MUSIQUE — Ceci est leur histoire
Elle s’écoule minute après minute
S’inscrit dans les affres du temps
Cruel châtiment qu’est l’espoir

Le sang, les larmes, la boue, la terre ; les éléments qui font désormais partie intégrante de sa vie. Une promesse à son aimé, de faire attention, de ne pas se blesser, volontairement ou non. Ne pas faire couler son sang, ne pas faire rouler ses larmes, ne pas se faire traîner dans la boue, ne pas finir enterré vivant. Tant de promesses, si peu de force pour toutes les respecter. Il ne pensait pas un jour regretter à ce point le confort d’un lit, la chaleur d’une étreinte ou bien la surface des touches d’un piano. Les accords se jouent dans sa conscience, mais les doigts ne bougent plus aussi bien qu’avant. Phalanges détruites, articulations meurtries, survivre en territoire hostile, en faction ennemi, c’était là l’histoire de sa vie.

Dans la zone de ralliement, où il finit au moins deux à trois fois par semaine, l’homme se laisse choir dans l’herbe, allongé à contempler ce ciel étrange, qui ne fonctionne plus correctement depuis la mise en veille de l’autre “divinité”. Lui qui pensait, dur comme fer, que les actes de Spring, Mist, Hysteria, Howlite et lui, en avait définitivement terminé avec elle… Il s’était bien trompé sur toute la ligne. Ils sont responsables du malheur des autres ; de leurs propres déchéance ; mais pourtant Carbone n’arrive pas à totalement regretter. Des convictions, être loyal envers ses idéaux, jamais ô grand jamais, il ne pourrait regretter d’avoir agi. Il ne sait pas de quoi demain sera fait, il ne sait pas s’il survivra cette semaine, s’il sera capturé la prochaine.

L’imprévu fait partie de la beauté de la vie.
C’est un voyage difficile, mais qu’il a choisi.

L’écho d’une voix portée par le vent qui se lève doucement ; le faisant se redresser en s’appuyant sur le sol, sa tête se tournant pour voir ta silhouette non loin. “J’vais bientôt craquer.” C’est simple, efficace, ça en dit long sur ton état mental et Carbone ne peut qu'acquiescer en serrant les dents. Et pourtant, pourtant il ne peut s’empêcher de sourire malicieusement, ce sourire en coin un brin amusé, mais surtout terriblement nostalgique. Vis ta vie avec audace et courage ; car une vie courte pleine de joie vaut mieux qu'une vie longue vide d'orgueil. C’est ce que tu m’avais écris, tu te rappelles ? Un fessier qui quitte la surface de l’herbe fraîche pour s’approcher de toi en douceur ; s’asseyant à tes côtés pour contempler l’horizon qui se dessine à vos yeux cernés.

J’sais ce que tu ressens Bjorn, mais qu’est-ce que tu veux faire ? Te venger ? Tout faire péter ? Tous les retourner ? S’il en avait l’occasion, alors oui, peut-être que Carbone détruirait le QG, tuerait sa mère, délivrerait son frère de son emprise malsaine, réduirait à néant Lethal pour la perte d’Ivar… Mais il n’en a pas l’étoffe, ni la force. Le courage d’affronter son passé était une chose, mais accepter déjà la vérité de ses souvenirs en était une autre et elle lui demandait beaucoup plus d’efforts. J’compte pas y retourner, j’me doute que pour toi c’est un peu différent… Il spécule Carbone, il suppose. Il se souvient de cet homme qui le fascinait plus jeune ; pour finalement le retrouver chez les Wilds sans se souvenir de lui.

J’me souviens que tu m’impressionnais quand j’étais gosse. Un coude qui se pose sur son genou, le sourire demeure sur ses lèvres, sa prothèse émettant un petit cliquetis en rythme à force de pianoter sur sa jambe. Et en soit, tu m’impressionnes toujours autant ; c’est peut-être pour ça que je m’en fais pas trop pour toi. Tu craqueras pas Bjorn. Ce n’est pas une affirmation, ce n’est que sa façon bienveillante bien que maladroite, de t’encourager, de garder tes pieds ancrés dans le sol, de mêler tes griffes à la terre de votre faction natale, sans pour autant y raccrocher toutes tes racines. Qu’est-ce que tu veux Bjorn, c’est quoi ton but sur le long terme ? Une question qu’il considère Carbone, comme importante. Jamais il n’avait réellement parlé de ça avec les Wilds ; aujourd’hui, il avait enfin tout le loisir de s’y intéresser ; d’oublier son égoïsme vu que sa mémoire était totalement retrouvée.