une soif
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Je reste discret à le suivre. Je sais pertinemment que je pourrais aller le voir directement, mais... Il a l'air occupé, le nez dans un livre, tout affairé à ses affaires. Jusqu'à ce que... je me caches derrière le coin du tournant d'un mur. Il m'a senti. Il s'est retourné. Il approche. Et quand il me fait face, tandis que je suis pris au piège, je lui souris.

- Salut Winter.

Ma main passe dans mes cheveux et je lui souris.

- Ecoute, tu avais l'air occupé. J'attendais juste le bon moment.

Je hausse un sourcil en le regardant avant de sourire.

- Je préfère te voler des câlins, plutôt que goûter à ta hache.

Il me demande ce que je veux. Je retire mes gants et les mets dans mes poches. Avec lui auprès de moi, je ne risque pas de plonger dans le passé d'un objet. Et je lui prends un de ses manuels.

- Je voulais juste ta compagnie, ou t'aider, je n'ai pas de patients actuellement, donc, je m'ennuie un peu. ... Non, en vrai, c'est bien de n'avoir personne qui demande à ce que je le soigne. ça me donne enfin du temps pour souffler.

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Une idée suicidaire ? Je hausse un sourcil. Vraiment ? Pour toi, ce ne l'était pas. Mais... Hm. Je me passe une main sur la nuque. L'histoire de prendre de l'instinct avec les huntings sports...

- Je n'ai pas aimé y participer, tu sais. Je m'estime juste chanceux. Mais je ne veux plus y retourner. Je n'ai gagné que par chance et par... fourberie presque. Vraiment, il n'y a rien de glorieux. A part peut-être de voir les autres factions se dirent qu'ils ont perdu à cause d'un gringalet sorti de nulle part... Il n'y a vraiment rien qui me comble de joie dans cette histoire.

Alors je prie l'I.A. d'entendre mes prières et de ne plus m'y envoyer. Ma présence était bien plus vitale ici que là-bas. Même si actuellement, je manque cruellement de travail. Cependant, je ne vais pas m'en plaindre, bien que je venais de le faire à Winter à qui je souris en venant prendre place sur la chaise, près de lui, de ses archives et de toutes ses feuilles éparpillées mais en réalité classée selon le classement du jeune homme. Je présume.

- Oui, les moments de répit ainsi sont plutôt bon signes. Tout ce que j'espère, c'est que ce n'est pas le calme avant la tempête. Ni même qu'un des nôtres ne taise une blessure, simplement parce que "ce n'est rien de grave".

Je prend un carnet et l'ouvre, le feuilletant.

- En fait, tu veux simplement m'exploiter tant que je suis avec toi, c'est bien ça ? Tu as de la chance que je t'aime.

Mes mains gantées tournent les pages les une après les autres. User de mon pouvoir serait un gain de temps, mais le tournis qui s'en suivrai serait désagréable. Je préfère lire donc de manière plus traditionnelle l'ouvrage que je tiens.

- Tu cherches quelque chose en particulier, actuellement, dans tout cela ? Histoire d'orienter nos recherches.

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Je quitte mon livre du regard pour observer Winter.

- Tu veux que je te raconte, c'est ça ?

Je referme le livre et le repose.

- Je l'ai d'abord blessé par surprise. Puis j'ai voulu lui faire une prise, mais il était trop grand, donc je me suis retrouvé à juste lui coincé le bras. Je l'ai menacé, mais ça a pas trop servi. Alors je lui ai fait une piqûre d'anesthésiant, oui. C'est un coup bas. Mais... chacun ses armes, non ?

Je réfléchis un peu pour sa question suivante.

- Je ne sais pas, Winter. En vrai, je ne pense pas. Peut-être, mais ça ne m'a jamais frappé. Mon intérêt principal, c'est de sauver des vies, c'est tout.

Puis je lui souris, avec une pointe d'amusement.

- Tu m'apprécies ou alors tu as appris à me tolérer plus que les autres.~ J'ai envie de te prendre dans mes bras maintenant.

Et pourtant je reste assis, avec mon sourire et mon regard posé sur lui.
Mais viennent les questions sérieuses. Je croise les bras et me saisis de mon menton dans une pose réflective.

- C'est parce que ça nous est naturel et habituel. On y va par tradition, pour s'affronter, pour être le meilleur et apporter gloire et ressources à notre faction. Mais... C'est vrai que je n'ai jamais entendu parlé de faire les choses autrement. Mais si on vient à faire autrement, est-ce que ce ne serait pas comme blasphématoire ?

Je pousse un soupir puis repose mon regard sur lui.

