Elle ne semble pas comprendre le danger qu’il représente. Et c’est inconcevable pour lui. Pourquoi le chercher ? Pourquoi rester là avec lui ? Pourquoi ne pas le vendre aux autres Vigilantes qui n’attendent que sa mort comme lui attend la leur.
Oh oui, ce qu’il aimerait les voir tous périr, et de sa main ce serait encore mieux.
Il jubilerait Thanatos, d’ainsi pouvoir se venger.
De voir tous ces traîtres, tous ces hypocrites disparaître.

Et elle, elle reste…
Proche, bien trop proche de lui.
Éloigne toi…
Le rouge ne semble pas vouloir quitter ses joues, car cette proximité le met mal à l’aise.
Il a pas l’habitude Thanatos, il connaît pas tout ça.

Tu ne crains rien..?
Si.
Bien sûr que si.
Une mort affreuse.
Car tout ce qu’il touche, il le détruit, l’abîme, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
Alors cesse de te coller à moi, va-t-en, cesse de me toucher, laisse moi tous les tuer devant toi pour qu’ainsi enfin tu me craignes toi aussi, pour qu’ainsi enfin tu me haïsses, pour qu’ainsi je t'inspire le dégoût.

Mais elle ne semble pas de cet avis, loin d’avoir l’intention de s’éloigner de lui, elle glisse ses bras contre son torse et c’est un léger mouvement de recul qu’il a, par réflexe. Néanmoins, ce n’est pas suffisant et elle se colle contre lui, enfouit sa tête contre sa nuque, lui arrachant un léger grognement.
Et il serre les dents, son corps est brûlant, il manque cruellement d’air.
Proche, bien trop proche.

Puis c’est un baiser qu’elle dépose au creux de son cou. Écarquille les yeux alors qu’un violent frisson parcourt tout son être, étouffant à nouveau un soupir dans sa main qu’il a ramené contre sa bouche.
Qu’est ce que…
Cette sensation, cette chaleur, il comprend rien, il suffoque.
Et là encore il sait qu’il ne peut pas la toucher car ces sensations lui font perdre la tête. Alors il serre simplement le point, incapable de bouger.

Et elle s’excuse de le toucher, ne bouge pas pour autant.
Comment..?
Comment pouvait-il… l’apaiser ?
Il est perdu.
En quoi la proximité avec un monstre, un meurtrier, une abomination pouvait-elle être apaisante ?
Explique-toi !
Complètement perdu, il crevait pourtant d’envie de comprendre.
Alors il reprend son souffle comme il peut, et entre deux respirations laborieuses.

- …Pourquoi… Tu… N’as pas peur..?

Vraiment c’est incompréhensible.
Si ce n’est pas de la peur alors au moins du dégoût ?
Dis le.
Que je te répugne.
Repousse moi, éloigne toi, hais moi.
Je t’en supplie.

Alors qu’il peine à trouver de l’air, la Vigilante étant bien trop proche de lui pour qu’il puisse respirer, ses paroles marquent son visage de surprise.
Morte..? Non.
Son souffle qui caresse sa peau lui arrache un violent frisson que même elle a dû ressentir dans cette proximité.
Blessée ? Oui.
Torturée ? Oui.
Il a tenté de la tuer, il a tenté de l’étrangler. Si ce n’est pas la blesser, si ce n’est pas la torturer, alors qu’est ce que c’est ?
Elle ne peut pas nier.
Serre les dents alors que son visage frôle le sien.
Cette proximité le fait dérailler.

Il veut pas la blesser… Il veut juste qu’elle s’éloigne.
Personne ne doit se rapprocher de lui. Ça lui fait perdre la tête, ça le terrorise, ça le rend fou.
Et il a peur de déraper, de perdre le contrôle, d’encore une fois tout détruire.
Car c’est tout ce qu’il sait faire.

Pourtant elle dit être hantée par son regard…
Ce choix de mot, il le trouve adapté. C’est ce que font les monstres, ils hantent les esprits.
La suite le laisse interdit en revanche.
Elle devrait parler de cauchemar pas de… rêve.

