Dire que tu t’étais perdu, ou plutôt, l’avouer, n’était pas réellement dans tes plans. Il faut dire que tu étais venu simplement en reconnaissance du terrain, souhaitant te faire discret. Tu n’avais rien à faire dans les environs, et cela pourrait être porté à confusion. Cependant, pour l’occasion, tu n’avais rien mis sur toi qui pourrait trahir ta faction. Tu n’étais qu’un membre lambda qui se baladait vers le lac, peut-être même pourrais-tu te faire passer pour un vigilante, non ? Du moins, même si les chances étaient moindre, ils étaient tellement nombreux sur chaque faction, que personne ne pouvait se connaitre clairement les uns et les autres.

Si bien que lorsque tu croisas ce pécheur du dimanche, tu pensais d’abord qu’il s’agissait d’un simple villageois venu péché sa trouvaille. Cependant, quelque chose chez lui t’indiquait totalement le contraire. Tu plissais alors les yeux, avançant mains dans les poches de ton pantalon en toile marron, ta chemise à moitié ouverte pour ne pas changer, et le regard attiré par l’activité atypique.

“Loin de chez moi? Qu’est ce qui te fait dire que je suis loin de chez moi?”

Peut-être connaissait-il ta tête lors des HS. Peut-être qu’un type qui se balade sans aucune arme visible comme s’il se baladait dans un endroit potentiellement hostile et avec des bêtes féroces montrait qu’il n’avait rien à perdre et peu à craindre, aussi. Il faut dire que tu étais le seul meneur d’armes des legendary, mais bon, autant jouer la carte de la curiosité et stupidité, plutôt que de simplement avouer ce fait. Tu restais cependant à distance, bien à l’abri des gestes de cet inconnu. Qui sait ce qu’il pouvait te faire, alter ou non. Tu soupires doucement, observant le matériel.

“Tu pêches?”

Alors non, figures-toi qu’il est en train de taper l’eau avec un baton parce qu’il trouve ça incroyablement amusant... Tu regrettes instantanément ta question, mais soit, au moins ça lançait le sujet sur quelque chose d’autre que toi-même et cela t’arrangeait. Tes oreilles s’avancent vers l’avant, signe que tu es réellement intéressé par sa réponse cependant.

Tu lèves les sourcils de son répondant, n’y étant pas habitué ni attendu, et un sourire amusé fend tes lèvres comme une pluie chaude en plein hiver.

“Ahah! J’adore ton audace.”

Tu gardes ton sourire en te rapprochant, te mettant mettre accroupi comme si vous étiez deux vieux amis qui s’étaient donnés rendez-vous pour la pêche.

Tu attrapes alors la première chose à portée de main, nullement dans le but d’étudier quoi que ce soit, simplement pour combler le vide qui s’installe doucement. Il s’avère alors que c’est un des ouvrages qui était posé là. Tu l’observes comme s’il s’agissait d’une chose totalement inutile, le regardant dans tout les sens tel un primate incapable de lire, avant de le reposer quand il se remet à parler. Ton regard fendu se porte alors sur lui, et tes oreilles sont à l’écoute.

“Meneur d’escouade.”

Te permets-tu de le rectifier en levant ton doigt devant ton visage, comme un adulte qui réprimanderait un enfant. Tu te redresses alors sur tes jambes et observe la ligne, mains dans les poches.

“Et... Tu comptes nous pécher à manger ? Non parce que, c’est vrai que j’ai un peu faim de ce voyage.”

Tu esquisses un sourire qui se veut charmeur et amusé, avant de poser à nouveau ton regard vers lui.

“Une simple balade en terre hostile. J’aime le danger.”

Tes yeux s’écarquillent comme pour marquer le coup, avec tes mains qui miment une explosion avant que finalement, tes fesses se reposent au sol dans une position beaucoup moins à l’affut : un genou redressé ou tu poses ton bras dessus et une mine concentrée sur la ligne. Mordra, mordra pas ? Quel suspens. Digne des HS.

Simple passant.
Comment pouvait-il ainsi te parler?
Tu grommelais doucement, soupirant et levant les yeux au ciel.
Tu ne lui en voulais pas -pour le moment- de te traiter avec si peu de considération. Lui, simple manant, ne pouvait concevoir toute la prestance qui t’accueillais sur cette terre. Le bas peuple ne devait pas être réduit en cendres par le haut, mais bien être soutenu et élevé. Ainsi donc, ta clémence n’avait d’égale que ta beauté.

“Je t’excuse.”

Tu glisses alors tes doigts dans le sac pointé, sans un remerciement quelconque pour ce qui t’es dû, de toute évidence.
Tu en sors du pain, que tu manges avidement, en croquant quelques miches alors que tes yeux se posent à nouveau sur le jeune manant à tes cotés dont les manières restent à désirer, bien que la présence d’esprit de t’offrir de quoi te sustenter soit appréciable.

“Si tu n’es pas doué à la pêche, mon brave, ce n’est pas très grave. Je ne t’en tiendrais pas rigueur pour cette fois.”

Tu t’amuses à imiter un langage trop courtois pour ta dégaine, et cela te fait sourire doucement. Après tout, tu copies ce qui dégage de lui, et si les attitudes d’un homme dont le langage est plus fleuri que sa condition t’interpelle, tu sais très bien mimer les tiques de langages également. Non sans une pointe de moquerie, mais assez bon enfant au final.

“Les bois sont silencieux, trop pour être surveillés par une quelconque présence. Je n’ai croisé que la tienne sur le chemin.”

Ce qui te fit apparaitre une moue.
Tu finis par lui parler comme si vous vous connaissiez depuis un moment, comme si partager le bon temps et le pain étaient des choses habituelles dans vos propres vies.

Tes oreilles se plaquent alors sur ton crâne à sa moquerie évidente. Tu pouvais passer outre le manque de respect quant à ta condition de Légende -pauvre ignorant-, mais de là à critiquer tes attributs, tu finis par froncer les sourcils avec une certaine colère dans le regard.

“Tu glisses sur un terrain dangereux. Tu ne devais pas t’y aventurer.”

Tes dents se serrent et tu reprends un croc dans le pain en regardant dans le lac.

“Mais puisque cela t’intéresse, si tu n’étais pas le seul que j’eusse croisé, je les aurais tués.”

Aucune menace, juste un calme et un sans froid indéniable. Tu étais sérieux.