Ce forum tient ses inspirations de divers oeuvres dystopiques telles que Hunger Games ou encore Shingeki No Kyojin. Son identité visuelle frôle l’anachronisme parce que la fiction s’articule autour d’un monde retro-futuriste.
Aussi, la particularité de Do it n’est autre que son système de relative monarchie constitutionnelle permettant à tous les membres d’être importants, de par leur rôle ou leurs actes. Néanmoins, au vu de l’aspect évolutif du forum, nul doute que cet équilibre sera très vite balayé par l’appat du pouvoir...
20/10 LE FORUM DO IT (all the time) EST ACTUELLEMENT FERME. Il ouvrira de nouveau dans les prochains mois !
18/06Mise à jour des informations ICI. Les Missions sont en cours !
20/08MAJ 3 du forum ! Chapitre final enclenché et lancement des dernières missions ♥
05/02L'Ordre de mission a été mis à jour : finissez toutes les missions pour débloquer un Event et 100 golds par participants !
04/12Do it all the time, Survival, est de retour : On ouvre le forum !
« Félicitations chers participants, vous ne manquez pas d’audace. Plein de grâce, j’aurais pu accorder la victoire aux gagnants . Mais ma bonté à des limites. Vous m’avez déçu, par deux fois. On dit souvent qu'il faut couper le membre avant de le voir gangréner.Méditez sur ça... si vous en avez le temps. »
Je ne sais pas trop quoi penser de cette affaire. J’ai une étrange sensation d’avoir oublié quelque chose ou plus, de ne pas contrôler un événement, un élément important. Et la putain d’IA sait à quel point je déteste viscéralement ne pas avoir le contrôle. Mais quelque chose avait complètement renversé les cartes. Nous devons donc réapprendre à jouer un jeu différent. Et pour ce nouveau jeu les règles sont simples : J’ai une étrange sensation d’avoir oublié quelque chose ou plus, de ne pas contrôler un événement, un élément important. C’est dans ses moments précis que l’alter de l’Alice aux pays des merveilles que j’ai croisé sera très utile. Mais elle n’acceptera jamais qu’on tue ses animaux, même pour nourrir des amis non ? D’abord par contre, il faut remettre de l’ordre dans nos affaires. Tout le monde doit faire ça, les traîtres, les parjures et les transfuges vont devoir rentrer chez eux. Je me demande bien ce que notre bon roi va faire d’eux, moi, j’ai déjà ma petite idée mais je doute qu’elle trouve grâce à ses yeux.
Alors, notre alliance avec les sauvages résiste. Du moins, pour le moment, reste à avoir ce qu’il adviendra quand les ressources viendront à manquer et que nous devront nous entre-tuer pour manger… Et parmi ces échanges et bien il a les nouvelles stars du moment, les gens à allégeances fuyantes. Bien évidemment, c’est à notre bon colonel et quelques grouillots qu’on a confié la charge d’échanger tranquillement avec nos amis sauvageons. Presque indigne de mon rang mais il faut bien que quelqu’un s’occupe de ça. Envoyer un officier important ça fait toujours bon genre, ça montre qu’on prend les choses et les gens au sérieux. Alors me voilà, avec ma petite troupe, cigarette au bec et nous avançons vers la fameuse zone neutre.
Nous arrivons proche du groupe de Wild qui est censé nous rejoindre. Un miracle qu’ils aient trouvé leur chemin. Je déteste viscéralement cet endroit. Trop de sang, trop de morts, trop de mauvaises choses. Alors je reste en retrait du groupe et donne les directives à mes soldats d’un simple signe de tête. Ils savent quoi faire, ils ont bien été formés. Surtout que cette mission-là n’en est pas vraiment une, après tout, nous venons voir des alliés non ?
Dégager les types qui sont arrivés chez les Wilds par la seule force de leur volonté, de leur souffrance et de leur travail acharné. Des gars qui se sont fait acceptés ici malgré leur précédente appartenance aux factions ennemis. ça le faisait vraiment chier putain. En plus pourquoi est ce que ce serait à lui de faire ça ? Et pourquoi devaient-ils rencontrer l'autre faction ? Quelle connerie.
Enfin bref, pas le choix. Le voilà en zone neutre pour faire un échange. C'est pas humain sérieux, ils devraient pouvoir faire ce qu'ils veulent et c'est tout. Toutes ces contraintes, c'est vraiment débile. Il ne prend pas encore la peine de regarder les gars envoyés par les Trappers.
- C'est bon les gars, tirez vous, moi j'ai fait c'que j'avais à faire, j'vous obligerez à rien d'autre.
Il les forcera pas à courrir dans les bras des personnes qu'ils ont fui, il est pas comme ça. S'ils considèrent qu'ils ont la force pour pas avoir à y retourner, alors qu'ils fassent comme bon leur semble.
Mais il lève finalement la tête et son palpitant manque un battement. Ce... Ce visage. Ce type. Serre alors les dents à s'en briser la mâchoire. Il n'y avait pas pensé, qu'il pourrait tomber sur lui. Sa respiration s'accélère car son coeur lui rappelle la souffrance qu'il a ressenti, que ce type lui a fait subir. Et alors que sa poitrine commence à chauffer, que son coeur commence à luir, il est tiraillé Drake. Entre cette envie de se tirer ou bien de lui sauter à la gorge.
Pourtant il est immobile, silencieux, incapable de bouger pour le moment alors que sa colère monte, que sa rage fulmine dans sa poitrine. Sa gorge se noue, ses entrailles se tordent, son coeur s'étreint et il sait. Il sait que tant que Fahrenheit n'initie rien, il restera prisonnier de sa stupeur, une nouvelle fois victime de ce traumatisme.