- Il faudrait trouver des objets anciens et que j'arrive à utiliser mon pouvoir sur eux pour remonter aussi loin que possible. Cela pourrait t'aider  à répondre à des questions. Mais pas forcément non plus.

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Je le regarde retranscrire mon discours dans ses mots à lui sur son carnet. Puis je fixe un coin de la pièce et pousse un soupir.

- Oui. Je lui ai même fait les premiers soins pour son bras. Je suis trop gentil. Mais... Ce n'était pas un hunting sport mortel, donc... je pouvais me le permettre.

Quoique les autres puissent en penser ou en dire. Mon adversaire de ce jour là était certes mon ennemi, mais il n'a rien fait de mal que d'être dans une autre faction. A moins qu'il ait tué des personnes que nous connaissions, mais cela ne m'a pas été rapporté. Alors dans l'ignorance, même s'il n'est sûrement pas blanc comme neige, il ne m'avait rien fait de mal.

J'offre ensuite un sourire taquin à Winter. Tactile, oui. Winter a juste de la chance que je respecte sa bulle.

Je soupire également quand il fait le constat des morts. En y pensant, ce n'est pas forcément logique. Mais qu'est-ce que la logique.

- On pourrait penser à une manière de réguler la population, mais nous ne sommes pas forcément très nombreux non plus... Hm...

Je réfléchis toujours plus, avant de le questionner... quoique mes questions attendront un peu.

- Non, les livres, si je les touche... C'est... Une sensation particulière.

Je frissonne un peu en y repensant et m'entoure de mes bras.

- C'est la sensation de la plume sur toi, qui glisse sur toi, qui laisse son empreinte sur toi. Quand la personne écrit avec douceur, c'est encore agréable. Mais si elle est plus brutale, si elle grave plus qu'elle n'écrit, ça fait mal, ça écorche les fibres des pages. Les ratures sont les pires. Avec la sensation, avec le bruit intensifié. Mais... Sinon, ça permet de connaitre rapidement le contenu, la personne qui l'a écrit, si c'était sous la contrainte ou non, les bribes de discussion si la personne parlait en même temps, bien que ce soit vague pour cela si elle ne touche pas le livre en même temps. C'est plus net en étant l'instrument d'écriture. Je peux également te dire qui et combien de personnes ont touché le livre si j'arrive à remonter assez loin... Mais c'est plus complexe... Ah... Et... ne brule jamais un livre, même partiellement. Si je viens à mettre la main dessus, j'aimerai éviter de revivre cette sensation.

Être dans le passé n'est pas la pire des expériences. C'est même très utile, mais effectivement, il n'y a rien qui pourrait en ressortir pour l'affaire actuelle.

- Tu n'as rien trouvé dans les écrits aux sujets des légendes ? Ce sont de sortes de vérités déformées, non ? Il pourrait y avoir des pistes ? Mais... Oui, si tu mets la main sur une antiquité, tu peux me la soumettre, et je verrai pour toi.

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Si je m'en serai voulu pour un hunting sport mortel... La réponse n'est-elle pas évidente ? Je pousse un soupir. Mon regard cherche un support sur ce qui encombre la pièce pourtant rangée, avant de se poser sur Winter.

- Évidemment que je m'en serai voulu. Il y aurait d'ailleurs eu plus de chance que moi je meurs plutôt que de réussir à tuer quelqu'un. Au moins celui-ci était bon enfant. Je... Je ne veux pas rendre un gamin orphelin. Ou un conjoint veuf. Ou faire perdre un frère à sa fratrie. Pourtant, je ne suis pas suffisamment fou pour me laisser tuer.

De même que j'ai toujours le principe d'une vie pour une vie. Mais cela m'est personnel.
De presque triste, mon regard était devenu un rien plus dur. Le cycle de violence sans fin. Le cycle de la vengeance, celle qui m'habitait silencieuse en mon sein.

- Bref.

Je hoche la tête à ses dires en levant une main pour bien montrer les gants sur elle.

- Oui. Je vis avec, même si mon pouvoir s'enclenche, je revois ce que j'ai déjà vécu. C'est beaucoup moins intrusif. Je ressasse simplement mes "moi" passés et mes actions passées. Mais au moins je ne vois pas le café renversé sur ta chemise, ou que sais-je qui pourrais être bien plus embarrassant.

Je reprends un des livres pour le feuilleter.

- Oui, penche-toi s'y. Et fais moi signe quand tu les retrouveras. Si c'est assez ancien, je peux essayer de t'aider même pour ça, si l'auteur du passage à toucher le livre à ce moment-là avec sa main, je pourrais peut-être déceler si c'était farfelu ou pas. Mais ça reste très ténu.

En plus de réussir à revenir à ce moment-là.
Je regarde son sourire et sa main tendue. Je la lui prends et la lui serre.

