Laisser cette carcasse fraîchement abattue derrière eux est un crève-cœur.

Celsius fait une sale gueule sur son cheval de prêt. Qu'Autumn soit encore conscient après un tel assaut relève du miracle et après inspection -ainsi qu'un peu d'aide pour épauler le Vigilante contre sa monture-, la jeune femme ne compte certainement pas le laisser poireauter plus longtemps ; autant ne pas tenter le diable davantage.

Après tout, ne viennent-ils pas de danser avec l'une de ces créatures ?

Trimballer deux chevaux et un homme blessé n'est certainement pas mince affaire. Leur survie repose sur son sens de l'orientation et sur ses frêles épaules et, le nez retroussé et fouetté par le vent, la jeune femme songe qu'elle vient - une fois de plus - de se foutre dans un énième merdier.

"Je crois que c'est par là..."

Elle "croit", oui. Elle en est à ce stade, de fatigue et d'inquiétude. Au final, sa seule chance reposant sur le flair de ses deux chiens, d'ores et déjà rassurés par leur unique présence pleine de triomphe. Pas d'autres prédateurs en vue ; il n'y a qu'eux.

Inspire.
Expire.

Pour Celsius, garder son calme vaut tout l'effort du monde. Ses yeux plissés, elle cherche au loin la moindre lueur d'espoir : un son, une forme familière, tout. Ces quelques petites minutes de recherche auront eu le goût d'une attente de plusieurs heures. Seule la vue d'une petite bâtisse de survie, faite de plusieurs planches de bois et surmontées de quelques toiles chaudes à certains endroits, parvient à lui réchauffer le coeur.

Sa tête se tournant vers Autumn, son affirmation résonne comme un soulagement.

"On y est !"

On y est, oui. A quelques mètres, puis à quelques pas de cette porte qu'elle ouvre en forçant un peu sur la poignée. Cela fait, elle revient à quelques pas d'Autumn, et lui offre son épaule pour l'aider à marcher jusqu'à une première pièce - un petit salon improvisé quoique trop vide pour avoir été utilisée dans la journée-, puis l'un de ces lits improvisés dans un petit renfoncement. Un oeil furtif de sa part suffit pour voir que le bandage qu'elle avait improvisé juste après l'assaut de la hyène était déjà voué à être remplacé...

Un froncement de sourcils, sur un visage contrarié mais soucieux.
Un pouce près de ces lèvres, Celsius maugrée quelques leçons, comme pour se rappeler de l'évidence.
Sa silhouette disparait alors derrière une toile, d'où quelques bruits de fer et d'objets métalliques trifouillés avec rapidité s'échappent, avant de revenir avec ce qui ressemble à s'y méprendre à une trousse de secours.

Soufflant dans ses mains, elle saisit une bouteille d'eau et d'alcool, s'en asperge la main et traite la blessure de la même manière. D'un geste expert, elle défait alors le bandage, et le remplace minutieusement, en veillant à ne pas trop brusquer Autumn malgré une attache cette fois-ci plus serrée et adaptée.

"Je ne l'ai pas recousu pour l'instant, je crains une infection en profondeur si on se presse trop, comme c'est souvent le cas statistiquement avec les morsures et les griffures de bêtes."  Se levant, Celsius ne le quitte pourtant pas des yeux. "Ne bouge pas, tu ne ferais qu'empirer ta blessure...Et repose-toi un peu. Je reviens, je vais attacher les chevaux rapidement et les mettre dans le box, puis chercher des plantes pour créer et appliquer un antiseptique plus adéquat...théoriquement parlant, et traiter correctement ta plaie. Il n'y a que des vieilleries médicales ici, ça me degoûte. Je fais au plus vite ! Un chien restera avec toi, parait' que ça a un bon effet thérapeutique et psychologique d'avoir une bête à ses côtés."

Chien, dont deux yeux pleins de curiosité et de malice dépassaient légèrement du lit...
Un soupir...
Sûrement qu'elle devrait pas se faire un sang d'encre à son sujet...

Se faisant, Celsius s'éclipse. Plusieurs minutes passent, dans un silence probablement assourdissant pour Autumn, si ce n'est le chien blanc qui l'observe sans défaillir, sifflant seulement du nez par occasion. Soudain, la porte s'ouvre de nouveau, révélant la jeune femme légèrement échevelée par le vent ; morceaux de viande et plantes à la main.