Laueee
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Fahrenheit
Lun 29 Mai - 19:56
Je laisse les subalternes accomplir leur mission. Ils gèrent le transfert des sans-noms qui risque de tout façon, de ne pas arriver à destination. Après tout, la loyauté est une vertu cardinale dans une armée. Je devais pouvoir leur trouver une utilité. J’ai justement un nouveau bacille à tester et je devrais pouvoir me servir d’eux comme prétexte. On n’apprend jamais mieux qu’en confrontant ses hypothèses au réel après tout. La morale n’est qu’une entrave à la Science dont je me suis débarrassé depuis longtemps. Je sors alors rapidement le carnet dans le revers de ma veste et j’y griffonne quelques notes et quelques informations que j’estime à vu d’oeil. Pour une bonne expérience, il faut un bon protocole. Alors je note l’aspect physique, comme la taille et le poids, des malheureux que je viens récupérer. Cela m’occupa quelques bonnes minutes.
Voyant que tout s’avère terminer, je ferme le stylo et le carnet et les replace dans mon manteau. Je relève la tête et c’est là que je le vois lu. Je pensais qu’il était mort… Je pensais qu’il n’avait pas réussi à s’en sortir quand je l’ai vendu. J’ai également l’étrange impression de l’avoir vu mourir il y a peu sans que je n'arrive à expliquer pourquoi. Non, à vrai dire, cette impression me vient maintenant que je pose mes yeux sur lui. Ces quelques décalages ne me plaisent pas. Je ne contrôle pas ce qui semble m’affecter et je déteste ça. Il va vraiment falloir que je commence à creuser ça et que j’en découvre l’origine. Une douleur sourde de me prendre à la poitrine. Comme si l’on m’avait poignardé. J’hésite un moment à tourner les talons comme si de rien était mais l’occasion est trop belle.
Je soupire et commence alors à marcher vers lui. Sur les quelques mètres qui nous séparent je prépare deux choses. La première est simple : une cigarette. Je prends un petit tube de tabac séché rangé dans l’autre poche de ma veste d’uniforme et l’allume alors. La seconde, plus complexe risque de s’avérer… nécessaire. Je concentre mon propre pouvoir à l’intérieur de moi, histoire d’avoir quelque chose à lui souffler si jamais il venait à perdre son sang-froid. Dans mes souvenirs, il n’était pas quelqu’un de calme et je doute que les années et les sévices lui aient rendu ce service. Alors quand on s’approche du dragon il faut bien venir équiper. Je n’aurais donc pas de mal à lui cracher un virus au visage s’il venait à m’attaquer le premier.
« - Drake... »
Lui dis-je alors pour ouvrir la conversation d’une voix étouffée. Dire qu’il est presque mort pour que j’évite de me retrouver dans ces jeux. Un sacrifice que je referais un millier de fois pour ne pas avoir à revivre ça mais… oui, je vais devoir aller puiser dans ces traumatismes que je veux être crédible. Alors, et bien, je commence à raviver ma mémoire, une malédiction qu’elle soit si bonne. Pour doucement mais sûrement faire revenir les souvenirs du premier jeu, de celui qui m’a propre brisé. Voilà qui devrait donner le change. Oui marchons sur une corde et voyons de quel côté le vent souffle.
« - Je… Je suis content que tu sois… enfin… tu sais… vivant. »
Il le voit approcher, ce Fahrenheit, son bourreau. Victime de sa supercherie, il l'est encore aujourd'hui. Les battements de son coeur accélèrent encore, ils sont si forts que ces derniers menacent de percer sa cage thoracique. Et la lueur dans sa poitrine le trahit, montre à quel point le voir le rend fou, fait monter la température de son corps. Colère ou amour... Colère ET amour. Une colère ardente, furieuse, sur le point de faire éclater une tempête. Amour brisé, fracassé, piétiné, et pourtant ses restes sont toujours présents, ne cessent de le hanter.
Il voudrait le tuer sur le chant, lui sauter à la gorge, effacer ce sourire de son visage. Et pourtant, c'est comme s'il était encore ligotté. Cet homme exerce un contrôle invisible, démesuré sur le dragon qui n'a pourtant pas l'habitude de faire de cadeaux. Alors il serre une main sur son coeur, cherchant désespérément à faire taire cette douleur.
Mais sa voix le sort finalement de sa stupeur et ses rubis se posent sur lui, le dévisagent, alors que ses traits sont déformés par la rage qui boue dans sa poitrine. Soupir profond, expulse un air grisé de fumée.
- Fahr... Trop doux. Un grognement. Fahrenheit.
La suite lui fait serrer les poings encore davantage. Content ? Il se fout de ma gueule, c'est ça ? Il croit que je vais gober ses mensonges ? Mais Fahrenheit, tu m'as presque tué ce jour la. Et tu le sais.
- Content ?! Te fou pas d'ma gueule fils de pute !
Et il le sait. Ils le savent. Qu'il aurait voulu le voir mort.
- Alors, surpris ? Tu pensais plus jamais revoir ma tronche ?! Tu t'en sortiras pas si facilement, on a des comptes a régler.
Grince des dents, fait danser les muscles de sa mâchoire, une lueur meurtrière dans le regard. Enflure, t'es qu'une enflure Fahr. Pourquoi t'as fait ça ? Il voudrait lui demander, essayer de comprendre. Mais c'est sans compter sur son impulsivité, sur cette rage éclatante et sur cette plaie béante, toujours bien trop récente.
Laueee
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Fahrenheit
Jeu 1 Juin - 1:14
Je continue de ma remémorer les souvenirs que j’avais enfouit dans les profondeurs de mon âme. Je me maudis de pouvoir me souvenir si bien de ces détails maudits. Je crois que je m’en veux encore plus maintenant de ne pas pouvoir toujours y faire face. Il est presque amusant que nous soyons, lui et moi, dans une situation similaire. Si ce n’est que je mets moi même dans cette peau pour lui donner plus d’épaisseur. Il est nécessaire que je tombe pas et que j’arrive à tenir mon histoire. Qu’est-ce que j’arriverais à faire si je pouvais réussir à monter le dragon et diriger ses flammes. Beaucoup plus de choses que ce qu’il m’a offert malgré lui la première fois. Mais d’abord il faut mettre ma main entre ses crocs et le convaincre de ne pas refermer sa bouche, m’arrachant le bras au passage. Il est facile de clisser sur la colère mais là, c’était en haine que tout ça c’était changé. Un sentiment plus subtile car on ne déteste pas sans amour. Car c’était là l’origine du problème. Il avait été suffisamment naïf pour céder aux sirènes.
