La première fois que je me suis réveillée, tout semblait flou. Je savais que j’étais fatiguée, que je me sentais mal. Chacune de ces sensations, chacune de ces émotions : je savais les définir. La peur, la sensation d’être perdue, cette douleur à la tête. Je pouvais donner un nom à chaque plante, à chaque objet. La seule chose que je ne savais pas nommer était moi-même.
Aucun souvenir, en dehors de ces connaissances.
Je ne savais pas où j’étais, j’ignorais le nom du pays où je me trouvais. Tout me semblait merveilleux, m’effrayait, je tremblais.

Les genoux bousillés, la tête en vrac. C’est ainsi qu’il m’a trouvée, ce sauveur. Alors que j’ignorais tout de ce monde et de moi-même, il m’a recueillie, m’a prise sous son aile. Il semblait savoir ce que je ressentais, savoir qui j’étais mieux que moi-même.
C’est dans cette chambre qu’il m’avait emmenée afin que je puisse être soignée. Il n’y avait pas grand chose en réalité, un matelas sur le sol, une table. Il m’expliquait que c’était suffisant : sur cette île ; car j’étais sur une île ; « notre » but est de survivre, de gagner. Peu importe qui j’étais : du moment que je pouvais être utile avec mon pouvoir, « tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes » ; cette phrase continuera toujours de me hanter.

« Nous » avions été sauvés de l’apocalypse à l’extérieur, « nous » sommes ici plus en sécurité que nulle part ailleurs. « Notre » sauveur ? Cette voix grave, mystérieuse. « P.M. ». Étrangement, à chaque fois que je repense à ces initiales, je ne peux m’empêcher de ressentir une certaine émotion remontrer, s’enraciner dans mon cœur comme si j’avais bu un de ces horribles poisons de ma création.
La colère.
Pourquoi ? Je n’ai jamais osé lui dire. J’aurai tout fait pour lui, tout. Finalement, c’est lui qui aura tout fait pour moi. En attendant, je mets cette émotion me gangrenant sur le compte de l’ignorance, sur le fait de ne pas savoir qui est « notre » sauveur ou ce qu’il se passe dans ce monde si dangereux qu’est l’extérieur.

La fenêtre laissait passer la lumière d’une façon assez poétique, l’extérieur semblait bucolique depuis cette pièce. Je n’étais pas à plaindre, d’après lui. Après tout, si j’avais été retrouvée par d’autres personnes, tout aurait pu mal tourner. Je devais donc être reconnaissante envers lui, rester à ses côtés. C’est ce que j’ai fait durant les deux mois de ce début de vie. Après tout, en plus de m’avoir permis de survivre, il m’avait également donné mon nom, un foyer, quelques « amis ». Il m’avait recueilli et tant aidé. Cependant, j’étais toujours trop faible. Selon lui, mon pouvoir pouvait se montrer utile… mais j’étais encore et toujours trop faible : durant ces deux mois, il craignait pour ma survie et ne cessait de me surveiller. Peut-être avait-il peur pour moi, tandis que j’essayais encore de comprendre dans quelle situation je me trouvais.
Il ne voulait pas que je me fasse remarquer, du moins pas plus que jusqu’à présent. Il pensait également que je ne devais surtout pas utiliser mon pouvoir pour attaquer : bien trop dangereux, non pas pour les autres mais pour moi-même.
« Lys », une fleur faible, délicate, que l’on peut couper à tout moment. Du moment que l’on ne la consomme pas, il n’y a aucun risque. « Lys », une jolie décoration, parfois utile. « Lys »… Pourquoi. Pourquoi ce nom ? C’est cependant le seul que je possède. Encore cette frustration, mais toujours cette volonté d’aider. Je devais être plus qu’une bête fleur dans un vase, qui se fanerait au bout de quelques jours seulement. Ne plus seulement me cacher pour survivre ou compter sur les autres, mais pouvoir réellement combattre, me défendre, accorder à cette fleur inutile des piques pour qu’il soit impossible de la couper.

« Zlokin »… c’est sous ce nom qu’il s’était présenté. Un seul mot, sans réelle signification selon lui. Après tout, chaque personne de cette île possédait un seul nom : parfois destiné à représenter sa personnalité, quelque fois le pouvoir, de temps à autre un simple coup du hasard.
Ainsi, il m’a donné le nom de « Lys » en essayant de découvrir ce pouvoir que je possédais. Au départ, cette notion me semblait totalement abstraite : quelque chose avec laquelle je serai « née » ? Une force innée que je pouvais utiliser à ma guise ? Je ne comprenais pas. C’est le lendemain, lorsqu’il m’a emmenée à l’extérieur, que j’ai commencé à comprendre : je la ressentais. C’était une énergie étrange, comme une bouffée d’air. Ce n’était pas uniquement le fait d’être enfermée, mais une sensation de pouvoir tout contrôler.