Puis, lorsqu’elle s’écarte un peu, prend une grande inspiration, cherchant désespérément son air, cet oxygène salvateur, sans pour autant réussir à le trouver. Car elle est toujours si proche…
Fais-le.
Va-t-en.
Et déteste moi pour ça.
Vigilante retourne d'où tu viens, retourne chez ces hypocrites que je puisse enfin te considérer comme une ennemie. Que toi aussi je te haïsse. Et qu’enfin tu me craignes.
Parce qu’il en crève de ne pas vouloir la tuer.
De pas pouvoir la… Toucher..?
Serre les poings.

Mais elle baisse les yeux et ses paroles remuent les ruines de son cœur brisé.
Elle a peur de ce qu’ils pourraient lui faire à lui ?
Mais n’a-t-elle donc personne qui compte à ses yeux parmi ces Vigilantes ?
C’est eux qui risquent la mort à tout instant en croisant son chemin.
Oh Calypso… Ne vois-tu donc pas le monstre qui te fait face ?
Comment peut-elle s’inquiéter de son sort et pas du leur ?
Lorsqu’il sent ses mains se serrer contre sa poitrine, cela fait écho à cette douleur qu’il s’inflige seul. Lorsqu’il tente par tous les moyens de s’arracher le cœur.
Son regard s’assombrit.

- Tu comprends pas.

Une main se pose sur son visage, le dissimulant ainsi à la jeune femme.

- C’est eux qui risquent la mort en me croisant. Et si je meurs, c’est que je me serai emporté seul…

Dans sa rage, dans sa haine.
Il le sait, que ça aurait raison de lui, qu’il détruirait tout, qu’il s’arrêterait pas avant d’en crever.
Alors pourquoi vouloir protéger un être si impur, si abject, de ta vie qui semble si pure ?
Et ses mains se décollent soudain alors qu’elle reprend.
Non…
Il serre ses dents un peu plus, à s’en briser les os.
Pose sa main libre sur sa poitrine, la resserrant contre celle-ci à son tour, reprenant ses manies répugnantes, cherchant à s’ouvrir le cœur. Oh ce palpitant mourant qui répand la nécrose au sein de son corps, ne peut-il pas simplement le retirer ?
Tout serait si simple…

- Tu mens. Je ne mérite rien de ce que tu veux m’offrir. Et je suis né comme ça. Un monstre et rien d’autre. Une abomination, une erreur. Un doublon répugnant qui n’aurait jamais dû voir le jour. Alors va-t-en. Fais comme tous les autres.

Froid, sec.
La main qui est sur son visage remonte jusque dans ses cheveux d’albâtre qu’il serre fermement, révélant ses iris pourpres aux yeux de la Vigilante.
C’est un regard emplit d’une haine et d’une rage sans pareil qu’il lui offre.
Imite les je t’en conjure.
Ne me regarde pas comme ça.
Arrête.
Cette pitié il n’en veut pas.
Ça le déchire.
Ce n’est pas une victime à consoler mais bien une chimère résolue à se venger, suffisamment destructrice pour le faire et qui prendra plaisir à tuer.

Et une nouvelle fois ses mots le surprennent, écarquille les yeux, serre la mâchoire.
Mais… Cherche-t-elle vraiment à mourir ?
Fronce les sourcils, cherche la colère nécessaire pour lui ôter la vie.

- Je…

Il ne peut pas faire ça, n’est ce pas ?
Comment s’y est-elle pris pour lui ôter cette envie de la voir disparaître ?
C’est pourtant une Vigilante, elle est censée représenter tout ce qu’il exècre.
Alors comment..?
Et plus elle le demande, plus il se tend, plus il s’énerve. Mais cette colère, elle ne lui est pas adressée.
Non.
Il se déteste, de ne pas pouvoir le faire, de ne pas pouvoir lui montrer.
Mais… Il peut essayer..?

Alors cette main qui recouvrait son visage, il la tend vers elle, lentement, jusqu’à entourer son cou, encore.
Mais il ne sert pas cette fois.
Il plonge ses rubis dans le gris de ses mires, et il ne peut pas.
Arrête avec ce regard.
Tu n’as pas peur ?
Pourquoi n’as tu pas peur ?!
Ça le détruit.

