Ce sentiment si puissant.
Tellement fort qu’il a cru perdre pied.
Il a vu en elle.
Comme il n’a jamais été capable de voir.
Touchant son coeur froid.
Il a senti le sien s’éveiller.
A son contact.
A son toucher.
L’espace d’un instant.
Il a vécu.
Une histoire.
Un moment.
Une illusion.

L’espace d’un instant.
Il a cru rêver.
Quelque chose qui n’existera jamais.
Jamais avec elle.
Qu’il n’aurait même jamais souhaité.
Pourtant il s’est levé à ses côtés.
Après l’avoir désiré d’un amour éphémère.
Qui a taillé une nouvelle ecchymose sur son âme.
Et il s’est réveillé de son cauchemar.
Napalm en a vomi ses tripes.
Ses blessures se déversant.
Retapissant la réalité.

Comment.
Comment.
Putain.
Comment c’est possible.

Pourquoi est-ce qu’il la voit encore.
Pourquoi est-ce qu’il l’entend encore.
Pourquoi.
Pourquoi.
Pourquoi est-ce arrivé ?
Napalm tangue.
Enfermé dans son monde.
Depuis que ce jour a existé.

Il refuse de sortir.
Barricadé entre ses quatre murs.
Démolissant inlassablement ses souvenirs.
Putain ça brûle.
La trahison qui le ronge.
Putain ça le carbonise.
Ce qu’il a fait.

Pourquoi.
Mais Napalm sait.
Finit par relever les yeux.
Froncer les sourcils.
Et serrer les poings jusqu’à goûter le sang.
Cette illusion, ça ne peut être que toi.
December.

Est-ce de la hâte.
Est-ce de la haine.
Est-ce de la rancoeur.
Est-ce tout ces sentiments.
Qui dégoulinent dans chacun de ses pas.
Il court, Napalm.
Haletant.
Il te cherche.
Jusqu’à croiser ta crinière sombre du regard.
Serrer la mâchoire.
Il hésite un instant à te frapper, Dec.
Mais son poing vient s’enfoncer dans le mur derrière toi.
T’attrapant par le col tout de même.

“ Sale fils de pute… C’toi… C’est à cause d’toi ?! ”

Napalm sait.
Que c’est toi.
Qui est à l’origine de ce mal être.
Ce nouveau mal être qui le bouffe.
Et tu le vois dans son regard.
Les sentiments qui s’enlisent.
Il t’en veux, December.
De l’avoir fait tomber amoureux d’elle.
Rien qu’une journée.
Une journée en enfer.
D’aimer Pandore.

Il aurait préféré que tu le flingues.
Maintenant il attend.
Mais quoi.
Des excuses ? C’est trop tard.
Des aveux ? Qu’est-ce que ça changera.
De la violence ? Il n’oubliera pas.


“ T'aurais pu choisir n'importe qui putain, pourquoi elle ?! ”

Napalm s'enfonce dans la brume.
Dans les ruines qui bâtissent sa vie.
Celles que tu viens de démolir d'un coup de pied.

Est-ce qu’il y a une chose qui ira ?
Juste une fois.
Est-ce qu’il pourra souffler ?
Rien qu’un instant.
Il se demande, Napalm.
Si un jour ce monde cessera de le faire chier.
Alors que son poing s’enfonce un peu plus.
A mesure que ton attitude prend place.
Que tes mots s’étalent.

Il a envie de te fracasser, Napalm.
Tu le savais, December ?
Ses nerfs sont à vifs alors qu’il a ruminé.
Pendant si longtemps.
Que son cerveau manque d’air.
Il a l’impression de dérailler.
Alors qu’il se souvient ce qu’ils ont fait.
Qu’il se souvient de ce qu’il a pu dire.
Et tout ça… Tout ça c’est forcément toi.

Il n’aurait jamais fait ça, Napalm.
Comment aurait-il pu ?
La désirer de ce sentiment qui l’écoeure à présent.
Il a envie de vomir et de te tuer à la fois.
Un savant mélange difficile à gérer pour un gamin.
Alors il frappe une nouvelle fois.
Pendant que tu nies.
Que cela lui arrache la gueule.

“ J’en ai rien à f o u t r e de ta petite sieste agréable sale fils de pute !!”


“ Que j’t’éclaire ? Ah bordel si j’t’éclate la tête dans l’mur ça va t’aider à t’rafraîchir la mémoire, connard ?! J’TE PARLE DE … J’te parle de cette salope que t’as touché avec ton putain d’alter de mort pour nous lier, ça t’parle mieux comme ça ?! Ou j’dois vraiment te faire bouffer le placo pour que ç’rentre ?”

Tu le savais, December, que Napalm parle toujours mal.
Parce qu’il ne sait jamais rester calme.
Parce qu’il ne peut pas.
C’est sa manière de vivre.
Alors il hurle dans les couloirs.
Il ne te laissera pas partir.
Pas tant que tu lui dises pourquoi.

“ … Qu’est-ce qui t’tourne pas rond chez toi, putain ?! J’vais vraiment t’arracher la tête !!”

Il s’agace, il s’énerve.
Plus il hurle, plus il se soulage.
Plus ses souvenirs se noient.
Peut-être qu’il oubliera s’il le fait.
Il l’espère, putain il prie.
Mais il sait que ça n’arrivera jamais…
Putain.

Mais Napalm se “calme”.
Souffle bruyamment et se recule.
Viens shooter dans le mur en manquant de se blesser.
Parce qu’il est juste trop con pour exister.

“ Fait chier… Qu’est-ce que t’veux, hein ?! T’peux pas arrêter d’faire chier ton monde ?! Quoi ?! ça t’amuse ?! Tu t’éclates, December ?! ça t'fais bander ?! ”

Le problème des enfants c’est qu’ils réagissent.
Parfois sans même réfléchir, parfois biaisés.
Ils réagissent souvent avant de repenser à ce qu’ils font.
Bien souvent juste trop stupides pour se rendre.
Des erreurs qu’ils commettent.
Et Napalm est un de ces gamins qui braillent.
Agissent avant de se demander ce qu’ils branlent.
Réaliser à quel point ils ont l’air cons avec un train de retard.
Napalm c’est tout ça, December.


A mesure que tu prends la parole.
Que tu étales des raisons exécrables.
Détestables et inhumaines.
Il s’assombrit dans sa colère.
Jusqu’à finalement se retourner sur toi.
Laisser son poing revenir te frôler pour s’enfoncer dans le mur.
Ce pauvre mur qui ne demande rien.
Mais qui reste son réceptacle.
Parce qu’il n’a pas envie de devoir s’expliquer.

Sur cela il a réfléchi au moins.

“ Arrête d’me raconter des conneries. Tu l’dis toi-même enculé, tu t’fais chier dans ta vie d’merde ou ta relation avec ta meuf alors t’viens casser les couilles aux autres ? M’fais pas croire que t’savais pas pour cette pute, qui n’sait pas ici qu’on s’fous souvent sur la gueule ? T’essayes d’me prendre pour un demeuré ?”


“ En quoi ça t’regarde ? Si t’avais un minimum de jugeote j’serais pas obligé d’te l’dire puisque ça aussi, c’pas un secret. J’imagine que Cupidon est trop occupé à baiser sa meuf ou il est juste pas assez doué pour donner l’change, mais c’pas en m’posant des questions d’merde comme ça que t’vas pouvoir t’barrer. Arrête d’faire croire que t’es con et que t’sais pas. ”

Il fronce les sourcils à mesure.
Serrant le poing jusqu’à blanchir ses jointures.
Encore et encore.
Sa voix semble plus calme et pourtant.
Elle est sombre.