Mon plus grand rêve, c’est d’être pianiste. De toucher le cœur des gens avec ma musique, de leur faire ressentir des émotions, de parvenir à les faire rêver, eux aussi.Elle est douce Devona, déjà quand elle est petite, elle possède cette gentillesse qui la caractérise même maintenant. Elle a ce sourire qui réchauffe les cœurs, cette innocence et cette pureté qui font que beaucoup de personnes l’apprécient. Elle veut être comme sa mère Devona, elle souhaite faire du piano et émouvoir les gens avec simplement ce qu’ils peuvent entendre car elle est persuadée, dans sa candeur, qu’il suffit d’un sourire pour aller mieux. Parce qu’elle, quand elle fait ça, elle voit que les autres vont mieux même un petit peu. Et puis, sa mère lui dit à Devona, que la musique est le langage du cœur. Alors elle se dit qu’elle le fera parler comme ça, que sa mélodie à elle pourra résoudre tous les problèmes. Elle n’a que 5 ans Devona, et pourtant, elle a déjà des étoiles dans les yeux.
Elle grandit, doucement mais sûrement Devona, ne pensant pas à cette épidémie qui fait rage dehors et vivant avec comme si c’était normal. Elle avance au fil de son âge, devenant jolie et talentueuse avec sa musique, toujours aussi insouciante face aux problèmes de la vie. Son meilleure amie le piano sait comment la rassurer, alors elle n’a peur de rien. Quand elle sera grande, elle deviendra la meilleure pianiste que le monde ai connue, rien que ça ! Et elle fête bientôt son entrée à l’école de musique prestigieuse de la capitale, alors elle y croit dur comme fer Devona. Elle se sent invincible, comme les super-héros dans les films.
Et elle réussit d’ailleurs, c’est l’une des meilleures élèves de son école Devona, alors elle peut aussi aller au conservatoire pour étudier et surtout, pour n’en sortir qu’en étant meilleure encore ! L’innocence de la jeune femme, cette manière de tout voir en positif, de ne pas se soucier des responsabilités… Non, ce qui compte, c’est son piano et sa vie de musicienne. Des amis, elle en a bien sûr, ce sont ses partitions. Et son amoureux, c’est le clavier de son instrument. La solitude n’est pas dérangeante, parce qu’elle n’est pas seule au fond. Du coup, elle ne comprend pas trop quand on lui dit que ses mélodies sont si belles parce qu’elles hurlent une détresse évidente et qui touche tout le monde.
Non, elle ne sait pas Devona, que son inconscient a toute sa souffrance dans sa boite à secret, comme si elle préférait ne jamais le voir et qu’elle l’avait scellé au fond d’elle-même. Elle ignore tout ça, alors elle se contente de hausser les épaules et de continuer à jouer, sans réellement savoir si c’est vrai. Elle ne préfère pas connaître la vérité au fond, peut-être parce qu’elle est au courant de la réponse. Mais ce soir-là Devona, elle rentre bien plus tard que d’habitude chez elle, parce qu’elle a pleins de pensées en tête sans savoir quoi en faire. Alors sans surprise, il y a quelque chose qui l’attrape par derrière et elle ne se souvient pas de grand-chose après avoir respirée quelque chose de bizarre qui l’a fait dormir.
Il y a de la douleur, de la peur, du plaisir, des couleurs étranges aussi, parfois elle se réveille avec un peu de lucidité mais replonge dans le noir, comme dans un sommeil qui ne veut pas qu’elle rêve. Elle a mal, mais ça lui fait du bien parfois. Elle a des sensations étranges avec son corps, elle ne sait pas combien de temps passe avant qu’elle n’ouvre encore les yeux pour de bon. Elle se réveille sur du béton mouillé, avec des sous-vêtements et un drap pour la couvrir. Il pleut, ses cheveux lui cache le visage
depuis quand elle en a autant ? mais surtout, la terreur prend place dans son être entier.
Où est-elle ? Sa tête lui fait mal à Devona, elle ne comprend pas ce qu’il s’est passé, elle aperçoit grâce aux lampadaires que ses bras sont bleus, qu’il y a une trace de piqûre mais surtout, qu’elle a mal partout. Comme si son corps engourdi venait de se réveiller lui aussi et lui hurlait dessus pour la connerie qu’elle a fait.
