Il faut croire que tout a une fin.
Il faut croire que fuir ne suffisait pas. Où bien ce n’était pas assez loin. Jamais assez loin pour fuir la machine et les déboires qui en découlent. Qu’elle soit active ou non, elle reste un obstacle de taille, mais au moins, lorsqu’elle était encore “là”, il était libre. Libre d’errer où il le souhaitait. Comme la liberté illusoire qu’il rêvait d’avoir. Libre de vivre sur les terres qui lui seyait. De voir les têtes qu’il souhaitait. De parler à des personnes qui ne lui voulaient pas de mal. Ou du moins, pas frontalement, ni avec détermination. Au moins, il avait le choix.
Alors qu’à présent, plus rien ne va.
Il sait sa liberté proche de sa fin.
Et les poings serrés, il soupire.La bête se tient prête.
Vêtue de noir, il porte sa main à ses clopes qui se font de plus en plus rares. En sortant une sur le pas des frontières des vigilantes. Ils n’ont plus le choix de sortir. Retourner “chez eux” parce qu’ici, ils ne peuvent plus rester. Et cela l’ennuie. Cela le fait chier. Cela le tue. Il ne veut pas retourner là-bas. Même s’il sait. Il sait que quelqu’un l'attend encore. Quelqu’un qui sera ravi de le revoir, il l’espère. Faites que tu sois heureux.se de le voir, Séra. Alors peut-être qu’il pourra l’endurer. Parce qu’il n’est pas naïf, alors qu’il allume sa cigarette pour la porter à ses lèvres, il sait comment il va finir.
Derrière des barreaux qui ne sont pas les siens.
Qu’il ne mérite pas.
Mais qu’il a choisi.
Et s’il le faut, il le fera.
Encore une fois.
Pour l’heure, les traites ont bien du chemin à faire.
Et il t’attend, tu sais, Sunday. Il t’attend parce qu’il ne va pas te laisser seul. Il ne va pas te laisser sourire comme tu le fais toujours. Comme si tout allait bien. Alors qu’il se doute au fond, que tu ne dois pas te sentir bien. Que tu dois appréhender aussi, qui sait. Il s’en doute, mais est-ce vrai ? Il se le demande alors que la fumée passe ses lèvres abîmées. Posant son regard jaunâtre sur ta venue. Un sourire recouvrant son air désabusé. Comme s’il tentait de te dire que tout va bien, tu sais. Parce que tout va bien. Il te le promet.
“ On y va champion. Suis-moi, on a de la route à faire. J’espère que tu as fait tes au revoir même si tu pourras toujours aller les voir en zone neutre. Enfin… J’imagine que ça dépendra de comment on est traités en arrivant. ”Il se sait loin d’être rassurant.
Une fois que ses mots sont sortis seulement. Il s’en rend bien compte et fronce les sourcils. Soupirant longuement, il sait que ça va être dur. Pour lui. Pour les autres. Pour vous tous, mais il fera ce qu’il faut pour alléger. Et de ça vous pouvez en être persuadé.
Laissant un bras se poser sur tes épaules.
Une main dans tes cheveux pour les ébouriffer.
Comme s’il était naturel et entendu qu’il puisse se permettre.
“ T’inquiète, j’suis là. ”Il te le dit pour te rassurer.
Si tu te sens incertain, il prévient en te laissant ses mots dans la tête. Il sera là, crois-le.
Te relâchant alors il prend le début de son long voyage qu’il aimerait être une éternité. Assez longue pour qu’il puisse échapper à ces conneries, mais tu sais, Sunday, il est décidé. Il y va d’un pas déterminé. Même s’il doit retourner dans sa prison.
Tant qu’il est encore libre, il passera du temps avec toi.Il t’accompagnera. “ J’espère que t’aime marcher parce qu’on est pas arrivés !”Regarde le te sourire.
Regarde le te dire que tout va bien.