Une déception.
Il aura fallu quelques heures pour découvrir mon pouvoir. Une sorte de force mentale ? Psychique ? Non. Physique ? En quelque sorte. C’est en posant ma main sur la terre que moi et Zlokin avions commencé à comprendre. La terre était alors froide, mais semblait étrangement chaude pour moi, comme une sorte de « présence » réconfortante. Je n’étais pas en mesure de la contrôler parfaitement, d’où ma déception en quelque sorte… mais je pouvais au moins l’utiliser afin de créer. Ce n’était que quelques pousses, mais elles se sont rapidement transformées en plantes magnifiques.
« Penses seulement à ce que tu aimerais faire », c’est le conseil qu’il m’avait donner. Impossible de relever la terre, mais je parvenais à former quelques minéraux. Ainsi, je ne pouvais pas réellement contrôler les plantes, mais la terre. Mais je m’épuisais trop vite. Alors, tous les jours, Zlokin m’entraînait. Et tous les jours, je commençais à pouvoir aider les autres, me montrer utile.
J’étais heureuse, à ma façon. Je pouvais soigner les autres, être ce qu’on appelle un « Doctor » sur cette île.

Au fil de nos entraînements, des jours qui passaient, je suis parvenue à bien mieux maîtriser mon pouvoir. Faire pousser des plantes ou extraire des minéraux devenait aussi naturel que respirer, j'en arrivais même à pouvoir créer des petits objets à partir de la terre. Je me souviendrais toujours de cette personne qui s'était tordu la cheville. En réalité, il est assez difficile de trouver des soins et médicaments sur cette île : en ce sens, je suis très utile. Créer des poisons et médicaments à partir des plantes était largement dans mes compétences. Seulement, mon pouvoir m'a également permis de créer une sorte d'attelle pour cet individu. Le résultat n'était pas extrêmement esthétique en réalité, mais cela faisait l'affaire dans l'urgence et maintenait parfaitement la cheville jusqu'à son rétablissement. Ce n'est qu'à ce moment là que l'on a commencé à me trouver utile. Mais ce n'était pas suffisant.
Je suis tout juste capable de me protéger actuellement, je ne peux pas encore protéger les autres. Cependant, je savais à ce moment là que je pouvais aider, soigner ceux que je rencontrais. Les antidotes étaient loin d'être agréable en bouche, avec une certaine amertume. Avoir la jambe coincé dans un plâtre de terre pour la maintenir n'était pas vraiment glorieux non plus : il suffisait de voir le visage des gens que je soignais. Rien de glamour, mais au final leur rétablissement était bien plus rapide ce qui leur permettait de pouvoir retourner plus rapidement à leurs activités.
J'étais extrêmement heureuse d'avoir ce rôle. Certes, je ne suis pas encore en mesure de les protéger ou même de me protéger correctement. Mais aider à apaiser leur souffrance, les soigner, est toujours l'une des plus belles choses que je retiens de cette courte vie. C'était mon bonheur, celui de Zlokin également.

Jusqu’aux Hunting Sports.
Il était particulièrement heureux ce jour-là : il était assez fort pour y participer. Ces évènements étaient apparemment très importants, mais je ne comprenais pas à quel point cela pouvait être vrai et surtout comment cette sorte de « concours » pouvait influencer ma vie. Aujourd’hui, je le sais très bien.
Pendant cette période, il n’était pas là pour m’aider. Je continuais toujours mon entraînement, espérant le rejoindre afin de pouvoir l’aider. C’était tout ce que je voulais. Mon seul désir, en réalité. Une sorte de solitude me pesait, je me sentais seule. Enfermée dans cette chambre, je mangeais peu. Ce n’était pas uniquement dû à une sorte de pénurie alimentaire : c’était cette sensation, une émotion qui envahissait mon esprit… la tristesse prenait le contrôle de mes yeux. Je savais qu’il s’agissait là de larme, je savais que la tristesse pouvait engendrer de telles réactions sur le corps humains… mais je ne comprenais pas.

Des lettres. Ou plutôt, « télex ».
Jamais je n’aurai pensé qu’elles aient pu me parvenir. Zlokin m’avait écrit. Sur l'instant, on aurait pu penser que ces lettres brisaient de longs jours de solitudes, que tout prendrait fin. J'aurai pu être heureuse, même s'il m'était impossible de lui répondre au moment où ces écrits m'avaient été transmis. En réalité, j'étais incroyablement triste, mais je ne pouvais pas montrer ce côté trop sentimental aux autres.
Je n’avais pas de lien particulier avec les membres de ma faction, ou du moins ils me voyaient comme étant une personne trop faible, à devoir toujours me protéger, et ne semblaient pas convaincus que je puisse survivre jusque là. En quelque sorte, je les comprenais. Nos relations étaient cordiales, parfois amicales, mais ils savaient tous que j'étais trop faible pour survivre par moi-même et qu'ils ne pouvaient pas trop s'attacher à moi. Je les soignais, mais je n'étais toujours pas capable d'utiliser mon pouvoir d'une manière plus offensive.
J’aurai seulement voulu un véritable ami, quelqu'un qui me voit plus que comme une personne qui pouvait disparaître du jour au lendemain à cause de sa faiblesse.

