Certains considèrent la chasse comme un simple jeu. L'arme délivrée, il est si facile de s'en servir, de lui attribuer tous les torts pour ce que l'on s'apprête à commettre. L'arme libérée, il n'est pas si facile d'assumer tout ce qui a été saccagé. Arrêter le massacre au fer pour elle, c'est tout ce qu'il souhaite et c'est le premier réflexe du colosse. Il ne veut plus voir cet insouciant sadisme. Il ne veut plus que la lame fasse qu'un, encore, avec la personne. Lacrimosa désarme cette âme.
Malheureusement, à peine décontenancé, son adversaire garde la même attitude sadique ; erreur de jugement sur son compte. Et s'il ne se trompait pas, au bout du compte, sur toutes et tous ?
Sur toi, notamment. Ne te comportes-tu pas ainsi quand, à l'instar de ces trois opposants, tu te retrouves alliée avec ton équipe pour mieux chasser ?Il sert les dents. Il en a assez.
La chasse, ce n'est pas une partie de sadisme comme l'arbore le sourire de cet homme bien trop cruel. Bien trop cruel pour encore garder, oui, malgré l'averse incessante s'abattant sur lui puisque Lacrimosa n’accorde pas le moindre répit. Si le désarmement n'a pas suffit à l'éberluer, Lacrimosa compte bien provoquer enfin le saisissement. Ayant l'avantage, il ne s'attarde pas dans une compétition.
Il n'aime pas gagner. Il n'aime pas l'esprit que toutes et tous ont de vouloir gagner et même si tu ne l'as pas, en soutenant ton équipe, tu le fais vivre. Hors de la compétition, les règles ne l'atteignent pas autant que les ordres de son Empereur.
La rage l'emporte. Elle emporte la cruauté au-delà du sol mais la fait redescendre sur terre, un violent crochet dans la mâchoire. Et même si le vilain sourire saigne sa bile, il ne grimace pas et reste intact.
Même si tu n'as pas à porter de coup dément, tu as réussi à le rendre fou de rage.
Mais peut-on réellement admettre que c'est un franc succès de réveiller cette sombre partie ?
Serais-tu encore si poltronne, toi aussi, dans tes coups pour lui si tu voyais cette sombre partie ?Probablement parce qu’il n’est plus en sa compagnie que les coups déferlent et s’enchaînent contre l’autre. Pas assez de coups ne sont suffisant pour tarir son besoin de justice puisque l’autre n’assèche jamais ses rictus. Tant qu’il sera là, Lacrimosa continuera à le repousser d’un coup de genou forçant son adversaire à ne plus chercher à avancer, à ne plus rentrer dans ce jeu. Assez rapidement, le dos de l’homme rencontre un tronc d’arbre où la colère de Lacrimosa décide d’en faire son tombeau lorsque d’un coup sec et vif, il plante lui aussi sa lame dans l’épaule. Il est effectivement possible de la retirer mais avant qu’il ne le fasse, le colosse profite du long râle de sa victime pour l’immobiliser, une deuxième fois de la même arme, l’emboîtant dans l’autre épaule à sa portée.
Mais ça ne fait que prolonger les hurlements. Lui aussi se sert d’une arme pour amoindrir ses torts. Celui qui grimace le plus, c’est toujours Lacrimosa. Il en a assez, il faut en finir. Ce n’est pas lui qui mérite du répit.
