Tu penses à trop chose, là, assis sur ton lit à regarder le sol comme si la réponse se trouvait devant toi.
Tu essaies de l'oublier, ce passé douloureux où se mêle le goût de l'amertume aux ulcères tellement tu baignes dans une profonde frustration.

Pour oublier tout ça, il n'y avait qu'un seul fondement : s'entraîner. Devenir le plus fort, d'entre toi et Dolly. Et ensuite... de faire table rase.

Seulement, ça t'arrive Hyste d'être troublé par le projet de t'entraîner...avec l'initiateur d'un système à l'origine détestable. En parfait electron libre, tu préferais te laisser guider par tes pulsions, et subir le poids d'une vie fatale à celle d'aider. Mais le paradoxe veut que tu ne souffres pas non plus d'une trop grande solitude.

Et c'est le cas. A part voir Howlite, et te faire soigner par Lime, il te reste pas grand monde à cotoyer. T'as beau faire ta vie depuis deux ans chez les Vigilante, t'as beau être un membre de la famille, il n'en demeure pas moins que tu n'as rien tissé de grand avec quique ce soit.

Et lorsque tu penses à la perspective d'avoir un véritable ami, toutes tes pensées se tournent vers un seul être.
Autumn

Quand tu repenses aux missives échangées, t'as les trippes qui se nouent. Tu ferais mieux de ne pas fantasmer sur une quelconque rencontre idyllique ou heureuse. C'est mieux si tu gardes les pieds sur terre, Hyste.

Tu te redresses de tout ton poids, et prend un t-shirt noir pour l'enfiler. Et comme à ton habitude, tu laisses cette chambre vide, tandis que tu retrouves la zone d'entrainement extérieur, celle-là même où quelques âmes vaillantes s'épanchent sur le sujet du combat avec un acharnement que tu contemples.

Ta main sort de ta poche l'un des Kunais offert par l'intelligence artificielle, encore une fois dubitatif quant à son usage fiable. Car les utiliser sur un arbre ne comportait aucun problème ; une cible mouvante changeait toute la donne. D'un regard, tu recherches une bonne âme, et t'en vois une, pas loin.

Mais va donc aborder cette fille au loin, avec ta superbe assurance et tes idées à la con : "je peux te frôler avec mes kunais pendant que tu fuis ?"

Putain. L'idée des sifflets a meilleure gueule, quand on y repense.

Tu sursautes.
Comme pris en flagrant délit par une voix masculine, que tu n'as pas reconnu sur le coup. En te retournant néanmoins, tu avises ce qui va peut-être constituer de potentiel élement d'entrainement quand tu reconnais la silhouette d'Autumn.
Ton corps, ton esprit même, se fige sur l'instant, en l'apercevant se rapprocher. Automatiquement, tu recules d'un pas et avises sur ta gauche comme sur ta droite s'il ne s'agit pas d'une méprise.

Mais personne n'est dans tes alentours, ni même derrière toi Hyste.
Quand bien même le trouble te gagne, c'est instinctif que tu déploies une aura froide et sévère. Les traits durcis par une intimidation que tu ne sais taire autrement.

- Autumn.

Tout de suite tes pensées se tournent sur vos échanges écrits. Le trouble est davantage en train de grignoter tous les pores de ton âme. T'es plus concentré à calmer ta respiration qu'à le regarder. Ou l'écouter.

Mais tu parviens tout de même à comprendre entre les mots. Et comme enfin il happe toute ton attention, ton regard s'adoucit naturellement.

- Oui. Enfin, sans doute ...

Qu'est-ce que t'es en train de baver ?
Tu regardes ailleurs pour chercher tes mots :

- C'est moi ou je suis très facile à lire ? Ou alors j'ai été trop clair sur le fait que je préfèrais me venger plutôt qu'à sauver les miches de mes alliés ?

Encore une fois, t'es incapable de le regarder.

- Tu dois vraiment m'prendre pour un egoïste de première. ...
Mais j'assume, vois-tu. Je veux pas qu'ils me sifflent tout le temps, c'est vrai. Je suis combatif, et ambitieux aussi. Je veux être le premier.
Je veux être le champion.
Comme je veux ... me venger.

Tes derniers mots sont suffisamment appuyés par un ton prononcé et grave pour comprendre que c'est trop important pour toi.

- ... Après, tu as dû voir que j'étais quand même là pour aider les autres.

C'est une partie de toi que tu ne saurais taire.
Malheureusement.

Autumn a une propension à te faire la morale avec une facilité déconcertante. C'est .. un trait de caractère qui t'attire autant qu'il te rebute.

Tu mesures le poids de ses mots, certains dépassent un peu la limite du respect que tu accordes aux autres, puis il se rattrape par une moralité qui te déplait au possible.

Mais dans le fond, il est le porte-parole de la vérité. La véracité de ses propos te ramène à tes propres hontes, troubles. Car tu es vigilante, et Strife t'avait laissé trop de liberté pour mener à bien ta vendetta la plus personnelle qui soit.

Et alors que tu te laisses porté par le flot de ses paroles, dont l'effet est plus desagréable qu'une claque, tu baisses le menton pour t'enliser dans quelques réflexions.
T'as beau alors te ressasser ses paroles, quelque chose cloche dans la portée de ses propos. Quelque chose... qui va à contre courant avec tout le reste :

- ... mais dis-moi chef,

Tu relèves le menton et plantes tes yeux dans les siens. Peut-être à ça d'être impertinent.

- ... ne dit-on pas des vigilante qu'ils se vengent face à toute forme d'injustice ? Parce que, je SUIS victime de cette injustice, et c'est l'une des raisons qui m'a fait choisir votre faction.

Il est vrai que l'aspect familial te dérangeait en certains lieux, notamment lorsque tu partais seul pour voir les Wild, et qu'on te rappelait qu'en tant que membre de la famille, il ne t'est pas possible de profiter de ta liberté sans que tes actes n'aient de conséquences sur les autres.

- On ...

... te regarde de travers, toi ? C'est con, tu t'en doutais, mais l'entendre le dire de sa bouche, ça fait mal.
Tu t'enlises davantage dans le silence, et tu regardes ailleurs, aux prises d'un début d'agacement.

- Hum...