- Deal, oui. Mais tu as intérêt à être présent pour moi si je vois un truc traumatisant dans ses objets.

Car à chaque fois, je plonge vers l'inconnu, revenant après avec les images toujours dans mon esprit, pire que si je l'avais vécu moi-même, empli des sensations et émotions du moment.

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Avec Winter à mes côtés, je pouvais ôter mes gants laisser mes doigts libres. Pourtant je les gardais par habitude. C'est aussi un moyen pour protéger mes mains, comme un pianiste le ferait, sauf que je suis médecin.
J'écoute Winter et ses explications sur le sien. Je me demande alors pendant un instant comment se comporterait les personnes qui se rendraient compte que leur alter ne fonctionne plus. Si leur atout est leur pouvoir... c'est bien dommage. Reste à voir la force et la technique. Mais Winter et sa hache... Un sourire m'est arraché à cette pensée.

Je reviens dans la conversation présente pour hocher la tête. Retranscrire le présent....

- Je comprends. Les évènements actuels aussi sont importants. En soi.... je m'occupe déjà d'une part du passé...

C'est un secret que j'avoue. Et dont j'aimerai ne pas aller plus loin dans l'aveu.

- Mais je n'ai jamais rien eu de vraiment concluant.

Je le regarde et lui souris. Il est d'accord de m'accompagner dans mes plongées, alors que je voulais seulement dire d'être présent pour moi après.

- Je te donnerai rendez-vous dans ma chambre, après mes séances de lecture.

Je me fais soudainement plus taquin. Puis je redeviens sérieux.

- Hm... S'il y a des objets anciens dans les réserves du QG, ça pourrait ? Sinon, demander au village. Il y a peut-être des marchand d'antiquité ou des récupérateurs d'objets divers pour des collections de..... tout dépend des goûts ? S'il faut, nous pourrions chercher ensemble ? Pendant un jour de repos, un retour après une visite ailleurs ?

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Si mon alter me fait souffrir ? Je regarde Winter avec surprise. C'est bien la première fois qu'on me pose la question. Même moi, je ne m'étais jamais posé la question. Toutefois... Je regarde mes mains gantées et je fais une moue.
Force est de constater que... oui. Un peu.

-  Ce n'est pas la même souffrance qu'une personne qui aurait un alter destructeur et qui devrait vivre en faisant attention à beaucoup d'éléments autour de lui. Cependant...

Je pousse un léger soupir.

- Oui, parfois. Ne pas pouvoir toucher ce qui m'entoure sans éveiller une scène qui pourrait me rendre mal, c'est contraignant. Plonger dans le passé des autres, m’immiscer dans leur vie à un moment donné, me forcer à porter des gants pour ... simplement éviter de vivre dans le passé. Tu sais que même la nuit je les portes, à cause des draps, du matelas et du lit ? Une fois j'ai vu une scène du passé de ma chambre, je m'en serai bien passé... ... Sans mauvais jeu de mots. Néanmoins, j'estime qu'il est moins dérangeant que d'autres. Je m'accommode depuis toujours. Il n'y a pas le choix.

Je lui renvoie un sourire, mais un sourire fade, seulement de façade, qui pourtant s'étend avec amusement quand il mord à l'hameçon à la notion de chambre. Je ne continue pas le sujet, puisque la suite est bien plus digne d'intérêt, mais je sais que je pourrais lui envoyer des pigeons pour l'"inviter chaleureusement à me rejoindre" alors qu'il n'y aura rien. Cela me fait un petit quelque chose dans le coeur que j'étouffe aussitôt.... Non, pas tout de suite, car "avec toi c'est différent". Winter, si tu savais à quel point tes mots me touchent parfois...

Je suis ravi et bien plus rayonnant qu'il y a à peine quelques instants.

- Tu m'en vois ravi. Et évidemment que cela me va. En outre, ça me changera de mes escapades en solitaire, ce sera mieux.

Je fais mine de réfléchir pour mon jour de repos... Alors que la réponse m'est réellement évidente. J'en profite pour scruter les réactions de Winter de le faire ainsi patienter.

- Je suis disponible maintenant, puisque je suis là. Et sinon, à tout moment où personne n'a besoin de moi. Aussi, je peux m'évader quand tu le voudras tant qu'il y a toujours une personne sur qui compter au sein du QG pour administrer les soins en cas de nécessité. Heureusement que je ne suis pas le seul médecin de la faction, cela m'offre finalement une assez grande marge de jours potentiels, non ?

A parler de la sorte, j'ai même l'impression d'avoir plus de jours que Winter pourrait en avoir...

- Et qu'en est-il de toi ?

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