L'illusion du calme.
La réalité destructrice.

Un silence. Pourquoi tu semble être touchée par mes mots. Pourquoi tu sembles si concerné. Tu laisses tellement de questions sans réponse. Tu ne les connais peut-être pas toi-même.

L'alcool en refuge. En moyen de survie. Une façon de pouvoir assumer. S'exprimer. De ne plus tenir à bout de bras cette porte de l'honnêteté qui tremble secouer par les spectres voulant sortir. Au grand jour.

Braise sous les débris. Comme la dernière entrevue. Prêtes à s'embraser au moindre souffle. Carboniser ce qui est encore possible. Ce qui veut renaître. Mars, qu'est ce que tu dois sacrifier pour te sentir heureux? Serein. Aimer. Quel est le prix que tu t'infliges pour te refuser ce bonheur?

Ce même regard.
Bouillonnant d'une colère sourde.
J'suis pas assez ivre pour ces conneries.
Encore.

Je ne suis pas un exemple à suivre. Je suis là pour superviser. Veiller à ce que tout se passe bien. Botter des culs quand il faut. Encore une fois. Ma sexualité revient sur le tapis. Vraiment pénible…

Le regard fixe. Le corps immobile. Je ne réponds pas à sa provocation. Roulement d'yeux agacé. Tu dis ne pas être un gamin. Pourtant ton impulsivité, ton manque de contrôle sur tes nerfs prouve le contraire.

Avoir une discussion aux frontières des limbes, est-ce vraiment impossible pour nous ?

- Je ne sais rien de toi. Puisque tu ne dis rien. Parle. Que je sache où je vais avec toi. Tu te plains que je ne te connais pas. C'est le moment de changer les choses.

Le ton de la voix est calme.Poser. Aucune note n'est plus haute que l'autre dans mes mots.

- T'es encore puceau sans l'ombre d'un doute.Parce que tu réagis encore comme une jeune fille effarouché qui découvre ses premiers plaisirs avec son petit ami .Tu n'as pas consommé ta relation jusqu'au bout.Lâches moi avec ces histoires de sexe. Tu l'as dit toi-même que ce sont des rumeurs. Des "on dit" sur moi. Pose moi la question si tu veux être sur de tes propos.

C'est à mon tour de vider mon verre jusqu'à la dernière goutte. Oubliant le plaisir d'un spiritueux. Quoi que nous n'avons pas une qualité incroyable dans nos placards…Long soupire en posant le verre.

C'est toujours si compliqué avec toi.
C'est toujours si douloureux avec toi
C'est toujours toi.

- J'ai une gueule pour être un exemple?

Le regard plus sévère. Plus froid. C'est un avertissement. À notre dernière rencontre, j'avais ma douceur à t'offrir. Ma compréhension. Maintenant que tu te veux le titre d'homme. Agit en tant que tel ou paie les conséquences.

- Il suffit.

Vague tapotement sur ta main pour t'indiquer de relâcher la prise. Je n'aurai aucune hésitation à te planter de mes lames. En attendant, mon verre se remplit de nouveau. Je sens d'ici le mal de tête qui va fracasser mon crâne.

-Qu'est ce que tu attends? Tu veux des conseils ? Tu veux être guidé? Tu veux quoi de moi Mars ?

Est ce que tu es capable de trouver tes mots pour te faire comprendre au lieu de fuir.
Encore.

Nous sommes tous le reflet,
Des erreurs de quelqu’un.

