Depuis le balcon, il était tout à fait possible d'entendre les noms qui passaient dans le micro. Ce que c'était gênant d'entendre tout ça. Autant que de devoir le dire, oui. Tu pousses un soupir. Tu détestes te sentir comme ça, perdu et martyrisé sentimentalement. Sérieusement. Pourquoi les filles avaient posé ces questions ? Tu devais passer pour quoi ? Pour un type qui ne savait pas ce qu'il voulait en amour ? Une personne frivole ? Est-ce que tu es frivole ? Si tu t'écoutes, la réponse est non. Mais aux yeux d'autres... C'est bien pour ça que tu gardes tes sentiments pour toi.

Il y a du mouvement dans la foule. Les gens se décident à bouger. Tu fronces les sourcils. Tout le monde souhaite rentrer chez soi, à première vue. C'est sûrement le mieux. Tu n'as pas envie de déranger Hysteria pour qu'il te serve de taxi. Tu pouvais prendre le cheval et.... Chevaucher en pleine nuit... Non. Mauvaise idée. Sérieusement, les autres allaient rentrer de nuit ? Ils savent que les chevaux, ça ne voit pas dans le noir ? Tu pousses un nouveau soupir. Tu es bien dans le jugement quand tu es négatif.

Puis dans le micro, une voix et un nom.
Tu t'arrêtes de penser.
Quoi ?
ça doit juste être une blague de mauvais goût. Et pourtant, c'est ce qui te pousse à bouger. Tu reviens dans l'intérieur de la pièce. Tu balaies la salle du regard. Il est grand et a une couleur de cheveux particulière.
Là.
Tu diriges tes pas vers lui, tu l'attrapes, sans l'attraper. Les contacts physiques, c'est un nom. Alors que pour ta part, tu en as cruellement besoin.

- Mars. Attends ! Ne pars pas.... Pas tout de suite.

Tu t'assures d'avoir son attention. Ton regard plonge dans le sien avant que tu ne détournes la tête.

- C'est vraiment nos moments que tu as préféré en cette soirée ? Ou... c'est juste du vent pour avoir la paix ?

Car il est impossible de savoir. Et si aux yeux de tous un nom est donné, le mensonge peut exister.
Quoiqu'il t'es possible de connaitre le vrai nom que tout un chacun a prononcé dans le confessionnal en touchant celui-ci. Toutefois. Ce n'est pas la même chose.

Il avait ralenti le pas pour que tu puisse t'approcher de lui et faire la conversation. Cette fois-ci, il ne te fuit pas. Il te rassure avec deux mots. Tu ne veux pas douter. Au pire, qu'est-ce que ça ferait si c'était faux ? Tu ne le reverras pas. Ce n'est pas un grand mal de se dire que c'est vrai et d'accepter ce fait, tant que tu ne tombes pas dans un piège.

Tu lèves ton regard vers lui qui observe le ciel. Puis tu le détournes vers l'horizon nocturne quand il le rebaisse sur ta personne.

Rentrer... Tu pousses un soupir.

- J'aimerai bien mais...

...Mais il fait nuit, ce n'est pas sûr, tu repartira demain...

C'est ce que tu allais dire jusqu'à ce que tu l'entendes ajouter une proposition. Tu écarquilles les yeux et lèves la tête vers lui.

- ça te ferait faire un grand détour, non ? En plus... Tu ne pourrais me raccompagner que jusqu'à la frontière... C'est dommage... Mais...

Tu détournes le regard et te passes une main dans les cheveux.

- Mais je veux bien.

Tu marques une pause. Tu aurais plein de questions ou de remarques à lui poser. Comme.... Sait-il se qui se passe généralement après avoir raccompagné l'autre ? Est-ce dans un espoir de réaliser ses propositions de votre première entrevue ? Tu esquisses un sourire amusé dans la nuit à l'idée de cette pensée. À la place, tu demandes autre chose.

- Pourquoi me proposer de me raccompagner ?

Des réponses courtes et concises. Tu n'arrives pas à lui arracher le fond de ses pensées. Cela tombe bien, ce n'est pas non plus ce que tu veux.
Simplement pour marcher, par envie, pour évacuer...
Chacun avait sa manière de faire.
Tu serres un bras autour de toi. Non pas que tu as froid, mais... Toi, ta manière d'évacuer, c'était le contact physique, comme un simple câlin.

...Et pourquoi toi tu acceptais qu'il te raccompagne ?

- Ah... ça... C'est mieux que d'être seul. J'aurai attendu l'aube pour rentrer sinon.

T'égorger. L'idée te fait tressaillir. C'est une possibilité. C'est un jeu, dangereux, dont tu as accepté la règle silencieuse dès le début de la soirée. Séduire ou être séduit pour ensuite être utilisé. Mais ce soir, pour toi... Non, ce n'est pas le cas. Toutefois, si c'était la tactique de Mars... Tu hausses les épaules.

