(XVII)
Adieu à la femme qui lui l'a accompagné la fin de son adolescence, à celle qui lui a donné le goût aux lettres depuis sa tendre enfance. A celle qui demain, ne la verra pas souffler ses bougies. Précieuse ainée aux mains ridée, partie dans un sourire, restée forte pour combler l'absence de ses parents. Elle lui avait tout donnée, l'affection, l'éducation, la richesse du coeur. Pourtant, elle a oubliée de prévenir sa protégée de craindre les autres pour sa survie ; et surtout de ceux qu'elle estimait. Portée par le deuil de sa précieuse grand-mère, elle a oublié de se méfier des autres. Un oncle, qu'elle ne voyait très rarement. Une éteinte, qu'elle n'avait pas connu jusqu'à lors. Une danse qu'elle ne voulait pas partagé et par l'eau elle fût assassinée. C'est en sursaut qu'elle s'éveilla à nouveau. Qu'elle cru à un mauvais rêve. Pourtant, alors qu'elle s'extirpait de ses draps, c'est encore une fois qu'elle découvrit le corps inanimé de sa précieuse gardienne. L'histoire se répétait.

Encore et encore.

Son alter avait tardé à s'éveiller ou plus exactement être découvert. A l'abri de tout danger, elle n'aurait jamais imaginé que seul sa fin l'amènerait à le révéler.

(XXI)

Rouge, comme le regret d'amer d'avoir aimé. Rouge, comme le sang qui s'échappe de sa plaie. Rouge comme les promesses d'amour dont il l'avait bercé. Rouge, comme un acte de trahison et, elle se meurt. Elle se meurt de l'intérieur, comme la rose arrachée à la terre ; piétinée par ses espoirs, par son envie d'y croire. Alors la nycthémère se répète, et au crépuscule de même journée la finalité reste inchangée. Le couteau planté, remué reste ancré ; dans son corps comme dans son esprit. Hier, aujourd'hui et demain.

Un et vingt-trois se ressemblèrent, la douleur venait l'accueillir alors que le sourire satisfait de son bien-aimée lui ôtait la vie. Vingt-quatre, elle détaillait. Brisée, elle fini par attaquer la première. Ce n'était pas son sang, cette chaleur qui l'envahissait pour la première fois n'était pas le sien. Il ne lui appartenait pas. Elle hurla, jusqu'à s'en briser la voix, elle hurla avant de mettre fin par elle-même à ses jours.

Vingt-cinq elle se réveilla et l'enfer restait inchangé. Alors, c'est volontiers qu'elle troqua sa lucidité contre la folie. Tant de fois ses sentiments avaient été piétinés, son âme avait été brisé, et son corps meurtri. Chaque fois que l'aube se levait à nouveau, elle s'acharnait sur son bourreau. Si lui oubliait chaque nouvelle journée les moeurs qu'il lui avait infligée, elle en était gravée. Le soir tombé, elle se laissait mourir à nouveau se jurant que demain, elle le tuerait encore de ses propres mains.

Quarante-deux, elle haletait face à son crime. Il n'y avait pas de rédemption à accorder, pas de pardon à demander ; elle s'était juste lassée de revivre cette date maudite encore et encore. C'est sans un regard, qu'elle laissait suppliant le corps du mourant. Pitié. Elle n'en avait plus. Je t'aime. Elle a oublié. Ne me laisse pas. Jamais il ne l'avait épargné et elle, plus jamais elle ne regarda en arrière.