Nous n’avions jamais été des enfants de chœurs.

Nous n’avions jamais été calmes.

Sourire mauvais à l’acquiescement de la Wild, rassurée qu’elle accueille sa proposition. Elle mit à dos son sac et son arme avant que Strife ne s’accroupisse devant elle pour l’installer contre le sien. Malgré la délicatesse dont elle fit preuve, les jambes d’Érinye crièrent sous le mouvement, nouant son ventre et sa gorge de nausées. Alors qu’elles se relevaient, elle crut s'évanouir encore, ordonna à sa conscience de tenir malgré l’élancement brûlant contre ses tempes, la vue trouble.
Sous la souffrance, elle en était persuadée : son idée était parfaitement stupide. Elle aurait dû rester assise, ne pas risquer de fragiliser ses os broyés. Pourtant, cette mince réalisation de son insouciance n’apporta aucun regret. Elle connaissait ces blessures, savait qu’elle passerait les deux semaines suivantes alitées avant d’espérer marcher en béquilles. Le mois dernier, elle n’avait pu se déplacer librement, n’avait pu goûter qu’une rare fois au plaisir de la course. Des semaines passées à se morfondre, enfermées dans ses pensées noires, éveillée par les cauchemars. Se voir plonger dans deux nouveaux mois de marche lente et de questions rajoutait à sa rage. Elle n’en voulait pas un de plus. Lorsqu'ils lui parurent inévitable, elle en eut assez.

Un rien pour nous emporter.

Rien pour nous arrêter.

Plus les pas de Strife ajoutaient à sa douleur, plus sa colère augmentait. Attrapant le tissu de sa propre veste, elle le mordit avec force, le souffle court. Mal, elle avait mal. Entourant sa nuque la présence s’était ajoutée, lourde, au poids de ses affaires. Durant des années, fébrile devant cette apparition, tremblante devant sa force nouvelle depuis ses derniers jeux, elle avait fini par se nouer à elle. Sans qu’elle l’accepte, elle s’était imposée, murmurait de cette voix silencieuse à laquelle il lui semblait répondre. Inconnue et pourtant familière, elle ne redoutait plus de la sentir, de l’entendre. À cet instant, elle renforçait sa conviction. Solidaire, loyale, elle lui rappelait que sans raison, elle voulait tout détruire.

Insolents.

Dévastateurs.

À sa fureur répondit le visage de l’arbitre qui s’était tourné vers elles. Qu'il était insupportable ainsi habillé de sa chemise trop blanche, paré de ce teint trop clair et de ces traits trop neutres. Des questions, elle en avait plus d’une, mais aucune ne lui était malheureusement destinée. Elle détacha son buste du dos de son amie dans un sifflement de douleur. Ce qu’elle pouvait souffrir. Et lui était inutile.

Mais nous n’avions jamais eu compagnon de débâcle.

Nous deux, seulement.

Ses yeux bruns ne voyaient plus qu’un monde rouge. Dans ce brouillard opaque, elle tendit le bras, attrapa l’arbitre par le col de sa chemise dans un sourire. Tirant violemment pour l’amener sur le côté, elle le frappa en plein visage. Elle sentit les os de son nez craquer sous ses doigts repliés et son sourire ne se fit que plus grand se mêlant au rictus provoqué par l’élancement de ses côtes. Ah, elles étaient bien cassées elles aussi.

Aujourd’hui, ils sont là, te portent sur leurs épaules

Alors que je me repose sur les tiennes.

L’arbitre s’effondra sur le sol, le nez en sang tandis qu’Érinye enroula un bras autour du cou de la Wild, reposant sa tête sur le bord de son épaule. Elle allait subir, serait sortie des jeux. Qu’importe elle avait échoué. Que cet homme à terre lui dise ce qu’elle avait à perdre dans ces chasses absurdes, comment trouver le sommeil et la sérénité. Qu'il lui dise comment vivre aujourd'hui traumatisée, ses alliés disparaissant après s’être déchirés. Elle ne comprendrait pas, évidemment. Qu'il la regarde, qu'il ose lever les yeux pour voir ceux de celle qui lui rendait sa souffrance, en plein visage. Pouvait-elle vraiment comprendre ? Non, elle n'en prendrait pas la peine, elle ne le pourrait pas. De toutes ses pertes, c'est sa raison qui lui manquait le plus et de toutes, elle était celle qu'elle n'avait pas envie de retrouver. Son sourire déchira ses lèvres dans une moquerie glaciale.

« Cela vous dérangerait de nous donner votre chemise ? »

Mon aimée, ils ne savent pas, ce que signifie mal.

Mais toi, tu sais nous venger.