Qu’est-ce qu’il s’est passé…. ? Mais elle ne sait pas de quoi elle est responsable Devona, juste qu’il y a une voiture qui lui fonce dessus à vitesse moyenne et la conductrice est penchée pour prendre son sac à côté d’elle. Elle ne bouge pas Devona, encore sous le choc de son réveil alors qu’un autre l’envoie dans les airs.
Ses yeux clignent, le temps semble ralentir à cause de l’adrénaline, elle voit clairement son corps défier la gravité avant de retomber sur le sol sous la pluie battante face à la voiture et surtout, sans avoir aussi mal qu’elle ne le croyait. Elle sent Devona que son corps a été amortit, que quelque chose d’autre a encaissé le choc à sa place. Elle ne sait pas quoi, mais elle entend ce cri horrifiée de la dame qui sort de sa voiture pour venir la voir et de constater qu’elle vit encore Devona, qu’elle se redresse même en fixant la femme qui semble encore plus choquée qu’elle. Elle hurle de nouveau, elle recule comme si elle était face à un démon.
Fléau est le seul mot qui sort de sa bouche alors qu’elle court vers sa voiture amoché pour rentrer à l’intérieur et fuir avec, peu importe les dégâts de son véhicule. Devona elle, reste un instant au milieu de la rue avant de regarder ses bras et de voir sa peau
craquelée. Il y a des fissures un peu partout, comme s’il y avait du verre qui se brisait sur son épiderme. Elle reste quelques secondes à regarder ça avant d’aller vers une vitrine d’un magasin et de se voir plus en détail. Il fait nuit, mais les lampadaires l’aide sa vision à contempler son reflet.
Ses cheveux beaucoup plus épais et bouclés, son corps craquelé de partout, ses yeux qui ont changés… Non, tout a changé.
Mais qu’est-ce qu’il lui arrive ? Elle a peur aussi Devona, elle ne se souvient pas des dernières choses qui sont arrivées et encore moins de comment elle s’est retrouvée là. Elle frissonne, elle a froid, elle est
effrayée par ce qu’elle est devenue.
Où est-elle ? Elle n’a rien pour se repérer alors elle se dirige vers une maison pas loin, elle a besoin de savoir Devona. Elle se saisit du drap pour la couvrir du mieux qu’elle peut avant de toquer, mais aucune réponse. Elle insiste, mais son appel reste sourd. Elle se met à parler, à supplier la personne d’ouvrir la porte, qu’elle a besoin d’aide, qu’elle ne sait pas où elle est, mais il n’y a que la pluie qui tombe qui accueille son désespoir. Elle se laisse tomber au sol, se mettant à pleurer. Peut-être que la personne n’est pas là penserez-vous, mais dans ce cas pourquoi il y aurait de la lumière à travers les fenêtres ?
Combien de temps s’est écoulé ? Elle n’a pas le temps de s’en soucier plus que ça. Des véhicules s’arrêtent juste en face d’elle et Devona n’a pas la force nécessaire pour lutter contre ces hommes en noirs qui l’emmènent.
***
Ses yeux s’ouvrent, elle est allongée sur son lit au Q.G des Vigilantes et elle se redresse d’un coup, un sourire aux lèvres. Les H.S sont pour bientôt, elle doit s’entraîner à devenir plus forte Crystal. Alors elle passe le temps ainsi, à vouloir contrôler son pouvoir, comme si tout cela est normal. Parfois, elle se rend compte pourtant qu’elle pianote ses doigts sur sa cuisse et elle se demande alors si ce n’est pas un signe pour qu’elle fasse du piano. Ça fait longtemps qu’elle a envie d’essayer après tout, alors pourquoi pas ? Ses doigts semblent trouver la musique d’eux-mêmes et bientôt, elle passe plus temps à jouer qu’à s’entraîner. Elle est heureuse ainsi Crystal, mais sa défaite aux H.S l’a bien vite motivée à devoir mieux contrôler son pouvoir.
Elle a peur au fond, de voir ses proches mourir au combat. Alors elle veut les protéger Crystal, elle veut être meilleure pour ne pas être inutile, pour être celle sur qui les autres pourront compter. Le temps file, il se passe des jours, puis des semaines et enfin des années avant qu’un tournant se passe dans sa vie. C’est un jour comme un autre, une balade dans une forêt avant qu’elle ne l’aperçoive. Il s’entraîne seul, un autre membre des Vigilantes et tout naturellement, elle se propose de l’aider. Sans le forcer, avec son doux sourire aux lèvres pour qu’il sente qu’elle ne le juge aucunement. Elle l’aide un peu, puis beaucoup même s’il l’ignore au final, elle se met à apprécier sa compagnie.