Je le regarde alors, affichant une mine contrite, attristé, secoué. Je pouvais sentir des mes narines l’odeur du sang des morts qui hantent mes nuits. Voilà qui devrait donner de l’épaisseur à ma prestation. Nerveusement, la main tremblante, je la plonge dans l’une des poches de ma veste pour en tirer l’étui à cigarette que j’emmène toujours avec moi. Je prends un de ces tubes de tabacs et le porte à mes lèvres, l’allumant dans la foulée. Je crois qu’il doit faire partie des rares personne au monde à comprendre pourquoi je fume autant et d’où me vient ce vice. Un moyen pour moi de chasser la souffrance, je me demande s’il s’en souvient encore. Une grande inspiration de fumée et l’expiration qui s’en suit viennent calmer les tremblements de ma main.
« - Oui… je ne pensais plus jamais pouvoir te revoir et je dois dire que, pour une fois, une très rare fois, je suis content de m’être trompé. »
Et il sait combien je déteste ne pas maîtriser quelque chose, combien je déteste justement, me tromper. Je tire de nouveau une grande inspiration sur ma cigarette et je continue de me projeter dans mes souvenirs. La violence des jeux continue et je revois les morts, trop jeune, trop peu préparé. Ces jeunes âmes que j’étais sensé mener et que j’ai échoué à sauver. Y laissant la mienne au passage…
« - Je te dois des explications… Je n’ai pas le droit de te le dire, mais je le pense malgré tout. Je suis désolé. Et je suis véritablement soulagé de te revoir. J’ai… la désagréable impression de t’avoir perdu deux fois. D’avoir vu… d’avoir vu ta tête rouler dans un mauvais rêve. »
Une nouvelle inspiration. Voilà ce qui rythme au final mes propres mots, qui sonnent terriblement creux à mes oreilles. Mais je sens venir la direction que tout ça prendra. Voyons si je ne me trompe pas.
Il le regarde trembler, serre les poings, partagé entre colère intense et inquiétude fugace. Comment pouvait-il encore tenir à cette enflure ? Fait chier. Quel merdier.
- T’as toujours pas arrêté ces conneries ?
Grogne, mécontent de n’avoir pu retenir ces paroles. Content de t’être trompé ? Fronce les sourcils. Et tu crois que je vais gober ça Fahr’ ? Il me prend pour un con, il m’a toujours pris pour un con. Souffle puissamment du nez, laissant s’échapper une fumée qui se mélange à celle de la cigarette de son vis à vis. Mais il serre les dents, retient quelconque mot de passer la barrière de ses lippes.
Des explications ? Des excuses ? Ksh. C’est ça, j’ai que ça à foutre, écouter ces mensonges. L’impression de l’avoir vu crever ? Perdre la tête ? Lui aussi il faut dire. Et il sent également que ce n’est pas de son fait, ce qui est surprenant. Mais aujourd’hui il la perd d’une autre manière, la tête, devant cet homme qui le hante.
- J’aimerais vraiment pouvoir te croire. Mais je suis plus aussi con. Tu m’as roulé une fois, pas deux.
Un regard meurtrier, une mâchoire qui danse.
- Et ne me fais pas rire. C’est tout ce que tu souhaites, me voir crever.
Et ça lui fend le cœur, lui remue les entrailles, lui casse le crâne. Car tout ce qu’il ressent pour lui n’a pas disparu, ça s’est simplement transformé. Toujours aussi intense, voir plus encore. Cet amour et cette haine mélangés le détruisent, font furieusement tambouriner son cœur dans sa poitrine, bouillir son sang dans ses veines.
Alors aujourd’hui, est-il réellement prêt à l’écouter ? A entendre les milles et une excuses d’un traître, d’un hypocrite ?
- Parle.
La réponse est non. Il ne veut pas l’entendre, il ne peut pas l’entendre. Car quoi qu’il dise, il n’y croira pas, luttera de toutes ses forces pour ne pas une nouvelle fois tomber dans ses filets. Même si… Il n’a jamais vraiment réussi à en sortir.
Laueee
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Fahrenheit
Ven 2 Juin - 22:33
Je lui adresse un demi-sourire avant de l’effacer bien vite quand j’entends le ton mordant de sa voix. Mais la première phrase m’offre plus d’information qu’il n’aurait, je pense, voulu m’en donner. Pour le reste, j’encaisse l’insulte sans broncher. Je lui réponds juste par un air calculé de tristesse contrite. Je n’ai pas beaucoup de mal ramener devant moi une affliction sincère mais réfléchit. Les souvenirs de l’odeur de sang de mes premiers jeux toujours trop présente dans mes narines. Et le carmin n’est que la moins nauséabonde des odeurs que j’ai pu rencontrer à ce moment-là. La contrition, elle, est plus difficile à rendre véritablement crédible, mais je suis bon acteur. Une goutte de faux dans un océan de vrai devrait passer inaperçu. Du moins je l’espère. Une fois mais pas deux, nous verrons.
Je continue ce sinistre voyage mental et les autres sensations se ravivent rapidement à moi. Trop rapidement pour moi. Après les odeurs, ce sont les bruits que j’entends… Les gémissements, les bruits écœurants et visqueux. Les pleurs, surtout les pleurs. Ma respiration, en réponse se fait plus forte, mes tremblements peut être un peu plus visibles et la fréquence à laquelle je tire sur la cigarette allumée suit également. S’il me connaît toujours autant, comme je l’espère, il devrait être capable de repérer ces signes et d’y voir là l’élan de ma supposée sincérité.
« - Et pourtant… si je te voulais vraiment mort, Drake, tu le serais. Cette sale image de toi la tête coupée me… révulse. »
Et il sait à quel point je suis doué pour ça. Qu’il ne suffirait qu’un souffle pour qu’il s’étouffe pris d’une pneumonie fulgurante et totale. Cette assurance est toujours là. Si jamais le dragon venait à céder à la colère, je ferais en sorte qu’il s’agisse de son dernier repas si je ne peux m’en sortir. Mais nous n’irons pas jusqu’à ce moment-là. Il veut savoir, il veut comprendre et c’est maintenant pour moi l’heure de lui raconter ma petite histoire. Voyons s’il arrivera à en démêler les fils.