- Ce serait dommage. Je te prierai de le faire avec le moins de douleurs possibles.

C'est désagréable d'avoir mal. D'avoir mal physiquement et mentalement. De se traiter d'imbécile alors que la vie s'échappe. De regretter bêtement ce qui arrive et voir trop tard comment cela aurait pu être éviter.

Tu souris, même si l'obscurité vous entoure et que cela doit peu se voir.

- À défaut, je préférerais être enlevé. Mais je risque d'être agaçant à vouloir être bien traité.

En revanche, ce serait tout aussi embêtant, car si enlèvement il y a, ce serait pour te soutirer des informations.

Quelle chance tu as, Lime, car pour toi, il te dit qu'il pourrait être plus rapide, une forme de clémence. Pourquoi votre discussion prenait un tour aussi lugubre. Des propos crus, vous étiez passé à une discussion sans forme sur que faire de l'ennemi que tu représentais pour lui. Cela te fait un peu froid dans le dos. Puis tu le regardes, relevant ton visage vers lui. Toi, drôle ? Tu esquisses un sourire, un peu incrédule.

- Pas de tout repos ? S'il m'est permis de rêver, j'espère que tu épuises de manière plaisante et sans atteinte à des talents qui pourraient avoir son utilité.

Tu te détournes de lui et continues d'avancer, de marcher. Tu sens son regard sur toi, mais tu ne dis rien. Parfois le silence a aussi sa beauté et ses propre paroles. Cependant, tu t'interroges sur ses pensées. Et sa question tombe.
Tu ris, portant la main à tes lèvres pour en étouffer le son. Tu es surpris par sa franchise et surtout par son audace. Pense-t-il que tu va répondre ? Que tu es assez naïf pour lui dire tes faiblesses, des fêlures, des brisures ?

Tu avances d'un pas rapide pour le dépasser et finir devant lui, arrêtant votre promenade nocturne.

- Pourquoi me demander cela ? Si je te retournes la question, est-ce que tu me répondrais ?

Tu marques une pause, avant de te retourner et marcher devant lui. Tant pis s'il en profitait pour t'attaquer à ce moment-là. Tu es prêt à en courir le risque.

- Mes faiblesses n'appartiennent qu'à moi, et je refuse de les livrer à autrui, quel qu'il soit.

Bien.
Le mot résonne dans ton esprit. La voix de Mars qui répète "Bien" dans ta tête. Encore et encore et encore.
Il s'était même arrêté et tu t'étais à demi retourner vers lui.
Avais-tu dis quelque chose qui ne lui plaisait pas ? Simplement parce que tu refuses de donner une faiblesse. À la réflexion, tu en connais une sur lui. Tu connais même une humiliation publique, même s'il avait lancé lui-même le truc. Il avait accepté des contacts venant de toi, alors qu'il n'aimait pas. Mais... tu pensais que c'était pour le jeu de la soirée.

Tu te mords la lèvre inférieure, alors que tu penses à tout ça trop rapidement. Puis tu te rends compte du silence environnant qui te met soudain mal à l'aise. Comme le fait qu'il n'ait répondu que "Bien".

Cette fois c'est toi qui t'arrêtes brusquement.

- Mars.

Tu l'interpelles, pour avoir son attention.

- Je peux t'en livrer une.

Une parmi tant, car elles sont nombreuses, tes faiblesses à tes yeux.

- Même si j'ignore laquelle serait la meilleure.

Il doit se douter que tu n'es pas fort au vu de ton physique. Tu n'es pas grand, ce n'est pas toi qui allait le soulever par exemple. Et ta force est minime, normale pour quelqu'un de ton gabarit.
Tu te passes la main sur la nuque, comme si te livrer t'embêtait, mais c'est surtout que ça te gêne.

- Je dirai que je m'attache vite ? Mais... je ne sais pas si tu considères cela comme une faiblesse.

Tu places les bras autour de toi.

- Et...Contrairement à toi qui les évites, je... J'ai besoin de contacts physiques.

Tu marques une pause, avant de lui demander.

- Pourquoi tu as testé de me toucher la joue et pourquoi tu m'as autorisé à te toucher les oreilles, alors que tu n'aimes pas ?

Tu inclines la tête sur le côté et esquisses un maigre sourire. Est-ce que tu t'attaches, Lime ? Oui. Est-ce que tu t'attachais déjà à la soirée, c'est plus difficile à dire.

- Hm... Non, ce n'est pas vraiment ça. C'est plutôt parce que c'est en cours... Mais comme j'ignore si je pourrai te revoir à l'avenir, et encore moins dans un contexte plutôt agréable, je voulais encore en profiter un peu...