Grimace avant de baisser la tête et de finalement laisser retomber cette main. Les yeux rivés vers le sol, les cheveux recouvrant son visage.
Un murmure.

- Je ne peux pas.

Et il en crève.
Pourquoi ?
Pourquoi ne peut-il pas la tuer ?
Tuer n’a rien d’important à ses yeux, il l’a fait tant de fois. Il a tué sa sœur. Et il ne peut pas la tuer elle ?
Cette main sur sa poitrine se resserre un peu plus encore alors qu’il serre les dents de plus belle.
Il est perdu Thanatos.
Il aurait presque envie qu’elle reste.

Ses mains se glissent dans sa nuque, lui provoquant un nouveau frisson.
Pourquoi cherche t elle tant à me toucher ?
Elle tremble… Elle a peur.
N’est ce pas ?
Puis elle lui demande de la regarder, et il lève la tête lentement, plonge ses iris pourpres dans les siens.

Et elle se glisse à nouveau contre lui, ses muscles se tendent, sa mâchoire se contracte, la main auparavant sur son torse se pose sur le sol mais les fissures qu’il sent déjà lui font la retirer très rapidement.
Sa respiration se coupe un instant avant de reprendre dans une inspiration profonde.
Car cette proximité l’étouffe, il fait bien trop chaud, ses joues sont rouges.
Mais si elle a peur, pourquoi se rapproche-t-elle encore ?
Il comprend rien.

- Tu…

Mais ses mains qui glissent jusqu’à ses joues le coupent net, peinant déjà à trouver son air, cela aura fini de lui couper le souffle.
Et quand il sent son corps se rapprocher encore, qu’elle colle sa poitrine contre son torse, un soupir passe ses lippes.
Il voulait… Savoir si elle a peur.
Mais il fait bien trop chaud et son souffle est trop court pour qu’il puisse le lui demander.

Ses rubis sont plongés dans le gris de ses yeux, la tête légèrement levée, et il ne sait pas quoi faire, n’ose pas bouger, ne peut pas parler.
Son regard…
Il n’avait jamais vu un tel regard.
Personne ne l’avait jamais regardé comme ça.
Et il sait pas ce que c’est, il sait pas ce que ça veut dire mais son cœur tambourine dans sa poitrine, sa respiration accélère encore, son corps se réchauffe en réponse.
Et il sait pas pourquoi.

Alors il attend, immobile, interdit, pantelant.
Laisse moi respirer…
Parce qu’il n’y arrive plus.

Le silence qui règne entre eux n’est perturbé que par le bruit de leurs respirations, de leurs souffles qui se mélangent.
Et cette tension qu’il ressent, cette chaleur qui se répand, ça le rend fou.
Il comprend pas ce qu’il se passe mais cette pression lui fait perdre la tête.

Mais elle pose son regard sur ses lèvres et il se rappelle ce qu’elle lui a dit.
Qu’elle… Voulait l’embrasser..?
Et sa respiration accélère encore à cette pensée, son souffle devient un peu plus court encore en l’imaginant le faire.
Il est désarmé Thanatos, il sait pas comment réagir, s’il devrait fuir, s’il devrait rester.
Mais même s’il le voulait, fuir, il pourrait pas.
Impossible de bouger, il est tétanisé.
Mais en a-t-il vraiment envie..?

Lui n’ose pas regarder ses lèvres, ses yeux sont profondément plongés dans les siens et il ne veut… Ne peut pas détourner le regard.
Puis elle approche son visage du sien, lui recule légèrement le sien, posant ses mains sur le sol pour garder pied, trop peu habitué à cette proximité.
Mais son mouvement est hésitant… Parce qu’il… Ne veut pas reculer..?
Et à nouveau, il ne bouge plus alors que le sol craque sous ses doigts.
Il n’ose pas bouger.
Il fait si chaud.
Il manque d’air.
Et ses lèvres frôlent les siennes, ça lui coupe le souffle, son cœur manque un battement avant de tambouriner à nouveau dans sa poitrine avec une force insoupçonnée.
Mais il ne bouge toujours pas.
Respire son air, ça lui fait tourner la tête.