« - Par quoi je commence... »
Dis-je d’un ultime soupir. Terminant la cigarette que j’avais d’allumer pour en allumer une dans la foulée. Je regarde le paquet et il est foutrement vide. Bordel… Je le froisse d’un geste énergique et nerveux avant de l’allumer. Voilà qui ne risque pas d’arranger les tremblements de ma main… Et voyons si je tiens sans. Rien que l’idée me rend nerveux putain, comme si j’avais besoin de ça maintenant. Essayons d’en faire quelque chose…
« - Je… Je n’avais pas le choix. Je ne sais pas si tu te souviens de notre vieux major ? Ce sale connard. »
Insulte que je ponctue d’un crachat par terre. Je n’ai aucun respect pour la mémoire de cette ordure. Et j’inspire de nouveau une bouffée de cigarette.
« - Tu as de la chance si tu ne t’en souviens pas… Mais il a… découvert notre histoire. Tu sais à quel point ces relations sont mal vus parmi les nôtres. Il m’a d’abord menacé. Je lui ai répondu d’aller se faire mettre, en étant… un peu plus… explicite. »
Une nouvelle inspiration de fumée venant ponctué le début de mon histoire.
« - Mais ce fils de pute est retorse, alors il a trouvé un autre… chemin. Il a menacé Celsius. Tu sais, je t’ai déjà parlé d’elle. Elle est… comme ma sœur, ma seule famille. Celle qui m’a aidé à vivre… à survivre avant que nous nous rencontrions. Alors et bien… je n’ai pas eu le choix. Je devais choisir entre mon sang et mon coeur. Je suis désolé, j’ai choisi mon sang… Je devais et bien, te vendre, pour qu’il t’interroge et rien de plus… Me retirer pour les rôles d’officier, pour lui laisser ma place et en échange il la laissait tranquille. Et il te secouait un peu et tu devais repartir sans avoir été très… touché. »
Je tire une longue inspiration sur ma cigarette. Laissant le silence planer l’espace d’un instant, simplement brisé par le crépitant de la cendre qui se consume.
« - Mais il m’a baisé. En beauté. Il m’a dit qu’il t’avait tué et qu’il allait foutre Celsius en première ligne. À chaque fois. Mais il n’aura plus l’occasion de nuire, je m’en suis assuré. Je… je n’ai plus entendu parler de toi depuis alors et bien, j’ai cru pendant longtemps qu’il avait réussi. J’ai vécu avec ça sur mon âme depuis lors. Mais tu es vivant. Alors je peux vivre avec la haine que tu me portes, maintenant que tu as la tête sur les épaules. »
Grince des dents en le voyant ainsi tirer frénétiquement sur sa cigarette. Lui, spécialiste des maladies et des maux du corps, il devrait savoir que c’est d’une stupidité sans nom. Ces tremblements, il les connaît bien. Mais est-ce seulement vrai ? Dans tous les cas, son cœur se serre et ça le tue. Ça le tue d’être touché par cette vue.
- Te révulse ?
Grimace. Qu’est ce qu’il peut sortir comme connerie sérieux. Fahr je sais bien que tu te fous de ma gueule, t’en as plus rien à foutre de moi, tu préférerais sans doute même me voir mort. Et ça devrait pas, mais ça me déchire le cœur putain. Un cœur trop fragile en réalité pour tous ces sentiments. Pour ce mélange de haine et d’amour. Il ne mérite pas l’intérêt du dragon sous quelque forme que ce soit. Et pourtant il est celui qui a volé son coeur. Enfin… Il le lui a offert de plein gré. Se l'ai arraché de la poitrine pour lui tendre l’organe incandescent afin que lui puisse mieux le piétiner sans avoir à se salir les mains tandis que son sang coulait, se répandait sur le sol. Et ça aussi c’est arrivé. Mais ce n’est rien à côté du gouffre au creux de sa poitrine. Être torturé ? Tous les jours pour pouvoir l’oublier.
- Tu sais toujours aussi bien choisir tes mots.
Beau parleur, parfait menteur. Rien n’a changé. Alors ne te laisse pas avoir Drake, pas encore. Ou plus que le cœur, cette fois tu y perdras aussi la vie.
Stoïque. Tentant désespérément de repousser tous ses sentiments, il est prêt à l'écouter. Il n’en a pas envie, serre les dents, serre les poings, voudrait lui sauter à la gorge. Mais ne peut pas le faire, une mort assurée mais surtout une camisole, des chaînes, un bâillon bien serrés. Que de fourberies en un seul homme. Cet alter de lâche et cette emprise sur son esprit.
Il le regarde écraser ce paquet vide avec amertume, ses sourcils se froncent légèrement d’inquiétude mais il est partagé entre cette dernière et un sentiment qui le répugne, qui remue ses entrailles, lui donne la nausée.
Puis le début de ses paroles suffit à raviver cette rage bouillonnante au creux de sa poitrine. Pas le choix ?! Un rire contrit, nerveux. Le regarde cracher à la mention de ce Major. Se contente de garder ses mots pour lui, se fait violence pour attendre la fin de son discours pour finalement bouger les lèvres. Leur histoire ? Découverte ? Et après ? Une menace envers… Celsius. Cette pauvre femme subit elle également ses déboires ? Est elle aussi prise dans les mailles de son filet, bien trop fines pour s’en extirper, bien trop solides pour les déchirer ?
Son esprit vagabonde tandis que le Trapper continue, se cherche mille et unes excuses, rejette cette faute qui est la sienne sur un autre. Il a donc choisi de tout détruire, leurs (son) cœurs ainsi que le sang du Dragon. Déversé sur un sol qui lui est étranger, tout ce qu’il avait pu subir n’arrivait pas à la hauteur du manque de son cœur. Lâche. Menteur. Hypocrite. Faible. Une lumière vive perce sa poitrine tandis que son palpitant s’emporte en son sein. Les volutes de fumée montent vers le ciel alors qu’il souffle du nez, serre les dents.