Toujours dans cette tactique de cloîtrer l’autre, la furieuse bête étrangle l’odieux visage de ses deux grandes paumes, descendant machinalement jusqu’au cou pour le faire taire. Qu’il arrête de rire, même en hurlant ; surtout en hurlant. Il entend tout le sarcasme de ce type qui se moque encore de lui. Il se moque de lui, en train de s’adonner également au sadique meurtre. Les rires ne vont pas l’arrêter, hélas. Au bout de plusieurs secondes, les rires s’étouffent, sont sur le point de s'éteindre ; tout comme le sont ses prunelles. Il est capable de mieux entendre ; entendre l’hilarité provenant de l’autre bout. Là où il l’a laissée pour seule. Retrouvant la vivacité, l'immense statue reprend le contrôle. Elle ne peut pas le perdre, il lui a promis. Resserrant ses paumes sur un visage livide d'une vie s'essoufflant, il en prend le contrôle et finit par encastrer l'arrière du crâne dans le tronc rencontré. Le coup n'est pas fatal mais assez pour conclure l'altercation.
Ce qu'il ne veut pas conclure, en revanche, c'est ce pacte. Qu'il tient à elle serait bien trop ambitieux comme pensée mais le duel avec l'autre homme l'ayant fait réfléchir, il souhaite bien la comprendre. Comment est-elle réellement ?
Même s'il l'assenait d'une myriade de ses interrogations, il n'est en aucun cas sûr qu'elle ne ment pas. Il ne peut défaire le vrai du faux, la victime de l'oppresseur lorsqu'il assiste à la fin d'une épouvantable tragédie : l'autre homme égorgé et vidé de son existence au vu de la contorsion de son corps, la femme, pour sa part, semble encore vivante mais reste loin d'être indemne au vu de ses précédentes déchirures et des nouvelles cicatrices.
Une épée, c'est tranchant. S'attendait-il vraiment à ce qu'elle l'épargne ?
Dans un profond soupir, lui, en revanche, se montre un brin plus magnanime, se rendant vers elle. Il manque de preuves. Il en reste au même point sur elle et à nouveau, lui échange sa main comme il avait, précédemment prévu de le faire.
Par hantise, il se prend à épier les alentours surtout ; ça peut encore arriver.
Par hantise, encore, il ne se prend pas à l'épier, elle ; il a peur des réponses.
L'aurait-elle entraîné dans cette folle maladie de tuer et non plus chasser ou n'y a-t-il aucun facteur expliquant son emportement assassin ?
Il retarde ses questionnements mais accélère leur fuite des menaces maintenant inertes. Mais c'est le seul dont la peur est noire. Pour elle, ce sont ses perles, probablement furieuses, ou alors sonnées, qui le sont encore. La manière dont il l'a abandonné quelques minutes est sans aucun doute coupable de quelconque émotion qu'elle peut éprouver à cet instant, qu'il accepte bien entendu ; lui-même ayant perdu le contrôle face à elles.
Il ne veut pas lui faire considérer qu'elle est un fardeau mais il ne peut pas non plus abolir sa promesse tenue. En tout cas pas sans preuve.
Tu peux pas ma-ma-mar-marcher.
Tu n’es pas un fardeau mais il ne croit pas que tu veuilles accepter l’aide qu’il t’offre, pour le moment. Sans accord, qu'importe si elle parvient à atteindre sa main ou non, le géant la réceptionne, il l’espère, sans encombres, dans son dos. L’image est bien trop mauvaise qu’il en grimace. Elle n’est pas un fardeau pourtant. Il ne l’abandonnera pas. Il ne l’abandonnera plus.
Désolé.
Un seul mot pour exprimer tous les regrets qu’il éprouve à ce qu’elle a subi et qu’elle continue de subir. Au bout du compte, le chasseur est peut-être celui qui l'a le plus blessé.
Certains considèrent la chasse comme un simple jeu. D’autres comme une partie de sadisme.
Pour Lacrimosa, ce n’est rien de tout cela : c’est plutôt une opportunité d’assaillir les plus cruels.
Mais aujourd’hui, il s’est révélé être le plus cruel et ne plus être un chasseur, même pas un assassin, contrairement à sa comparse. Pire, il s’est révélé être un tortionnaire qui joue sadiquement avec ses proies. Ce n’est pas un fardeau mais, inéluctablement, elle est devenue sa proie : la proie de ses grandes interrogations, en tout cas.