Et cette tension si forte se relâche légèrement dans un violent frisson lorsque ses lèvres touchent enfin les siennes, que ses bras entourent sa nuque, que son corps se colle encore davantage au sien.
Un gémissement lui échappe également alors que ses cuisses se resserrent contre lui, alors que ses doigts s’enfoncent dans la terre, que les fissures se font plus grandes.
Il meurt de chaud.
Il a l’impression d’agoniser.
Et il ne sait pas comment s’en libérer.
Il sait juste que lorsqu’elle met fin à ce baiser, le laissant pantelant, les joues écarlates, il en veut plus.
Il sait pas de quoi… Mais il en veut plus.
Sa respiration est bruyante, saccadée, profonde, il cherche désespérément de l’air et cette fois ses iris pourpres, illuminés par un désir qu’il ne parvient pas à cacher, fixent bel et bien ses lèvres.

Encore.
Il en veut encore.

Silencieux, désireux, dans l’attente d’une suite à ces événements si étranges, nouveaux, provoquant en lui des sentiments inédits, il fixe ses lèvres sans même s’en rendre compte.
Quelle est cette sensation ?
D'où provient cette chaleur ?
Avant qu’elle ne le rejoigne, la nuit était si froide.
Ce froid qu’il affectionne tant car il tétanise ses nerfs.
Mais la… La il meurt de chaud, agonise de ce manque d’oxygène.
Et il ne comprend pas d'où lui vient ce besoin urgent, il ne sait même pas ce dont il a envie et pourtant ce désir le consume déjà.

Elle resserre encore son bassin au sien et c’est un gémissement qu’elle lui arrache à l’unisson avec le sien alors que ses doigts s’enfoncent encore davantage dans la terre meuble, agrandissant encore ces fissures autour de ses mains.
Ces frissons… Comment peuvent-ils autant torturer son être ?
Comme si ses mouvements nourrissaient cette chaleur insupportable, ce désir ardent.
Qu’est ce que tu me fais Calypso ?
Rends moi mon air.
Laisse-moi respirer.
Il ne comprend pas.
Tout ce qu’il sait c’est qu’il ne veut plus qu’elle s’en aille.

Et soudain ses lèvres rejoignent à nouveau les siennes alors qu’il étouffe un soupir de contentement contre ces dernières.
Pourquoi… Est-ce si agréable ?
Elle le touche et ça lui fait perdre la tête.
Ses mains dans ses cheveux, son corps contre le sien, ses mouvements de bassin, ses lèvres passionnément mélangées aux siennes.
Ça le rend fou.

Et lorsque ce nouveau baiser prend fin, Thanatos est perdu, pantelant, le souffle court, le cœur battant à mille à l’heure.
Son corps s’emballe, cette envie le domine, ce désir le consume.
Il sait pas ce que c’est mais il est bien trop désorienté pour pouvoir y résister.
Il… Il veut la toucher.
Mais…
Le sol subit déjà les effets de ces émotions bien trop fortes, alors… Comment pourrait-il poser ses doigts sur elle ?
Reviens Calypso.
Continue.
C’est ce que son esprit lui crie alors même qu’il ne peut plus lutter contre ses instincts.
Alors sans réfléchir, il laisse son corps le guider, sa raison est perdue.
Ses mains quittent le sol pour se poser sur elle, glissent dans son dos pour la coller un peu plus contre lui, gémit de plus belle.
Ses doigts se resserrent sur le tissu de sa robe qui commence doucement à s'effriter sans même qu’il ne s’en rende compte.
Mais c’est plus fort que lui, il veut la sentir encore plus proche de lui.

Plonge son visage dans son cou, y dépose un baiser avant de la mordre sans pouvoir s’en empêcher. Il ne contrôle plus rien, plus rien du tout. Sa raison l’a quitté et il perd la tête.
Puis il vole à nouveau ses lèvres avec ardeur.
Il sait pas ce qu’il fait.
Mais il en veut tellement plus.