- Alors tu n’as pas réussi à t’en occuper plus tôt ? Trop lâche, trop faible. Tu préfères me voir crever plutôt que d’y faire face.
Et même là dessus, il avait un doute. L’a-t-il seulement aimé un jour ? Une heure ? Une minute ? Une seconde ? Et veut-il seulement avoir la réponse à cette question. Un regard brûlant, au même titre que son souffle. Un pas de plus vers l’homme qui l’a brisé.
- En as-tu seulement quelque chose à foutre ?!
De cette haine qu’il ose prétendre accepter. Un poids sur son âme ? Encore des mots balancés pour le piéger ? Ce qui le pèse, c’est de le voir vivant, c’est d’imaginer devoir le supprimer lui-même. Rien d’autre.
Laueee
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Fahrenheit
Sam 3 Juin - 19:54
Le pauvre. J’ai pitié de lui. Malgré tout ça, je peux percevoir clairement que d’une façon ou d’une autre, j’ai toujours une prise sur lui. Et je veux de nouveau lui imposer mon joug. Je ne comprends pas vraiment, à vrai dire, pourquoi je lui fais cet effet-là. J’ai du mal à comprendre pleinement les sentiments, cela ne m’a jamais vraiment concerné, ne m’a jamais vraiment atteint. Oui, j’ai fait semblant tout le long, je le ferais encore et toujours. Je ne sais rien faire d’autres. Mais c’est une vérité que je peine déjà à m’avouer à moi-même. Une chose qu’il n’est pas prêt à entendre, et qu’il n’entendra certainement jamais. Les mensonges sont souvent un miel plus doux. Pour le reste et bien, il a raison. J’aurais dû tuer ce fils de pute bien plus tôt. Mais les choses sont plus compliquées qu’elle n’y paraisse. Il m’était plus utile vivant que mort.
«- C’était délicat. Un mélange des deux, mais aussi... »
Je marque un silence calculé, que je rythme d’une grande inspiration sur ma cigarette. Je continue mon voyage mental et revois alors les souvenirs. J’ai l’odeur de la mort dans le nez, l’oppressant rythme des râles d’agonie dans les oreilles et je le sens maintenant sur mes mains. Je revois les soubresauts du corps du premier mort que j’ai tenu. J’ai oublié son nom, un comble, pour moi qui n’oublie que peu de chose. Mais je n’arrive pas à me souvenir de lui. Son visage reste flou et je n’arrive pas à me souvenir de sa voix. Je revois juste son visage, sans identité, déchiré à moitié. Je sens les spasmes nerveux de son corps. Il s’agit pourtant d’un réflexe normal, un fait médical que j’intellectualise sans mal mais… Mes mains se crispent. Elles tremblent encore et mon rythme respiratoire s’emballe tout autant. Je me demande même si tout ça est… réel.
« - J’ai été lâche oui, j’aurais dû l’empêcher. J’aurais dû me révolter contre ce monde qui nous force à nous entretuer pourquoi ? Du vent ! Nous sommes des vaisseaux de sangs pour des jeux sinistres . »
Ma voix s’est faite plus forte, plus tremblante, perdant d’une part de sa morgue et de son contrôle. Tout ça ne fait que donner plus de vrai à mon histoire. Je me calme, le temps d’une nouvelle inspiration de fumée.
« - J’ai été faible oui, je ne savais pas quoi faire. Mais j’étais aussi… attaché à cette ordure. Il m’a formé, il m’a façonné. Tristement il doit être la chose que j’ai possédé la plus proche d’un… père. D’une famille. Pathétique n’est ce pas ? Un père qui me menace de briser l’autre moitié de mon âme et l’unique prix pour la sauver et bien… c’était mon coeur. »
Je déglutis difficilement. Et je respire une nouvelle fois. J’ai envie de lui hurler dessus. De l’inonder de question pour comprendre. Je cherche désespérément le sens de la vie mais peut-être que je le trouve là, devant moi ? Mais je suis si loin de tout ça… J’ai perdu ma place dans le monde des vivants depuis longtemps. Alors servons-nous de tout ça. J’inspire une nouvelle fois sur ma cigarette. Elle est presque terminée. Et c’est presque ça qui me panique plus que tout le reste. Je monte le ton légèrement.
« - Oui bordel ! J’en ai quelque chose à foutre ! Tu as vécu l’enfer à cause de moi ! Je m’en veux à crever depuis tout ce temps ! Mon monde s’est écroulé sur lui-même à ce moment. Mais tout ça ce n’est rien à côté de ce que tu as dû vivre. Et je me déteste encore plus pour ça… »
Moi qui voulais faire durer mon petit soldat de la mort, me voilà qui le tire d’une ultime inspiration. Ne me reste entre les doigts qu’un petit morceau de filtre crépitant. Auquel je m’accroche avec un désespoir consommé. Quelle allégorie merdique de ma propre existence.
Un mélange des deux. Il serre les dents Drake, comment avait-il pu s’éprendre de lui. De cette ordure faible et lâche. Il le regarde s’accrocher à cette fin de cigarette comme si c’était la dernière chose qui le maintenait en vie, les sourcils froncés, dégoûté. C’est pitoyable. Et pourtant… Pourtant, quand il voit ainsi ses mains trembler, sa respiration s’emballer…Le dragon ne peut s’empêcher de ressentir une certaine compassion, une certaine inquiétude pour le serpent. Et ça le rend fou.
Des jeux sinistres. Ksh. TES jeux sinistres ?
- T’avais le choix alors cesse de t’faire passer pour la victime.
Et assume de m’avoir utilisé pour arriver à tes fins. Mais ça, il ne le dira pas. Serre simplement les poings. Car oui, c’est sa faute, c’est bien lui qui lui a permis de l’atteindre. Car il ne veut pas paraître plus faible encore aux yeux du seul homme qui a le pouvoir de le détruire sans même avoir à le toucher.
Attaché à cette ordure. Ces mots résonnent en lui, il les comprend, les assimile. Ça lui fracasse le crâne, lui perce le cœur. Putain c’est ça. Et plus il s’en rend compte, plus il enrage. Plus il enrage, plus sa respiration accélère, plus son palpitant tambourine dans sa poitrine, luit à travers sa peau. Et il continue. Pathétique, n’est ce pas ? Oui. Et lui aussi l’est, peut-être plus encore. La fumée s’échappe de ses naseaux tandis qu’il tente de se contenir.
