Tu ne fais que penser à lui.
Tant et tellement que ça te rend fou. A passer tes journées assis sur ce lit qui auparavant lui appartenait. A te téléporter vers un endroit de la zone de ralliement pour tenter de le voir, au loin.
Putain, juste le voir un peu. Rien que cinq minutes, et t'assurer qu'il respire encore.
T'as le tic de tripoter la chaine qui pend à ta cou peu importe la situation dans laquelle tu es : quand tu manges avec ta soeur, quand tu te douches, quand t'es allongé dans son lit.

Ce lit sur lequel tu l'as plaqué pour tenter de le planter.
C'était un bon souvenir. Car il t'a abreuvé à sa manière. Du carbone tout craché. Apprendre plus tard qu'il avait embrassé tout le monde à cette soirée t'a fait serrer les dents. Connard.
Mais tu sais aussi très bien qu'il t'aime toi, et que les autre sont juste ses amis. Des personnes pour qui tu ne parviens pas à vouer de sentiments amicaux.
Les vigilantes te manquent. La personnalité de la faction avec. Tu t'ennuies comme un rat mort ici, à mater le plafond en jouant avec une balle dans les airs. Quand t'es prêt mentalement à passer le pas, tu ouvres un tiroir et tu lis tous ses écrits. Ca te permet de conserver ce pont mental entre vous.
Il te fait hisser un sourire de temps à autres, quand les autres fois tu tires une tête de 3 km de long parce qu'il te donne envie de t'ouvrir les veines.

Ouais. T'es amoureux de ce gars. Et le destin a bien confirmé que peu importe les situations, tu continuerais à l'aimer.
Même si tu le voyais dans les bras d'un ou d'une autre. Tu l'aimerais, mais tu le tuerais lui et ses amants. C'est ta seule certitude.

Tu t'endors le livre ouvert sur la tête, à rêver pour deux. Et t'aspires à ce qu'un jour il possède ton alter pour profiter de la liberté comme tu le fais. Car il mérite. plus que toi.

Lorsque t'en as eu assez de presser ton coeur des larmes de sang, dans lequel il n'a fait que baigner, la sensation d'être sec d'émotions est nouvelle. Revigorante. Ca te donne envie de remplir ta promesse.

Pendant plus de 48h tu sillonnes tout carcosa. Tu la sillonnes même plus à ce stade, tu la pénètres en profondeur. Et un soir tu ne saurais pas dire l'heure qu'il est, tu te retrouves à ne faire qu'un avec le mur anthracite d'un couloir inconnu. Car t'es par delà les portes mystère.
Howlite t'a raconté la présence de gardes robotiques. Comment tu peux trouver le courage d'y aller seul sans te faire tirer dessus comme un lapin.
Mais tu l'as fait quand même. C'est plus du courage à ce train-là, c'est du suicide.
Les bruits de pas au loin te rendent alerte.
T'es sur le qui-vive, ou le qui-meurt. D'un regard mordoré, tu cherches une porte à passer. Tu fouilles comme ça encore quelques heures, crevé, jusqu'à atterrir dans une petite pièce noire remplie de babioles. Ta main cherche un semblant de lumière, éreinté par ton alter. T'as même plus la force de fureter chez les wild pour trouver une bougie et du feu.

Tu t'enlises juste dans ces ténèbres secrets, et tu restes la tête hors de l'eau grâce au souvenir de son sourire.
T'as le coeur echarpé par cette vision, et tu te masses le front d'épuisement.
Les minutes s'égrènent et enfin, tu cherches en tatonant, laissant tes mains calleuses trouver un semblant d'interrupteur. Et tu le sens, au bout de quelques secondes. T'actives ; la lumière fut.

T'es dans un putain de cagibi.
Est-ce que tu peux toucher un ennemi dans cet endroit. Au-delà des portes mystère ? Il allait falloir faire le test avec un de tes frères, ou une de tes soeurs.

Tu te laisses encore une journée le temps d'un repos pour visiter les vigilantes, et trouver âme qui vive, pleine de bonté et daignant t'accompagner dans tes projets un peu flous.
Lime est le premier.
Calypso est la deuxième et la confirmation de tes doutes.

Alors, après dix jours entiers à vivre loin de Carbone, tu quittes ton lit le coeur gonflé d'espoir, et le regard plein de vie. Les lames rangées à même ton jean noir, t'enfiles un simple t-shirt gris, orné d'un logo spiderman, et tu le cherches. Tu mets peut-être deux heures avant de trouver son corps. Meurtri par un mode de vie de nomade en territoire hostile.
Murmure.
- Pourquoi tu t'entêtes à rester dehors.

Tu préfèrerais encore qu'il reste dans les cachots. Tu saurais l'y retrouver.

Le mal de crâne reprend ses droits sur toi. Main sur le coin gauche de la tête, tu l'avises au loin en te mouvant vers lui d'un pas tout sauf feutré. Tu veux qu'il t'entende. Pas besoin de le surprendre, ce serait bien ta veine qu'il te plante.

- Carbone.

Tu t'accroupis non loin d'un arbre, et lui fais mine de te rejoindre. Le coeur battant à tout rompre.
Ouais, t'as ce sourire heureux collé aux lèvres en le revoyant. S'il s'avait ce que tu lui prépares.

- Putain, que je suis content de te retrouver, honey

La frustration te gagne l'ombre d'un instant à l'idée de ne pouvoir prendre sa main dans la tienne. Tes sourcils s'affaissent, comme le regard s'effile dans l'ombre. Mais tu conserves ce sourire au visage, même s'il arbore une expression mauvaise plus qu'autre chose.

- Suis-moi. Je crois avoir trouvé une solution pour nous, mais tu dois sortir de Carcosa. Retrouve-moi au sol lunaire. A l'est. Je t'y attends. Fais attention.

Tu te redresses un peu en lui adressant un regard plein de promesse.
Et tu disparais des radars.