comprends pas la raison de ce merci. Cependant en y réfléchissant, tu peux entrapercevoir une raison. Tu venais te de livrer, comme il l'avait fait. Un échange équivalent ? Peut-être. Une marque de confiance ? Peut-être aussi ?

Confiance en un ennemi.

La voix en toi susurre, mais tu la fais taire. Tu n'as rien dit de compromettant.
Profite juste de l'instant.
De la magie dans qu'elle s'active.

Il se penche vers toi et tu relèves le visage vers lui... Pour l'observer fuir avec surprise.
Tu as bien cru qu'il allait t'embrasser.
Il allait le faire, non ?
Pourquoi ton coeur tambourine encore plus fort dans ta poitrine. Il te donne l'impression qu'il va sortir d'entre des côtes.
Mars se retrouve sur la rive, assis, non loin. Et toi, tu restes dans l'eau, seul.
Tu plonges dans le liquide assombrit, tu t'éloignes un peu de cette zone plus chaude pour celle plus fraiche. Tu as besoin de te refroidir les idées.

Retrouver les tiens... Oui.
Quelques mots pour te rappeler la réalité.
Il n'est pas des tiens.
Ce qui a fait battre ton coeur envers lui est encore moins permis parce que c'est lui.

Tu reviens au bord et te hisses en dehors de l'eau.

- Oui, tu as raison...

Tu t'assieds également, non loin de lui.

- Tu préfères qu'on se quitte ici ? Ou tu tiens toujours à me raccompagner ? Mais... Ce serait louche que tu me raccompagnes jusqu'au bout aussi, d'un point de vue extérieur, je veux dire.

Tu retiens un soupir.
Fallait-il que cette nuit ait une fin ? Vraiment ?
Oui, c'était le mieux.
Garde en toi ce moment de paix, ce moment de confiance partagé.
Tu pourras le rédiger dans un carnet, pour oublier si jamais le pire venait à arriver dans le futur.

En fin de compte, comme si tu ne tiens pas en place, tu te relèves pour rejoindre ta pile de vêtements. Tu commences par enfiler tes gants avant de remettre le pantalon et la chemise. Ce n'est rien si tu es encore humide et que le tissus colle à ta peau.

Tu es content qu'il accepte de te raccompagner, mais tu as l'impression que c'est cruel aussi. Il s'agit de prolonger un moment qui n'aurait pas eu lieu sans cette soirée.
Ton coeur se serre.
Ton corps frissonne dans l'humidité de tes vêtements.
Jusqu'à sentir se poser sur tes épaules une veste.
Tu relèves les yeux vers Mars, tu le dévisages.

- Merci.

Tu la lui rendrai, comme il te le demande. En attendant, tu l'enfiles et profite de son odeur, de la chaleur due au fait de la porter.
La marche est longue. Elle dure, dans un silence absolu.
Tu n'oses le rompre, dans la crainte de dire un mot de trop.
Pourquoi a-t-il accepté de t'accompagner si c'est pour rester silencieux ?
Pour ta présence ?
Pour avoir des informations ?
Pour.... Pour quoi ?

Tu te prends trop la tête.

Le chemin arrive à sa fin. Le croisement des départs est là. Sans pour autant exister réellement.
Il récupère sa veste sans un mot, sans te demander. Il la prend juste.
C'est dommage, tu aurais aimé respirer une nouvelle fois son odeur....

- Merci pour la marche et... le moment.

Il te salue déjà et s'approche de toi une dernière fois.
Tu lèves ton regard vers lui. Tu es dans l'attente. Car pour une fois, tu n'oses pas toucher autrui.
Et finalement ... Rien.
Tu es déçu. Sans savoir pourquoi.
Ce n'est qu'une rencontre d'un soir.
Mais avec une sorte de promesse de se revoir ?
Tu aimerais y croire.

Il avait juste passé la main dans ses propres cheveux avant de partir au pas de course.

Tu regrettes. Tu aurais du agir. Tu aurais du l'enlacer, te hisser sur la pointe des pieds, l'embrasser, quitte à te faire frapper. Profiter, de ce que maintenant tu ne pourras plus saisir. Seule l'IA sait peut-être quand tu pourras le revoir. Et encore.

Tu observes sa silhouette disparaitre dans l'obscurité.
Quand il a totalement disparu, tu pousses un soupir. Tu portes la main à ta poitrine, comme si cela pouvait calmer les battements de ton coeur.

Tu ne savais pas si les coups de foudre existaient, mais maintenant... tu penses pouvoir dire que oui. Et ce sentiment te terrifie. Plus que les sentiments d'amour ressenti pour les gens aux QG ou au village. Tu pouvais ressentir des sentiments pour eux. Mais pour Mars, ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux, pour l'un comme pour l'autre.

T'enfermer dans ton infirmerie pour les jours à venir, ou dans ta chambre, oublier, écrire, préparer des médicaments, occuper tes pensées, afin de l'oublier... Cela sera-il possible ?