- Ton cœur, Fahr. Tu crois en avoir un ?
Ça, il en doute Drake, après ce qui s’est passé. Baisse la tête, ses cheveux voilant maintenant sur ses rubis, il faut qu’il se calme. Qu’il oublie. Qu’il… Une main sur la poitrine, serre ses vêtements. Un murmure.
- Ta gueule.
Il peut plus l’entendre. Il est à bout. Lâche-moi avec tes excuses à deux balles. Tais toi. Arrête d’essayer de m’avoir, de torturer mon esprit. Il est terrorisé que ça puisse fonctionner. Et son palpitant manque un battement lorsqu’il reprend la parole, haussant le ton. Non. Arrête putain. C’est que des conneries, que des mensonges, tu crois pas un mot de c’que tu dis enflure. Et il serre cette mâchoire aussi fort qu’il le peut, fracasserait ses os si c’était possible. Pour ne pas sentir ses yeux s’humidifier, pour ne pas lui sauter à la gorge. Mais cela suffira-t-il seulement ?
Lève brusquement la tête pour plonger ses iris vangeresses, emplies d’une rage furieuse, dans les yeux de cet enfant de putain avant de le couper dans ses paroles.
- Mais putain tu vas la fermer oui ?!
Et je me déteste encore plus pour cela… C’en est trop. S'approche alors brusquement de lui pour saisir son cou et le serrer aussi longtemps qu’il le peut avant de devoir le lâcher. Soit parce que sa volonté faiblira, soit à cause de ce coup d’jus de merde.
- Pourquoi ?! Pourquoi tu me balances ces conneries ?! Qu’est ce tu veux putain ?!
C’est finalement le coup d’jus qui l’enverra valser le premier dans un grognement de douleur mais surtout de frustration. Saloperie. Sur le sol, se redresse légèrement avant de frapper ce dernier de colère. Au moins ce connard a dû l'prendre aussi.
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Fahrenheit
Ven 9 Juin - 20:47
« - Non, je ne suis pas la victime, c’est toi. Tu es la victime du choix empoisonné que j’ai dû faire, la victime de mes erreurs, de mes échecs, de mes regrets... »
Je peux voir la tension monter en lui, la colère se faire plus présente. Voyons si le dragon explose ou si au contraire, je n’aurais plus qu’à lui passer le collier autour du cou qui le ramènera définitivement dans mon giron. Oui, doucement nous arrivons petit à petit vers le dénouent de cette histoire. Ne reste plus qu’à moi de porter un soigneux hallali.
« - J’en avais un, mais je l’ai perdu quand j’ai échoué à te sauver... »
Et le cor sonne, écho sombre d’une rage bouillante. Nous allons donc maintenant danser dans les flammes. Le dragon fond alors sur moi. L’espace d’un instant, je me sens comme un petit mulot qui aurait trop tenté le rapace. Mais je plonge mes yeux dans les siens, à ce moment, je suis le prédateur et il est la proie. Je ne fais alors rien. Je le laisse exploser. Je retiens ma motivation profonde. Au final, c'est moi qui contrôlé ce moment, même si je mets pour ça ma vie en jeu. Pas un instant je ne doute de sa rage brûlante. Après tout, il reste un dragon. Mais je le tiens, je suis le metteur en scène de ce pathétique spectacle. Je contiens mon pouvoir que je sens bouillir en moi. Un élément rêvé viens m’aider à parfaitement camoufler mes pensées profondes. La douleur cinglante et brûlante du courant électrique nous traverse tous les deux. Il n’aura alors que mon visage, déformé par la tristesse et la souffrance. Par la peur et le regret.
Je lutte néanmoins pour l’air qui me fait terriblement défaut, secoué de spasme par le flux d’énergie qui nous traverse. Il y résiste bien mieux que moi. Le doute, doucement s’installe en moi. Peut-être que je ne le tiens pas si fortement finalement. Mais le choc électrique fini par nous séparer, nous envoyant au loin l’un de l’autre. Je regrette qu’il ne puisse pas voir l’expression que j’arbore. Sale et vautré sur le sol dans lequel j’ai laissé une traînée. Une expression vide, pleine de tristesse. La déception d’avoir manqué une occasion celle, peut être, d’enfin mourir. Mais les choses ne sont pas aussi simples et je vais devoir supporter mes cauchemars encore longtemps. Et bien soit… Je me relève doucement, difficilement à vrai dire. Et je suis pris d’une violente quinte de toux.
J’ai dû à trouver l’air et la fumée dont j’englue mes poumons ici je n’aide pas beaucoup. Je siffle, je tousse, je crache. Je garderais sûrement de cette rencontre un sinistre bleu qu’il me faudra cacher. Je devrais sûrement trouver ou me faire un foulard avant de rentrer. Heureusement que nous n’avons pas de témoin, sinon j’aurais du aussi faire le ménage.
« - Je… te… le… dois. »
Je laisse un peu de silence, seulement couper par le rythme erratique de ma respiration déchiré. J’avale l’air comme un affamé.
« - Pour te dire… pardon. Pour que tu comprennes que… je regrette, que je… nous regrette. »
Continuer de parler m'est douloureux, alors je préfère m'arrêter là. Voyons si j'ai vraiment, comme je pense, gagné cette manche.
Et une fois au sol, ses précédentes paroles résonnent dans sa tête.
Victime. Serre les dents, le bruit de l’émail qui se raye résonne dans ses oreilles. Échecs, erreurs, regrets. C’est ça ouais, il en à rien à foutre. Tout ce qu’il entend c’est victime. Et il supporte pas. Enfonce ses doigts dans la terre, serre les poings.
Un coeur ? Fahr, t’es vraiment qu’un connard. Parler ainsi de lui. Échouer à le sauver. Il a besoin de personne Drake, il est assez fort pour se protéger seul. Toi tu m’as juste foutu dans la merde, rien d’autre. T’as pas l’droit de parler de sauvetage alors même que c’est toi qui m’a balancé à la flotte.
