Les heures tournent.
Sonnant peu à peu la fin.
La fin d’une vie.
A laquelle il ne veut plus s’accrocher.

Il a l’impression d’avoir tout fait de travers.
Napalm a tout foiré, n’est-ce pas ?
Depuis qu’il n’est plus là.
Napalm a tout foutu en l’air.
Il s’est éloigné de ceux qui comptait.
Par peur et anxiété.
Il a perdu tous ceux qu’il aimait.
Par insécurité.
Il a blessé intentionnellement.
Pour se justifier.

Parce qu’il refusait de voir la mort encore une fois.
Celle qui a rongé toute ses nuits.
Chacune de ses pensées.
Il se souvient de ton visage.
De ta voix et de tes rires.
Il se souvient du sang qui voile tout cela.
Et de ton dernier souffle.
Mais Napalm ne s'en souvient pas.
De la dernière chose que tu lui as dite.
Ses souvenirs sont flous.

Il ne se souvient pas.
Jamais.
Peu importe à quel point il ferme les yeux.
Il ne se souvient jamais.
De ce que tu lui as demandé de faire.
Si c’était des regrets.
Il ne se souvient pas.
Et s’il avait loupé ta dernière volonté ?

Dans ses songes ça le travaille.
Au beau milieu de la nuit.
Tu le hantes, tu sais.
Chaque jour.
Et il prononce souvent ces mots.
Dans la pénombre.
“ Papa…”
Mais tu ne répondras plus.
Peu importe à quel point il t’appelle.

Peu importe à quel point il a besoin de toi.
Tu ne seras plus.
Et ça le blesse.
Tant.
Si fortement.

Et ses rêves deviennent cauchemars.
Alors que ton souvenir est dévoré par sa voix.
La voix de Pandore.
Qui achève ta vie en boucle.
En boucle depuis si longtemps.
Depuis tant d’années…
Et la sueur coule le long de son front.
De ses tempes et tout son corps.
Il souffle, Napalm.

Alors qu’il retrouve la réalité.
Froide et vide.
Silencieuse et livide.
Il n’y a personne.


Le bruit qui frappe à sa porte.
Aussi tard dans la nuit.
Il croit savoir à l’avance.
Il se doute, Napalm.
Il se doute que c’est toi.
Qui ne trouve pas le sommeil.
Comme lui vient de le perdre.
Il se doute que tu as besoin de lui.
Et tu sais, Nevermore, ça le réconforte.

Ouais, ça le réconforte de savoir que tu es là.
Parce que tu comptes sur lui.
Tu lui donnes de l’espoir.
L’espoir qu’il reste encore quelque chose à sauver.
Alors il se lève rapidement et vient ouvrir.

“ … J’savais que c’était toi… T’arrives pas à dormir encore une fois ? Hum… Viens là. ”

Qu’il te dis alors qu’il tend ses bras.
Tu sais, Never, tu auras toujours ta place ici.
Parce que tu fais partie de ceux qui le maintiennent.
Qui lui donne une raison de vivre.
De survivre.
Parce que tu lui permets de se sentir humain.
Encore une fois.

Et tu tombes bien.
Putain si tu savais.
Parce que ses cauchemars se font de plus en plus forts.
Depuis qu’il a revu Carbone.
Depuis qu’ils se sont parlés.
Parce qu’il a tant de remords.
Parce qu’il a compris.
Que c’est lui.


Tu savais, Never, comme il est heureux de te voir.
De te prendre dans ses bras.
Qu'il ne te laisse pas le temps de faire le premier pas.
Finalement, il est impatient.

“ Désolé… On peut rester comme ça une seconde ? Mec… si tu savais…”

Comme ça lui fait du bien.
Que tu sois là.
Que vous vous retrouviez.
Si tu savais, Never.
Comme il avait besoin de quelqu’un.

Never.
Nevermore, le savais-tu ?
Que tu étais le seul à savoir.
A quel point son coeur est noir.
A quel point ses nuits sont solitaires.
A quel point il ne sait plus se relever.
Le savais-tu ?
A quel point tu comptes pour lui.
Au milieu de ce chaos.
Drake et toi, vous restez des remparts.
Ceux à qui il espère pouvoir se raccrocher un jour.
S’il venait à vouloir vivre de toutes ses forces.
S’il venait à croire en demain.
Alors il se tournerait vers vous, Napalm.
Parce qu’il sait… Au fond il sait.
Qu’il peut compter sur vous.
Peu importe à quel point il tente d’être distant.
Il n’y arrive jamais vraiment.

Parce que ses sentiments sont si forts.
Parce que son coeur bat même quand il tente de le briser.

Il n’y a rien pour le faire taire, Never.
Mais tu sais, il rêve de pouvoir s’endormir.
Paisiblement lui aussi.
Il rêve que vous puissiez trouver une forme de paix.
Ensemble, toi et lui.
Mais Napalm ne sait pas.