Hysteria. Un nom pour le moins étrange, elle ne sait pas s’il est justifié mais sa présence suffit à rendre sa journée plus belle.
Puis, son cœur bat un peu plus vite quand il est là, c’est plutôt agréable en vrai. Elle est plus heureuse, elle rayonne un peu plus quand il accepte de passer un peu de temps avec elle, on dirait un petit soleil Crystal. Elle a peur un peu de lui aussi, mais pour une raison qu’elle ignore. Ou qu’elle ne veut pas s’avouer. Et puis quand elle se confie au piano du Q.G, la mélodie semble quant à elle lui murmurer à l’oreille de braver cette crainte. Alors elle se dit qu’elle va se lancer et continuer à profiter, sans fuir et sans essayer de courir.
Le doute a sa place, mais elle le chasse d’un revers de la main comme l’on ferait avec une mouche. Et puis finalement, elle le fait taire au moment où il accepte juste d’être avec elle plus souvent, qu’un contact, puis un deuxième se fait. Elle aime ça Crystal, alors elle continue. Et finalement, ça devient un peu plus sérieux et elle n’est que plus heureuse de ça. Oui, elle ne souhaite rien d’autre hormis que ça continue. Si la sensation d’exister pour de vrai devait avoir un moment, alors chaque seconde à être avec lui le définirait. Les couleurs se font plus vives, le corps réagit à chaque action à son égard, son cerveau s’embrouille parfois tant elle ressent les choses avec force.
Mais c’est ça d’exister, n’est-ce pas ?Mais elle sait aussi Crystal, que tout a une fin. Les bonnes choses en premier. Un peu comme un gâteau, on mange une part et puis quand vient la dernière bouchée, on ne l’apprécie que mieux justement parce qu’il n’y en a pas d’autres après. Si cela avait été ailleurs, peut-être que son vœu aurait été exaucée, celui de rester avec lui quoi qu’il arrive, mais la survie compte plus que tout ici. Elle regarde le ciel Crystal, elle a l’impression qu’il pleut spécialement pour elle à ce moment-là, quand l’arme de son adversaire la transperce de part en part. Ses yeux se perdent dans les nuages sombres alors que son cœur se fait plus faible, luttant jusqu’au dernier instant avant de finalement s’arrêter.
Elle aurait aimée jouer un peu du piano, sourire et réchauffer plus de cœur aussi, mais surtout, elle aurait aimée juste… Juste rester un peu plus longtemps avec lui. Et voir son sourire, il est si beau son sourire…Une dernière larme qui se mêle à celles du ciel, et finalement ses yeux se ferment d’eux-mêmes alors qu’elle retombe sur le sol mouillé.
***
Elle les ouvre de nouveau, elle reprend une respiration qui est douloureuse alors qu’elle ne voit rien. Elle
étouffe et frappe ce qu’il y a en face d’elle. Enfermée, dans une boîte. Elle panique, elle frappe, elle hurle alors que sa gorge ne pensait plus prononcer de mot, elle pleure de désespoir en sentant qu’il n’y a personne pour l’entendre.
Sortez-là d’ici ! Et quelque chose se produit. Un pilier de cristal sort de ses mains pour détruire le dessus de la boîte et lui creuser un passage avec force jusqu’au ciel étoilé. De la terre lui tombe à la figure mais de nouveau, de ses doigts se créée un chemin sécurisé qui l’emmène vers la surface où une pleine lune l’accueille. Mais épuisée par cet effort, elle s’endort à nouveau alors que la dernière chose qu’elle entend sont des bruits de pas. Elle se fait emmener, encore, mais elle ne sait pas où.
Non, elle ne se souvient plus de grand-chose, déjà, pourquoi était-elle dans une boîte sous terre ?Elle se réveille quelques jours plus tard, paniquée, comme si elle sortait d’un mauvais rêve mais une personne s’approche pour la calmer. Elle réussit d’ailleurs à atténuer ses craintes, elle lui parle un peu, elle la rassure mais ne parle pas vraiment d’elle-même. Cette personne lui dit son prénom, qu’elle a oubliée pour une raison qui lui échappe et quand elle l’entend, ça sonne un peu comme une évidence.
Crystal, c’est beau comme prénom, il n’y a pas mieux pour elle. Mais elle a d’autres questions en tête et une chose devient alors sûre.