Oh, il aurait sans doute aimé le voir mais il ne veut pas non plus montrer les traits déformés de son visage. Par la rage, par la haine, par la douleur, par les remords, par la peur, par la tristesse… Mais surtout par cette colère contre lui-même, pour s’être laissé avoir par cette vipère.
Il lui doit bien plus qu’il ne le croit. Des excuses, il s’en tape sérieusement. Agenouille toi, que j’te traîne à ton tour dans la poussière. Ta tombe, j’l’ai déjà creusée. Tout ce qu’il me manque c’est ta carcasse pour que j’puisse la jeter d’dans et la recouvrir de cette terre que t’as souillée lorsque tu l’as foulé du pied.
Et la poussière s’envole sous son souffle brûlant dirigé vers le sol. Il en peut plus. Son cœur s’emballe, sa poitrine luit, son sang boue dans ses veines. Des murmures, à peine audibles pour lui-même s’ils ne résonnaient pas dans sa tête, heurtant violemment chaque paroi de son crâne.
Menteur. Menteur. Menteur.
Je nous regrette. Comment ???? Comment tu peux m’dire ça Fahr ?! Les larmes perlent enfin le long de ses joues, car il est à bout. Son cœur, loin d’avoir cicatrisé, se déchire une fois encore.
- J’veux pas t’aimer.
Un balbutiement déchiré, des paroles étouffées qu’il avait échoué à contenir. Il le déteste, il le déteste vraiment. Mais peut-être autant qu’il l’aime. Et ça le flingue.
Laueee
Fahrenheit
Trapper
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Fahrenheit
Sam 10 Juin - 17:43
Je l’ai. C’est terminé. Les mots qu’il prononce sont ceux qui confirment que j’ai marqué les points qu’il me fallait mettre dans cette manche. Le jeu n’est certes pas terminé, mais ici, j’ai gagné ! Alors profitons des efforts que je viens de faire. Je reste encore au sol, le corps encore secoué de spasme causé par le choc électrique. Décidément, ce dernier petit cadeau de cette salope d’IA est vraiment empoisonné. Peut-être en avait-elle ras le bol de voir ces petits pions passer leur temps à baisser et de ne plus s’entre-tuer. Le sang est bien plus divertissant que l’amour. Je tuerais pour pouvoir allumer une cigarette maintenant. Oh putain oui, damnerais toutes les âmes de la terre pour sentir la brûlure de la fumée à ce moment précis.
« - Et… pourtant... »
Mais je ne comprends pas. Je ne comprends pas qu’il est facile de faire vibrer cette corde sensible qui est désespérément muette chez moi. C’est une donnée qui m’échappe. J’ai essayé de prendre le problème sur un angle purement biologique. Je sais ce qui donne naissance à ce sentiment étrange. Ou plutôt ce qu’il provoque. Les effets de l’ocytocine, de la dopamine et des besoins de gratifications. Je sais comment ça marche mais pourtant et bien, je n’y arrive pas. Pourquoi après tout ça, le jeu reste si facile. Pourquoi ne voit-il toujours pas ce que je fais de lui ? Pourtant, il n’est pas stupide. Enfin, dans la mesure du reste de l’humanité. L’intelligence isole et j’ai appris à vivre seul. Peut-être un peu trop ? Pourquoi ! Voilà ce que j’ai envie de lui hurler en retour. Pourquoi continues de tomber ?
« - Pourtant… on ne choisit pas. »
Ma voix reprend un peu de contenance, doucement, mon rythme cardiaque ce calme. Les spasmes du choc électrique doucement ralentisse. J’essaie doucement de me remettre à genou. C’est difficile et je dois le fait d’y arriver qu’à l’abnégation et l’entraînement monstrueux qui est le nôtre. La seule véritable force est celle de la volonté. Je pose sur lui mes yeux de faucon, secoué comme je suis, ils sont sûrement perdus leur mystique prédatrice. Bien piètre chasseur que celui qui se fait mordre par sa proie. Mais ne brise pas un dragon sans plonger la main dans sa gueule.
« - Je suis désolé d’avoir été faible, d’avoir été lâche. Je regrette, bordel si tu savais comme je regrette. Si je pouvais changer ça... Je tuerais mon père pour toi. Mais maintenant je sais. Je sais que tu es vivant. Et rien que ça, même si tu mets hais pour le reste de nos jours, ça me suffit. Ça me suffit de savoir que tu es là quelque part. »
Pour le temps qu’il nous reste à tous, ce n’est qu’une demi-vérité de toute façon. Bientôt ce monde sera noyé sous les cadavres. Ma main continue de trembler et j’ai encore du mal à me remettre sur mes pieds. J’essaie de refouler les souvenirs que j’ai convoqués loin dans mon esprit. De les tuer une nouvelle fois. Si seulement je pouvais oublier, si seulement je pouvais oublier… Si seulement je pouvais oublier tout ce sang et tous ces morts. Mais je ne peux pas, je ne pourrais jamais. Combien de temps me faudra-t-il avant de trouver de nouveau un sommeil ? De pouvoir de nouveau fermer les yeux sans les voir et les entendre ? Il va falloir faire en sorte que ce jeu en vaille la chandelle.
Et pourtant. Et pourtant ?! Enfonce ses ongles dans la terre, sa colère explose, son cœur cherche à percer sa cage thoracique et ses larmes… Ses larmes ne cessent pas. Et ça l’enrage. Il veut pas chialer. Encore moins pour cette ordure. Mais putain Fahr, qu’est ce que tu m’veux à la fin ? T’en as pas déjà assez fait ? T’as pas déjà eu tout c’que tu voulais ? Et ce silence le pèse. Parle, Fahr. Parle, serpent. Parle. Putain mais parle !
- POURTANT QUOI ?!
Il voudrait hurler. Se percer les tympans, déchirer ses cordes vocales, épuiser ses poumons, s’étouffer en se privant de cet air qui devient si dur à respirer.