En réalité, Zlokin était parvenu à m’écrire à plusieurs reprises. Cependant, je n'avais eu ces lettres qu'une fois les Hunting Sports terminés. Tout est là, posés sur cette table.
Un sourire. Des larmes.
Des souvenirs.
Il y avait dans ces écrits de nombreux éléments nous concernant, au sujet de notre relation. Pourtant, il n'y avait que quelques phrases, au mieux. Mais j'avais l'impression que ces télex résumaient toute notre relation. Nous étions des amis, peut-être trop liés.
Relire encore une fois, avant de partir.






Un second texte.




Ce ne sont que des textes au sujet des Hunting Sports, mais l’émotion qu’il y mettait finissait toujours par m’envahir, par me motiver. Mais je ne supportais jamais tout ce « fanatisme » autour de cette entité étrange qu’est P.M., surtout de sa part.




Quelques jours. C’est ce qu’il disait. Mais la fin je la connais : aucun d’eux n’est rentré. Tous les membres de ce détachement se sont fait tuer. Même Zlokin.
Surtout Zlokin.
Seules ces lettres ont survécues à ce douloureux évènement, et c'est un des membres de ma faction qui me les avaient remises, un air peiné.
Tout ce que je retenais n’était que cette colère quand il s’agissait des Hunting Sports. Pourquoi une telle ineptie ? L’être humain est-il si avare de pouvoir ? N’y a t-il pas d’autres moyens ? Secrètement, j’en voulais à P.M., je ne pouvais pas supporter le fait qu’il puisse laisser les choses aller ainsi… ou peut-être était-ce calculé. Après tout, les Hunting Sports persistent, peu importe le nombre de morts : il y aura toujours des « remplaçants », d’autres personnes pour rejoindre ces factions.
Et j’en fais partie.

Néanmoins, je ne suis pas suffisamment stupide pour me laisser emporter par la colère. Je n’ai pas le loisir de laisser ces pensées absurdes m’emporter et me jeter dans la gueule du loup. Il y a une raison à tout, mais je me sais encore trop faible pour avoir la possibilité de me renseigner directement lors des prochains Hunting Sports, nonobstant la surveillance dont « nous » faisons l’objet.
Je les ai vus.
Ils ne viennent pas uniquement nous « aider ».
Je suis faible, mais ce n’est que physique. Et tout est une question d’entraînement, c’est certainement le seul point sur lequel je peux rejoindre Zlokin. M’entraîner, aider les autres, soigner, mais aussi découvrir la vérité qui entoure cette île… donc, un jour, devoir participer aux Hunting Sports et faire partie de ce système. Zlokin, est-ce qu’encore une fois tu as eu raison ? De penser que ce système était merveilleux ? Que P.M. est un réel messie ? Ou est-ce que je découvrirai une sombre farce derrière cette île ? Laisse-moi parier avec toi une dernière fois…

Tout ce que je peux faire en l’état actuel des choses est d’aider les autres, refoulant ces émotions au plus profond de moi pour ne laisser échapper que le positif. Sourire, continuer de vivre. Remercier Zlokin, espérer que les Hunting Sports n’emporteront pas les autres amis que je pourrais me faire.
Je ne peux plus me contenter de me souvenir de lui, je dois avancer. Si je n'ai jamais pu l'aider, je suis persuadée que je pourrais aider bien d'autres personnes sur cette île.
Les soigner.
Les protéger.
Mais avant, il me faut retourner m’entraîner. Persister, et aider tout ceux que je pourrais rencontrer. Chercher la vérité.

C'est un certain gens qui a utilisé une des œuvres de Mozart en pseudo qui m'a causé d'ce forum. Donc me voici~

Concrètement, ça fait plus de cinq ans que je n'ai pas fait de RP, voire un peu plus vu le peu de temps que j'ai repris juste avant. Donc y'a des chances que j'ai du mal à reprendre le rythme ; pour vous donner une idée, j'me suis paumé sur le forum au niveau de la F.A.Q., et niveau hébergement d'images j'étais resté sur Servimg et Hostingpics. Ah, et j'ai un emploi du temps un peu moisi en ce moment, du coup j'essaierai d'être présent comme je peux...  
... C'la dit, à l'instar de mon comparse, j'prends quand même le temps de trafiquer le CSS de la fiche de présentation. Logique.

Ah, et dans le doute : c'est Caellïam. Vu que j'avais fait une 'tite réservation d'pouvoir~