Tu es si contradictoire. Si perdu. Est-ce que tu veux que je te considère comme un homme avec ses responsabilités ou comme un plus jeune avec ses problèmes ? Je me demande comment celui qui t’a choisi ? Que tu as choisi, te vois…

Gorge offerte, tête se penchant légèrement vers l’arrière. Je ne sens pas de danger. Je ne porte plus les stigmates de ta colère ou presque. De vagues marques douteuses de tes crocs qui partiront avec le temps. Dans ma mémoire, c’est autre chose…

Respiration qui se coupe. Pour qu’aucun autre son ne vienne parasiter ses mots. Je veux entendre ce qui tourmente. Ce qui te rend si agressif. Si blessé. Je suis l’incarnation de tout ce que tu détestes. Je me sens désolé. Ce n’est pas mon fait, pourtant j’ai la sensation d’avoir échoué dans quelque chose…

Il s’éloigne et je ressens de nouveau le souffle dans mes poumons. Un effet de vapeur. L’alcool monte déjà ?...
Une main passe dans mes cheveux, remettant en place cette tignasse qui tient à peine en place. La soudaine pulsion de rassurer dans une étreinte. Une main dans le dos. Sur la nuque. Une caresse douce sur la peau pour apaiser d’un contact.Je ne me suis jamais permis. Pas avec toi. Je ne suis ni un père, ni un frère, ni un mentor…Juste.moi.

- Je suis désolé.

Contact dans le pelage du félin, tu fêleras probablement. Griffera aussi. Mais c’est plus fort que moi. Doigts qui se perdent dans ses mèches, pression pour le ramener plus près encore. A ce contact physique qui te dégoûte tant et qui moi m’est vitale. C'est probablement pour cela que je suis de plus en plus fatigué. Suis-je en train de mourir à petit feu ?.

- J'aurais aimé t’apporter plus, mais je ne me sens pas légitime. Plus légitime.


Je suis l'image de ton traumatisme, comment puis-je te sauver de ton enfer ? Je n’ai jamais remarqué l’odeur que portent tes cheveux. Mots murmurés contre sa fourrure. L’appréhension de te voir bondir et attaquer dans un danger imminent.

- Comment puis je t’atteindre si je représente tout ce qui n’a été que douleur pour toi. Même en t'offrant tout ce que j'ai, je resterai, dans ton inconscient, le souvenir de tout ce qui t'as détruit...

Nous sommes tous capables d'accepter la douleur.
Nous choisissons comment elle nous paraît acceptable.

Rien.
Absolument rien.
Pas de cri. Pas de hurlement. Pas de griffe. Pas de coup.
Un silence qui est plus inquiétant que tout ce que j'aurais imaginé.

Mars…

I could make you mad, I could make you scream.
I could make you cry, I could make you leave.

Je te sens trembler. Prendre sur toi. Pour accepter mon caprice tactile. Tu n'es qu'un sale gosse…Réussir à faire naître ce sentiment niais d'un bonheur inondant. C'est si égoïste de ma part. J'ai envie que le temps s'arrête.

Sablier s'écoulant à une vitesse folle. Je ne peux pas me permettre de rester ainsi trop longtemps. Pour toi. Je veux imprimer dans ma mémoire ces détails d'avoir été aussi proche.

Cette texture de cheveux entre mes doigts. L'odeur fleurit tellement contradictoire avec ta personnalité. La chaleur que tu diffuses. J'ai la sensation d'entendre tes battements de cœur. Probablement le mien dans ma tempe. La dopamine en intraveineuse n'aide pas dans ce festival d'euphorie.

Discrete inspiration pour garder en mémoire ce parfum. Ce moment. J'abuse de cette faille que tu m'as laissé. Apercevoir ce que c'est d'avoir la sensation de trouver un peu de calme.

Encore un peu. Quelques secondes de
plus. Flirter avec tes limites, avec mes désirs. Familiarité singulière, de caresse dans ses cheveux descendant sur sa nuque. D'un pouce qui découvre la douceur de son épiderme.
Secret d'un chuchotement. À peine audible. Aveux d'une autre réalité. - Je regrette de ne pas avoir réussi à te convaincre plus tôt. Parce que je n'aurai pas d'autre chance. Plus maintenant.

Rupture et liberté. Retrouvant ma place, cette distance pour que tu retrouves ton souffle. Ton confort.

I could make you hate me for everything.
But I can't make you come back to me.

Regard tourné vers le ciel. Aux espoirs de lendemain meilleurs.