La surprise te prend et tu en rougirais presque. Tu l'intrigues ? En quoi ? T'es plutôt basique comme individu. Tu es un parfait citoyen lambda. Ta place dans le qg, tu ne l'as que parce que tu sais comment soigner et que tu as appris la base du combat où tu n'excelles pas.
Puis, il te donne ce que tu prends pour des explications. Tu retrouves en lui cette gêne, cette légère fragilité qu'il avait déjà dévoilé l'espace de quelques brèves secondes à la fête.
Alors, le sourire revient sur tes lèvres. Tu lui emboites le pas et reviens marcher à son côté. Tu pourrais croire que tu es spécial pour lui. Mais tu évites d'y croire. Les illusions, ça ne sert à rien.

- Si tu veux apprendre à toucher les autres... ça me dérange pas de t'aider. Et puis... ça tombe plutôt bien, puisque je suis du genre à être tactile et à aimer ça...

C'est gênant d'en parler. Pourquoi c'est aussi gênant ?

He bien oui, en cours. Que n'avait-il pas compris dans ce terme ? Le cheminement était en cours. Tu es en train de t'attacher, quoique tu puisses en penser.

Soudainement, il bifurque et tu ne comprends pas. Il voulait te raccompagner au plus vite par là.... par là, il n'y avait qu'un détour. Il te prend par surprise avec sa question, l'intonation de sa voix, ...

- Qu'es-ce qu.... Attends !

Et il court.
Tu te mets à courir aussi. Tu le poursuis, suis ses pas, le bruit de ses foulées devant toi.
Tu es plus endurant que tu ne peux le sembler. Tu es plus doué à la course qu'au reste.
Est-ce qu'il te teste ? En soi... la question elle-même était un test. Tu ne savais pas jusqu'où tu le suivrais, mais ce soir, ça n'avait pas d'importance.

À la vue de l'Oasis, tu ralentis. Tu aperçois sa silhouette et tu penche la tête pour chercher à comprendre ce que tu vois dans le clair de lune et de lucioles. Puis tu le vois plonger. Un nouveau sourire effleure tes lèvres quand tu t'approches de l'eau.

- T'es sérieux, là ?

Et pourtant, tu es amusé.
Irais-tu jusqu'à jouer dans l'eau avec lui ? Tu te mords la lèvre et cède.
Tu retires des chaussures, ta chemise, ton pantalon et tes gants en dernier que tu mets dans les poches d'un de ces vêtements.
Puis tu te jettes à l'eau (et dans la gueule du loup ?) et nages vers lui.

- Tu voulais pas me raccompagner rapidement ? C'est quoi le plan ? A part voir que je t'ai suivi jusqu'ici...

Tu nages à ses côtés, n'ayant pas forcément pied directement quand lui à pied. Tu le rejoins vers ce bord et est soulagé de sentir la chaleur t'envelopper et non plus la froideur précédente, bien qu'elle était supportable.

Il suit donc ses envies ? C'est intéressant à savoir.
Tu t'accoudes également à la berge, esquissant un fin sourire. Rentrer ou rester ? N'avait-il pas la réponse ?

- Mes actions ne sont-elles pas suffisamment claires ? Pour ce soir, je préfère rester avec toi.

Ici est très bien. Tu ne le mènes pas jusqu'à chez toi, que ce soit le qg ou le village. Tu ne fais pas entrer quelqu'un d'étranger trop loin sur le territoire et surtout, c'est un moment qui n'appartient qu'à vous. Une sorte de secret, sans avoir des paires d'yeux qui pourraient vous observer et médire par la suite en murmurant les mots trahison, parjure, informateur de l'ennemi, ou tant d'autres.

Il remet une de tes mèches de cheveux en place et tu es surpris par le geste. Il n'aime pas toucher et pourtant il se le permet. Tu lui avais dit que tu étais d'accord pour qu'il apprenne à toucher autrui, mais tu ne pensais pas qu'il prendrait de lui-même des initiatives si ... rapidement ?
Il te parle alors de tes marques en te questionnant dessus.

- Oh, ça ?

Tu touches celles de tes joues.

- Tu as bien des oreilles et je ne t'ai pas questionné dessus.~

L'amusement est dans ta voix et dans ton sourire.

- C'est de naissance. Sur mes joues, elles sont le plus visibles. Mais j'en ai aussi sur le dos et par-ci, par-là.

Sur le dos, dispersées sur le haut des épaules, plus sombres sur la chute des reins, plus éparses sur les jambes.

Tu hésites pour la suite à poser des questions, mais la curiosité est là.

- Il y a une raison qui fait que tu es malade quand tu touches quelqu'un ou quand tu es touché par quelqu'un ? ... Si c'est trop intime... Rien ne t'oblige à me répondre...