On choisit pas ? Mais dis moi fils de pute, tu m’as choisi toi ? Si tu m’aimes pas, si tu m’as jamais aimé, alors tu m’as choisi ? T’as choisi de m’faire chier, de m’plonger dans c’merdier. Ce sont les doutes qui s’installent dans son esprit. Doutes maintenant, mais auparavant certitudes. Ce parasite s’immisce dans son esprit, mais surtout dans son cœur, pour le mener à sa perte. Son poing heurte le sol avec violence,sa main le fait souffrir, mais il en a rien à foutre.
- Toi, tu m’as choisi ?
Et ça le démange. De laisser cette rage le submerger, cette colère, cette haine, cette tristesse, ce torrent d’émotions bien trop fortes pour son cœur brûlant, fragile. Cracher sa douleur, le noyer dans les flammes. Une chaleur si intense qu’il ne resterait rien de cette ordure.
Mais il reprend la parole. Pour cracher son venin. Mensonges ? Hypocrisie ? Égoïsme ? Lâcheté ? Qu’est ce que t’es Fahr. Qu’est ce que t’es putain. Tuer pour lui. Le savoir vivant malgré sa rancœur lui suffit. C’est quoi ces conneries. Tu veux juste me voir mort sombre enfoiré. Tu veux voir la carcasse de la bête qui gît à tes pieds. Tu veux voir son sang couler, sentir l’odeur ferreuse de ce liquide érubescent.
- Putain mais ta gueule.
Grogne tandis que les muscles de sa mâchoire se contractent avec puissance. Se relève difficilement, essuyant ses larmes d’un revers de la main. Balayant sa faiblesse comme s’il ne s’agissait de rien. Alors que c’est devant lui, alors que c’est son pire cauchemar. Se savoir si faible.
Une fois debout, le dragon ne regarde toujours pas le colonel, les yeux rivés sur le sol, les poings serrés, les cheveux recouvrant son visage. Puis lève doucement la tête en sa direction, découvrant juste ce qu’il faut de ses iris carmins pour pouvoir lui adresser un regard meurtrier, emplie d’une fureur sans pareil.
- T’en as pas marre de dire de la merde ? T’en as pas marre de mentir ?!
Quand est-ce que tu vas me montrer Fahr ? Quand est-ce que tu vas me montrer qui t’es ?
Laueee
Fahrenheit
Trapper
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Fahrenheit
Dim 18 Juin - 19:34
Oui, je t’ai choisi. D’abord, car je pensais te briser sans mal et tirer de toi la moelle qui me sauverait. Je ne regrette pas. Et si je devais recommencer, je n’hésiterais pas une seule seconde. Je me montrerais sûrement plus prudent et je ferais en sorte que le travail soit bien terminée. Voilà ce qui arrive quand on confie une tâche, pourtant simple, à des imbéciles finis. Oui, je t’ai choisi aujourd’hui pour ton pouvoir. Le chaos et la guerre sont plus proches de nous que jamais. La faim finira par nous rongés si nous ne parvenons pas à faire quelque chose. La seule chose que je vois là-dedans, c’est qu’enfin, nous les petits singes savants de l’IA, aurons enfin une raison de nous entre-tuer : les ressources. La survie, simplement. Le droit de pouvoir manger, boire et chier un jour de plus. Le tout, bien entendu, au détriment des autres. Mais je ne peux pas te dire tout ça. La vérité reviendrait à arracher l’hameçon profondément enfoncé dans tes chairs et signer notre arrêt de mort à tous les deux. Tu me tuerais dans l’instant, mais je ne partirais pas seul. Alors j’étouffe la vérité. Je l’enterre comme un cadavre de plus que personne ne retrouvera jamais.
Il tremble de colère. Il n’est que rage et haine. Des sentiments malléables, avec lesquels je ferais de grandes choses. On ne déteste à ce point que ce qu’on aime profondément. Et tu dois te détester viscéralement pour ça. J’ai de la peine pour toi, Drake, vraiment. Oh, rien qui ne m’empêchera de passer cette laisse que je te destine mais je te plein. D’être à ce point esclave de toi-même, d’abandonner le contrôle sur ta propre vie, et surtout, de me laisser à moi. Mais de tes flammes et de ton sang je ferais de grandes choses, de ça, au moins, tu peux être sûr. Mais il est temps de remonter la ligne, doucement mais sûrement, pour ne pas la casser, mais les jeux sont déjà fait. Les présages sont en ma faveur.
Je plonge mon regard de faucon dans le sien. Il est toujours difficile d’y lire autre chose que la prédation mais je lui livre là ma meilleure preuve de contrition. Les émotions pour une fois, ne sont pas feintes, je suis véritablement désolé pour lui après tout. Un petit sourire de naître aussi sur mon visage. Loin d’être narquois, il se veut rassurant, chaleureux même. Invitant une sournoise présence dans mes propos : celle de la vérité et ainsi de continuer la construction du doute.
« - Je t’ai dis la… vérité. Tu as tous les droits de me haïre. Ça… m’attriste. Mais par ma lâcheté, je la mérite amplement. Et tu vis. Je suis tellement soulagé. Vraiment ! Si j’avais su que tu avais survécu plus tôt j’aurais... »
J’aurais pris soin de remettre la laisse autour de ton cou plus vite. Mais maintenant le raisin a eu le temps de faire du vin, ne reste plus qu’à voir si le cépage est bon ou s’il mérite encore d’être raffiné. Je sens le tremblement de mes mains se réveiller. Le choc électrique n’a pas arrangé grand-chose et j’aurais terriblement besoin d’une cigarette. Pourtant je n’en ai plus. Elle étouffe doucement mon stress qui remonte doucement. Les graines que j’ai semé plus tôt : mes souvenirs trop vivace de la mort de mon âme.
« - Je suis désolé. Je ne peux changer le passé mais… peut-être que nous pouvons faire quelque chose pour l’avenir. Cette étrange image d’une mort prochaine t’attend m’a terriblement attristé. J’aimerais tout faire pour ne pas y être confronté. Pour que tu puisses continuer à vivre. »
Et mon sourire fini de s’étirer, véritablement chargé d’une fausse bienveillance qui a déserté mon coeur depuis des années, avant même qu’il ne me rencontre. Ces mensonges ont marché une fois et ils marcheront une deuxième.
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