S’il savait son étreinte serait différente.
Elle ne serait pas aussi désespérée.
S’il savait qu’il se sert de toi sans le vouloir.
De ton amour à son égard.
S’il savait… Si seulement il n’était pas aveugle au monde.
Il se comporte toujours comme ça.
Comme le pire enfoiré.
Resserrant sa prise sur toi.
Enfouissant son regard vide contre ton cou.
Il veut fuir, se cacher et mourir.


“ T’arrivais pas à dormir, toi aussi ? T’as une sale gueule, t’le savais ?”

Ses yeux neon se relèvent sur toi.
Laissant une main passer tes traits.
C’est une forme d’affection.
Comme il tente de vous donner parfois.
Pour vous faire croire qu’il tient.
Comme toi…
Est-ce que tu tient, Never ?
Ou bien est-ce que tu joues, comme lui ?
Il ne sait pas.
Il n’arrive pas à savoir.

“ Pourquoi… Pourquoi t’es toujours là quand j’ai b’soin d’toi, sérieux. Comment tu fais, j’me demande bordel. Mais… j’imagine qu’toi aussi t’as b’soin de moi… Sinon t’serais pas là, pas vrai ? Never… T’sais que toi aussi…”

Il hésite.
Est-ce que ses mots sont seulement valable ?
Est-ce qu’ils signifient encore quelque chose ?
Est-ce qu’ils ont du sens ?
Napalm est perdu encore plus que la veille.
Revoir Carbone… Ah putain.
Si tu savais tout ce qu’il a dit.

“ Tu peux compter sur moi, Never.”

Parce qu’il ne vous blessera plus.
Il le croit.
Il essaye.
Il se démène, mais c’est toujours un perdant.
Tu sais, Never, il aimerait bien faire.
Mais il n’y arrive pas.
Alors il t’entraîne avec lui.
Sans le savoir.


“ Dis-moi… si t’as b’soin de parler, dis moi. J’sais bien que j’suis peut être pas le mieux placé pour… réconforter ? écouter ? J’sais pas, est-ce que j’suis seulement quelqu’un qui peut faire ça… Mais t’sais… Putain… Ce que j’veux dire c’est que j’serais là. Même si j’suis pas le meilleur pour ça, j’serais là. Alors j’te le jure, tu peux compter sur moi.”

S’il savait, Never.
Comment tu le vois…
Oui s’il savait…
Il s’en voudrait.
Mais surtout, il te protégerait.

Le savais-tu, Never ?
Napalm est en miette.
Plus le temps passe.
Plus les morceaux s’étalent.
Parce qu’il s’amuse.
A disperser son âme.
Pour être capable de l’abandonner.
Un jour, il sera tant brisé.
Qu’il se laissera crever.

Alors ne t’attache pas à lui.
Ne te raccroche pas à lui.
Parce que rien de tout cela ne durera.
Tout est vide et vain.
Napalm est une enveloppe presque inerte.
Qui continue de se mouvoir mué par le pire.


Napalm est mué par ses ténèbres, rien de plus.
Si tu savais comment il se sent.
D’avoir revu ce premier amour perdu.
Qui n’a jamais eu la chance de vivre.
Qu’il a étouffé, à raison.
A qui il a finalement parlé de lui.
Comme il ne l’avait jamais fait.
Avec toutes ses tripes et ses plaintes.

Si tu savais comment il se sent.
D’avoir réalisé que cet amour existe encore.
Malgré lui, il s’est accroché, lui aussi.
Alors qu’il sait bien qu’un jour, demain sera la fin.
Il tente de se faire taire, mais il bat.
Il bat si bruyamment pour le Roi.


“ Putain mec… Ah bordel t’arrives toujours au bon moment et t’vas m’faire croire que c’est la température ? Encore le 6ème sens j’accepte ! On va dire ça, ok ? L’reste ça m’semble improbable. ”

Un rire le traverse vaguement.
Il tente de te faire croire que ça va.
Mais il le sait aussi, que tu le connais.
Vous savez pourquoi vous êtes là.
Comme à chaque fois, vous vous servez de bouées.
Et Napalm s’en veut parce que finalement…
Il n’est pas toujours sincère.

Malgré tout, il tient à toi, Nevermore.
Même lorsqu’il ne dit pas tout.
Même lorsqu’il remet des distances.
Malgré tout, oui, tu es son ami.

“ Ah… le pourquoi change jamais, mais j’crois que j’ai pas b’soin de te le dire hein…”

Le pourquoi sera toujours ce que tu sais.
Bien qu’il garde ses pensées les plus sombres.
Il te dit le reste et tu sais.
Que la solitude.
La perte.
Ce sont ses points faibles.
Les points clés de sa vie misérable.