"Bon ! J'espère que t'es pas une petite nature et que tu feras honneur à ton clan...Même si ce doit certainement être très agréable d'être ainsi sous l'expertise de la talentueuse Celsius. "

Si la blague fuse, un regard inquiet en direction d'Autumn de sa part ne passera pas inaperçu. Inquiète, elle tente de sonder son état...  

Chien présent - Cwn Annwn d'Arawn, aussi dit "fairy folk" :

"Une tente?"

Un sourcil arqué en la direction d'Autumn lui renvoie silencieusement tout le scepticisme que cette affirmation réveille en elle.

Une tente.

Ou le meilleur endroit pour embrasser mille et unes bactéries et ne jamais sortir vivant...

"Je sais que tu as dû bien renforcer tes défenses immunitaires parmi les tiens, mais tout de même...Une tente..."

Ce n'est pas le résultat que Celsius désire. Si les Wilds s'enorgueillissent de la sauvagerie de leurs actions et les Legendarys, de la fierté qui habite leurs lames, la perfection de leurs résultats et de leur savoir restent quelque chose d'important pour Celsius.

Alors oui, si cette petite escapade en observatoire venait à être ébruitée, sa réputation et sa loyauté pourraient être remises en question... Mais une tente. Allons bon ! Quel genre de personnes serait-elle à le faire mourir plus vite dans quelques positions inconfortables et étroites ?

Dans un soupir, la soldat fait quelques aller-retours entre ce lit et la petite table, d'où elles cumulent désormais quelques bouquets de corolles jaunes, violettes et vertes. Le tout, en prenant bien soin de rire avec légèreté face aux questionnements du Vigilante, dans un murmure des plus amusé...

"Hm, oui, peut-être que j'aurais des ennuis..." Sa langue tranche bien rapidement la question. De toute évidence, elle n'était pas inédite à ses oreilles. "Mais bon, mon Major m'apprécie beaucoup trop pour que la sanction soit la peine de mort. Ca, et je peux compter sur un bon ami pour me tirer de quelques pépins, si jamais..."

Et l'I.A. seule sait à quel point la jeune femme aime s'y aventurer à pied joint !

Le bruit d'un petit tabouret coulisse sur la croûte de bois qui fait office de sol. Au chevet du grand blessé, Celsius tient et prépare ses ustensils comme les plantes et les bouteilles sur son plan de travail...

"Et puis, c'est pas marqué expressément que je dois tuer tout ce qui bouge et qui ne porte pas notre brassard, si ? A ma connaissance, c'est pas ce qu'on prône non plus."

Avec soin, Celsius saisit les petites fleurs jaunes d'Arnicaienne, reconnaissables à ses corolles élégantes et élancées. Ses doigts déchiquettent les feuilles souples et fragiles de la pousse et les trient dans un bol avec une précision notable. Nul doute à ce sujet : la jeune femme sait manipuler ces plantes, et ne tardent pas à les écraser dans un bol, tout en écrasant et en versant un peu d'eau et autres ingrédients inidentifiables dans cette pâte devenue mixture liquide.

"Habituellement, j'utilise ces fleurs des bois et du marécages en principe actif, et donc en faible dose dans les comprimés que je fais maison...en raison du tanin nocif et létal qu'elle dégage une fois coupée. Mais si j'en fais une bonne synthèse chimique avant de les intégrer dans ta pommade et que je les dilue suffisamment, ça devrait être bénéfique pour ta blessure et ta peau. C'est un bon agent antibactérien et anti-inflammatoire..."

Un regard, sur l'homme presque mort, suffit à la ramener dans sa gêne. Une main s'égare dans sa nuque et un sourire jaune la gagne un bref instant.

"Hm, je m'égare. Désolée, des années passées dans la bibliothèque des Trappers et entre chercheurs m'auront converti au radotage scientifique sur les molécules biochimiques..."

Suite à quoi, la jeune femme se pencha de nouveau sur cette plaie à traiter : un peu béante, et certainement désagréable visuellement. Suffisamment pour ressentir elle-même une pointe de douleur fictive au niveau de son épaule.

Cette hyène ne l'avait décidemment pas ratée...

"Tu m'entends toujours ? N'hésite pas à me parler pendant le traitement. A me poser des questions neutres, ou me dire ce qui te vient à l'esprit. Ca me permet d'identifier ton degré de conscience."

Et de s'assurer qu'elle ne traite pas avec un mort...

Chien présent - Cwn Annwn d'Arawn, aussi dit "fairy folk" :