Comme s’il quelque chose manque, une pièce d’un puzzle non identifié. Elle a besoin de quelque chose, mais quoi ? Elle ne sait pas, elle ne peut pas trop bouger car son corps est encore engourdi, elle est déboussolée et surtout perdue car sa mémoire est effacée, elle ne se souvient de rien hormis de s’être réveillée dans le noir et elle lui fait des caprices en lui envoyant des flashs qu’elle n’arrive pas à comprendre. C’est comme attraper de la fumée avec les doigts, elle croit saisir un souvenir qui lui échappe aussitôt. La seule chose qu’elle arrive à percevoir correctement est un sourire sur un visage flou. Un sourire qui la réchauffe un peu, qui la rassure aussi. Qui lui fait sentir bien. Mais elle ne sait pas Crystal, qui lui sourit comme ça. Et elle ne le saura probablement jamais.
Les jours passent, puis finalement elle réussit à se remettre debout sans tomber. Elle se sent faible, mais plus forte qu’en sortant de la boite. Elle essaie de comprendre ce qu’il se passe, sans savoir exactement comment s’y prendre. Le Trapper qui l’a trouvé l’aide beaucoup à se remettre, un peu comme un guide rassurant qui parle à une enfant déboussolée.
C’est le cas quand on y pense. Il a l’air de la connaître aussi, car il lui a conseillé de jouer du piano, lui racontant qu’elle en jouait avant. Il n’en dit jamais trop d’ailleurs, gardant un certain mystère sur son passé mais elle l’écoute Crystal, elle lui fait confiance et elle ne le regrette pas du tout quand ses doigts retrouvent le clavier de l’instrument. C’est un meilleur ami retrouvé et une émotion qui lui prend le cœur au point de la faire pleurer.
Elle a de nouveau une partie d’elle Crystal, mais quelque chose lui souffle qu’il y a bien d’autres chose qu’elle doit chercher. Son sauveur lui apprend ensuite qu’elle est sortie d’un cercueil, qu’elle était morte à la base. C’est un choc qui se dessine sur ses traits, elle a du mal à encaisser la nouvelle mais ses explications paraissent beaucoup trop logiques pour le nier.
Comment est-elle morte ? Pourquoi elle ne l’est plus ? Et qu’est-ce qu’il s’est passé avant qu’elle ne revienne ? Il lui répond, mais sans en dire trop. Elle a beau s’énerver, lui crier dessus de s’expliquer, il reste de marbre et la laisse dans un doute sans rien expliquer hormis le nécessaire. Qu’elle était morte, qu’elle est revenue, qu’elle a un pouvoir lié au cristal, qu’elle joue du piano, le reste de ses souvenirs elle va devoir le trouver elle-même.
Elle a du mal à se dire qu’elle est sortie d’une boite sous terre, qu’elle respire à nouveau, mais pourtant la cicatrice qui orne sa poitrine démontre bien qu’elle est partie à un moment. Elle ne comprend pas Crystal, ce qui a bien pu se passer. Ce qui a fait qu’elle foule de nouveau le sol. Elle ne sait même pas où elle était pendant ce laps de temps, entre sa mort et maintenant. Au paradis ? En enfer ? Est-ce que cela existe réellement ? … Elle est perdue Crystal, mais elle ne montre rien, elle se dit que si elle redevient comme avant, les souvenirs viendront ensuite.
Mais comment était-elle avant ? Des question, mais pas de réponses. Alors elle chasse tout ça, elle secoue ses pensées comme on le ferait avec un prunier en espérant que des indices en tombent, mais rien. Son sauveur n’en dit pas plus, mais elle le soupçonne d’être celui qui a demandé son retour. Pourquoi prendre autant soin d’elle, pourquoi l’aider à vivre de nouveau sinon ? C’est étrange non ? Il ne se prononce pourtant jamais sur ce sujet, préférant laisser le mystère planer sur ça. Et puis, elle lui fait confiance aussi, il est gentil avec elle et l’a sauvé après qu’elle soit sortie de cette boite.
Elle a du mal à s’y faire avec le cercueil, comme si ce mot lui brûlait la langue.Elle reprend son souffle pour avancer, doucement et à pas de souris. Elle saura les choses en temps voulus, c’est ce qu’elle se dit pour se rassurer. Mais comment savoir ?
Comment être sûre ?Elle ne le sait pas Crystal. Mais elle n’a pour le moment pas d’autres choix que d’affronter de nouveau ce monde violent qui a eu raison d’elle auparavant.