Et tu sais comme Carbone en fait partie.
Mais il ne dit rien, t’écoute alors que tu le pousses.
Qu’il se laisse tomber sur le lit.
Entourant ses bras autour de toi.
Pour te ramener à lui.
Dans une étreinte qui se voudrait réconfortante.
Mais Napalm n’est pas doué pour cela.
Et il t’écoute parler de tes doutes.

En se rendant compte que vos attentes sont toujours différentes.
Et tes derniers mots lui arrachent ce sentiment qu’il connaît.
Celui de fuir, loin, de t’abandonner toi aussi.

“ … J’comprends que c’soit dur de perdre quelqu’un dans cette merde. Ouais… j’comprends trop bien et j’suis content d’savoir que tu veux plus faire ça. T’as raison, c’mieux comme ça.”

Il se sentira rassuré et c’est vrai.
Si tu arrêtes de faire tout ça.
Parce qu’alors il pourra mourir sans crainte.
Et il se retient bien de te dire ça, Never.
Mais Napalm ne veut pas que ça s’arrête.
Il a besoin de la violence.
Du goût du sang.
Il a besoin de le voir, lui.
Encore une fois.

“ Pour l’instant, on a pas à faire tout ça alors… j’imagine qu’on peut croire que c’fini ? Même si ça dure pas, ‘fin on en sait rien au final. Après… Accepter c’qui est arrivé… Ah merde j’aimerais t’sortir des grandes phrases pour t’aider, mais j’serais vraiment le pire enculé si c’était moi qui disait ça… ”

Un rire lui échappe, presque terne.
Il sait qu’il ne peut rien te dire à propos de ça.
Qu’il se sent impuissant face à tes mots.
Tu parles à la mauvaise personne, Never.
Parce que Napalm ne peut rien répondre à cela.
Alors qu’il vit enfermé dans ses souvenirs chaque jour.

“ Franchement… j’me demande surtout où on va maintenant… Avec toutes les merdes qui s’annoncent, j’veux dire… Est-ce qu’on va pas finir par crever tous ? ”

Il y a tant de choses qui vont finir par vous manquer.
Et il n’est pas aveugle à cela.
Bien qu’il n’ait pas peur.
Il se demande.
Comment il va mourir.

“ Est-ce que t’crois…. qu’on va finir par crever sans les jeux ou quoi ? Juste parce que tout ça est arrivé ?”

Il aimerait déposer son armure dans le noir.
Pour être capable de te dire tout ce qu'il pense.
Mais il ne le fera pas, Nevermore.
Alors il tente de t'entendre.

Ici, les heures se meurent.
Et le temps s’allonge naturellement.
Comme pour vous permettre de rester ensemble.
Rien qu’une seconde de plus.
Pour que vous puissiez vous accrocher.
Vous épauler et vous relever.

Et parler de tout et de rien.
C’est lui permettre d’aller mieux.
Rien qu’une seconde, rien qu’un instant.
Même si c’est éphémère.
Même si c’est une chaleur passagère.
Il s’en enivre pour continuer à vivre.


Et… peut-être qu’un jour, qui sait.
Il verra comme c’est beau, de vivre.

Un jour, qui sait.
Il se le dit souvent, Napalm.
Comme pour justifier d’être encore en vie.

Un jour.

“ Ah… T’inquiètes… J’profite de c’moment parce que qui sait… d’main on sera peut-être juste mort, tous comme des putain d’cons. Des putain d’pantins jusqu’au bout. Alors ouais… j’profite d’être là. Avec toi.”


Mais à cet instant précis, Never.
Il respire, calmement.
Comme si le monde avait changé.
Comme si lui avait changé.
Mais ce n’est qu’une illusion.
Dans laquelle il se love.
Pour se donner de la force.

La force de sourire encore.
De rire même si ça sonne faux.
D’avoir la force de vous emmerder, tous.
Parce que c’est comme ça qu’il est ici.
Entre les murs des wilds.
Napalm est ce gamin turbulent.
Sauf quand il croise son regard, à elle.


L’une de ses mains se porte à tes cheveux.
Qu’il ébouriffe avec délicatesse.

“ T’veux me transformer en glaçon plutôt que m’laisser crever de faim ? En vrai ça m’paraît pas mal… J’pourrais avoir une pose stylée si on s’débrouille bien ! Faudrait que j’sois assez bg pour faire la fierté des wild si un jour on nous r’trouvent !”


“ D’ailleurs… t’crois qu’il existe d’autres personnes ? En dehors d’ici j’veux dire… T’crois qu’un jour, on verra des têtes débarquer de… j’sais pas… Le sol lunaire ou un truc du genre ? Enfin… ce serait sûrement d’jà arrivé si c’était l’cas, non ?...”

Ce genre de question, il se les pose.
Lorsque le sommeil manque comme ce soir.
Que tu n’es pas là, parfois.
Alors il se pose, Napalm.
Et réfléchit à ces options.
Qui auraient pu faire de vos vies, autre chose.
Peut-être quelque chose de plus beau.
De plus vrai aussi.