Neptune explose:

Équipement et inventaire:

 

C y a l a n a

Cet homme au visage d’ange qui se relevait dans toute sa condescendance. Une envie dévorante de l’imiter.  « AbAnDonnEZ CetTe ActIon VaiNe ». Leur jetait-il un sort pour qu’elles ressentent cette décharge désagréable au creux de leur nuque. Ses sourcils se froncèrent accompagnés d’un sifflement agacé. D’une main, elle massa la zone qui l’avait faite frissonner. Ils étaient cléments avec les rebelles. Vaine était l’action, elle voulait bien lui accorder, mais qu’elle était satisfaisante. Gorgée du plaisir de voir ce tissu blanc se teinter de rouge. Elle aurait eu envie de se dresser devant lui, se montrer entière couverte du sang bleu dans ses cheveux, sur ses cuisses. Oserait-il, devant ce tableau, prendre cet air indigné ? Pauvre homme qui ne connaîtrait que cette faible douleur, pour qui les planètes étaient alignées. Si elle avait eu ses deux jambes, son nez n’aurait pas été seul à subir la rétrograde.

Insolente dans son sourire et sa posture presque câline sur le dos de Strife, elle lui était reconnaissante de la soutenir ainsi dans son indiscipline. Hommes et femmes de noirs s’approchaient, rapides d’elles. Elle aurait dû s’inquiéter, s’arrêter, se dire qu’elle était allée trop loin, abandonner cette action vaine, mais portée par la femme aux cheveux gris, elle goûtait au péché d’orgueil. Perchée, elle voyait le monde à sa hauteur, n’avait qu’à rehausser faiblement le menton pour regarder l’homme dans ses yeux noirs. L’idée d’offrir sa chemise semblait tant lui déplaire qu’une nouvelle décharge, plus violente, fit pincer ses lèvres, crisper ses doigts.

À cet instant, les voix connues l’attirèrent, décollant son visage de l’épaule, son buste de son dos, elle porta un regard sévère aux deux intervenants, une lueur assassine pour celui qui lançait l’hiver sans délicatesse. Si elle avait eu ses jambes… elle finirait par cesser de les regretter. L’élan d’inquiétude, tari par l’excitation, s’éteint lorsqu’elle constata que Winter était intact. Ce qu’elle faisait ? Elle passait ses nerfs sur ceux qui n’agiraient pas si le garçon venait à perdre une jambe. Il pouvait l’excuser d’oser s’indigner.

Il avait raison, elle s’insurgeait sans but, mais sa colère n’était pas maîtrisée. Cette chasse sans aucun sens qui l’avait seulement opposées aux siens, l’aveu fait à son frère, la promesse non tenue. La peur qu’elle avait ressentie cette nuit, la rage de se voir ainsi sombrer sans force, prenant peur pour sa vie. Elle en avait assez, voulait se reposer, les rejoindre.

Des bras, puissants la saisirent autour de la taille, pour la retirer de l’emprise alliée. La lance douloureuse sur ses cuisses, sa côte fêlée qui s’étirait sous la traction. Elle ne put retenir le cri de douleur, tordant son torse pour se trouver face à celle qui souhaitait l’emmener. De ses mains elle saisit le coup de l’arbitre, envoya sa tête contre la sienne, sentant qu’elle s’assommait plus qu’elle ne la faisait souffrir. Les mains ne la lâchèrent pas alors qu’elle distinguait la seconde arbitre sur son côté.

Un son strident parvint à ses oreilles alors que tout se tamisait. Son regard se tourna vers l’arène, Winter immobile au sol. Ses yeux se froncèrent alors que Silence fit face à un nouvel arbitre, s'écarquillèrent alors que le trapper envoya un coup de genou violent dans le visage de l'homme. Interdite devant son action insensée. Pourquoi intervenait-il ? Il allait être sorti lui aussi de ces jeux. Elle n’avait rien à perdre, lui si. Elle voulut lui hurler sans gentillesse de se mêler de ses affaires. Elle refusait qu'il la gratifie de son inquiétude. Les sentiments contraires serrèrent sa poitrine sans qu'elle n'eut le temps de les distinguer alors que sa bouche s'ouvrit pour qu’aucun son ne sorte, coupé par le retentissement violent du coup reçu à l’arrière de sa tête. Ses yeux se fermèrent sur le visage de celui qui allait subir un sort semblable. Lui comme elle, avaient agi sans aucune prudence. Ses lèvres se clorent en un sourire exaspéré.

Pourquoi Mercure, t’obstines-tu à venir en aide à Neptune ? :

Équipement et inventaire:

 

C y a l a n a