Tu observes le plafond de ta chambre.
Tu t’étais éloigné.
Avais loupé les entrainements.
Avais loupé le rendez-vous avec quelques potes.
Avais loupé une vente de came.
Avais loupé de respirer.

La fumée inonde ta chambre,
Brouillant ta vue.
Brouillant tes yeux rougis.
Brouillant ton esprit.

Te revoilà des années plus tôt.
Enfermé dans tes songes,
Dans tes réminiscences qui ont décidés de venir te tourmenter.
Dans tes pensées qui t’ont enfermé,
Comme des ombres aux griffes acérées.

Tu aspires ton âme quand tes poumons s’emplissent de cette odeur caractéristique.
Ta fenêtre fermée, tu te laisses juste couler.
Encore quelques temps.
Déjà quelques heures de passées sans que tu ne les calcules,
Le regard rivé sur le plafond, que tu consultes depuis ton lit, allongé, pied sur le dossier, tout habillé, même pas déchaussé, t’es prisonnier.

Depuis combien de temps tu te sens si vide.
Depuis combien de temps tu n’as pas vibré.
Depuis combien de temps le temps n’a plus d’importance.
Ah, merde.
Tu as un brin de lucidité, que ta main qui apporte ta délivrance, noie dans une autre bouffée de fumée.

Tes lèvres s’arquent, et un rond de fumée vient percuter le plafond.
T’entends même pas la porte qui s’ouvre,
Parce que la tienne est fermée.
Celle de ton être,
Celle de ton âme.

Tu le pousseras pas,
Il fait partie de toi.
C’est sûrement pour ça que tu ne l’as pas entendu,
Ses pas sont les tiens,
Son coeur c’est le tien,
c’est à toi.
Pourquoi tu le pousserais alors, quand tu as l’impression à demi que le vide se comble un peu quand il se recolle à toi,  contre toi, dans ton univers.
Tu observes toujours le plafond, et tu mets du temps, trop surement, pour lui répondre.

- C’trop blanc, ce plafond.

T’inspires alors, et ta main cherche à glisser entre ses doigts,
Cherche ce qui te fait stopper de penser,
Cherche la drogue que t’es censé arrêter.
Mais tu merdes,
toujours, tout le temps.
T’es comme ça.
Tu promets des choses que tu sais pas tenir, Wrath.
Toujours.
T’avais promis de prendre soin de lui, après tout.

Tes dents se serrent alors que t’abandonnes l’idée, et que ton regard se glisses enfin sur lui, l’immaculé de sa présence, amorcée à la tienne.

- T’crois qu’il est mort?

sans toi, sans “vous”, sans tout ça, sans ta passion dévorante, sans ta protection évidente, ta possession étouffante, ton amour maudit.
Tu souris alors et vient glisser ton visage contre sa nuque, marquant encore celle-ci, sur les traces déjà présentes. Tes cacines s'enfonçant dans sa chair comme si tu te mordais toi-même le poing, de frustration.

- Et toi, t’étais où.

Parce que tu l’as attendu,
Même sans lui demander de venir.

Tu l’observes, le regard hagard, une fois que tu as terminé de le marquer.
Possession.
Tu lèves les yeux au ciel et soupires,

"Pourquoi pas, ouais. Au moins ce sera toujours mieux que blanc, mais est-ce que t’arrives au moins à atteindre le mur, même debout sur mon lit?"

Tu gardes ton sourire taquin, un brin moqueur, carapace pour enfermer tes émotions qui t’effleurent, car tu n’es pas facilement impressionnable ou impressionné, tu n’es pas facilement torturé, ou blessé.... enfin, ce que tu essayes de montrer, toujours.

" C’toi le pot cassé."

Répartie/20.

"Ouais, t’es là."

Étreinte qui se referme pour le serrer d'avantage, et tu plisses alors les yeux.

"Pour combien de temps."

Un murmure, une pensée, passagère. Toujours tes inquiétudes qui reviennent. Pour combien de temps les êtres que tu aimes, resteront près de toi ? Si peu à ton gout. Ils finissent tous par disparaître, et par ta faute; Tu ne peux le  nier; Tu  le sais. Tu le sens; Tu fais écho à ton propre destin, malheur; Que savais-tu de l’avenir ? Que savais-tu de ceux qui restent et ne partent jamais ? Nemo était là lui. Non, c’était pas pareil, parce qu’il faisait partie de toi;
Il peut pas partir.
Ce serait comme arrêter de respirer, c’est stupide.

Tu joues avec ses cheveux alors que tu hausses un sourcil.

"Bah j’veux fumer. Comment on fait? Tu me prêtes ta bouche?"

Tu ricanes, idiotement stupide, ne comprenant pas le sens de ses paroles, ni des tiennes. Avant de soupirer à nouveau et stoppant tes mouvements de doigts dans sa crinière.

“... En parler, hm. N’ai-je pas déjà tout dit, trop dit. N’ai-je pas déjà suffisamment ressasser ce que je ne peux pas effacer? Je pense que si. Je pense juste que je suis maudit, tu sais. Je brise tout ce qui m’approche. Tout...”

Et ton regard se perd à nouveau. dans le vide.

Tu souris à l’allusion sur sa taille.
Evidemment, qu’il est petit.
Tu le sais, tu le vois tout les jours, le nain.
Toi, ça t’amuses de l’emmerder, ça te fait respirer un peu plus.
Il te donne envie de respirer, en fait.
Tu es rassuré de sa présence,
cette partie de toi qui semble s’être détachée pour vivre sa vie, quelle raclure. Il pourrait pas rester là tout le temps ?
Comme un second souffle.

