Il n'y a pas de meilleur endroit qu'ici, c'est certain. Il y a des livres, des tas de livres, des connaissances à absorber, des choses complexes dont il faut s'imprégner encore et encore pour les comprendre. Ici il y a des gens sains qui réfléchissent qui ne sont pas guidés par leurs instincts les plus primaires. Ici il y a des règles et c'est très bien. Car il est bien connu que vivre sans règles, c'est vivre comme des animaux. Et Fear ne veut pas vivre comme un animal. Pas en étant humaine du moins. Si elle avait eu plus de poils et un intellect plus limité alors peut-être, éventuellement, elle aurait considéré le fait de pouvoir rester chez les Wilds. Sauf qu'elle n'a ni plus de poils, ni un intellect assez limité pour lui permettre de se dire que tout va bien malgré le chaos ambiant et constant qui règne là bas.

Cette décision qu'elle a prise, elle ne la regrette pas pour l'instant. Parfois même, elle prend un malin plaisir à fermer les yeux pour se remémorer le visage tordu de ses anciens coéquipiers. Vraiment ce jour là, les bras leur en sont tombés, aussi bien au sens propre que figuré. Et cette douce pensée à chaque fois lui arrache un léger ricanement et lui rappelle à quel point elle est pressée de pouvoir recommencer. Dans la foulée, elle se dirige en général vers les jardins. Parce qu'elle aime s'en occuper et y faire pousser des tas de fleurs et de plantes, les croisant parfois pour des résultats des plus surprenants. Elle confectionne ensuite un magnifique bouquet, elle y met du coeur, choisit les plus belles plantes et les attache avec soin avant de les porter à un messager. Elle accompagne toujours ses bouquets par un petit mot, élégamment glissé entre les tiges et dont l'écriture manuscrite est tout simplement parfaite. Une seule ligne sur laquelle on peut lire : "La peur n'est qu'un état d'esprit."

Ravie d'être si caustique, un croissant de lune se grave sur son visage qui remonterait jusqu'à ses oreilles si c'était possible. Son méfait accompli elle retourne se perdre dans les méandres de la pyramide endroit bien plus agréable que la forteresse s'il en est. Elle traverse les espaces commun pour se retrouver dans la grande salle où malgré ses deux années de bons et loyaux services et sa fidélité irréprochable certains la regardent un peu comme un inquisiteur regarderait une sorcière. Un regard qu'elle leur rend les yeux grands ouverts, immobile. Avant que la musique ne parvienne à ses oreilles et que son corps ne commence à s'agiter. Un peu comme si elle était possédée. Mais possédée par la musique, pas par un esprit malveillant. Alors elle se trémousse en s'éloignant, elle tourne en levant les bras portée par ce rythme endiablé qui ferait même danser les rats. D'un pas de danse elle s'éloigne des envieux pour vaquer à ses occupations. Il est en effet certains que Calliope sera d'accord pour lui conter une histoire sitôt qu'elle passerait la porte. Après tout, comme eux, elle est Trappers.