Tu hausses les sourcils sur son oui, avant de ricaner en écoutant à moitié la suite de sa vanne.

“Gros daleux va.”

Tu lèves les yeux au ciel et vient frôler ses lippes avant de venir coincé sa joue entre tes dents sans serrer, avec aucune volonté de le blesser ou lui infliger une douleur quelconque.

“T’sais, même dans les bras d’un autre, notre histoire restera la notre.”

Tu esquisses un sourire devant ses caresses et ses paroles,
tu sais qu’il se veut rassurant.

“T’es unique pour moi, stupide. C’est pas possible que tu te casses, ça veut dire que t’es mort si ça arrive.”

Près de toi;
Y’avait pas d’autres choix.
Et pourtant, ton regard devient inquiet devant ce joint entre tes doigts.
Tu fronces les sourcils alors que c’est ta main qui le récupère.

“stoppe-toi.”

Un ton soudainement sérieux.
Soudainement inquiet.
Ta machoire se serre, mais t’as pas envie que tes erreurs se répètent.
C’était pas possible, pas encore.
Et perdre une partie de toi c’était impensable.

Y’a pas d’autres pour toi,
s’il savait que pour toi non plus.
aucun ne te fait battre encore,
aucun n’est digne d’intérêt car aucun n’a réussit à te faire vibrer assez longtemps,
tu cherches sans chercher,
la moindre trace d’adrénaline,
la moindre trace de passion qui dure, qui te fait louper un battement, la moindre trace de vie que tu aspirerais chez l’autre.

et voilà la colère;
que tu ne voulais pas voir chez lui.
Qui te fait frissonner et vriller mentalement. Comment oses-t-il se mettre en colère sourde et silencieuse pour tes actes, actes qui ne sont que dictés par la protection et l’envie de voir plus loin que ce qu’il se passe.

Pourquoi, il le demande vraiment?
Il n’est pas une partie de toi quand il demande ça, comment oses-t-il se détacher ? comment oses -t-il faire autrement que penser par ce que tu as traversé ?

«Tu oses.»

C’est plus fort que toi,
Tu te redresses et ton regard de colère ne désemplit pas, au contraire, il s’intensifie. ô, ce n’est pas pour lui que tu es en colère non, ni contre lui. c’est contre toi même et tes démons qui appellent à l’aide. c’est contre tout ce que ton passé t’as forgé pour devenir aussi inintéressant et toxique, parfois, que tu es sur la drogue et ta surprotection - alors que toi même tu sombres parfois, comme ce soir, hypocrite que tu es.

«Tu n’es pas lui, non. Tu me réponds, là où il ne l'aurait pas fait. Tu oses, et me demander pourquoi.»

Tes doigts s’emprisonnent sur ses joues que tu faisais tiennes quelques instants plus tôt.  Tu rapproches ton visage, si proche du sien, que tu pourrais sentir son souffle.

«Redemande-moi pourquoi, Nemo.»

Ainsi tu lui prouves bien.
Que tu sais qui il est, que t’hallucines pas,
Que c’est bien à lui que tu tiens,
Et que ce sont ses actes qui te brisent un peu plus.
Merde, comment fait-il pour être si insouciant, drogue de merde.
Car tu es persuadé, qu’il n’aurait jamais demandé sinon.
Il ne peut pas ignorer pourquoi, il ne peut pas ignorer comment.

Car il était là,
brisé à tes cotés,
il t’a ramassé.
Et aujourd’hui, c’est toi qui le brise en lui offrant cette drogue à nouveau, chaque moment d’égarement.

Tu l’entends, sa voix étranglée.
Tu te demandes s’il a réalisé sa connerie, et pourtant, il continue sur la lancée. Ce qui te rend encore plus en colère. Colère que tu essayes de maitriser, mais donc la prise sur ses joues se fait plus forte, t’obligeant à le libérer de ton emprise pour venir agripper ses cuisses comme rédemption pour ne pas marquer son visage, déjà rougit par tes doigts trop insistants.

«Parce que je refuse de perdre quelqu’un par une overdose.»

Ta voix est ferme, sans appel.

«Je refuse de te perdre, Nemo. Alors, c’est soit tu vies, soit c’est moi qui t’ôtes la vie. Je me suis bien fait comprendre? Ce sera pas cette merde qui te brûle, ce sera pas cette merde qui t’empoisonne.»

Et tu relâches prises et t’éloignes, tirant toi-même sur le joint que tu venais de confisquer. Parce que tu préfères, toi, mourir de cette merde, que de subir encore une perte. Tu le laisses sur ton corps, médité sur sa connerie. Tu ne comprends pas comment il peut te demander encore. Tu mentirais si tu disais que ce n’était pas à cause de ton ex que t’en étais là, à cause de ce que t’avais fait que cela te hantait toujours, tu mentirais, pour ça que tu ne dis rien et que la vérité se modèle entre tes lèvres. Lèvres qui extirpent la fumée entre tes poumons, brouillant ta vision et tes pensées.

L’une de tes mains remontent et s’agrippe à sa hanche, possessif. Comme si tu pensais avoir été trop dur et qu’il allait fuir ce lieu, te fuir toi. T’avais pas envie, qu’il le fasse. Alors tu l’emprisonnes, physiquement, sans te douter qu’une autre prison le hante, bien plus terrible.